Une femme du peuple au XXème siècle
201 pages
Français

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Une femme du peuple au XXème siècle , livre ebook

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Description

Josépha a commencé à travailler à 5 ans et demi. Son enfance, elle l'a passée comme gardeuse d'oies, glaneuse, bergère. Mariée à 17 ans, elle a été agricultrice avec son mari, Claude, dans la plaine du Forez. Puis celui-ci s'est lancé dans le "Caïffa" (commerce ambulant). Josépha l'a remplacé entre 1914 et 1918 pendant qu'il était parti se battre. Elle a parcouru des kilomètres avec son mulet pour vendre ses produits. Ensuite, veilleuse de nuit dans un hôpital puis employée de maison, elle a travaillé sans relâche pour élever ses filles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2006
Nombre de lectures 275
EAN13 9782336275437
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Graveurs de mémoire
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Claude CHAMINAS, Place de l’hôtel de ville. Nîmes 1965 — 1984 , Tome 1 et 2, 2006.
Bernard JAVAULT (Sous la direction de), L’œil et la plume. Carnets du docteur Léon Lecerf, 2006.
Françoise MESQUIDA, Chroniques d’une jeune fille dérangée, 2006.
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Jacques CHARPENTIER, Vagabondages à travers le Congo, la Centrafrique, et ailleurs... . 2006.
Henry LELONG, Carnets de route (1940 — 1944) , 2006.
Pierre FAUCHON, Le Vert et le Rouge, 2006.
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Pierre FONTAINE, En quête... La piste interrompue , 2005.
Alain DENIS, La ribote. Le repos du marin, 2005.
Jeannette RUMIN-THOMÉ, J’avais huit ans en 1940 , 2005.
Maurice MONNOYER, Les grands-parents sont éternels, 2005.
Jean SECCHI, Les yeux de l’innocence, 2005.
Allaoua OULEBSIR, La Maison du haut, 2005.
Jacques MARKIEWICZ, « Tu vivras mon fils » , 2005.
Georges KHAÏAT, Un médecin à Sfax, 2005.
Dany CHOUKROUN, 46669. Auschwitz — allers/retours, 2005.
René VALENTIN, C’était notre grand-père, 2005.
Serge KAPNIST, Passager sans bagage, 2005.
Maurice VALENTIN, Trois enjambées, 2005.
Une femme du peuple au XXème siècle
Les quatre vies de Josepha

Carole Montier
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296006522
EAN : 9782296006522
Sommaire
Graveurs de mémoire Page de titre Page de Copyright Première partie - Moitié de poulet Deuxième partie - La Caïffate Troisième partie - I. Les voiles de la nuit Troisième partie (suite) - II. Les portes du jour Quatrième partie - I. Les chemins de la vieillesse Quatrième partie (suite) - II. Les portes de la mort
Première partie
Moitié de poulet
« Gran’mé, gran’mé ! »
La vieille femme, allongée sur un lit d’hôpital, perdit son air égaré, avec ses yeux qui tournaient dans les orbites vers un au-delà encore inaccessible, brouillé ; elle reprit son visage habituel. Il ne fallait pas faire peur à la “petite” qui l’observait depuis un moment. Celle-ci lui fut reconnaissante de cet effort, lui trouva un air bon, chaleureux. Cette femme, qui avait eu une vie si dure, qui était devenue si sévère, avait été relativement indulgente avec ses petits-enfants, surtout les plus jeunes. Sa descendance était nombreuse. De sa fille aînée, Marie : quatre petites-filles et deux petits-fils, de sa fille cadette Luce : une petite-fille et un petit-fils.
Après le départ de la visiteuse, Maria se laissa flotter dans une demi-inconscience, se remémorant les événements forts de sa vie. Elle allait mourir, elle le savait, elle le désirait maintenant. Elle avait vécu tant de jours, tant de joies, mais plus encore de souffrances...
Elle se revoyait à trois ans, penchée sur le berceau où la septième fille de la famille hurlait énergiquement pour réclamer le lait de sa mère ; puis jouant derrière le fourneau pour ne pas gêner et avoir chaud, avec son frère François, plus jeune qu’elle. La mère n’avait pas beaucoup de temps à leur consacrer, mais quand elle était là, tout était doux.
Maria humait les bonnes senteurs de vent, de soleil, qu’elle rapportait des champs en été, tâtait les poches de son tablier pour y chercher différents trésors, mis là pour les petits : quelques pommes, des épis de mais, de blé... En hiver, la chaude odeur des bêtes imprégnait ses vêtements, et pour Maria, cela évoquait la Noiraude, la Rousse ou la Cornue qu’elle connaissait bien et la saveur du bon lait cru fumant dans les seaux après la traite.
Un jour — elle avait quatre ans — elle assista à un événement extraordinaire qui allait la marquer sa vie entière.
Sa mère était partie tôt pour mener les bêtes aux champs. Elle avait laissé une casserole sur le fourneau, pleine d’eau, dont la queue dépassait malencontreusement ; elle ne l’avait pas remarqué, étant toujours à la course. Elle disait souvent :
« Je dois rattraper le temps pour arriver à tout faire».
Tout à coup, François (trois ans) qui courait autour du fourneau accrocha le récipient et reçut l’eau bouillante sur la cuisse. Il se mit à hurler. Maria, affolée, se précipita dehors et appela :
« Maman ! Maman ! » d’une voix tellement angoissée que celle-ci, qui avait fermé les animaux au pacage, et se trouvait sur le chemin du retour, l’entendit et se mit à courir. Elle fonça dans la pièce et ; comprenant aussitôt, elle plongea la jambe de l’enfant dans de l’eau froide pour refroidir l’endroit blessé.
Quand elle la sortit, la peau boursouflée, cloquée, était horrible à voir et François hurlait sans discontinuer.
La mère, alors se mit à marmonner des prières et à placer ses mains au-dessus de la plaie, paumes dirigées vers le bas. Le petit se calma d’un coup. La brûlure était toujours apparente, mais il ne sentait plus rien.
« Tu vois, Maria, c’est un don que j’ai. Je peux conjurer les brûlures. Ma propre mère avait ce don et me l’a transmis. Je peux aussi insensibiliser les brûlures faites par l’huile bouillante, celles dues à un fort coup de soleil etc. Mais, attention, c’est un don de dieu, pas du diable. D’ailleurs, tu m’as entendue dire des prières tout en calmant François. Je suis un peu guérisseuse, mais pas sorcière. Les sorcières ont leurs pouvoirs du diable, elles. Elles les utilisent pour faire le mal tandis que les guérisseuses s’efforcent d’aider les autres.
- Tu peux soigner autre chose que les brûlures ?
- Il faut que le malade ait totalement confiance. Je lui impose les mains sur l’endroit qui fait mal, ça peut même sécher un mal naissant, en tout cas, ça soulage la douleur. »
Avec une telle mère, Maria n’eut plus peur de rien, mais la regarda désormais avec une certaine circonspection, comme si elle allait découvrir de nouveaux pouvoirs magiques chez elle. Elle l’aimait, mais la considéra un peu comme une magicienne, avec une vénération teintée de crainte.
Elle l’observait souvent, se demandant comment un être qu’elle croyait si proche, si connu d’elle, pouvait se révéler dépositaire d’un tel pouvoir : soulager la douleur. Et ceci, malgré son pauvre visage déjà marqué par le soleil, les intempéries et son corps maigre, déjà usé par les trop nombreuses grossesses et la fatigue du travail à la ferme.
Le petit François guérit très vite. C’est à peine si on distinguait une légère boursouflure sur sa cuisse. C’était un jeune garçon turbulent et très drôle. La petite sœur était plutôt sage et calme comme Maria.
La quiète torpeur, l’insouciance de la « grande » allaient définitivement disparaître peu après, lorsqu’elle fut placée dans une ferme.
Son père l’avait prise par la main et emmenée sans rien lui dire. A l’entrée d’une grosse ferme, il avait demandé la patronne :
« Pourriez-vous prendre cette gamine comme gardeuse d’oies ? Elle est toujours dans les jambes de sa mère qui en a deux autres plus petits et va accoucher bientôt de son onzième enfant. La mère n’en peut plus avec tous les travaux de la ferme en plus.
- Mais quel âge a-t-elle ? Cette gosse parait minuscule.
- Cinq ans et demi.
- Mais ce n’est même pas l’âge de raison !
- Son frère Etienne est placé chez vous, il la commandera, et lui expliquera ; elle apprendra avec lui. Et puis, ça n’a pas d’appétit, ça mange comme un “pïot 1 ”. Elle vous rendra service et vous coûtera presque rien.
- Bon, d’accord, mais si elle n’fait pas l’affaire, j’vous la renvoie »
C’est ainsi que Maria fut placée dans un hameau situé prè

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