Trophée des plumes 2021. L ESPÉRANCE
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Trophée des plumes 2021. L'ESPÉRANCE , livre ebook

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Description

Depuis l’âge de vingt et un ans, Myriam Konaté s’était mariée à son premier amour
Cheick Keita. Celui-ci travaillait avec son père dans l’entreprise familiale. Leur mariage fut
tout de suite approuvé par les parents de Myriam, car pour elle, ils n’auraient pu trouver bon
parti. Il était beau, responsable, respectueux, aimable et attentionné. Pour les parents de
Myriam, tous ces critères faisaient office d’un bon homme. Leur union fut grandiose car le père
de Cheick en avait fait son affaire. Et leur lune de miel, féerique. Elle l’aimait beaucoup et
voyait en lui l’homme parfait. Leur vie de couple était comme elle l’avait imaginé : paisible,
joyeuse et remplie d’amour. Conscient de la beauté de sa femme, Cheick ne se lassait jamais de
la magnifier. D’une taille élancée, d’une forme de guitare et de teint clair, lui valait l’appellation
de la part de son mari : ma princesse.

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Informations

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Date de parution 11 juin 2021
Nombre de lectures 63
Langue Français

Extrait

L’ESPERANCE
Depuis l’âge de vingt et un ans, Myriam Konaté s’était mariée à son premier amour Cheick Keita. Celui-ci travaillait avec son père dans l’entreprise familiale. Leur mariage fut tout de suite approuvé par les parents de Myriam, car pour elle, ils n’auraient pu trouver bon parti. Il était beau, responsable, respectueux, aimable et attentionné. Pour les parents de Myriam, tous ces critèresfaisaient office d’un bon homme. Leur union fut grandiose car le père de Cheick en avait fait son affaire. Et leur lune de miel, féerique. Elle l’aimait beaucoup et voyait en lui l’homme parfait. Leur vie de couple était comme elle l’avait imaginé: paisible, joyeuse et remplied’amour. Conscient de la beauté de sa femme, Cheick ne se lassait jamais de la magnifier. D’une taille élancée, d’une forme de guitare et de teint clair, lui valait l’appellation de la part de son mari : ma princesse.
En raison de la fortune mise à sa disposition, Cheick interdit à sa femme de travailler. Celle-ci s’y opposa mais finit par se résigner. Et lorsqu’il prenait des vacances, c’était des nuits de réflexion sur leur prochaine destination : la ville de Mexico, les îles de la Zambie ou du Mozambique mieux encore la somptueuse ville des Emirats Arabes Unis : Dubaï. C’était le paradis. Mais cela n’était que le meilleur car le pire se mit à frapper à sa porte de bon matin.
Alors qu’elle faisait simultanément le petit déjeuner et préparait les affaires de son mari pour le boulot, Myriamfit tombée maladroitement l’un des documents dans de l’eau. Apeurée, elle le fit sortit aussitôt etse mit à l’éponger délicatement depeur que le document ne se déchire. Enfin prêt pour le boulot, Cheick sorti de la chambre. Toute inquiète, balbutiant comme un bébé, elle lui dit d’une voix basse:
-
Désolé chéri, sans faire exprès, j’ai fait tomber l’un de tes documents dans de l’eau.
Après quelques secondes de silence, Cheick lui dit :
-
Où se trouve le document ?
Elle le prit sur la table et le lui remit. Instantanément, il la frappa au visage. Sans toucher à la nourriture, il prit son cartable et s’en allât. C’était là le début de sa souffrance. Depuis ce jour, tel un tambourineur, il la battait sans répit et pour des raisons banales.
Aujourd’hui, Myriam a trente-six ans et son mari trente-neuf. Elle en est à sa quinzième année de mariage mais toujours le même scénario. Malgré,les deux magnifiques enfants qu’elle eut à lui donner : Nelly âgée de treize ans et Faël trois ans ; ellen’avait toujours pas trouvé la paix du cœur.
Ce matin d’hiver,assise sur son lit après le départ de son mari et de sa fille ainée, Myriam écoutait vaguement du haut de son appartement le bruit assourdissant des moteurs de voiture. Toute pensante, elle remémorait mainte fois les bons et mauvais souvenirs. Elle qui, autrefois, était remplis de gaieté et d’amour a aujourd’hui, pour seule amie la tristesse. Son époux avait su faire de son mariage un cauchemar. Ses larmes et sa foi en DIEU étaient son seul réconfort. Bien que par moment, du fait de l’exaspération, Myriamconcevait l’idée dedivorcer mais, sa mère s’y opposa. Introverti de nature, Madame Keita avait pour seule amie, conseillère et confidente sa mère. Penser à sa mère qui ne cessait de lui dire :
-
Ma fille l’idée de divorcer vient du diable. Toute personne sur terre souffre d’une manière ou d’une autre. As-tu pensé à tes enfants si jamais tu romps ce mariage ? Quel exemple suivront-ils si tu n’es plus présente pour les conduire sur le droit chemin? Surtout ton garçon ?
Penser aux dires de sa mère la faisait fondre en larmes. Tel un robinet, ses larmes se mirent à couler goutte après goutte. Quelques instants plus tard, ses pensées furent interrompues par son garçonnet qui fit irruption dans la chambre parentale accompagnée de sa tablette éducative. A voix basse il lui dit :
-
Maman,j’ai faim.
L’ayant entendu, du revers de lamain, Myriam essuya ses larmes afin que son fils ne se rende compte de rien. Elle alluma son androïde. L’horloge indiquait huit heures et sept minutes. Sans y être invité, Faëlvint s’asseoir à ses côtés. Lui donnant dos, elledemanda d’une voix engouffrée et étouffée :
-
As-tu bien dormi mon fils ? Comment va mon bébé ?
Toujours excité d’entendre sa maman le chouchouter,Faël se mit à sourire. Il entra le pouce droit dans la bouche et ses pieds qui faisaient des va-et-vient, il dit à nouveau :
-
 Maman tu as mal à la gorge ?
Des yeux de Myriam en sortirent deux grosses larmes. Aussitôt l’ayant essuyéet tiré ce liquide gluant sortant de son nez, elle lui dit tout en se dirigeant vers sa salle de bain :
-
Non mon chéri, maman se porte bien.
Après avoir condamné la porte à tour unique, elle se mit sous la douche. Le ruissellementd’eau de sa colonne de douche devint pour elle une musique mélancolique.Mêlé à l’eau, ses larmes
coulèrent encore. Elle voulut une fois de plus tout abandonner pour retrouver son bonheur. Fuir loin de tout ce stress. Fuir toute cette souffrance avec ses enfants. Recommencer une nouvelle vie était-ce la bonne solution? Rompre ce lien qu’elle a eu à sceller devant Dieu et les hommes lui serait-il libérateur ? Sa mère avait-elle subi le même traitement de la part de son défunt père? Mille et une questions s’entrechoquaient dans sa tête. Elle ne comprenait plus son mari. Comment avait-il pu changer de la sorte ? Quinze années en arrièreCheick était l’homme parfait. Il était l’homme dont toutes femmes désiraient avoir dans sa vie : compatissant, attentionné, respectueux, galant, beau, gentil… Il avait en effet toutes les qualités d’un bon et bel homme.
Chaque jour, Myriam se cognait le front contre le sol en récitant des sourates afin que les voix divines lui montrent là où elle afailli à son rôle d’épouse et de femme au foyer. Elle avait pourtant suivi à la lettre toutes les vertus que lui avait enseignées sa mère. Elle eut même à penser que lui donner des enfants le changera de nouveau mais rien.
Encore une fois, ses pensées furent interrompues par son fils qui se mit à frapper à la porte. Faëlsemblait à présent avoir une faim de loup. Elle s’empressa donc de sortir. Couverted’une grande serviette blanche nouée au-dessus de la poitrine, Myriam sortit de la douche et se mit à se vêtir. Mme Keita opta pour un boubou en soie de couleur azur. Face à son miroir, elle se mit du fond de teint sur le visage afin de masquer çà et là les bleues que lui avait laissé son mari la veille pour une histoire de scolarité. En effet, elle informa son mari de la troisième vague de scolarité qu’il fallait verser à l’économatpour leur fille en classe de quatrième, mais ce dernier entra dans une colère sombre au point de lui porter main. Après ce léger maquillage, Myriam peigna ses mèches, condamna les différentes portes, prit son fils et sorti.
Pendant qu’ils descendaientles escaliers, Faël se mit à chanter une chanson que lui avait apprise sa sœur aînée. Quant à Myriam, elle craignait de croiser ses voisines de l’étage supérieur ou inférieur car pour elle, ses haros auraient pu faire comprendre à ces dernières ce qui se passe chez elle. Une fois au rez-de-chaussée, tous les deux saluèrent le concierge puis continuèrent leur chemin. A défaut du café ou des croissants au petit déjeuner, Myriam optait pour le garba. Ce mets typiquement ivoirien était beaucoup sollicité et son fils n’en était pas exclu. Pour lui, elle optait pour le thon blanc car lui était moins salé et donc adapter à son âge.
Une fois au garbadrome situé au coin de la rue, Assana le gérant et propriétaire de ce lieu de restauration se mit à sourire. Il affectionnait particulièrement Madame Kéita car pour lui de par sa douceur, elle semblait être une bonne femme en plus d’être belle. Il l’appelait
affectueusementnotre belle-mère”.Il racontait que Faël était son gendreet qu’il lui donnerait un jour en mariage sa fille qui,aujourd’huin’a quedeux ans et demi. Cela devint pour eux un sujet de taquinerie.
--
Bonjour Assana Bonjour Madame Kéita ça fait deux jours que moi je vous voit pas. Moij’ai pensé que vous partis en voyage. Moi je vois chaque jour monsieur passer avec sa grosse voiture. Ah madame moi je suis contente de vous voir. Faël ça va ?
L’enfant répondit oui de la tête.
-
Madame moi je vous sers quoi ?
A l’aide de sa belle dentition, Myriam lui fit un beau sourire et dit:
---
-
Vous avez du thon blanc ? Oui madame vous veut pour combien ? Tu me prendras un morceau de thon blanc detrois cent francs accompagné d’attiéké cinquante francs ensuite tu feras un autre plat avec du thon rouge de sept cent francs accompagné d’attiéké cent francs.D’accord madame vous n’a qu’à vous asseoir moije vais faire ça‘’chap chap’’pour vous.
Les nouvelles expressions d’Assana la faisaient toujours rigoler. Mais sachant qu’il est analphabète, elle ne prêtait pas grande attention à son parler. En moins de dix minutes, il lui remit sa commande.
--
Combien est-ce que je te dois ? Mille cent cinquante Madame.
Elle lui tendit un billet de deux mille francs. Aussitôt lui ayant remis la monnaie, ils retournèrent à la maison.
-
Au revoir madame. Bonne journée !
Une fois à l’appartement, elle s’empressa de servir à manger àson fils. Après lui avoir soigneusement lavé les mains, elle le mit à table etlui remit son plat accompagné d’eau légèrement glacé. Myriam fit la même pratique pour elle.
Pendant que Faël mangeait avec appétit munit de se petits doigts, elle par contre mangeait du bout des doigts. Elle n’avait pas l’appétitmais vu que le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée, elle mangea mais n’atteignit pas la moitié de son assiette.Myriam se leva de la table, ferma la nourriture et la réserva pour sa fille. Elle alluma la télévision puis mit pour son fils une chaîne qu’il aime bien.
En cuisine, elle se mit à réfléchir sur les différents plats qu’elle fera au déjeuner et au dîner. Mais voyant son fils manger lentement à cause de la télé etle plat qu’elle eut à garder pour sa fille, elle décida de faire à manger uniquement le soir de peur d’en faire un gaspillage. Elle regarda Faël et se mit à rire. Comme un automate, hypnotisé par la télévision, il ne faisait pas attention à elle.
N’ayant plus rien à faire, Myriam condamna à double tour la porte d’entrée puis se dirigea vers sa chambre.Pour éviter d’êtreà nouveau prisonnière de ses pensées, elle décida de ranger une fois de plus ses vêtements y compris ceux de son époux. Pour être accompagnée dans sa tâche, elle se mit un tube de Patience Dabany qu’elle chérit beaucoup car cette chanson lui rappelait en effet les bons moments qu’elle eut à passées aux côtés de son mari. Uniquement ceux-là.En chœur avec son artiste, elle se mit à chanter avec douceur en donnant libre cours à quelques rêveries :
Chéri mon cœur t’appelle, vient la vie est si belle  Il ne faut pas que tu hésites  Quand le bonheur nous invite Car dans mon cœur Il y a trop de mensonge  Il y a trop de jaloux Mais écoute la voix de ton cœur, qu’ilvente, qu’il pleuve I want you, I need you, Darling  Ooh Gaëlla
Myriam se trouvait maintenant dans une euphorie hors pair. Elle se mit même à exécuter quelques pats de danse lorsqu’elle entendit sonner.
Dans la salle d’hôte, l’horloge indiquait onzeheureset sept minutes. C’était sans doute sa fille Nelly qui revient des cours. En effet, hormis les matins, Nelly rentrait du collège avec le
bus de son établissement.Madame Kéita n’eut donc pas besoin de demander qui se trouvait derrière la porte. Après avoir ouvert la porte l’on entendit une voix suave:
----
Bonjour maman Bienvenue Nelly ça va ? Oui merci maman. Bonjour Faël ! Bonjour Nelly. Dit-il à voix basse.
Nelly fonça dans sa chambre, retira ses vêtements scolaires puis alla se doucher. Après avoir pris son bain, elle se dirigea vers la cuisine mais n’y trouva rien. Elle vit uniquement sur la table à manger le plat recouvert. Elle se dirigea donc vers la chambre parentale, toqua délicatement la porte, l’ouvrit et demanda:
-
Maman c’est à moi qu’appartientla nourriture posée sur la table à manger ?
D’une voix basse et presqu’endormie, sa mère lui répondit:
--
Oui ma chérie. S’ilte plait referme bien la porte derrière toi et ait l’œil sur ton petit frère.D’accord maman.
Et comme une voleuse, avec finesse, Nelly referma la porte.
Semblable à un robot, tous les jours après sa sièste, Madame Kéita se réveille à quatre heures du soir. Sortit de sa chambre,elle se dirigea vers la chambre de ses enfants mais n’y trouve personne. Une fois au salon, elle trouva ses enfants endormirent sur le sofa. Sans faire de bruit, elle alla donc en cuisine. Une fois en cuisine, Madame Kéitaeut à l’idée de faire pour le dîner du ragoût de pomme de terre au poulet. Elle fit donc sortir le poulet du congélateur et le mit dans un bowl contenant de l’eau tiède. Malgré le peu de bruit qu’elle faisait,vit sa fille elle réveillée venir en sa direction.
--
Désolé ma chérie, je ne voulais pas te réveiller. Ne t’inquiète pas maman.Dit-elle d’une voix encore endormie.
Elles se mirent à faire la cuisine. Après environ deux heures trente passé en cuisine, Nelly décida de donner un bain à son frère cadet car le ciel commençait à s’assombrir.
Assit au balcon avec sa tablette éducative il y a de cela une heure, Faël apprenait le nom des différents animaux et leurs crient. Ce dernier aimait particulièrement le crie du chat.
Après quarante minutes, lorsque ses enfants eurent fini de prendre leur bain, Myriam y alla à son tour.
Il est à présent dix-neuf. Nelly se mit à dresser la table car son père ne tardera plus à rentrer. A peine Myriam eut terminé de prendre sa douche,l’on entendit sonnerà la porte. Le cœur de Myriam se mit à battre car elle savait qu’il s’agissaitsans doute de son époux qui rentrait du boulot. Nelly lui ouvrit la porte en le saluant :
--
Bonsoir papa Ça va les enfants ?
En harmonie comme des choristes, ils répondirent : oui.
Une fois dans sa chambre, Monsieur Cheick y trouva sa femme assise devant son miroir. Se mettant de la crème sur le corps, il la regarda un moment puis la salua froidement.
--
Bonsoir Bonsoir Cheick comment était ta journée ?
A cette interrogation il n’y répondit rien. Il retira son costume puis allasous la douche. Myriam savait à présentqu’en plus d’être indifférent à son égard il la détestait. Une chose qu’elle ne comprenait pas était que malgré cela, il continuait de remplir son devoir conjugal. Myriam sortit de la chambre six à sept minutesaprès l’arrivée de son mari. Quant à Cheick, il en sorti trente minutes après. Vêtu d’une culotte chasseur de couleur kaki et d’un tee-shirt blanc dune marque en vogue, il se dirigea vers le salon précisément vers la table à manger. Tous étaient à table. Après que Myriam eut fini de faire les bénédictions, Cheick demanda à sa fille de lui faire paraître sur l’écran téléviseur la chaîne française internationale d’information: la France 24. Ce qu’elle fit. Comme à l’accoutumé, Myriam servi en premier le chef de famille. Alors qu’elle tenait l’assiette en porcelaine de son mari, ses mains tremblèrent. Était-ce parce qu’elle le craignait ?Après avoir posé la nourriture devant lui, elle fit tomber d’un geste maladroit son verre d’eau. Toute épouvanté, elle se mit àbafouiller :
-
Dé…désolé chéri
Ayant les nerfs en pelote, il se mit debout la fixa quelques secondes puis dun geste inattendu la gifla violement. Suite à un tel un coup,elle s’écroula. Faël apeuré, se mit à pleurer. Quant à Nelly, elle était tétanisée et choquée. Elle descendit de sa chaise et courut vers sa mère. Elle la remuait mais rien. Elle se mit à pleurer. Cheick à son tour timoré par la réaction inerte de sa femme, prit de l’eau et la lui versa au visage. Toujours rien.Me Cheick courut donc vers sa
chambre, prit les clés de sa voiture et l’amena à l’hôpital. Entrelacés, Nelly et Faël pleuraient. Après le départ de leur parent,Nelly condamna la porte d’entrée et essaya de calmer son frère qui n’arrêtait pas de tiouler. Dans sa voiture, Cheick était tout en sueur. Cela faisait maintenant dix minutes que safemme était dans un état d’inconscience. Sa chance était que ce vendredi soir n’était pas comme les autres. La circulation était fluide. Vingt minutes après son départ de la maison, il arriva à la clinique la plus proche situé dans la commune de Cocody les deux plateaux. A peine sorti de la voiture, il transporta sa femme jusque dans le hall. Tel un homme apeuré et amoureux, MonsieurCheick appelait à l’aide. L’ayant vu et entendu, infirmiers et médecins se précipitaient à sa rencontre. A laide dun brancard, les infirmiers la portèrent jusque dans une salle suivit par un médecin. Sur la blouse blanche de ce dernierl’on pouvait lire : Doc AKE Jean Yves. Marchant à toute vitesse derrière eux, Cheick fut stoppé par une infirmière.
-
Désolé Monsieur vous ne pouvez pas y entrer. Veillez patienter s’il vous plait.
L’horloge du hall de la clinique affichait: vingt heures et trente-six minutes. Vingt heure et cinquante-quatre toujours aucune nouvelle. Inquiet, Monsieur Kéita n’arrêtait pas de tourner en rond. Il ne voulait surtout pas perdre sa femme à cause de son égo et son mauvais traitement. Son introspection déboucha sur un mea culpa.Il regrettait amèrement ce qu’il lui avait fait subir depuis tant d’année.
-
Si jamais je la perds, je ne me le pardonnerai pas. Pensait-il à haute voix.
Vingt heures et cinquante-neuf minutes, le médecin sortit. Cheick accourut aussitôt vers lui en demandant :
-
S’il vous plait docteur comment va-t-elle ?
Le fixant droit dans les yeux, le médecin lui demanda :
-
Que s’est-il passé avant votre arrivée ici ?
Avec hésitation, Cheick répondit :
-
Nous étions à table lorsque subitement elle tomba. Nous avons essayé de la réanimer en vain. Je l’ai donc amené ici de peur que le pire arrive.
Le médecin hocha la tête et dit :
-
Savez-vous qu’elle porte une grossesse de trois semaines? Lorsqu’elle apprit la nouvelle, elle était tout aussi étonnée que vous car elle ne le savait pas et ne présentait aucun signe lié à son état. Ce malaise qui l’a conduit ici aurait pu être fatal pour l’embryon. Elle était sévèrement stressée. A son réveil lorsque nous l’avons interrogé, elle nous informa du fait que vous lui avez porté main en plus devant les enfants.
D’un ton compatissant, il continua:
-
Pourquoi faites-vous subir ce genre de traitement à une femme qui est la vôtre ? La battez-vous très souvent ?
Cheick ne put placer un seul mot.
-
Ecoutez Monsieur, vous êtes un homme responsable et ce genre de chose ne devrait pas être à l’ordre du jour dans votre couple. N’avez-vous pas conscience de la chance que vous avez ? Avez-vous pensé à ce que ressentent vos enfants lorsque vous la battez devant eux ?
En effet, entendre ces parolessortir de la bouche d’un inconnu le toucha. A cet instant, Cheick perdit se fierté d’homme. Il laissa échapper de ses yeux deux grosses larmes. Voyant cela,Mr AKE essaya de le calmer en lui touchant l’épaule.
-
Ne vous inquiétez pas, elle ne portera pasplainte contre vous parce qu’elle a bon cœur, vous êtes son mari et le père de ses enfants. Maintenant arrangez-vous pour que cette grossesse arrive à terme. Ok !
MrCheick Kéita comme un enfant fit ‘’oui’’ de la tête en guise d’approbation.
--
Je peux la voir ? Oui vous pouvez y aller. Elle pourra sortir dans une heure.
 Lentement, il se dirigea vers la chambre où se trouvait sa femme puis ouvrit délicatement la porte. En le voyant, Myriam retourna la tête comme si elle ne voulait plus croiser son regard. Tout timide, il se dirigea vers elle et lui fit ses excuses. Pour témoigner de sa franchise et de sa sincérité, il se mit à genoux. Pleurant, il regrettait énormément son comportement vis-à-vis d’elle. Entendre son mari parler avec tant de douceur, Myriamne put contenir ses larmes. Elle pensa un moment que toute cette scène était le fruit de son imagination. Elle ferma alors les yeux puis les rouvrit. La scène était belle et bien réel. Terminant ses longues phrases, il lui demanda :
-
Comment vas-tu chérie ?
Entendre son mari la chouchouter à nouveau, Myriam ressentît une joie intérieure. Elle était contente car cela faisait bien longtemps qu’il ne l’avait pas appelé ainsi. Sans lui laisser le temps de répondre, la tête baissée, il dit :
--
Tu me pardonne ? Oui Cheick je te pardonne. Dit-elle à voix basse.
Il lui donna un baiser à la main en disant :
-
Merci.
 Il était à présent vingt-deux heures lorsqu’ils sortirent de la clinique. Sur le chemin du retour, Myriam semblait être perdu dans ses pensées. A mi-chemin,Cheick s’arrêta à une supérette qui semblait vouloir fermer. Il y entra et acheta les chocolats préférés de sa femme et prit des yaourts et des biscuits. Le voyant revenir les bras chargés, Myriam fut agréablement surprise. Une fois à l’intérieur de sa4 x 4, il mit les différents paquets à l’arrière en disant:
-
Tu y trouveras tes chocolats préférés. Quant aux pots de yaourt et aux biscuits tu les remettras aux enfants.
A l’aide d’un petit sourire, Myriam répondit:
-
Merci.
Quinze à vingt minutes après, ils arrivèrent à leur cité. Le concierge leur ouvrit immédiatement la porte lorsqu’il entendit klaxonner.
 Une fois à la maison,elle ne constata qu’aucundes enfants n’avaient touché à la nourriture. Elle se dirigea donc vers leur chambre mais les trouva endormie. Elle voulut alors les réveiller mais craignait de leur provoquer un mal de tête en interrompant leur sommeil. Un peu réticente, elle referma délicatement la porte puis alla vers la sienne. Myriam prit une petite douche et alla au lit. Presqu’endormie, elle sentit un doux baiser se poser sur son front. Sachant qu’il ne pouvait s’agir que deson mari, elle s’est efforcée de garder les yeux fermés. Après cela, il retourna en cuisine en fermant délicatement la porte derrière lui.Excité et heureuse d’avoir retrouvé son Cheick, intérieurement, Myriam faisait ses remerciements à Allah. Elle était finalement reconnaissante à DIEU car par la venue inattendue de cet enfant, elle a pu retrouver la tranquillité au sein de son foyer. Comme le disait sa mère :
-
Peu importe les épreuves que nous traversons, qu’elles soient heureuses ou malheureuses, celles-ci font parties des coups de la vie. Garder sa foi et son espérance reste en effet une arme.
 FIN
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