Trophée des plumes 2021, l amour ou l amer
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Trophée des plumes 2021, l'amour ou l'amer , livre ebook

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Description

Amour ou amer. Il y'a des amours qui nous font du bien et il y'a d'autres qui nous détruisent. Les gens jugent ce qu'ils voient, mais personne ne connait les réalités du coeur de l'autre. Jamais je n'aurais imaginé que ma vie prendrait une tournure aussi amère.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juin 2021
Nombre de lectures 77
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

L’AMOUR OU L’AMER
J’écris ces mots avec beaucoup de douleurs et de larmes. La tête lourde, l’âme affaiblie et le cœur assombri. Les pleurs ne me consolent même plus.
J’essaie juste d’avoir un peu de force pour dire, écrire, en parler pour me soulager.
La chose la plus horrible, ignoble, dégoutante et la pire des choses qui pouvaient nous arriver après le décès de notre frère ainé Elian. Je n’aurais jamais imaginé qu’à moi aussi cela pouvait arriver. Moi le héros de ma petite sœur, aujourd’hui sa plus grande déception. Moi le plus spécial de sa vie, je l’ai déshonorée et lamentablement déçue, pas qu’elle, aussi mon petit frère qui voyait en moi l’irréprochable.
Je refusais d’être jugé par tous et partout, s’en était trop pour moi, pour une première fois, je me voyais incapable de supporter une épreuve et de la surmonter. Mais je savais que le jugement de Dieu là à cet instant, je l’avais mérité, aussi sa colère et son châtiment.
Moi Yohann, j’étais le jeune chrétien sage et presque irréprochable de l’église, le jeune innocent et le joujou du pasteur et de son comité entier. L’église me câlinait presque et j’étais d’une pondération et maturité incalculables.
J’étais désormais le fils ainé d’une famille après la disparition tragique de Elian notre frère ainé. Je portais cette famille et tous ces cinq petits frères sur mon épaule et chaque jour je me levais avec la rage d’apporter le bonheur dans cette maison de pauvre ou j’avais grandi avec mes frères. Mes projets étaient immenses et nombreux, je parcourais rues et villes, de gombos en gombos (petits métiers) pour sortir un avenir et pour moi et pour les autres. Un jour, alors que j’étais devenu le gérant ou magasinier de ma cousine qui m’avait logé à Abidjan pour mes études supérieures à Angré, je vois une demoiselle passée, elle était belle de figure et physiquement. Elle faisait partie de la même communauté religieuse que moi.
Je l’ai abordéesans hésiter puisqu’elle me charmait jusqu’aux os. Rendez-vous pris, nous nous rencontrions pour mieux échanger et faire connaissance.
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Salut, je suis Koné Yohann, je suis étudiant et en ce moment je gère le magasin de vêtement de ma grande sœur, le temps que notre année blanche prenne fin et que je retourne à l’université. Et toi ?Je m’appelle Mélina et je te voyais souvent à l’église, mais je ne savais pas que tu habitais dans le coin. Oui, je suis au Mahou ici. Dis-moi, tu n’es engagée nulle part j’espère, parce que franchement je suis en train de tomber amoureux de toi. Et j’aimerais avoir une relation selon les principes du Seigneur avec toi. J’y réfléchirai et on verra ce que Dieu aura décidé.
Le dimanche on se revoit au culte et mon cœur se met à battre à la chamade, mon cousin Jean qui avait pu remarquer mes réactions des derniers temps me tape en disant :
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Mon pote, tu es sérieux là ? Elle te fait changer de nature à ce point ? Le Yohann serein et imperturbable ?
Je reprends mon air gêné et timide et je lui avoue que oui elle me perturbe le cœur.
Il me dit : Yohann cette fille n’est pas le genre de femmes qu’il te faut, elle t’attirera que des ennuis. Il ne suffit pas de la voir ici et penser qu’elle est bien, d’ailleurs j’ai appris qu’elle fait des affaires et activitésque tu n’aimeras pas vraiment, hôtesse événementiel, promotrice de produits de marques de grandes entreprises de laplace etc. Tu imagines le niveau de vie d’une telle demoiselle qui côtoie de grands hommes et des grands lieux ? Tu risques de te faire du mal si c’est ici que tu veux t’engager conclut-il avant de me quitter. Mais c’était bien trop tard, j’avais déjà muri cette idée et je voyais déjà ma vie avec elle, de mon retour de la Belgique, je viendrai l’épouser et on fondera une famille me disais-je en perdant le regard dans le vide devant moi.
Nous étions en début de mois de Novembre lorsque j’avais commencé à fréquenter Mélina et ce n’est quand Mars de l’année suivante lors d’une cérémonie de mariage à laquelle nous étions tous deux garçon d’honneur et fille d’honneur qu’elle m’avoua être partante pour une aventure amoureuse avec moi, le pauvre jeune étudiant, le‘’piqué’’. J’étais le plus fou de joie ce jour.
Tous me persuadèrent de ne pas m’engager, mais c’est elle que je voulais. J’en parlais à mon modèle spirituel, ma mère spirituelle et ils n’en croyaient pas.
Ma mère spirituelle qui me soutenait en tout et était prête à tout pour le garçon que je suis m’avait dit :
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Tu vas rater ta vie, elle ne mène pas du tout la même vie que toi, faite d’eau douce, nourrit d’espoirs et basée sur la prière. Je la connais assez pour savoir de quoi elle est faite.
Je lui avaisrépondu : je saurais la faire changer, je saurais attendre et je saurai faire d’elle une nouvelle personne, celle que je veux.
-
Je l’enverrai suivre tes pas et conseils chaque jour et tu verras.
J’avais fini par faire promettre ma mère spirituelle d’aider Mélina à devenir une femme vertueuse et merveilleuse comme elle. Finalement ils voyaient mon attachement à elle et les uns et autres nous aidaient désormais à vivre heureux et bien. Tout semblait parfais et promettait le bonheur. Dans les débuts, c’étaitdifficile pour elle, il arrivait qu’on nomme certains de ces prétendants, mais je gardais la tête froide et m’accrochais à notre amour. Mes amis avaient accepté et la connaissaient désormais. Au bout de deux ans de relation, je la présentais à mes frèreset sœurs et je la brandissais partout comme mon aide, ma force et mon appui. Elle me l’avait démontré aussi.
Un jour, lors d’une causerie assise sur le bord de mon lit d’étudiant en chambre universitaire, elle me dit : Faisons un enfant, j’ai ri aux éclatset je l’ai châtiéebeaucoup en disant qu’on en aura assez. Après je l’ai raccompagnée.
Grande fut ma surprise que deux jours après elle revienne sur le même sujet, là je me rendis compte qu’il y’avait un problème. D’où sortait-elle ça, sachant que c’est contraire à nos principes ! je me mis en colère et lui dis de cesser de souhaiter ce genre de situations en ce moment mais elle me dit qu’elle veut un enfant vraiment, que sinon elle prend de l’âge et ne se porte pas bien selon un médecin. Je ne voulus pas en savoir plus et je la renvoyais chez elle. Je me suis ensuite mis à prier dans ma chambre et je demandais à Dieu de m’aider à résister au mal et aux tentations. Elle est allée se faire consoler dans les bras de ses amies qui
la conseillaient et l’encourageaient à faire comme elles et tester mon amour, ma virilité. En réalité, les mauvaisescompagnies corrompent les bonnes mœurs (1Corinthiens 15v33). Elle n’était plus la même, elle se fâchait pour un oui ouun non, se plaignait sans cesse et faisait chemin seule. Elle reprit ses activités et se disputait avec sa sœur ainée qui ne la supportant plus l’avait mise dehors.
Ce jour j’entendis frapper à la porte de ma chambre à 23 heures passées, j’ouvre et qui je vois : Mélina
--
Quoi ? qu’est-ce qu’il y’a ?Ma sœur m’a mise dehors, me dit-elle en fondant en larmes. Je la consolais et laissai entrer. Pour ce soir, il n’y avait pas moyen, elle devait dormir chez moi. J’étais tout de même sûr de moi et je me fis de la place sur le sol pour dormir.
Le lendemain, on cherchait une solution sans savoir quoi faire ni comment faire, je la gardais encore pour quelques jours.
Ce soir de retour de mes cours du soir que je donnais aux enfants d’une famille riche, je la trouvais heureuse que le jour précédent avec une attitude bizarre, elle avait fait à manger, je pris mon bain, et j’ai diné avec appétit. Nous regardions une série sur l’ordinateur quand elle me dit :
-
Embrasse-moi stp. Je feignis de ne pas comprendre, mais elle s’approcha, puis de plus près, je pouvais la ressentir, son corps, ses vibrations. Je voulais me lever et quitter cette scène qui allait bientôt devenir intenable pour moi. Mais comme si je ne me contrôlais plus lorsque ses mains me touchaient, je fondais et j’ai répondu à un premier baiser, un deuxième et je ne pus plus rien contrôler. A fond, oui comme jamais, je venais de découvrir une femme, la femme de mes rêves, celle qui m’avait fait battre le cœur dès le premier regard.
Le matin je n’en croyais pas et je l’évitais, j’ai préféré passer toute la journée loin d’elle et même la nuit loin d’elle. Je n’arrêtais pas de me demander ce qu’elle avait pu bien me donner pour que je perdre tout le contrôle de moi-même, j’étais presque sure qu’elle m’a servi quelque chose de bizarre ce soir.
Je lui demandais à mon retour deux jours plus tard de venir habiter avec ma mère spirituelle, mais elle refusa catégoriquement. Je partageais la chambre de mon voisin qui ne manquait de mentionner qu’il n’aurait jamais cru que je pouvais loger une fille chez moi. J’ignorais toutes ses remarques et questions.
Deux semaines passaient, un mois puis deux, un matinalors que je m’habillais pour sortir, elle me dit il faut que tu saches quelque chose. Je lui répondis :
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Qu’est-ce que je dois savoir ? Elle me dit : Je suis enceinte. Quoi ? Le seul mot que je pu lancer ; j’eu l’impression que mes jambes se démolissaient, que mon corps tombait membre après membre et je mon cœur s’était arrêté un moment. Je la pris par les épaules la secoua et lui parla doucement. Qu’est-ce que tu as dit ? dis-moi que tu plaisante, mais elle répéta :
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Je suis enceinte d’un mois. Je la relâchai et sorti inerte, sans rien entendre, sans voir devant moi, sans savoir oùj’allais. Je marchais juste tout droit devant moi. J’entendais des bruits de klaxons mais sa voix s’imposait :je suis enceinte, je suis enceinte ;
J’ai erré sur la voix et je ne sais pas par quel miracle une voiture ne m’avait pas renversé. J’aurais préféré que ce soit le cas rien qu’en pensant que ma mère m’appelait sa fierté, je ne pouvais pas lui infliger ça, cette honte, ces rêves et cette confiance brisée ; ses principes foulés au pieds. Je ne pouvais pas, j’ai prié Dieu qu’une voiture me renverse et m’écrase que de retourner et devoir subir, affronter et vivre ça. J’ai trainé jusque tard dehors ne sachant où mettre la tête. Et elle m’appelait, je disais juste : elle m’a trahi, elle m’a tué. Je ne voulais pas que ce soit vrai. Hélas c’était plus vraie que la nature. Je suis resté assis à la porte de ma chambre le cœur hésitant entre entrer et l’étrangler et aller me briser le cou jusqu’au petit matin.
Le jour levé, j’entrais et lui demandais ce qu’elle va faire, elle avait l’air de ne pas s’en préoccuper, elle se vêtit bien et sortit faire ses courses comme si de rien n’était.
J’étais surement le plus gros des idiots et des honteux. Je pris la décision d’aller en parler à masœur et mère spirituelle, elle ne me fit pas cadeau, et s’est presque évanouie et mis à hurler comme jamais elle ne l’avait fait. C’était juste impossible à croire pour elle. Moi j’étais assis devant elle la tête entre les mains. On résolut ensemble d’en informer les pasteurs et le comité dont j’étais le joujou préféré, fallait s’attendre au grondement du tonnerre. J’avais bien cherché.
Tous sous le même choc et refusant que ce soit de moi qu’il s’agit, ils restaient ébahis sans pouvoir dire mot.
Le comitédevait se réunir et statuer sur mon affaire, très tôt, il en ressortit qu’on va arranger un mariage pour limiter les dégâts et faire courte toute cette histoire. Pour eux, il n’était pas question que tout ce que j’avais construit autour de moi comme famille, relations, rêves, espoirs, motivateur, tombent pour une faute aussi banale. Cette résolution pourtant me mit hors de moi. Je ne pouvais sur le coup accepter d’épouser celle qui vient de me prendre ma vie et mon honneur en une nuit de folie bien préparée. Je quittais le lieu de la réunion désemparé et inconsolable comme un gamin. Elle, elle semblait bien renseigner et croyait en cette stupide solution. Moi je voyais ma vie défilée et mes débuts avec elle sous mes yeux, je me rappelais alors tous ces dires de Jean, de ma sœur…
J’ai tout rejeté et j’ai été mis sous discipline, moi qui jamais je n’avais vu de loin cette sanction se mêler à ma vie.
Les mois passaient et la nouvelle allait bon train, elle était devenue la musique qui faisait danser tout le monde et mon nom le thème des débats, je n’en pouvais plus et ma tête devenait trop lourde pour mon corps, je me retirais un moment pour donner du temps à moi-même, mais cela n’empêchait pas les ragots et commérages de me trouver là où je me cachais.
Je nevoulais pas mettre tout au dos de Mélina et je ne pouvais pas prouver qu’elle m’a bien fait quelque chose ce soir. Je gardais la culpabilité pour moi et je recevais tout.
J’ai été finalement appelé pour un poste de responsable de Ressources Humaines d’unesociété minière à San Pedro, j’ai loué le ciel pour ce geste qui allait me permettre de m’éloigner un temps.
Ma famille a dû affronter comme moi les humiliations et les ragots de tout genre sur moi, pour le dire à ma mère j’ai dû inventer toutes sortes d’histoires bidons pour la faire supporter le choc, mais au fond elle était brisée, blessée et m’aimait tellement. Dans le car qui me conduisait, je faisais une prière au Seigneur de permettre un grave accident et que je n’en sorte pas pour aller faire cette annonce à ma mère.
De son côté Jisca ma sœur était inconsolable, elle ne tenait plus le regard moqueur et interrogateur de tous ces amis auxquels elle avait promis avoir le frère le plus merveilleux au monde. Elle s’était toujours sentie abandonnée par Papa et avait fini par trouver en moi ce père qu’elle n’a jamais eu tout près, elle m’avait en elle, mais ce coup, elle ne ce n’était pas préparée à cela.
Je commençais donc ce nouveau travail, dans l’optique aussi d’y trouver du repos et de la paix extérieure même si l’intérieur était à ce moment détruit.
Je me suis rendu au culte le premier dimanche dans une église, et les dires du pasteur me transperçaient l’âme. Je n’eus pas la force de me lever et prendre le chemin de chez moi. Je suis resté assis jusqu’à 14h seul. Une sœur venait à la réunion du soir de la jeunesse et m’a reconnu, elle s’approcha, s’assis et se mit à compatir sans me demander quoi que ce soit. C’était la première fois que quelqu’un m’apaise autant. Elle me consola, me rassura etme raccompagna le soir. Je lui tendais un regard qui en disait long sur ma situation. E tous les dimanches elle prenait de mes nouvelles, me conseillait et m’impliquait dans les activités qu’elle menait. Avec cette jeune fille, je sentais une paix, elle mefaisait croire encore et voir un meilleur en moi. Elle me rappelait ce dont j’ai toujours rêvé auprès de ma cote, mais je la regardais, l’admirais et la remerciais.
Nous étions devenus très amis Alicha et moi, elle m’appelait souvent pour prendre de mes nouvelles et j’en faisais de même. J’oubliais un moment mon calvaire et toute la grosse bêtise que j’ai faite en présence d’Alicha. Elle, comme un ange, un réconfort, un espoir pour moi. Je ne voulais pas la blesser à mon tour et pourtant elle commençait às’attacher à moi sans se plaindre et me juger sur ce que je suis et ce que j’ai fait.
L’on me mettait de plus en plus la pression pour que j’officialise ma relation avec Mélina et que je camoufle toute cette histoire qui tachait déjà fort ma réputation, mon nom de jeune homme intègre et spécial.
De son côté Mélina menait aussi sa bataille, me choquait dans ses propos, me menaçait et m’accusait de tout, surtout après cette fois ou par désespoir et désemparé je lui avais proposé d’avorter secrètement, quelle immaturité ! Était-ce vraiment le plan de Dieu pour moi depuis toujours ? Me demandais-je sans trouver de réponses.
Mes petits frères me détestaient je crois, ils ne me parlaient plus de rien et ne me comptait plus dans leur décision, c’était clair, j’étais devenu un mauvais exemple. Et ma mère ne disait rien, elle restait silencieuse face à tout le bruit qui se propageait, elle gardait dans son cœur sa tristesse et sa déception. Après toutes ses prières, ses sacrifices, ses combats pour sauver et son respect, son honneur et notre honneur à tous sans un mari à ses côtés. Elle était brisée mais paraissais si forte comme toujours, elle était faite d’une matière spéciale ma mère.
Plus les jours passaient, plus je voyais un côté sombre de Mélina que je n’aijamais connu, je restais éloigné cependant pour maitriser et minimiser les dégâts. Je m’occupais de la grossesse, de ses soins comme il se devait car après tout il était innocent ce bout d’être et j’étais toujours ce garçon très responsable. J’avais cependant faire part de ma décision au comité qui m’a dit tout sauf« comment te sens-tu ? »
Sept (07) mois s’étaient écoulés et le jour de l’accouchement approchait. Je devais accompagner Mélina chez sa tante à Bouaké pour qu’elle y prépare l’arrivée du bébé et qu’elle ait une personne plus expérimentée à ses côtés pour l’aider le moment venu.
Un ami à elle décida de nous acheter deux billets d’avion pour Bouaké. C’était son cadeau pour le futur bébé avait-il signifier. Je ne voulais pas en savoir plus et d’autres choses me préoccupaient en ce moment.
Notre départ était prévu à 09h du matin, nous nous rendions deux heures avant à l’aéroport Félix Houphouët Boigny d’Abidjan.
On embarquait, dans l’avion pendant le trajet, Mélina me posa une question :
-
Tu ne veux donc plus de moi comme épouse ?
Je ne répondais pas à cette question et je jetais le regard ailleurs, elle continuait pourtant. Je finis par lâcher un câble en criant.
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-
Tu vas arrêter enfin ? Tout est ta faute à toi, tu veux m’énerver ? Tu veux parler de ça ? Tu savais que je n’étais pas prêt pour une telle responsabilité, tu connaissais mon cœur, mes rêves, mes désirs, mes projets, tu savais ce à quoi je tenais et ce que je voulais de ma vie. Mais tu vois où j’en suis ? Par tes désirs jamais assouvis et venimeux. J’aurai dû écouter ce qu’on me disait depuis le début ; mais j’ai cru, j’ai cru que …Yohann, s’il te plait maitrise toi ! Tu ne vaspas venir exposer notre vie ici dans un avion ! Tu crois être le seul qui en souffre ? Et moi alors ? Je n’ai rien perdu là-dedans ? Suis-je la seule fautive dans toute cette histoire ? Je reconnais et accepte toutes ces fautes sur moi mais tu me déçois énormément. Ça suffit,j’en ai marre de cette vie que je t’impose. Je ne t’en voudrais pas situ me quitte. De toutes façons, je ne suis plus dans ton cœur.
Ces paroles eurent un effet sur moi je crois, je baissais la tête et je me grondais intérieurement, elle ne m’avait pas ligoté ou drogué me disais-je.
Le voyage ne fut pas long, on arriva à 11h. Quelqu’un vint nous chercher à l’aéroport, les mines querelleuses personne ne disait mot jusqu’à la maisonde sa tante.
Je retournais sur Abidjan le lendemain pour me préparer et aller sur site. Je ne cessai de repenser à ces dires et aussi à cette Alicha qui gagnait du terrain en moi.
A mon arrivée à San Pedro, Alicha m’avait accueilli comme si elle avait reçu des instructions, elle me fit le diner et tout ce qui pouvait accompagner, elle avait rangé et blanchit la maison et avait même prier pour moi. Les mois qui suivirent, je ne manquai de lui dire combien elle comptait désormais pour moi et tout ce qu’elle m’apportait. On commençait à avoir des sentiments plus sérieux et forts qu’on décidait d’ignorer un moment, mais on a beau fuir la réalité, elle finit par nous rattraper, on peut mentir au monde, mais à soi-même, on se rend toujours compte de la réalité. J’étais dans une situation compliquée et délicate, si j’embraque Alicha là-dedans elle risquait d’en souffrir, je le savais. Mais elle me dit un jour :
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Je suis prête à tout pour toi, je t’aime tel que tu es et lereste ne me préoccupe pas, mais je n’ai pas envie de te séparer de ta future famille, je ne veux pas être la cause de leur malheur.
Je ne pouvais rien dire, mais je voulais être avec elle. Alors contre vents et monde, je décidais de me donner le bonheur que j’ai tant attendu d’une femme. J’annonçai que je veux doter Alicha et faire d’elle ma femme, que je n’ai plus aucun avenir avec Mélina, car elle me plongeait dans le regret, les pleurs, le désespoir, le chagrin et me rappelait constamment ma maudite vie.
-
Jamais je ne pourrais encore vivre avec elle comme si de rien n’était, je me connais et je sais que je serai incapable de faire semblant, ne m’infligez pas ce sort, cette condamnation. Sinon je la détruirais sans la toucher. Que l’on se sépare et chercheson chemin ailleurs, avais-je confessé devant mon pasteur et ma mère spirituelle qui voulut sur le champ me battre, m’étrangler. Elle eut juste le temps de dire si c’est ta décision, ne reviens plus jamais vers moi, ici finit notre fraternité. Ce fut de même avec une partie du comité et certains ainés en qui je croyais beaucoup. Tous m’avaient blâmé et tourné le dos. Mon monde s’était réduit à moi et Alicha.Jisca ne voulait plus entendre parler de moi, ni mes autres frères qui voyaient en moi un irresponsable et pitoyable homme capable d’abandonner son enfant et la mère de son enfant.
Moi je mourrais aussi chaque jour en voyant mon monde réduit. Alicha elle souffrait et encaissait les jugements, ragots et insultes, je lui demandais de tenir pour moi.
L’accouchement de Mélina s’était bien passé et l’enfant se portait bien, j’avais besoin de ma famille ce jour autour de Mélina, j’ai appelé celle avec qui j’étais proche et je lui fis le reproche. Jisca se rendit alors malgré elle auprès de Mélina, je fus surpris de voir maman aussi qui vint prendre la première son petit-fils dans ses bras. Mélina attendait tellement une telle chaleur qu’elle fondit en larmes mais on la calmait.
Après l’accouchement, les rumeurs allant bon train arrivèrent à maman selon que jene veux pas prendre Mélina comme épouse, elle se mit dans tous ses états, disait des paroles très blessantes contre moi mais je la suppliais de me comprendre, elle ma mère qui est mon dernier recours, le seul repère et appui qui me restait. Elle ne me refusait rien, mais là, cela avait l’air très compliqué. Elle pleurait me tapotant le dos pendant que j’étais assise à ses pieds.
Sam, notre enfant avait presqu’un an quand je me préparais pour la dot de Alicha, il allait rester avec ma mère afin de permettre à Mélina de reprendre ses activités ou études. Maman en était très ravie, elle se sentait tellement souvent seule.
La sœur ainée de Mélina vintme rendre visitepour me convaincre de reprendre avec sa sœur sous entendant détruire mon image et le peu de dignité qui me restait à l’église. Je fis savoir que je ne voulais plus et ne pouvais plus. Mélina voyait mêmed’autres hommes et avait repris son ancienne vie mais prétendait toujours m’aimer. Quelqu’un n’avait pas manqué de lui demander un jour si elle priait pour cette situation et voulait que tout s’arrange par la grâce de Dieu, elle avait répondu par la négation. Faut croire qu’elle parlait rarement à Dieu jusqu’à ce que je vienne dans sa vie. Et ma vie chrétienne, mes moments de prières avaient considérablement chutés depuis qu’elle avait pris place dans ma vie. J’avais fini par convaincre ma famille, mes frères et sœurs que le mieux pour moi était de recommencer ma vie avec quelqu’un d’autre et que ce départ nouveau sera sans doute compliqué sans eux qui me restent dans ce monde où tous me jugent et me condamnent. Nous étions beaucoup liés pour voir ce beau tissu familial se déchirer de la sorte par ma faute. Comment affronter le
monde et la vie étant divisés désormais ? Avec beaucoup d’hésitations, demises en garde et de reproches, ils ont peu à peu repris à m’accepter, me soutenir. Cela me suffisait.
Quelques mois passés et le jour de la dot arriva. Alors que nous nous préparions à la maison avec le soutien du peu de gens qui m’estimait encore et quivoyait en moi un être éprouvé mais récupérable. J’étais dans la chambre, discutant avec mon petit frère Aquim quand Mélina arriva avec notre fils. Elle pleurait presque, suppliant mon frère de ma dissuader et me faire comprendre qu’elle ne pourra pas supporter cette punition de vivre sans moi et de voir son enfant grandir loin de son père. Je la rassurai que je serais là à chaque instant et à toutes les étapes de la vie de notre enfant. Mais elle répondait que ce n’est pas suffisant, qu’elle veut fonder cette famille qu’on avait désiré ensemble. L’atmosphère commençait à être tendue, alors j’ai demandé à Aquim de sortir avec elle et de la raisonner. Elle finit par se resigner et décidait de s’en aller si c’est Alicha que j’avais choisi plutôt qu’elle et notre fils. Elle me dit que je regretterais toute ma vie et qu’elle s’en irait très loin pour me laisser vivre avec celle que mon cœur avait choisi. Elle posa notre fils dans un canapé et ouvrit un flacon dont elle avala le contenu entier avant de s’écroulersur le sol.
-
Nonnnnnnn ! Cria Aquim, non ne fais pas ça. Au secours !
Je me retournai immédiatement et vis Mélina au sol méconnaissable.
-
Non ! Criais-je à mon tour, qu’est-ce qu’elle a ? Relève-toi, arrête ce genre de ruses, je dois aller à ma cérémonie de dot. Relève-toi stp.
Mon frère me montra le flacon qu’elle venait de vider, elle s’est tuée ajouta-il.
-
-
Quoi ? Non qu’est-ce que tu racontes ? Je le secouais de toutes mes forces et j’hurlais tellement fort que toute la maison ne tarda pas à être bondée de monde. Je criais comme je ne l’avais jamais fait de toute mon existence. Je me cognais contre tout, je perdais la raison pendant que l’on tentait de me calmer et me retenir.Je l’ai tuée, je l’ai tuée, la mère de mon fils !
Dans les bras de Jisca, il s’était mis aussià pleurer si fort, mon filscomme s’il était conscient de ce qui se passait. Alicha qui se tenait juste devant moi dans sa belle tenue traditionnelle de mariée qui faisait d’elle une princesse magnifique avait comme perdue l’usage de sa langue et était restée immobile, les yeux ouverts sans voir. Le flou et le choc que recevait son cerveau étaient certainement trop énormes.
Je me levai et me dirigeai vers la sortie, sans savoir où j’allai comme ce fameux soir de la nouvelle qui avait bouleversé mon existence. Alicha me héla et me posa une question dans ce silence terrifiant
-
Yohann, et moi ?
Il y’a des amours qui nous font du bien, mais il y’a aussi des amours qui nous détruisent. Il y’a des personnes qui ne sont pas faites pour vous et il y’a des amours qui sont beaux mais impossibles. Il y’a des choix qui chamboulent tout notre être, notre existence, c’est pourquoi, il faut avoir une vie de prière, de foi et savoir écouter la voix de Dieu. Parfois notre force ne résiste pas au mal qui nous guette.
Je ne sus quoi faire, ni quoi répondre à la question de Alicha. Est-ce que la solution était de vivre dans un mariage voué à l’échec d’avance avec une femme que mon cœur accusait et
repoussait ? Dans la même maison ? vous aussi me jugez certainement et me condamnez, mais à ma place, qu’auriez-vous fait ?
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