Une petite musique jouée sous la verrière de la Fabrique de munitions
126 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Une petite musique jouée sous la verrière de la Fabrique de munitions , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
126 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bérenger, un jeune homme de vingt ans va travailler dans la fabrique de munitions Le Serpentin afin d' enquêter sur la disparition de son vénéré maître Napoléon Troche. Ce sera l'occasion pour lui de découvrir un monde ubuesque piloté par une ordinatrice (féminin de...) obsédée sexuelle. Mais son monde va basculer, ses yeux vont s'ouvrir et l'aventurier qu'il était va découvrir l'amour et la vertu. Adieu maître vénéré, famille adorée et turbulente, la vie n'est plus tout à fait la même.

Informations

Publié par
Date de parution 06 janvier 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312019796
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une petite musique jouée sous la verrière de la Fabrique de Munitions

Jean-Bernard Papi
Une petite musique jouée sous la verrière de la Fabrique de Munitions
(Enquête sur la disparition de Napoléon Troche)
Roman plein d’humour et presque policier


LES ÉDITIONS DU NET
22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013
ISBN : 978-2-312-01979-6
Avertissement
Rien n’est vrai dans ce roman d’une haute teneur morale et irréprochable d’un point de vue développement durable. Les lieux les dates les noms des personnages, tout n’est que fiction, y compris les procédés et méthodes pour obtenir des explosifs. Sage application du Principe de Précaution, nul écrivain digne de ce nom, à part peut-être monsieur Larousse, n’est stupide au point de fournir à ses lecteurs la composition de la poudre noire ou de la nitroglycérine.
Ce livre est avant tout un roman policier pacifique car si l’on tue, il faut bien vivre, c’est à coups de bilboquet, symbole oh ! combien de l’amour, et à grand renfort de vin blanc breton, liquide très inoffensif en petite quantité mais qui absorbé abondamment devient un puissant inhibiteur du système digestif. Je prie aussi ceux qui croiront se reconnaître dans mes personnages de voir un bon psychiatre avant de téléphoner à leur avocat.
Je n’irai pas jusqu’à affirmer que la fabrique de munitions Le Serpentin et son personnel et n’existent pas quelque part en France ou, pour être plus précis quelque part en Charente. Je vous dois un aveu : c’est en visitant une fonderie de la Défense Nationale des environs d’Angoulême que l’idée de ce roman m’est venue. Á l’époque je souhaitais commencer une collection de canons qui ferait, je l’espérais, beaucoup d’effet dans mon jardinet. Hélas ! Je l’ai bien vu ce jour-là, les canons sont devenus hors de prix.
Chapitre 1
Peu avant trois heures de l’après-midi, Bérenger sonna à la porte de service de la fabrique de munitions Le Serpentin , au lieu-dit Rouelle, commune de Saint-Cuffec. Cette porte, un méchant cadre de bois garni de grillage pour poulailler, avait été placée à plus de vingt mètres de l’entrée principale, une imposante grille de fonte, par des architectes soucieux des hiérarchies comme on le lui expliquera plus tard. Cette mise à l’écart ostentatoire et méprisante, car il fallait aussi pour y parvenir piétiner une herbe épaisse et ronceuse où se soulageaient les chiens de Saint-Cuffec, avait pour but de mortifier les quémandeurs avant même qu’ils aient sonné. De toute façon, il n’y avait que ces deux entrées possibles, la fabrique Le Serpentin était entourée sur son périmètre de très hauts murs hérissés de tessons de bouteilles.
Pour éloigner les journalistes et photographes, gens particulièrement tenaces et prêts à tout pour s’immiscer dans les secrets de la Défense Nationale, une petite pancarte de métal accrochée au grillage les prévenait que celui-ci, après délibérations de la direction, pouvait être parcouru par un courant de 20. 000 volts. L’écriture de cette pancarte était très agréable à l’œil et le fond vert pomme du plus bel effet. Après l’avoir lue, Bérenger la redressa d’une pichenette car elle penchait vers la gauche. Une fabrique de munitions ce n’est tout de même pas n’importe quoi et on n’y entre pas comme dans une banque, se dit-il.
On était au cœur de l’été et il était vêtu d’une chemisette de coton grenat qui portait, brodé sur sa pochette, l’écusson de la Bilboquet Association de Paris (BAP) et d’un pantalon de lin bleu foncé fraîchement repassé. Malgré ses vêtements légers, il suait abondamment et s’essuyait le visage avec une serviette de table en papier ramassé lors d’un repas précédent « Chez Jules » à Chateauroux. Avant de partir pour la fabrique, il s’était chaussé de mocassins de toile blanche achetés l’an passé au Maroc, des mocassins trop blancs, trop nets, trop chers, pour prétendre être embauché, ainsi chaussé comme simple magasinier de basse classe. Une erreur, une sale erreur qu’il allait payer dans pas longtemps, pronostiquait-il. Il déplora de ne pas avoir pris ses vieilles chaussures de tennis et son blue-jean comme il en avait eu l’idée d’abord. C’est Maman qui l’en avait dissuadé. « Tu dois faire bonne impression, avait-elle grondé. Contrairement à ce que tu penses, un magasinier dans une fabrique comme celle-ci, vieille de trois siècles et appartenant à l’État, est propre et soigné, immaculé même comme un chirurgien à l’instant où il quitte l’hôpital. Il y a des traditions, nom d’un chien, chez les artificiers, que même un novice ne peut ignorer ! »
– Un moment s’il vous plaît, nasilla une voix dans le haut-parleur d’un téléphone encastré dans l’épaisseur du mur, à gauche de la porte grillagée, et au-dessous d’une petite plaquette émaillée de couleur sombre portant la mention : Gardien.
Bérenger se sentit soulagé, il y avait quelqu’un, un gardien, qui prendrait le temps de l’écouter. Probablement siégeait-il dans cette maisonnette qu’il apercevait à travers le grillage, sur un terre-plein d’herbes roussies. Il ne sera pas nécessaire de revenir plus tard, comme c’est la coutume en général pour une embauche, d’après ce qui se dit à Pôle Emploi. Il examina la construction en attendant que son occupant se manifeste plus carrément. Il avait un petit peu étudié l’architecture avec madame Échelle et il situait la maisonnette vers la fin du 17° siècle, tout comme les bâtiments, des ateliers vraisemblablement, que l’on apercevait plus loin. Même à cette époque, songea-t-il, l’obligation d’un gardien s’était imposée.
Un écu de très ancienne facture ornait le linteau de porte. Le blason des Montembert, lut-il avec difficulté de son œil pourtant précis et rigoureux de joueur de bilboquet, sur une plaque de cuivre vissée sur le mur. Les grandes fleurs de lys en bronze, privilège royal de la fabrique, avaient été arrachées au moment de la Révolution et fondues pour en faire des piques, expliquait-on encore sur cette plaque. Des piques en bronze ! Ça ne devait pas être facile à manier, même par des révolutionnaires portés par la fureur, se dit-il.
Il se retourna vers les membres de la bande à Papa, ainsi qu’ils se désignaient entre eux affectueusement, lesquels patientaient à quelques pas derrière lui. Papa, qui affectionnait l’ancienne civilisation athénienne pour sa discipline, préférait l’appeler sa phratrie. Chacun d’eux lui fit, à sa manière, un geste d’encouragement. Maman lui envoya un baiser du bout des doigts ; Papa lui fit un petit signe discret de la tête, fonce mon garçon, semblait-il vouloir lui dire ; l’oncle Gérard agita la main droite mollement comme pour lui signifier son congé ; Marguerite, la fiancée de Gérard, lui cligna de l’œil gauche d’une manière coquine et Suzy, la bonne, exceptionnellement vindicative, brandit son poing dans une exhortation à la lutte des classes.
Il examina la robe de cotonnade blanche à fleurettes roses et bleues qui moulait le corps juvénile et délicieusement épanoui de Suzy et son regard remonta jusqu’aux yeux gris et pétillant de la jeune fille. Il écrasa une larme, il ne la verrait plus que le soir.
– Tu ne vas pas en prison, tout de même ! lui cria Gérard.
– Si, puisque je vais travailler ! répondit le jeune homme.
– Attend, ils ne t’ont pas encore accepté, marmonna Papa pessimiste.
Le soleil frappait de dos le petit groupe. Bérenger plissa les yeux. Il tenta d’oublier ce qui l’attendait en se concentrant sur les jambes musclées de Suzy qu’il devinait à travers le tissu. Il les compara à celles de Marguerite, longues et fines sous sa jupe blanche. Il soupira encore, écrasa une seconde larme puérile et fit de nouveau face à l’appareil téléphonique. Une voix bien timbrée et un tantinet métallique, avec un soupçon de féminité cependant, exigea qu’il décline son état civil.
– Bérenger, répondit-il fermement.
– Quoi ?
– C’est mon prénom.
– Ah bon, nom de famille ?
– Bérenger.
– Aussi ?
– Oui.
– Né le ?
Bérenger répondit au questionnaire avec tout le zèle dont il était capable. Maman et Papa l’aidaient en apportant une pré

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents