Trophée des Plumes 2021 - Sombre adieu
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Trophée des Plumes 2021 - Sombre adieu , livre ebook

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Description

> Elle fond en larmes. Sur mon lit, je reste muselée, le regard igé et les lèvres tremblantes. L'air penaud, je ressasse une série de sombres souvenirs qui encombrent mes pensées. J'ai mal... très mal depuis cette brève mais douloureuse conversation téléphonique. Conakry n'est plus la même, cette ville qui m'a vue naître, a soudainement perdu sa saveur et son éclat d'antan. Plus rien ici ne me motive à la vie. Tout, absolument tout, me dérange et m'inspire dégoût et amertume. J'ai une folle envie de tirer ma révérence et de changer d'air. D'ailleurs, je m'en irai demain loin de tous ces ennuis, pour me refaire une nouvelle vie ailleurs. Je déambulerai vers une destination inconnue, au delà de l'horizon, derrière les montagnes... J'irai à bord d'une voiture ou dans un train. Peu importe ! Je me laisserai ventiler par le vent de mon destin. L'homme, après tout, ne peut fuir son destin aussi sagace soit-il. Cette phrase est de mon père, je l'ai entendu me la répéter plusieurs fois mais étrangement, je n'ai jamais songé d'en extirper un sens. Moi j'ai été toujours naïve et mes 18 ans n'ont même pas sui à m'arracher mon innocence. J'ai porté ma coniance plus d'une fois aux personnes que j'aimais, mais elle m'ont poignardée dans le dos autant de fois. Parfois, je me demande pourquoi la vie ne réserve ses pires sorts qu'aux personnes joviales et gracieuses ? Peut-être bien que la bonté va de pair avec la naïveté. Me dis-je.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2021
Nombre de lectures 81
Langue Français

Extrait

<< Qu'est ce que tu as fait, chérie ? Me demande Nina, presque gémissante au bout du Il. Dis-moi que c'est un rêve... s'il te plait, dis le moi. >> Elle fond en larmes.
Sur mon lit, je reste muselée, le regard Igé et les lèvres tremblantes. L'air penaud, je ressasse une série de sombres souvenirs qui encombrent mes pensées.
J'ai mal... très mal depuis cette brève mais douloureuse conversation téléphonique. Conakry n'est plus la même, cette ville qui m'a vue naître, a soudainement perdu sa saveur et son éclat d'antan. Plus rien ici ne me motive à la vie. Tout, absolument tout, me dérange et m'inspire dégoût et amertume.
J'ai une folle envie de tirer ma révérence et de changer d'air. D'ailleurs, je m'en irai demain loin de tous ces ennuis, pour me refaire une nouvelle vie ailleurs. Je déambulerai vers une destination inconnue, au delà de l'horizon, derrière les montagnes... J'irai à bord d'une voiture ou dans un train. Peu importe ! Je me laisserai ventiler par le vent de mon destin. L'homme, après tout, ne peut fuir son destin aussi sagace soit-il. Cette phrase est de mon père, je l'ai entendu me la répéter plusieurs fois mais étrangement, je n'ai jamais songé d'en extirper un sens.
Moi j'ai été toujours naïve et mes 18 ans n'ont même pas su à m'arracher mon innocence. J'ai porté ma conIance plus d'une fois aux personnes que j'aimais, mais elle m'ont poignardée dans le dos autant de fois. Parfois, je me demande pourquoi la vie ne réserve ses pires sorts qu'aux personnes joviales et gracieuses ? Peut-être bien que la bonté va de pair avec la naïveté. Me dis-je. l a pourtant fallu d'une frasque de trop, pour que mes esprits me reviennent à jamais et que la sagesse m'habite désormais.
Je réalise que notre destin, tout comme notre ombre, fait partie de l'univers étroit qui nous entoure. On ne peut pas s'en départir, de surcroît, il Init toujours par nous rattraper quand on ne s'y attend pas. La preuve... le mien m'est tombé dessus alors que j'étais occupée à savourer délicatement ma vie de petite princesse de ses parents.
Mes merveilleux petits parents. C'est aussi pour eux que je dois partir. Partir pour leur eviter de souFrir, partir pour ne plus jamais revenir. Je Ilerai à l'anglaise, en laissant tout le luxe dans lequel je me suis vautrée pendant toutes ces années. Et pour ne pas reveiller les soupçons, je ne prendrai pas de bagages. N'est ce pas ce que font les braves gens ; partir et laisser tout derrière ?
Quand je serai partie, mes problèmes seront enterrés dans un ravin d'oubli, mais les remords me suivront. Mon subconscient sera là pour me reprocher ma stupidité éminente et ma conscience me questionnera : Comment as-tu pu faire preuve d'une telle bassesse ? Je répondrai par un silence notable car ma bouche sera cousue par la honte de mon ignominie. Peut-être que Dieu me donnera la force de surmonter les chagrins qui planeront au-dessus de ma frêle tête. Qu'importe !
L'immédiat de mes chagrins, est que je serai arrachée à l'aFection de mes géniteurs. Et pire, je partirai sans leur dire adieu. ls ne méritent pas que je leur inige une telle peine. La peine de perdre son unique Ille, d'avoir à l'esprit qu'elle vit quelque part dans le monde mais qu'on ne pourra plus jamais la revoir et la chérir. Parfois, ça peut passer à l'incertitude et alors, on se demande << Vit-elle encore ? ou Est-elle morte ? >>. Le manque de réponse que cela suscite, nous conduit toujours à une sombre hypochondrie.
ls souFriront, se lamenteront mais un jour, je serai un lointain souvenir. Le temps viendra panser la blessure qu'aura causé ma perte soudaine. Un autre enfant pourrait venir soulager le chagrin que leur aura laissé mon ingratitude. Ce jour viendra sûrement. Mais avant, ils connaîtront le désespoir, la déception, la détresse de la disparition de leur petite ati (ainsi m'appelle-t-on aFectueusement). Comme une madeleine, ma mère pleurera tous les matins en priant Dieu de me ramener à elle en un seul morceau. Mon père, quant à lui, lancera toujours ce regard apitoyé vers le lointain, espérant y voir une silhouette qui rassemblerait à la mienne. ls continueront à m'aimer peut-être malgré ma dérive, car je suis leur Ille adorée et l'amour qui relie un enfant à ses parents, raconte-t-on, est inébranlable.
Cependant, je n'ai pas la certitude qu'ils se languiront de moi. Honnêtement, qui voudrait revoir un enfant qui l'accule à l'opprobre en faisant montre d'une aussi grande indignité ? J'en sais peu, mais tout au fond de mes pensées obscures, se bousculent délibérément des idées tristes. Je ne suis plus moi, je crois que je suis entrain de perdre mes repères, je deviens folle...
Le train de ma vie chavire en cette nuit fatidique. Mon regard imperturbable Ixe le côté d'en face du lit. l y'a là, ma coiFeuse et mes quelques photos accrochées au mur. Pourtant, je n'y vois rien à cet instant, sinon qu'un grand néant. La coiFeuse a disparu, les photos se sont envolées, le mur même, dirait-on, s'est écroulé. À leur place, un énorme écran est apparu, plus énorme que tout ce qu'il a substitué. J'y vois alors les images déIler les unes après les autres. Mes yeux écarquillés et brouillés par les larmes de déshonneur regardent le Ilm de ma propre vie. Tout ce que j'ai fait en bien et en mal, passe devant moi jusqu'à cet instant où assise dans mon lit, je me sens comme ailleurs.
Je voudrais croire au mystère, en la Iction et en toutes ces maudites hallucinations. Je voudrais accorder un sens aux dires de Nina et m'accrocher, comme à une bouée de sauvetage, au souhait que tout ceci soit un rêve. Un rêve après lequel je me réveillerais toujours aussi joviale.
Je rembobine... marche arrière, les choses se retournent et se refont. D'une promptitude acharnée, les passages déplaisants se corrigent. Pause... ! Un visage excité apparaît sur l'écran, de beaux sourcils arqués, des yeux brillants d'émotion, des lèvres roses sensuelles... des lèvres de Hamed, qui me parlait docilement.
- ConIance ati ! Juste fais moi conIance. Me dit-il. Je t'aime, ce n'est pas un secret. Et ce n'est certainement pas après dix années de relation que je vais te trahir.
- Hamed, s'il te plait...
- Je le garderai pour moi. M'interrompit-il. Ce sera en souvenir de notre grand amour.
J'étais désarmée par ses mots, rendus puissants par ce que je ressentais pour lui. Son dessein était déraisonnable, mais je ne pus placer un argument pour l'en dissuader. << En souvenir de notre grand amour >> Avait-il dit. Au nom de cet amour, vieux comme le monde, j'étais en mesure de faire tout pour cet homme, pourvu que ça le réjouisse. Alors je cédai, il It de moi, ce que son cœur désirait tant.
Après je n'eus aucun remords. Aucune pensée d'avoir mal agi n'eeura ma conscience. Seule la Ierté d'avoir oFert à Hamed, sur une conIance naïve, la preuve de mon amour, me rendait vivante. Avais-je une raison de douter de mon amour d'enfance, l'homme qui contrôle mon cœur depuis que je n'avais que huit ans ?
Trêve de rêvasserie ! Je reviens à moi, l'écran disparaît, le mur se relève, les photos et la coiFeuse réapparaissent. Ce qui est fait est fait, ce n'est pas un rêve. L'histoire est déjà gravée, le mal est acquis et le déshonneur tombera sur ma famille, à partir de demain. Rien ne pourra plus empêcher ma descente aux enfers. Ni mes larmes ni mes farfelus souhaits ne me sauveront du désastre.
Je médite simplement sur l'ingénuité de mon esprit à commettre pareille frasque. Je pense à Hamed et je maudis le jour de notre première rencontre. Sur mon écran imaginaire, j'aurais aimé le supprimer, lui et tout ce qui le concerne, du Ilm de ma vie. l m'avait fait la promesse qu'en souvenir de notre grand amour, il gardera mes images et mes vidéos pour lui seul. Sauf qu'en ce moment même, ma nudité fait la une des réseaux sociaux, sous le titre " ati la dévergondée "
Je m'en irai demain sous les premières lueurs de l'aurore.
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