Zanzibar
234 pages
Français
234 pages
Français

Description

Voici cinquante-deux histoires de villes, de France et de l'autre bout du monde, d'hier à après-demain, mi-réelles, mi-imaginaires, qui veulent réenchanter le monde. Elles disent à peine esquissées, ce qui pourrait advenir si..., à moins que..., et pourtant..., un jour peu-être.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 42
EAN13 9782296472433
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ZANZIBAR
Jacques de Courson
ZANZIBAR Histoires pour après-demain En hommage à Nicolas Bouvier
Du même auteur Le Projet de ville, Syros-La Découverte, Paris, 1993. La Prospective des territoires, Éditions du Certu, ministère de l’Équipement, Paris, 1999. Les Élus locaux, Éditions d’Organisation, Paris, 2000. Brésil des villes, L’Harmattan, Paris, 2003. L’Appétit du futur. Voyage au cœur de la prospective, Éditions Charles Leopold Mayer, Paris, 2005. Le Goût du pouvoir, L’Harmattan, Paris, 2008. Quiz pour conduire un exercice de prospective territoriale(avec Fabienne Goux-Baudiment et Ghislaine Soulet), Éditions du Certu, ministère de l’Écologie, Paris, 2008. Photo de quatrième de couverture : J. Mullender, Mât d’orientation de l’aéroport d’Entebbe(Ouganda), 1964. Conception graphique et illustration de couverture : Laurent Lugand © L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-55549-5 EAN : 9782296555495
PROLOGUE
e début de siècle est assez peu réconfortant, c’est un Ceuphémisme, et parfois tout simplement terrifiant. Étant d’un naturel optimiste et ne pouvant me satisfaire de la morosité ambiante, j’ai donc eu envie d’écrire un livre plutôt gai qui rassemble desfuture stories.J’ai écrit ce livre au gré de mes pérégrinations aléatoires, par l’étude sérieuse ou au gré de vagabondages planétaires, par la marche, le sommeil et la pensée, avec le seul outil que je puisse utiliser:les mots. «Words are all we have» (Samuel Beckett). Cet ouvrage est une accumulation d’histoires pour demain ou après-demain, toutes fictives, concernant des villes réelles que je connais bien, à l’autre bout du monde, ou bien – mais rarement comme Zanzibar – où je n’ai jamais mis les pieds et que j’ai inventées, mais qui existent sur une carte marine de la Royal Navy. Je suis un arpenteur de villes et rêve pour chacune de leur inventer un destin singulier. En cherchant des villes pour raconter des histoires j’ai consulté ma mémoire d’enfant, retrouvé mes jeux d’adolescent et revu les films de ma jeunesse : Acapulco, Valparaiso, Yokohama, Bogota, Samarkand, Casablanca, Aden, Alexandrie, Tanger, Panama, Pékin, Manaus, Dakar, Rio, Singapour, New York… Alors l’arpenteur que je suis y
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va, quand il peut, parce que c’est son travail ; puis il consulte des journalistes, des scénaristes, des pilotes de ligne, des capitaines de transatlantique ; s’aperçoit qu’il a oublié l’Australie ; repart à nouveau ; compulse l’annuaire des longs courriers ; s’égare dans la salle des cartes de l’état-major ; se fait coffrer puis libérer par l’ambassadeur de France en personne ; visionne enfin quelques films d’aventure, repart, traîne dans les musées et quelques bibliothèques, reprend tous les Tintin et les Jules Verne (Cinq semaines en ballonpart de Zanzibar), relit Stendhal, Chateaubriand, Lamartine, Saint-Exupéry, Cendrars, Conrad, Lacarrière et Bouvier ; s’envole à nouveau et s’endort dans l’avion du retour en faisant travailler son imagination. Il écrit comme il peut : sur ses genoux comme tous les grands écrivains, ou la nuit dans unsleeping de grand luxe, ou devant la tente à la lueur d’un feu de broussailles, ou sur les murs comme tous les condamnés à la peine de mort, ou sur un carnet à spirales qu’il oublie dans le métro, ou dans un coin de sa tête en ayant toujours peur d’oublier la première phrase, ou dans une lettre désespérée à sa compagne en espérant qu’elle ne partira pas avec le manuscrit envoyé par la valise diplomatique de Samarkand ou, plus littéraire, de Venise ou de Tanger. Je n’irai jamais à Zanzibar. Parce que je ne veux pas détruire mon rêve. Je sais seulement que Zanzibar existe, sur la planète et dans le dictionnaire, que c’est seulement une île sur la côte est de l’Afrique, que je n’aia priori aucune chance d’y aller, qu’il n’y a rien sur Zanzibar dans
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mon ordinateur – sauf que laStone Townest classée dans le patrimoine mondial de l’Unesco – que Zanzibar n’est ni célèbre ni méprisable, ni la ville natale d’un prix Nobel. Cela se saurait. Je sais seulement de source sûre que le nom de Zanzibar était marqué en lettres noires sur la carte de mon jeu d’enfant et que j’y fus souvent en escale, dans mes rêves de grande croisière pour réparer, entre Djibouti et Le Cap. Je trouve surtout que c’est en abrégé (Z, la dernière lettre de l’alphabet) un nom de code facile à mémoriser, un joli nom de ville aussi, assez gai, que chante Georges Brassens et cite Jules Verne, un peu zazou en plus, comme on disait des jeunes impatients pendant la Deuxième Guerre mondiale, et qu’en plus tous les marins du monde connaissent certainement son port, comme ils connaissent Rotterdam, Singapour, Panama, Belém ou Shanghai. Et puis cela fait un peu plus exotique que Lisieux ou Romorantin ! On s’en souvient facilement, comme d’une farce ou d’un jeu, ce qu’il est d’ailleurs. Car d’après le Larousse, le zanzibar est un jeu de hasard que l’on pratique avec un cornet et trois dés. Mais le plus intéressant c’est que Zanzibar, ville magique de mon enfance, provient de zan, qui veut dire noir en arabe etbarqui signifie côte. Nul, ou presque, à moins d’y être allé ou d’en être originaire, n’a jamais vu cette ville, n’en a jamais admiré de photo ou de carte postale. Le résultat de mes recherches, à part quelques rares ouvrages peu connus, fut donc fort modeste pour une ville si célèbre dont tout le monde parle, mais où personne n’a jamais été, sauf mon ami Mario,
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diplomate franco-hongrois, dont le lecteur découvrira à la fin du livre qu’il y vit. D’ailleurs, comment nommer un habitant de Zanzibar ?Caremba (sapristi ! en espagnol), Carambar (friandise de mon enfance), Zigomar (individu prêt à tout pour se faire remarquer) ou Zapotèque (indien mexicain et juron préféré du capitaine Haddock ; ne pas confondre avec Zapotec, célèbre athlète tchécoslovaque) ou bien encoreZani (bouffon de la comédie italienne classique) ? Va pour zazou, fan de jazz que nous fûmes dans les années soixante, ou plutôt zoulou, tribu redoutable de l’Afrique australe. La seule chose certaine que je sache de Zanzibar, c’est que c’est une île et un port – dont le nom est écrit en noir sur le bleu de la mer – donc une ville avec des bateaux (en partance pour les Comores, Madagascar, La Réunion ou l’Inde ?) et des pêcheurs qui vont et viennent, des marins avec des calots et des capitaines avec des casquettes, peut-être des cornes de brume et des mouettes (ou apparentées), en tout cas des bruits de moteur, des rires d’enfants, des autos d’avant-guerre, des embrassades sûrement, des drapeaux probablement. Zanzibar est une île, un État jadis, dit le dictionnaire, en tout cas pour moi un mythe, une simple escale, une invention de géographe et un rêve d’enfant. Si c’est le cas, je garde ce songe pour moi, en reste propriétaire et refuse d’y aller. Mais je salue fraternellement les habitants du mythe portuaire, embrasse son capitaine et dit au maire de cette ville d’Afrique mon amitié fraternelle : «Hello, à plus,ate mais tarde,goodbye,adios,ciao
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Portez-vous bien ! Rendez-vous dans une prochaine vie… Vive l’amitié franco-zazoue ! Vous êtes mon rêve et devez, si cela ne vous dérange pas trop, le rester jusqu’à ma mort. Après… » Parmi toutes les autres villes de la Terre j’en ai choisi une cinquantaine (mi en France, mi à l’étranger), plus quelques-unes que j’ai imaginées, mais presque toutes, sauf en France, pays du Nord sur une mappemonde, dans les pays dits du Sud, ceux que l’on appelait jadis le tiers-monde. Ceci pour une raison simple : je les connais bien et j’y suis allé. J’y ai travaillé et j’ai toujours rêvé d’imaginer pour chacune d’entre elles une histoire. Ce qui m’importe dans ce livre, ce n’est pas ce qu’elles sont devenues mais ce qu’elles pourraient devenir demain ou après-demain, librement, sans que j’ai demandé son autorisation à quelque autorité que ce soit. Ce livre est donc un ouvrage de pure fiction, qui n’a d’autre prétention que littéraire.
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