Trophée des Plumes 2021 - J aurais dû t écouter
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Trophée des Plumes 2021 - J'aurais dû t'écouter , livre ebook

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Description

Des secrets au sein d'un couple, un refus de communiquer et tout part en vrille.

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Publié par
Date de parution 11 juin 2021
Nombre de lectures 4
Langue Français

Extrait

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Chérie ?
Ce n’est qu’un murmure, rien qu’un murmure. Pourtant, je le capte au milieu du doux ronronnement des cales de l’avion. Le regard fixé sur l’horizon, j’essaie d’ignorer le gouffre qui ne cesse de grandir dans ma poitrine.
Avez-vous déjà été sujet au choc. Je ne parle pas de celui physique qui brise votre corps, mais du second. Celui, plus sombre qui s’infiltre dans votre être et qui vous arrache à la clarté du jour. Vous vous retrouvez alors dans un état d’atonie proche du coma. La vie suit son cours. Si proche, mais si loin de vous. Vos yeux se posent sur le visage souriant des autres et vous les observez tel des phénomènes. Mais en vérité… En vérité, c’est vous que la vie a fui.
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Chérie, s’il te plaît. Parle-moi. Dit quelque chose !
Mais pour dire quoi au juste ? Qu’est-il conseillé de dire quand l’essence même de votre être est bafouée ? Que dire quand on est debout sur les décombres fumants de son existence ?
Elle eut été un film que ma vie serait une très belle histoire de drame. Pleine de sang et de traîtrise, j’y aurais tenu le rôle de la jeune belle femme qui ne vit que pour son travail et sa famille. J’aurais sûrement brisé tous les murs pour sauver ceux que j’aime, montant à chaque fois sur mes fidèles talons – enfin, mon fidèle destrier. J’aurais tout simplement décidé de tourner le dos à ces valeurs que j’ai toujours cru détenir.
Malheureusement, je ne suis que Dagbégnon. Jeune, belle et mariée, j’ai toujours pensé vivre un rêve. Des parents aimants, une éducation en or, un métier que j’adore, un mariage en or et deux bouts de chou dans la foulée. Je dois reconnaître que j’ai eu ma part de bonheur.
Le moment serait – il venu de payer la facture ?
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Dagbégnon ?
Pour la première fois depuis notre départ de Paris, je me tourne vers cet homme que j’ai longtemps considéré comme mari. De haute carrure, un visage aux traits fins, des lèvres charnues et un sourire irrésistible, j’ai été sous son charme dès notre première rencontre. Nos discussions n’auront plus tard qu’entériner ce sentiment qui brûlait dans mon cœur. Sans avoir l’aura de passion que se plaise à évoquer tous les romans à l’eau de rose, notre relation aura été excitante et pleines d’agréables souvenirs. Nous ne cherchions pas le feu dévorant de la passion, mais cette brise légère et apaisant qu’apportait l’amour véritable. Comprendre et être compris.
Et comme aime le dit ma mère : « Je suis tombée sans glisser ». Lui avoir fait deux enfants et cinq ans de vie commune m’avaient donné l’illusion que je le connaissais. Quelle bêtise !
Nos regards se croisent et les larmes que je vois dans les siens me brisent un peu plus. Mon cœur, ce traître, ne peut s’empêcher de battre pour le seul homme qu’il a toujours connu. Seulement, les preuves étaient bien réelles. Toutes ces photos l’étaient et cet argent…
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Dagbégnon, je te jure que…
Le sanglot dans sa voix me ramène en sa présence et je le découvre à genoux devant mon siège. Deux traînées de larmes mouillaient son visage ébène. Tout bruit s’était arrêté dans l’avion. Nos compagnons de route croyant sûrement à une demande en mariage ou d’excuse s’étaient invités dans la partie. J’entendais leurs voix me presser d’accepter la proposition du beau jeune homme.
« Aller, fait lui un beau sourire et relève le. Sinon, c’est moi qui viendrais le prendre »
« Soyez gentille madame : relevez votre homme !»
« Le mien n’est même pas capable de s’excuser, alors l’imaginez à genoux. »
Faisant fi de la curiosité morbide de ces étrangers, je m’abaissai suffisamment pour ne me faire entendre que de lui.
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Hamed, s’il te plaît, maîtrise-toi ! Je souffre autant que toi. Et ce n’est pas dans l’avion en plein vol que nous allons déballer nos problèmes conjugaux. L’endroit n’est pas idéal. Alors, tu vas me faire le plaisir de te lever et de rejoindre ton siège. Arrête de me faire passer pour la folle quand c’est toi qui es le criminel dans l’histoire. Je refuse de te donner ce pouvoir. J’en ai marre de cette vie que je t’impose. Je ne t’en voudrais pas si tu décidais de me quitter. Je l’aurai bien cherché.
Trouvant inutile de lui répondre, je l’ignore et retourne à mes préoccupations internes. J’avais beau lui montrer mon dégoût, je ne savais quelle décision prendre.
 ***
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Tu ne m’as épousé que pour avoir accès aux rapports de la police ?
Hamed, qui venait de pénétrer notre chambre, s’arrêta brusquement et me lança un regard meurtri. Deux jours s’étaient écoulés depuis notre retour à Cotonou et l’atmosphère de la maison était tendue. Même les jumeaux l’avaient remarqué puisqu’ils n’ont pas arrêté de me poser des questions intrusives. Cependant, j’avais besoin de me recentrer sur moi. Il me fallait retrouver ma dignité avant de chercher à en savoir plus. Et aujourd’hui, je suis prête à connaître l’histoire de ma vie depuis cinq ans. Je veux l’entendre me donner les raisons de sa trahison. M’expliquer pourquoi il lui a fallu me planter un couteau dans le dos.
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Comment peux-tu penser cela de moi ? Tu sais bien que je t’a…
Ta gueule Hamed, tu me fermes ta putain de gueule. Je pense tout ce que je veux quand un matin, je découvre par le plus grand des hasards que tu es le criminel que je recherche. Mon Dieu Hamed, pourquoi me faire ça ? Pourquoi ?
En deux pas, il se retrouve devant moi. Je vois dans ses yeux son envie de me prendre dans ses bras, mais il est assez prévoyant. Je suis sûre de commettre un crime s’il essaie, ne serait-ce que de me toucher.
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Dagbégnon, je te jure que ce n’est pas ce que tu crois.
Je devrais croire quoi, Hamed ? Tu m’as rendu complice de tes actes. Tu m’as rendu indigne de porter cette toge. Je n’arrive même plus à aller au bureau. Tous ces voyages… Même les enfants ont été utilisés pour cacher le monstre que tu es. Toutes ces putains de voyages, c’était pour aller vendre ta marchandise n’est-ce pas ? Mais tu avais besoin de mon statut. Ça te facilitait tellement la tâche. Seigneur ! En fait, tu ne m’as jamais aimé. Il te fallait juste la bonne mule pour tes affaires. Tu as pris ce qui faisait de moi cette femme que tu as connu. Je ne sais plus quoi faire à présent. Aller te dénoncer serait un couteau à double tranchant. Mes officiers ne croiront jamais que je n’étais au courant de rien. Et me taire fera de moi un être vide, sans substance. Alors dis-moi Hamed, que dois-je faire pour retrouver ma vie.
Je ne sais pas Dagbégnon et je ne te demande pas de me couvrir. Tu es libre de me dénoncer à la police. Je ne t’en voudrai pas. Laisse-moi au moins te dire ce qu’il en est. Crois-le ou non mais je ne suis pas le responsable de cette situation. Je ne suis pas le « master ». Crois-tu réellement que l’homme avec qui tu parlais serait capable de tuer des enfants de sang-froid ? Crois-tu qu’il serait capable de kidnapper des personnes pour les revendre en tant qu’esclave sexuelle ailleurs ? Me, crois-tu capable de plonger des jeunes à l’avenir prometteur dans la dépendance avec l’exportation de cette saleté de drogue ? Je te le répète, je suis désolé de te faire vivre cet enfer, mais je ne suis qu’un commercial. Et pour être tout à fait sincère avec toi, cette histoire à son prélude dans notre mariage. Moi Dagbégnon, je n’étais qu’un enfant de pauvre. Réfléchis un peu et explique-moi comment j’aurais pu créer un réseau aussi puissant de distribution de drogue, de ventes d’organes, de vente d’esclaves et de proxénétisme. Tu n’as aucune idée de ce que tu as découvert. Je ne veux pas de ta pitié moi. Tout ce que j’ai toujours voulu, c’est de t’avoir à mes côtés, de t’aimer et de vivre le restant de mes jours dans tes bras. Alors, si tu penses que me dénoncer te rendra ta joie de vivre, soit ! Mais il faut que tu saches que le véritable master est tout proche de toi. Il s’agit de…
 ***
J’ai attendu ce nom. J’ai attendu que tu me le dises et j’attends encore aujourd’hui. Cette dernière image de toi, la bouche ouverte et crachant du sang ne me quitte plus. Chaque seconde qui passe me ramène à cet instant de notre vie, dans cette chambre et toi t’écroulant avec ce trou dans la tête.
Et cette question que je n’ose plus formuler !
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