À travers le Sahara - Aventures merveilleuses de Marius Mercurin
169 pages
Français

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À travers le Sahara - Aventures merveilleuses de Marius Mercurin , livre ebook

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Description

« Aïe, pauvre de moi ! Arrête donc, maudite bête !... Je te dis que la fatigue me tient !... Quelle vitesse !... Je n’en puis plus ; mes membres sont brisés,... ma tête se tourne.... Si je tombe, je suis mort !... Pas moyen de descendre !... C’est pis qu’un express ! Il ne s’arrête pas, et depuis ce matin il court, il court !... Il me secoue comme le paquebot ; ça tangue, ça roule !... Mais arrête donc, coquinasse ! ! !... »Ainsi geignait une pauvre créature, cramponnée des deux mains à la touffe laineuse qui couronne la bosse d’un superbe mehari détalant de toute la vitesse de son trot allongé dans l’immense plaine des Ouled-Salah qui sépare l’oasis de Biskra des grands chotts.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 2
EAN13 9782346131723
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
G. Demage
À travers le Sahara
Aventures merveilleuses de Marius Mercurin
Dès son enfance, Marius Mercurin ne rêve que voyages.
CHAPITRE PREMIER
TOMBOUCTOU OU LAC TCHAD
« Aïe, pauvre de moi ! Arrête donc, maudite bête !... Je te dis que la fatigue me tient !... Quelle vitesse !... Je n’en puis plus ; mes membres sont brisés,... ma tête se tourne.... Si je tombe, je suis mort !... Pas moyen de descendre !... C’est pis qu’un express ! Il ne s’arrête pas, et depuis ce matin il court, il court !... Il me secoue comme le paquebot ; ça tangue, ça roule !... Mais arrête donc, coquinasse ! ! !... »
 
Ainsi geignait une pauvre créature, cramponnée des deux mains à la touffe laineuse qui couronne la bosse d’un superbe mehari détalant de toute la vitesse de son trot allongé dans l’immense plaine des Ouled-Salah qui sépare l’oasis de Biskra des grands chotts. Ses jambes crispées serrent frénétiquement la croupe de l’animal qui fend l’air à raison de vingt kilomètres à l’heure, tandis que les yeux de son cavalier voient fuir avec une effrayante rapidité les espaces tour à tour brûlés ou marécageux et toujours désolés qu’il traverse ainsi depuis le matin, bien malgré lui, le malheureux !
Ses lèvres tremblent ; ses yeux sont hagards ; sa bouche s’ouvre et se referme, laissant par intervalles échapper des plaintes jaculatoires comme celles que nous venons d’entendre.
C’est que sa situation est atroce ; l’aventure qui en est cause est à la fois ridicule et terrible.
Le pauvre diable se nomme Marius Mercurin. Ses exclamations, son langage, son nom nous dispensent de dire quelle contrée de la France lui a donné le jour. Il est âgé de trente ans environ ; c’est un robuste compagnon, un gai compère, jouissant d’une irréprochable santé ; depuis cinq ans il fait rondement prospérer son petit patrimoine dans le productif commerce des huiles et des matières grasses, auquel il a joint accessoirement celui des chocolats d’arachide 1 et des cafés nègres 2 .
Dès son enfance il ne rêve que voyages ; ses premiers livres ont été les nombreux Robinsons qui, sous des noms différents, ont faussé tant de vocations, faisant croire à nombre d’enfants qu’ils avaient le goût d’être marins, alors qu’ils n’étaient qu’avides de récits d’aventures.
Plus tard, la lecture des voyages extraordinaires est devenue sa récréation favorite ; tour à tour Gustave Aymard, Jules Verne, Tartarin de Tarascon... et tutti quanti se sont disputé ses faveurs.
Ils ont largement contribué à accroître le petit bagage géographique qu’il avait péniblement acquis à l’école communale et laique de la ville où son père exerçait, avant lui, le commerce qu’il a su faire si bien prospérer, depuis que la mort de ses parents l’a mis en possession d’une petite aisance et d’un joli magasin de denrées coloniales parfaitement achalandé.
Une profonde désillusion a suivi chez lui la lecture de tous ces ouvrages. Le monde est si connu aujourd’hui ! Plus rien à découvrir, ou si peu ! L’Afrique seule, ce centre Afrique dont on m’apprenait si bien la géographie physique et les divisions politiques dans mon enfance, possède encore de vastes territoires inexplorés. Partout ailleurs, ce ne sont que marchands de vermout, d’absinthe Pernod ou Cusenier, de l’amer ou de la fille Picon ! Partout ailleurs, pataches, diligences, tramways, chemins de fer ou bateaux à vapeur ! Partout ailleurs, journaux de la localité et de l’étranger, illustrés ou non, avec le cours de la Bourse, etc., etc.
Seul enfin, ce centre Afrique avait le don d’exciter encore la passion de ce blasé. Aussi dévorait-il avec une avidité fébrile tous les projets de voies ferrées transsahariennes qui, plus ou moins étudiés, inondent depuis quelque temps la presse française.
Un jour, il se passionnait pour la voie « Alger — Laghouat — El-Goléah — In-Salah — Tombouctou ».
Quelques jours après, il donnait, avec un nouvel auteur, la préférence au projet « Oran — Ain-Sefra — Igly — Tombouctou ».
Une autre fois, une nouvelle brochure lui prouve l’absurdité de ces parcours, et lui fait abandonner Tombouctou terminus pour suivre avec amour la direction du lac Tchad par Timas sinin et Bir-el-Gharama qui a vu assassiner la mission Flatters par les sauvages Touareg Ahoggar.
Mais à quoi s’arrêter ? Tous se contredisent ! Chacun dénigre le projet du voisin pour appeler le sien le seul rationnel. Partout, compétitions, jalousies, intérêts de clocher. Tous plaident pro domo. Bône, Alger, Oran, chacun veut son Transsaharien. — Tombouctou ou lac Tchad ? Les comptoirs sénégalais demandent l’un ; les établissements du Gabon, l’autre. Tombouctou ? c’est le grand caravansérail du Soudan ; c’est le rendez-vous des caravanes qui en ont drainé les produits. Le Tchad ? c’est le centre riche, le grand pays de production, le point de départ des mêmes marchandises.
Marius Mercurin n’en dort plus ; il ressasse chaque nuit ce qu’il a lu le jour. Tombouctou ou lac Tchad ? Alger ou Oran ? Pourquoi pas Bône ou la Tunisie ? Pourquoi pas.. ? Oui ! ! ! Pourquoi pas... ? Mais oui ! C’est une idée cela ! Ce serait bien plus rapide et bien moins onéreux.
Pourquoi, abandonnant tous ces projets, ne pas relier directement et tout simplement le Niger et le Tchad, puis le Sénégal et le Niger, pour déverser à Saint-Louis les produits du Soudan qui n’ont encore pour exutoire que le cours du Niger, portant toutes les richesses du Soudan aux établissements anglais et allemands du golfe de Guinée ?
Chut ! n’en parlons à personne ; on pourrait nous voler notre idée ! Pendant qu’on étudie tous ces projets, pourquoi ne ferions-nous pas notre petite étude, aussi ?
Je m’ennuie d’ailleurs beaucoup, depuis quelque temps, pense notre bon Marius qui ne voit pas accueillir à son gré ses assiduités près d’une jeune compatriote, pour laquelle il s’est senti féru d’une invincible et malheureuse passion.
Le moment ne peut être mieux choisi pour exécuter un projet qu’il caresse depuis longtemps : celui d’un long voyage d’agrément, remis chaque année, tantôt pour ceci, tantôt pour cela, et surtout parce qu’il ne sait où diriger ses pas.
Et pour oublier la cruelle, quoi de mieux que l’absence ?
Dans l’héritage paternel, Marius a trouvé la perle des commis, le plus excellent des hommes, ayant dépassé la cinquantaine, heureux époux, et père de huit enfants, possédant, avec quelques biens fonciers, de sérieux intérêts dans la maison de son patron, qu’il n’a pas peu aidé à faire prospérer. Il le sait digne de toute confiance, et peut lui laisser sans crainte la gestion de ses affaires.
A ses fonctions de comptable, le commis Théodule a longtemps joint d’autres attributions plus intimes ; les époux Mercurin n’étaient pas des avares, mais ils comptaient d’assez près leurs écus ; et, pour occuper ses loisirs, Théodule se vit chargé, quand le jeune Marius fut en âge, de lui enseigner les mystères de la lecture et de l’écriture, puis un peu de calcul plus tard, et, peu à peu, enfin, tout ce qu’il savait lui-même.
Le bagage n’était pas gros ; mais avec la laïque, cela pouvait suffire à diriger l’enfant dans la voie que lui traçaient ses parents, laquelle devait rapidement le conduire à une jolie aisance, voire même à la fortune sur ses vieux jours.
Il y marchait à grand train, vers cette fortune ; mais elle ne suffisait pas à le rendre heureux, car il n’avait, notre cher Marius, aucun des goûts onéreux et frivoles des gens de plaisir du monde.
Non ; ses aspirations étaient tout autres ; Marius était un simple ; c’était un laborieux, honnête avant tout.
Se faire aimer d’une épouse de son choix, élever ses enfants dans l’amour du travail et du bien, laisser à chacun d’eux, en quittant la terre, avec un doux souvenir de ses parents,

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