Deux victimes de la Commune - L abbé Deguerry et Paul Seigneret
79 pages
Français

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Deux victimes de la Commune - L'abbé Deguerry et Paul Seigneret , livre ebook

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Description

OUVRAGE COURONNÉ PAR L’ACADÉMIE FRANÇAISEGaspard Deguerry naquit à Lyon en 1797. Son père, Thomas Deguerry, marchand de bois de construction, mourut en 1800. Sa mère, Anne Desflèches, restée veuve à vingt-cinq ans, était douée de tous les avantages de l’esprit et de la beauté ; elle refusa les partis qui s’offraient à elle, pour se consacrer tout entière à l’éducation de ses trois fils. A l’âge de huit ans, Gaspard Deguerry entra dans la maîtrise de Saint-Pierre, sa paroisse natale.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346034550
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Arthur-Léon Imbert de Saint-Amand
Deux victimes de la Commune
L'abbé Deguerry et Paul Seigneret
Dans une des salles basses de l’église de la Madeleine, il y a un autel où depuis quelque temps on célèbre, plusieurs fois par semaine, une messe pour le repos de l’âme d’un prêtre qui est mort martyr. Derrière l’autel est un cercueil toujours couvert de fleurs, et, dans ce cercueil, le corps de celui que pleurent tous ceux qui l’ont connu. Quelques fidèles sont agenouillés dans un recueillement profond, et souvent des larmes silencieuses tombent sur leurs livres de prières. Chacun évoque pieusement les souvenirs du passé. On se rappelle le son de la voix qui, pendant tant d’années, retentit dans cette salle au milieu des assemblées de charité. C’est là que celui qui n’est plus avait exprimé le vœu d’être déposé après sa mort. « C’est là, disait-il à ses paroissiens, que vous viendrez prier pour votre vieux curé. C’est là que vous demanderez à Dieu de prendre pitié de mon âme. »
Le désir du curé de la Madeleine a été exaucé. Qui pourrait aujourd’hui, regarder sans émotion le cercueil du saint vieillard dont l’apostolat a duré plus d’un demi-siècle, de l’ecclésiastique éminent qui était doué par la nature de toutes les supériorités, de l’esprit, du caractère, de l’éloquence ; qui avait en lui l’étoffe d’un évêque, d’un archevêque, d’un cardinal, et qui, ne connaissant d’autre ambition que celle de faire le bien, voulut vivre et mourir curé de la Madeleine ? Comment ne pas être saisi de respect, devant les restes du prêtre qui a souffert des tourments analogues à ceux de la passion de Jésus-Christ ; du prisonnier qui, dans la solitude de son cachot, a mis en pratique cette belle parole de Tertullien : « Quand l’àme est dans le ciel, le corps ne sent point la pesanteur des chaînes, elle emporte avec lui tout l’homme ; » du martyr qui, pardonnant à ses bourreaux, disait, quatre jours avant son supplice. : « Si je savais que le sang ; d’un vieillard comme moi pût être utile à mon pays et à la religion, c’est à genoux que je les supplierais de me fusiller. »
Un sculpteur, M. Oliva, a fait une statuette qui nous représente le curé de la Madeleine, debout, revêtu de ses ornements sacerdotaux, élevant la main dans l’attitude du prêtre qui enseigné la parole de Dieu. C’est bien là l’abbé Deguerry tel que nous l’avons connu, doux et fort, simple et majestueux. Oui, c’est bien là cette tête que la vertu entourait comme d’une auréole, ce front qui rayonnait d’intelligence, ce visage sympathique et imposant qui respirait à la fois l’autorité et la bonté. Ce que le sculpteur a fait avec le ciseau, nous voudrions tenter de le faire avec la plume. Retracer les phases principales d’une carrière ecclésiastique si noblement remplie, c’est rendre hommage à celui qui a été regretté par les pauvres et par les riches, par les lettrés et par les ignorants, par tous les partis, par toutes les opinions ; à celui que M. Thiers, dans un document public, a appelé le meilleur des hommes, et dont l’impératrice Eugénie a porté le deuil ; à celui qui continue après sa mort le bien qu’il faisait de son vivant : car son souvenir est un exemple, et l’on peut appliquer à ce prêtre vénérable, à cette sainte victime de nos guerres civiles, la parole de la Bible : Defunctus adhuc loquitur. Il n’est plus, et il parle encore.

Paris, 1871.
L’ABBÉ DEGUERRY
CURÉ DE LA MADELEINE
OUVRAGE COURONNÉ PAR L’ACADÉMIE FRANÇAISE

I
LA JEUNESSE DE L’ABBÉ DEGUERRY
Gaspard Deguerry naquit à Lyon en 1797. Son père, Thomas Deguerry, marchand de bois de construction, mourut en 1800. Sa mère, Anne Desflèches, restée veuve à vingt-cinq ans, était douée de tous les avantages de l’esprit et de la beauté ; elle refusa les partis qui s’offraient à elle, pour se consacrer tout entière à l’éducation de ses trois fils. A l’âge de huit ans, Gaspard Deguerry entra dans la maîtrise de Saint-Pierre, sa paroisse natale. Aucun enfant de chœur ne montrait plus de zèle pour l’étude, et ne chantait les louanges de Dieu d’une voix plus harmonieuse. Il se distingua ensuite comme l’un des meilleurs élèves du collège de Villefranche. En 1814, cette ville était cernée par les troupes autrichiennes. Le jeune Deguerry se présenta, avec une douzaine de ses camarades, devant le maréchal Augereau, qui commandait l’armée française enfermée dans la place. « Maréchal, lui dit-il, donnez-nous des armes, et nous vous aiderons à purger le sol de la patrie de la présence de l’étranger. » Augereau répondit qu’on n’improvisait point des soldats, et remercia les rhétoriciens, qui s’en allèrent furieux de voir que leur offre patriotique n’était pas acceptée. A cette époque, Gaspard Deguerry voulait embrasser la carrière militaire, comme étant celle des plus grands sacrifices et des plus périlleux dévouements. Mais, la paix étant survenue, il abandonna cette idée, et se destina au sacerdoce.
Après avoir fait les études les plus approfondies au grand séminaire de Saint-Irénée, il fut ordonné prêtre à l’âge de vingt-trois ans, le 19 mars 1820. Quatre ans plus tard, il prêcha son premier carême à la Primatiale de Lyon, et dès le début ses talents oratoires apparurent dans tout leur éclat. La foule croissait de jour en jour pour écouter le nouvel orateur chrétien. A la fin de la quarantaine, l’église pouvait à peine la contenir. Chaque jour, la mère du jeune prêtre, déjà si éloquent, venait entendre sa parole, et quand, à la fois heureuse et modeste, elle passait pour aller se placer au pied de la chaire, chacun se rangeait respectueusement devant la digne mère d’un tel fils. L’année suivante, l’abbé Deguerry prêchait à Paris avec un non moindre succès.
Au commencement de 1827, il devenait aumônier du 6e régiment de la garde royale. Aucunes fonctions ne convenaient mieux à sa nature. Réunissant ainsi en une seule les deux carrières auxquelles il avait voulu se consacrer, il était en même temps et militaire et prêtre ; il obéissait à un colonel et à un évêque. Il aimait son régiment comme plus tard il devait aimer sa paroisse. La caserne lui donnait des habitudes d’ordre, d’exactitude, de discipline, qui ne sont point inutiles à l’Église. Il apprenait deux sciences, celle de l’obéissance et celle du commandement. Affable sans être familier, spirituel sans jamais être méchant, gai sans’jamais que sa gaieté dépassât les limites d’une parfaite convenance, il se sentait heureux au milieu de cette famille armée qui se nomme un régiment. « Je suis sûr, disait un officier supérieur du 6 e de la garde, je suis sûr qu’aucun des militaires qui ont eu l’abbé Deguerry pour aumônier ne mourra sans demander un prêtre, parce qu’aucun ne pourra oublier ses solides instructions et surtout sa belle conduite au milieu de nous. » Moraliser le soldat, lui parler de Dieu et de la patrie, en faire de plus en plus l’homme du devoir, l’homme du sacrifice, l’expression la plus complète, la plus noble, là plus pure, de la civilisation créée par le christianisme ; donner au soldat l’enthousiasme du beau et du bien, lui apprendre à aimer, à servir, à défendre le pays de saint Louis et de Bayard, de ces hommes de guerre et de prière qui tenaient à la main une épée dont la garde avait la forme de la croix, quelle œuvre plus chrétienne et plus patriotique ? Le général Ambert a dit, dans son beau livre intitulé Soldat : « L

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