Sous un voile d hérésie
116 pages
Français

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Sous un voile d'hérésie , livre ebook

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Description

Des attentats terroristes sont planifiés pour le mariage de Letizia Ortiz qui sera célébré le 22 mai en Espagne ainsi que pour le 6 juin, soixantième anniversaire du débarquement allié en Normandie. Des cérémonies commémoratives sont prévues avec notamment la reine d’Angleterre et les grands de ce monde. L’équipe que chapeaute le commissaire divisionnaire Emile Mora subit des tracasseries de diverses personnalités. De surcroit, les exigences du commissaire, sa désinvolture et sa morgue agacent ces sommités qui dirigent le pays. Ainsi, des ministres et non des moindres manifestent leurs griefs à son égard en abusant de leur pouvoir. De facto, il n’est pas sûr de mener à bien sa mission…

Informations

Publié par
Date de parution 16 juillet 2012
Nombre de lectures 4
EAN13 9782312004167
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous un voile d’hérésie
Lhomme Sous un voile d’hérésie L’enfer est pavé de bonnes intentions Les éditions du net 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00416-7
Jeudi 29 avril 17h 30 dans un café de Toulouse Mirail (jour où les affaires reprennent)
Vincent Oursandos lit le journal. Un titre attire s on attention : « à l’Assemblée Nationale, Sarletti provoque l’opposition. » Intéressé, il parcourt l’article : «Suite à une question posée au gouvernement par un député de l’opposition sur la raison de son voyage aux Etats-Unis, Stanislas Sarletti, s ’adressant à tous les députés et plus particulièrement aux députés de l’opposition leur a rétorqué de la façon abrupte dont il est coutumier qu’il a été invité par l’ensemble des ass ociations des Juifs Américains. Puis, il les a dogmatisés par des propos choisis sur l’antisémitis me… Comme on dit communément, il a mis le feu aux poudres… Le tollé, l’indignation ont suivi… » Une réflexion lui traverse l’esprit : «On peut s’attendre à ce que les médias, friands de sensationnel et de scandales, fassent leurs choux gras de cette prestation … » Il lève la tête du quotidien… Soudain, son esprit s e bloque. L’entrée d’un jeune homme capte son attention. Cette apparition le frappe de stupeur… Cela fait plus de huit mois qu’il vient dans ce café après avoir inopinément saisi de s bribes de conversation qui l’avaient à l’époque rempli d’effroi. Vincent dirige avec son épouse Sonia une petite age nce de détectives, vouée en principe à des affaires mineures. Les meurtres, les attentats… sont exclus de leurs enquêtes puisqu’étant du ressort de la police. Il y a donc quelques mois, par hasard, ils ont surpris une conversation hallucinante et levé un lièvre inattendu. Suite à l eurs révélations, la brigade de recherches et d’investigations les a rejoints sur l’affaire. Les éléments recueillis par les deux détectives et les enquêtes menées par la police ont permis de ce ler un dossier béton qui a été remis via le M inistère de la Défense aux services compétents de la DGSE et DST à la mi-janvier. Le ministère a envoyé au boss de la police ses remerci ements pour le travail accompli tout en lui mentionnant : « désormais, l’affaire est entre de b onnes mains. Laissez tomber l’enquête. Les pays concernés seront avisés et prendront leurs res ponsabilités… » Par cette missive, Dupeau, la brigade ainsi que l’a gence ont été poliment écartés… M algré cette déconvenue, il a constitué en catimini avec quelques personnes de con ance un dossier explosif sur ce jeune et sur certaines d e ses nombreuses fréquentations. Ils n’ont pas compté les heures de latures de planques, d’in vestigations… craignant toujours d’être découverts. Le dossier transmis aux autorités Espagnoles par de s responsables Français ont permis certaines arrestations consécutives aux innommables évènements. Avant le drame, malgré le faisceau de présomptions accumulées, l’Espagne n’av ait pas jugé nécessaire d’intervenir… Vincent est persuadé que le jeune qui vient d’entre r est un des protagonistes des attentats perpétrés en Espagne le onze mars. Depuis quelques temps, il passe donc régulièrement dans ce bar dans le but de surprendre le retour de cette immonde personne. En ce moment, il pense avec tristesse aux victimes et se remémore un titre de la presse : «L’Espagne traumat isée, meurtrie, assassinée… » Si cette Espagne-là pouvait voir à cet instant ce beau garço n souriant, avenant, l’air sympathique… Si les morts, les victimes innocentes pouvaient assist er à l’accueil chaleureux fait à l’enfant qui revient au bercail après deux mois d’absence suite à un stage en entreprise… Si les hommes et les femmes du monde entier outrés par les évènement s apocalyptiques du 11 mars, pouvaient voir ce jeune homme faire son entrée comme une peti te star… Vincent en est sûr à cent pour cent : l’individu âg é de vingt-quatre ans est un des instigateurs, peut-être un des auteurs des attentat s perpétrés en Espagne. Ce petit monstre fait donc son numéro comme si de rien n’était, plein de vie et sans remords. Rachid Ouali se trouve toujours à l’entrée du bar e ntouré de copains heureux de le revoir. Tous le congratulent. Il se prête de bonne grâce au plaisir des retrouvailles sans oublier qu’il est là pour se montrer et poursuivre la mission qu’ il s’est fixée… Tout en échangeant des amabilités avec ses amis d’e nfance, il en pro te pour saluer au passage les habitués de l’endroit. Installé à une t able près de l’entrée, Vincent doit jouer le jeu. Il dit en échangeant une poignée de main : - j’ai plaisir à vous revoir. J’espère que le stage que vous avez effectué s’est bien passé et que vous en tirerez profit. Rachid Ouali répond, sourire aux lèvres, découvrant ses dents blanches :
- je vous remercie, c’est gentil. Et amorçant son départ vers une autre table, il pou rsuit : - bonne fin de journée ! Votre amie n’est pas là ? - Elle ne devrait pas tarder à arriver. Je me langu is d’elle. Rachid s’éloigne, ne réplique rien, se contentant d ’un geste de la tête voulant peut-être dire : je comprends ! De toute manière, pour lui, l es apparences sont sauves. Vincent, penaud, reste là, pensif. C’est son premie r contact verbal avec Rachid, ce monstre qui fait partie de la lie du monde. Jusqu’a lors, ils se disaient bonjour, point barre ! L’individu vient de lui démontrer qu’il a de la mém oire, qu’il est physionomiste et qu’il s’intéresse à ce qui se passe autour de lui… Il est possible qu’il ait pu mémoriser des choses pendant qu’il enquêtait avec ses amis… Rachid joue le rôle d’un garçon avenant, brillant, sympathique et bien élevé. Il accomplit les civilités nécessaires à son image. Vincent n’a rien d’autre à faire qu’à suivre son manège. Il n’est d’ailleurs pas le seul… Rachid se trouve à présent devant une table occupée par trois jeunes lles. Il en embrasse deux rapidement. Il serre affectueusement la troisi ème contre lui, lui glissant quelques mots à l’oreille. La prénommée Stéphanie est aux anges. Tous la saven t follement amoureuse du beau Rachid, un amour jusqu’à présent à sens unique. La donne change et in petto, Vincent pense : il y a anguille sous roche ! L’arrivée de Sonia, sa petite femme chérie le distr ait un instant de ses observations. M aintenant, comme tous les jours depuis quelques lu nes, ils jouent aux amoureux avec un plaisir jamais démenti tout en buvant un verre. Ils attendaient ce jour fatidique… Entre deux baisers, deux regards tendres, quelques mots ont suf pour mettre sa moitié au courant du retour de l’enfant démoniaque. Le travail reprend. Sonia fait des photos avec son mini appareil, regrettant qu’il ne soit pas numérique. Un nouveau dossier s’ouvre et Rachid en est le personnage clé. Le soir même, un résumé sera fait sur sa réapparition avec date et t out le toutim… Il a bien fallu une heure à celui-ci pour saluer co nvenablement toutes ses connaissances et amis présents. Il faut ce qu’il faut pour renouer l es contacts, revenir à un train-train régulier, donner l’apparence d’un homme sérieux et sans probl ème. A l’instant, au cas où un policier des renseignements généraux ou autre délateur serai t dans les parages, l’essentiel, c’est que l’on entende : Rachid Ouali est de retour de son st age fait en entreprise. Sous les yeux étonnés de Sonia et Vincent, Rachid, arborant son plus beau sourire, rejoint Stéphanie qui est à présent seule à sa table. Avant son départ, il avait pour elle un comportement distant, tout juste amical. Aujourd’hu i, c’est différent… Sans grande dif culté, jouant au don Juan, il fait la conquête de la belle en lui offrant en prime le plus beau jour de sa vie. La métamorphose d’Ouali gêne les deux détectives qu i, professionnels, prennent sur le vif ces instants de tendresse a n de les coucher plus t ard sur du papier glacé. C’est pour eux un élément de taille à prendre en considération. L’amo ur conduit trop souvent aux pires extrémités... Ils sortent bras dessus bras dessous, en ayant en m ain un dossier qui vient de se rouvrir…
Vendredi 30 avril Toulouse Mirail – L’ETA fait aussi son retour
Les terroristes d’ETA luttent pour un Pays Basque li bre, indépendant… Ils veulent en faire une nation souveraine. En admettant qu’un jour ils arrivent à leurs ns en gagnant la partie, qui sera l’homme à la tête de ce nouveau pays, qui seront les hommes forts qui gouverneront, que deviendront les terroristes, les poseurs de bom bes ? En attendant, certains individus à l’esprit faible sont manipulés, d’autres pro tent volontiers de certaines largesses en se mettant aux ordres de manipulateurs qui procurent argent, armes et explosifs. C’est toujours le même processus : les nantis façonnent le monde et la multitude subit… Sonia et Vincent ont lé Hamed Belloumi, contact fu rtif de Rachid Ouali. Au cours de leur lature, ils ont acquis la certitude que ce mo nsieur et ses amis devront être surveillés au plus près. Il va falloir du renfort… C’est tardivement qu’ils arrivent à la brasserie ha bituelle qu’ils trouvent bondée. C’est l’heure de l’apéro… Ils sirotent une bière fraîche. Dès qu’ils l’auront terminée, ils retrouveront leur nid douillet où ils feront le poi nt. Ils repèrent et reconnaissent au premier coup d’œil les quatre jeunes avant même qu’ils n’entrent. Ils ont déjà eu l’occasion de les voir d ans ce café en compagnie d’un M arocain parti récemment en Espagne pour y perpétrer des act es ignobles. Immédiatement sur le qui-vive, Vincent observe les personnes présentes tandis que Sonia part vers les toilettes. Rachid Ouali est là avec S téphanie. Ils sont assis à une table derrière un mur de refend d’au moins un mètre cinquante de long . En se levant, Stéphanie attire le regard de Vincent qui cible ce qu’il cherche sur le miroir du mur d’en face. Elle se dirige à son tour vers les toilettes, suivi e de peu par la lle qui vient d’entrer. Il croit se rappeler que cette dernière se prénomme Na thalie… Sonia échange quelques banalités avec les lles pui s, elle s’éclipse gentiment pour ne pas être le trouble-fête et surtout pour ne pas éveille r les soupçons. Ces minettes ne sont pas là pour rire. Elles ont une mission à mener à bien : m ettre les hommes en contact. Comme si les lieux d’aisance étaient l’endroit pour faire des rencontres, elles en ressortent les meilleures amies du monde. Tout naturellement, elles entraînent vers la table d’Ouali les garçons restés debout. C’est aussi simple que ça ! Sonia et Vincent chuchotent. De mémoire, ils se dés ignent les derniers arrivants : Jérôme Etchereborde, activiste présumé de L’ETA, Nathalie Etcheverry, sa petite amie acquise à la cause, Frédéric Lagarde, reconnaissable à ses cheve ux roux qui lui donnent plus le look irlandais que celui d’un activiste Basque et Lauren t Villeneuve qui fait penser à un soixante-huitard avec ses cheveux un peu longs. Ils savent q ue Jérôme dirige le groupe et que ses acolytes se moquent du Pays Basque comme de leurs p remières chaussures. Ils le suivent dans ses débordements parce que cela pigmente leur vie. Leur but est de créer le désordre, d’épouvanter la population… Suite à leur rétrospective, les deux détectives rem arquent qu’ils sont mal placés pour glaner des informations, pour surprendre quelques m ots ou pour prendre des photos. Ils pro tent que le journal de vingt heures débute pour se rapprocher et essayer de se placer au mieux. Si Rachid et Jérôme discutent, les autres ne disent mot. Ils sont sages comme des images. A une table voisine, Stéphanie et Nathalie discuten t entre lles. Elles ne savent donc pas ce qu’ourdissent les garçons. Experte comme un paparazzi, Sonia, se déplaçant hab ilement, photographie ces jeunes sous divers angles. Tandis que nos détectives sortent de la brasserie, ils entendent les propos de Charic sur la nomination du premier ministre : « C’est un privilège que je ne veux pas laisser ent amer… » L’air frais les ravigote. Ils ne sont pas mécontent s de quitter ce lieu de débauche où l’alcool coule à flots…
Vendredi 30 avril23h - appartement de Sonia et Vincent à Toulouse
Hring-dring ! La sonnette de la porte d’entrée a à peine retenti deux fois que Vincent d’un bond s’empresse d’aller ouvrir. Il sait qui lui ren d visite. C’est son ami M ilou ! C’est moi, Emile M ora, commissaire divisionnaire et patron de la brigade de recherches et investigations, ex-antigang, qui suis attendu avec impatience et fébrilité. J’ai réussi à me libérer… ier soir, Vincent m’a appelé pour me mettre au cou rant de la réapparition de Rachid Ouali. Connaissant le personnage, il est persuadé d e sa participation aux attentats en Espagne. Son implication est quasi sûre dans les explosions qui se sont produites dans la gare d’Atocha. L’avenir dira si nos supputations sont ex actes ! M aintenant, on ne va plus le lâcher… L’information valant son pesant d’or, j’ai averti m a hiérarchie, c'est-à-dire mon supérieur et ami Etienne Hupeau, directeur de la police judic iaire au 36, Quai des orfèvres. Le fait d’apprendre le retour de Rachid Ouali, qui est peut-être connu ailleurs sous une autre identité, a créé dans le bureau directorial u n malaise, un écœurement… A priori, à en croire le rebondissement, l’affaire revient à son p oint de départ comme un boomerang… Julien Lecort m’accompagne pour essayer de résoudre au mieux cette affaire embrouillée. Par son expérience, il est incontournable. Avec les années, grâce au matériel de pointe existant, il est devenu un expert de l’espionnage. Sa compétence est un atout. En entrant dans l’appartement, je m’écrie : - alors, mes petits détectives chéris, vous avez en core dégoté du travail au noir ? Un gros coup ? Je sais que vous avez plus besoin d’aide que de conseils. C’est pourquoi j’ai une bonne nouvelle pour vous : je viens avec du renfort … Julien, notre ami commun m’accompagne. C’est un atout non négligeable puisqu ’à la brigade, on le surnomme, monsieur gadget… Après la joie des retrouvailles, un échange de gest es affectueux, nous nous retrouvons tous au salon où boissons fraîches et plateaux d’am use-gueules sont là, somme toute pour agrémenter une soirée de travail… Pour aller d’emblée au cœur du sujet, j’énonce : - j’ai mis dans le coup la police toulousaine. Je s uis tombé sur un de mes bons amis qui la dirige. Hes hommes triés sur le volet sont prêts à planquer. Nous leur désignerons les cibles. Il attend mon appel pour savoir combien de policier s il nous faut ce soir sur le terrain. Vincent réplique, gêné : - pour l’instant, nous n’avons repéré qu’Ouali et  amed Belloumi. En ce qui concerne ce dernier, nous sommes convaincus qu’il est dans le c oup. Toutefois, nous n’avons aucune preuve.… H’autre part, nous avons vu ce soir Rachid Ouali en réunion avec Jérôme Etchereborde et ses acolytes. Bien que la presse ép isodiquement fasse allusion au rapprochement entre ETA et Alcaïda, cela est troubl ant. Les ches concernant leur rencontre sont prêtes. Les photos sont à développer. Hécidéme nt, il nous faut un appareil numérique pour être plus rapides. Un petit silence s’instaure, le temps de digérer l’ information. Puis, tout en ré échissant, je demande : - tu les as filés pour les loger ? - Non, répond Sonia, il était préférable pour ne pa s éveiller leurs soupçons de ne pas croiser à nouveau leur route. Il fallait qu’on dégu erpisse pour ne pas être repérés comme enquêteurs. Souvent, à vouloir en faire trop, on pr end des risques préjudiciables. Ces gens sont susceptibles. Ils ont les nerfs à vif et leur sixième sens est toujours en éveil. - Tant pis ! His-je déçu. M algré tout, vous avez bi en fait. Il faut y aller petit à petit, surtout que les arrestations qui se sont produites en Espag ne doivent les faire cogiter plus que nécessaire. Hemain est un autre jour ! Le programme du lendemain est défini. Nous avons des atouts, du matériel de haute technol ogie et la volonté d’arrêter des détraqués qui se préparent à commettre le pire.
Samedi premier mai – Toulouse - la traque commence
En descendant de voiture, Sonia ne peut s’empêcher de dire en ricanant : - des micros qui ressemblent à des punaises, c’est fort ! Elle entre avec Julien dans le café où tant de chos es se trament. Ils viennent là pour déposer des micros et une caméra miniature de la de rnière génération. Ainsi, ils vont mettre des yeux et des oreilles dans ce lieu a n de recuei llir un maximum d’informations. Par cette astuce, ils vont tenter d’empêcher des pervers de c ommettre à nouveau l’irréparable… Avec dextérité, les micros sont vite installés sous les tables stratégiques selon le plan établi. C’est un peu plus compliqué pour déposer la caméra sans que quiconque ne le remarque. Ils ne veulent pas devoir se justi er et surtout ils ne veulent mettre personne dans la confidence. Ils trouvent l’endroit idéal dans une plante verte grimpant contre le mur, plante synthétique de décoration. La caméra est placée de façon à avoi r l’image la plus large possible de la salle. L’angle est trouvé et sous ma directive, elle y est dissimulée. Depuis une camionnette aménagée, je dirige la manœu vre. Je suis installé devant un écran avec une micro-oreillette. Tout est ok ! M icros et caméra fonctionnent. Comme si de rien n’était, mes amis sortent après av oir bu le petit noir. La journée sera longue… Je donne quelques consignes : - Julien, reste dans le véhicule. Ecoute et regarde ce qui se passe dans ce café même si les jeunes ne s’y pointent pas. On ne sait jamais ce qu ’on peut entendre ou voir. Fais particulièrement attention aux individus de type mé diterranéen. Allez ! A bientôt ! Au pire, à ce soir ! Sonia et moi partons à pied. Nous allons vers le do micile de Rachid Ouali qui habite dans la cité HLM voisine de la brasserie. Je libère au p assage le policier toulousain en faction depuis cinq heures du matin. Je l’ai retrouvé grâce à l’immatriculation de la voiture. Après lui avoir montré rapidement ma carte, je lui dis : - je prends la relève ! Prompt, ce dernier réplique : - RAS, aucune activité suspecte. Le lapin est dans son terrier. Après une franche poignée de main, ce fonctionnaire zélé s’esbigne rapidement au volant de sa voiture pour fêter le premier mai en famille… Devant le bloc où demeure Ouali, je n’ai pas le cho ix. Je ne peux surveiller que la porte principale. Si le gibier passe par derrière ou par les caves, j’aurai poireauté pour des prunes ! Ce sont les impondérables du métier. Quant à Sonia, elle s’est réfugiée dans un hall d’e ntrée proche de chez Stéphanie en ayant modi é son apparence. Il faudrait être un physionom iste exceptionnel pour la reconnaître sous son accoutrement, son maquillage et sa perruque d’u n roux presque rouge. Les personnes qui la regardent ne remarquent que son extravagance. Quant à Vincent, il est parti remplacer le policier en poste devant le domicile d’Hamed Belloumi. La voiture du zigue n’est pas dans la rue . Il reste un instant pantois ne sachant que faire. Un vieux de la vieille d’une cinquantaine d’ années, bedonnant, l’allure débonnaire dit en passant près de lui : - êtes-vous Vincent ? L’homme continue son chemin. Vincent le suit sans r é échir, les neurones bloqués. Le type entre dans une boulangerie. Il en fait autant. Le magasin est bondé, un peu trop. Le bonhomme lui dit en rouscaillant : - si j’avais été certain que ce sale temps devait m e gâcher la journée, je serais parti avec mes amis en Espagne faire un bon resto et acheter d es cigarettes. Ils s’y sont rendus dans deux voitures en se suivant prudemment. - Vous auriez eu raison, rétorque Vincent. Les aver ses se succèdent ! Heureusement, il y a la télé. (Puis, abruptement, il lance) : il y a fou le aujourd’hui ! Je voulais une chocolatine, je crois que je m’en passerai. Sans ajouter un mot, il sort de la boutique et rejo int sa voiture garée à une ou deux encablures. Derrière le volant, il gamberge bêtemen t pour rien au lieu d’être content d’avoir obtenu une information d’importance : le nommé Bell oumi va en Espagne. Pourquoi ? Il décide d’aller faire un tour au centre ville ainsi que du côté de la gare. Parfois, en agissant au
an, de bonnes surprises surviennent à l’improviste . On appelle ça des cadeaux du ciel. La chance n’étant pas avec lui, il roule sans but préc is dans le M irail pour nir aux alentours du café qu’il connaît parfaitement pour raisons profes sionnelles… En temps normal, les bars, les restaurants… ne sont pas son domaine de prédilection. Il serait du genre pantou ard surtout après avoir prat iqué quelques activités sportives pour garder la forme. C’est tout de même un athlète de h aut niveau, un ancien médaillé olympique… Il n’est pas loin de midi quand il passe devant le café mis sous surveillance. Il remarque la fourgonnette, voit aussi la voiture de son ami garé e. A une centaine de mètres, il lui semble reconnaître la silhouette qui piétine. Sous la perr uque brune peignée à la M ireille M athieu se trouve sa dulcinée. Elle monte dans la voiture avec un ouf de soulageme nt… Hors de cette zone à risques, elle reprend son allure normale en s’habillant plus sobrement. Elle pro te de cet intermède pour annoncer que Stéphanie et Ouali sont dans le b ar. Quand elle est en mission, Sonia met toujours dans un sac de taille moyenne deux ou troi s vêtements ainsi que ses perruques. Comme elle change souvent d’aspect, il est pratique ment impossible à quelqu’un de remarquer qu’il est suivi. C’est sa force ! Ils prennent conscience qu’ils devraient être sur l e terrain pour découvrir des indices et empêcher si possible toutes les horreurs que ces da ngereux individus imaginent. Par malchance, suite à l’enchaînement des évènements, i ls sont tenus à l’écart. Ils sont de fait sur la touche. Cela n’est pas juste. Ils restent un ins tant indécis mais cette valse-hésitation ne dure pas. Après un petit conciliabule, leur décision est prise et M ilou peut… C’est le premier mai, un jour férié. Ne sont-ils des habitués, des têtes connues dans ce café ? Tout bonnement, ils décident d’y aller pour boire l’apéritif. Cela ne s urprendra personne. Ils font leur entrée comme au théâtre… Dès le pas-de-porte franchi, ils se font un bisou d ’amoureux et, se tenant par la main, se dirigent vers la seule table libre. Ils passent san s un regard pour moi et font de même pour Stéphanie et Rachid. Ils ne regardent personne... C omme chacun le sait, les amoureux sont seuls au monde. Le mur de refend les protège de mon regard comme d’ailleurs de celui des deux autres. Cela les tranquillise. Ils restent mai n dans la main, sans toucher à leur verre, faisant semblant de ne pas me voir me débiner peu a vant le couple que je surveillais. Connaissant mon caractère, ils s’attendent certaine ment à une réprimande. En portant la main de Sonia à ses lèvres, Vincent p rend plaisir à regarder un père qui dit à son enfant : - je suis fier de toi, Djamel ! Veux-tu une autre g renadine ? L’enfant fait non de la tête et le père poursuit : - tu sais que papa repart demain pour son travail ? Pendant mon absence, tu seras l’homme de la maison. Je te fais confiance… De prime abord, cet homme vêtu d’un burnous et d’un e chéchia sur la tête lui plaît. C’est un papa prévenant, gentil et attentionné. M ais soud ain quelque chose fait tilt dans sa cervelle. Il n’en croit pas ses yeux. Ce père trop parfait, i l sait où il l’a vu. Il l’a vu hier en grande discussion avec Hamed Belloumi.
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