Vivre et mourir à Kinshasa : 1992-2007
162 pages
Français

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Vivre et mourir à Kinshasa : 1992-2007 , livre ebook

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Description

Le 16 février 1992, les chrétiens de Kinshasa marchèrent pour réclamer la réouverture de la "Conférence Nationale Souveraine". La répression de la manifestation fut sanglante. Le 22 mars 2007, les éléments des Forces armées de la République Démocratique du Congo fidèles à Joseph Kabila Kabange et ceux fidèles à Jean-Pierre Bemba Gombo s'affrontèrent en plein centre-ville de Kinshasa. Entre les deux dates, c'est la vie des Kinois qui est raconté.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 7
EAN13 9782296496187
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vivre et mourir à Kinshasa
1992-2007

(Récit)
Magloire MPEMBI NKOSI


Vivre et mourir à Kinshasa
1992-2007

(Récit)


Collection
Comptes rendus
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96624-6
EAN : 978229966246

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
A la mémoire de Floribert Chebeya,
la Voix des sans Voix trop tôt éteinte
Cette œuvre est une pure fiction.
Toute ressemblance avec des personnages ou avec des lieux existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.
Remerciements de l’auteur
Je remercie particulièrement Victoria, ma femme, pour son soutien tout le long de la rédaction de ce roman. Que Juan Manuel Rodriguez et Jennifer Denis trouvent ici l’expression de ma plus profonde amitié !
Prologue
C ’est sous un ciel pluvieux qu’il fut porté en terre. Ceux qui l’accompagnaient dans sa dernière demeure avaient le sentiment d’une sorte d’injustice implacable contre laquelle leurs suppliques restaient sans effet. Les gouttelettes d’eau qui ruisselaient sur les joues des jeunes filles du cortège ne pouvaient diluer une douleur grave et éternelle. Ils avaient l’impression que le bonheur n’était pas fait pour eux. Ils avaient l’impression de vivre une tragédie d’une dimension dantesque. Ce qui n’aurait jamais dû arriver était arrivé à celle à qui cela ne devait jamais arriver. Cette pauvre femme veuve très tôt qui perdait son fils à un âge où on aimait la vie.
Les plus jeunes portaient le cercueil sur leurs épaules. Ils se relayaient régulièrement pour ne pas s’épuiser. Ils devaient couvrir les sept kilomètres qui les séparaient du cimetière de Kimwenza. Ils avaient mis un point d’honneur à cotiser de l’argent à remettre à Mafwa pour acheter les planches utiles à la fabrication d’un cercueil. La mère du disparu n’avait plus eu qu’à s’occuper de la main-d’œuvre. Le vieux Mafwa, à la tête de sa petite entreprise des pompes funèbres, ne pouvait mieux s’appeler. Son nom qui, dans la langue du défunt, désignait un cadavre et qui, de ce fait, aurait pu en rebuter plus d’un était en fin de compte une sorte de porte-bonheur.
Avec le cercueil sur leurs épaules, ils avaient oublié le corbillard, ils étaient le corbillard. De toutes les façons, la route n’était plus qu’un vestige historique actuellement, témoin d’un passé glorieux probablement à jamais révolu. Ils l’auraient eu ce corbillard qu’il n’aurait pu rouler sur cette route non entretenue. Indépendance, révolution et libération n’y avaient rien changé. Le régime des chantiers, cinq à ce qu’il paraît, n’aurait non plus rien changé. L’état de la route racontait à lui seul l’Histoire de ce pays toujours meurtri, empreint de violence exacerbée.
Les accompagnants marchaient dans un silence religieux. Ce fait était suffisamment rare pour être signalé. Dans le milieu des années quatre-vingts, il s’était installé une habitude exécrable à Kinshasa : celle de chanter et de danser de manière obscène durant les deuils surtout lorsqu’il s’agissait du décès d’un jeune. Cette fois-ci pourtant, sans aucun effort apparent, l’indécent ne se produisit pas, tant cette mort était douloureuse pour toute la communauté. C’est à peine si l’on entendit chanter.
Le ciel gris restait égal à lui-même. L’éternel témoin de la bêtise humaine semblait se moquer de la douleur des hommes. Ceux-là mêmes qui, de génération en génération, oubliaient leurs bêtises pour commettre à nouveau les mêmes erreurs. Depuis la nuit des temps, l’amnésie était le défaut le plus partagé parmi les hommes. Cela leur permettait d’avoir la conscience tranquille. Ils pouvaient toujours dire à leurs enfants qu’ils ne savaient pas.
Ceux qui l’avaient connu tentaient tant bien que mal d’essuyer leurs larmes. Ceux qui ne l’avaient pas connu demandaient à ceux qui l’avaient connu pourquoi ils étaient si tristes. Après que ces derniers leur aient expliqué la raison de leur tristesse, ceux qui posaient ces questions retenaient tant bien que mal leurs larmes. En ayant l’air paisible, le trépassé était étendu dans son cercueil de bois vulgaire.
On s’approchait du cimetière. Il n’était plus possible d’y échapper. Il fallait assumer cet enterrement. Il y eut des cris, il y eut des pleurs, il y eut même des évanouissements et des scènes de déchirements. Tout cela n’eut aucun effet sur le cadavre. Il était bel et bien mort et enterré à présent. C’était fini. Tout était fini à présent.
Cette mort faisait mal. Cette mort accablait. Cette mort décourageait. Cette mort attristait. En même temps, cette mort symbolisait une époque qui s’achevait. L’époque de l’illusion d’une démocratie qui s’installait. Les armes n’avaient pas fini de parler. Les armes continueraient à parler. On l’avait compris. Les armes étaient plus persuasives que les urnes. Les armes font plus de bruit. Les urnes sont trop silencieuses. Personne ne les entend et ne les comprend.
Aux urnes, Citoyens ? Non. Aux armes, Citoyens !
Première partie
Chapitre 1 Naître ou mourir à Kinshasa…
A u fur et à mesure que les années passaient, Kinshasa évoquait de plus en plus un champ de ruines. Celui qui naissait ne venait pas à la vie, il venait attendre la mort. On ne vivait plus. On n’avait pas d’autre objectif que d’attendre le trépas. Naître et mourir étaient devenus synonymes. La vie s’arrêtait par la mort, Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice, n’aurait pas dit mieux.
Pour le visiteur pressé, pareille appréciation était certainement exagérée. Le nombre d’immeubles et autres buildings construits dans la ville avait augmenté depuis l’arrivée de Laurent-Désiré Kabila, marxiste, lumumbiste, trafiquant de matières premières à ses heures perdues, tenancier de maquis et opposant acharné à Mobutu. Il était resté très loin des effluves du pouvoir, inconnu du grand public mais toujours prompt à générer une rébellion dès que l’occasion se présentait. Les services secrets du Maréchal le désignaient du nom de code « Le dérangeur ».
Che Guevara le rencontra au Congo dans les années soixante, à l’époque où il voulut exporter l’utopie révolutionnaire en Afrique comme quelques décades plus tard, Bush voulut exporter une utopie, démocratique cette fois, en Irak avec les résultats que l’on connaît. Bush avait, malgré tout, à sa disposition une grande armée, celle des USA, Che Guevara n’avait que sa foi en la révolution. Le constat est le même, les utopies ne s’exportent pas.
Il ne semble pas que le romantique ami de Fidèle Castro ait gardé un souvenir impérissable de l’ennemi de Mobutu. Il lui accorda sûrement une certaine attention, regrettant dans ses mémoires tout ce qui aurait pu être fait si Kabila avait été « plus » révolutionnaire…
A l’annonce du décès de Patrice Emery Lumumba, atrocement torturé par des Congolais avec la bénédiction des tout-puissants services de sécurité belge et américain, le personnage aurait déclaré à sa mère qu’il serait la réincarnation du héros assassiné. Lumumba était le diable et il fallait l’éliminer. Baudouin Ier, Roi des Belges, croyant, catholique pratiquant, ne pouvait s’opposer à la disparition de l’Antéchrist. Il fallait bien préparer son accession au paradis céleste, après l’accession au trône terrestre.
Laurent Désiré Kabila tint parole. Il fut lui aussi assassiné par des Congolais. Avaient-ils eux aussi reçu les ordres de quelqu’un quelque part ? Peut-être le saura-t-on un jour, des années après.
On parla de Bill Clinton qui, selon certains avait promis de régler le cas Kabila avant de passer la main le 20 janvier 2001 à un certain Georges Walker Bush. Information ? Intoxication ? Le pays comptait un martyr de plus, on ne savait pas très bien de quoi ni pourquoi.
Il mourut le 16 janvier 2001, à un jour près comme son idole. Il ne put malheureusement respecter le script du scénario à la lettre. Il mourut chez lui. Son corps à lui fut retrouvé et dign

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