Confessions politiques et littéraires - Dans les séances des lundis 5, 12, 19 et 26 février 1818 de la société secrète de la rue Bergère à Paris
35 pages
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Confessions politiques et littéraires - Dans les séances des lundis 5, 12, 19 et 26 février 1818 de la société secrète de la rue Bergère à Paris , livre ebook

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Description

Au mois de septembre 1815, des. hommes, aussi considérables par leur rang que par leur fortune, témoins des évènemens prodigieux qui, depuis près de trente ans, agitaient la France, et depuis quinze défiguraient l’Europe, se réunirent dans un hôtel, rue Bergère, pour délibérer en secret sur les affaires publiques. Quelques-uns d’entre eux proposèrent de former une société, composée de quarante membres. Cet avis fut agréé. L’on nomma de suite un président, un orateur, deux surveillans, un introducteur et un secrétaire.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346114139
Langue Français

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À propos de Collection XIX
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Jacques Salbigoton Quesné
Confessions politiques et littéraires
Dans les séances des lundis 5, 12, 19 et 26 février 1818 de la société secrète de la rue Bergère à Paris
NOUVELLE
 
DÉDICACE.
 
 
 
U N homme de lettres était embarrassé sur le choix d’un personnage important pour lui dédier son livre. Un de ses amis consulté, lui répondit :
« Cherche dans le clergé catholique un bon pasteur qui ne puisse élargir sa conscience pour surfaire un droit de mariage, ou d’une dispense de la cour de Rome, ou d’un brillant décès ; un grand seigneur qui souffre patiemment la contradiction ; un ministre qui dépose sans regret son portefeuille ; un souverain qui descende volontairement du trône pour marcher sur le sol de l’égalité. » Oh ! oh ! interrompit vivement l’auteur, dans quelle contrée du monde veux-tu, mon cher, que je porte mes pas, afin de rencontrer cette merveille de tous les temps ? « En ce cas, répliqua l’autre, ferme tes yeux à l’admiration, ta bouche aux éloges et tes mains aux bienfaits ; tu m’as compris, TA DÉDICACE EST FAITE. »
AVERTISSEMENT
ON tient pour certain qu’il existe en France trois sortes de réunions politiques, comprises sous la dénomination de Sociétés secrètes, de Compagnies secrètes, et des Francs régénérés. Le but des premières se cache, dit-on, derrière l’amour exclusif du souverain, et sous le vain prétexte d’un repos toujours alarmé ; les secondes lui recrutent des défenseurs dans une classe particulière, dont le zèle trop cruel a blessé jusqu’au cœur celui qui se gardait bien d’exiger d’eux de si sanglans services ; et les troisièmes prétendent retremper les Français corrompus, sans se douter que les Français n’ont pas la moindre idée de leur corruption. Ces Francs régénérés regardent leur patrie comme un malade à peu près désespéré ; ils voudraient, par un reste de compassion, solliciter les secours d’un habile médecin ; mais c’est dans les lumières des docteurs étrangers qu’ils ont placé toute leur confiance.
Une de ces associations avait à sa tête, en 1815, le marquis de R., assez puissant alors pour disposer de vingt mille hommes en peu de jours. Des corps entiers soldés agissaient d’après des ordres secrets. La cause des troubles du Midi n’est plus maintenant un mystère. Si les habitans de quelques-unes de ces belles contrées ont succombé sous l’effort de la tempête, tâchons au moins cette fois, par de sages précautions, de nous mettre à l’abri d’un nouvel orage.
Je regrette qu’en reproduisant les Confessions suivantes, il me faille répéter tant de fois le même sujet ; mais puisque chaque récipiendaire était obligé de produire des aveux politiques, depuis le commencement de la révolution jusqu’à l’époque où il se présentait à l’assemblée, je me trouve aussi contraint de ramener souvent l’attention publique sur un personnage que le destin a rendu si fameux dans les deux hémisphères, et qui s’avance aujourd’hui quoique encore en vie, vers la postérité, pour recevoir de ce juge équitable, sévère, inflexible, le prix de ses étonnantes actions.
Heureusement, le recueil que je publie est court ; il ne peut exposer long-temps le lecteur à l’impatience ou à l’ennui. C’est une légère consolation qui doit me revenir, après avoir fait mes efforts pour rendre avec quelque succès la pensée des aspirans. Si l’on trouve que la couleur en reste affaiblie sous mes pinceaux dans un cadre si étroit, il faudra bien se résoudre à s’en prendre moins à l’intention qu’au peu de talent du peintre, dont le défaut devient d’autant plus sensible, que le sujet est plus ingrat.
CONFESSIONS POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
Au mois de septembre 1815, des. hommes, aussi considérables par leur rang que par leur fortune, témoins des évènemens prodigieux qui, depuis près de trente ans, agitaient la France, et depuis quinze défiguraient l’Europe, se réunirent dans un hôtel, rue Bergère, pour délibérer en secret sur les affaires publiques. Quelques-uns d’entre eux proposèrent de former une société, composée de quarante membres. Cet avis fut agréé. L’on nomma de suite un président, un orateur, deux surveillans, un introducteur et un secrétaire. La société ne fut complète qu’en 818. On reçut, dans le mois de février de cette année, huit candidats en quatre séances.
Le règlement s’opposant à l’admission des dames, deux seulement trouvèrent une honorable exception par leur mérite personnel et la dignité de leur caractère. Elles ont suivi les séances jusqu’au lundi 27 juillet dernier, où l’assemblée s’est volontairement dissoute.
La réunion avait lieu tous les lundis, vers trois heures du soir jus. qu’à cinq, dans une vaste salle ornée de draperies, A l’extrémité de cette salle, étaient placés le fauteuil et le bureau du président, sur une estrade d’environ trois pieds de haut. Un peu plus bas, à sa gauche, se tenait l’orateur ; le secrétaire, à sa droite, outre ses fonctions, demeurait chargé de la caisse. Les surveillans se trouvaient à l’entrée ; et, au milieu d’eux, à quatre pas de distance, l’introducteur restait debout une grande partie de la séance.
On ne recevait personne qu’il ne fût présenté par trois membres, garantissant par écrit la moralité politique du récipiendaire. Il fallait un nom connu, ou de la fortune, pour être admis. Avant d’entrer dans la salle, l’aspirant, avait les yeux bandés. Le président, le voyant paraître, lui adressait diverses questions sur son dessein de s’attacher, au corps. Si l’assemblée, par un mouvement de tête, goûtait ses réponses, le bandeau tombait de ses yeux, et l’introducteur le dirigeait vers le président. Celui-ci donnait lecture de quelques articles renfermés dans un registre in-folio, lui faisait prêter serment sur ce livre, et l’obligeait à signer sur un autre, couvert en maroquin rouge.
Après cette cérémonie, l’aspirant, conduit au milieu de la salle vers une espèce de tribune, se tenait debout tête nue. Là, sa confession, sommaire et véridique était, exigée ; après quoi le président, lui frappant, avec un court bâton d’ivoire, deux petits coups sur chaque épaule, annonçait sa réception, s’il ne se rencontrait trois opposans dans le ballotage. Alors le nouvel élu, plein de reconnaissance pour cet honneur, allait embrasser chaque membre, et l’un des surveillans le menait à la place qu’on lui destinait. L’orateur prononçait un discours analogue à la circonstance. Le président, avant du après les confessions, communiquait les avis qu’on lui avait transmis depuis la dernière séance. La délibération suivait ; le secrétaire en dressait procès-verbal, et l’on se séparait jusqu’au lundi suivant, à moins d’une convocation extraordinaire, qui s’opérait toujours de vive voix, à domicile, par les surveillans.
On s’attend bien que je ne donnerai point ici de notions sur le serment des récipiendaires, sur le contenu du livre rouge, ni sur les cérémonies ordinaires, parce que, s’il m’est permis de révéler quelques déclarations, je n’ai pas le même droit de publier certaines choses dont l’assemblée, jusqu’à ce jour, croit devoir faire un mystère. Ainsi, fidèle à ma parole, je serai discret tout le temps que ces Messieurs l’exigeront.

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