Dix mois de révolution - Depuis le 24 février jusqu au 10 décembre 1848
115 pages
Français

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Dix mois de révolution - Depuis le 24 février jusqu'au 10 décembre 1848 , livre ebook

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Description

L’histoire de la révolution de juillet n’est pas encore faite.Semblables aux alchimistes du moyen âge, cherchant le secret de créer un être humain sans la coopération de la femme, nos écrivains cherchent tout dans l’histoire, excepté la logique de la justice éternelle.Les révolutions ne sont pas des faits dépendant de tels ou tels hommes, mais des événements logiques jaillissant d’actes sociaux contraires aux lois divines et aux devoirs humains.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346103652
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alexandre Weill
Dix mois de révolution
Depuis le 24 février jusqu'au 10 décembre 1848
PRÉAVIS
Il y a vingt ans, jour par jour, le soir en rentrant j’ai noté les événements de la journée avec les pièces à l’appui, suivies de considérations. J’ai cessé d’écrire le 10 décembre 1848. Dans ce temps-là, j’étais jeune et vigoureux. J’ai tout vu, j’ai tout lu, j’ai tout su.
Trois ans plus tard, j’ai essayé de mettre de l’ordre dans ces notes et de les classer dans un récit historique. Cela fait, j’ai mis mon travail de côté, n’ayant garde de le publier. Voici pourquoi :
Pendant que je consignais les erreurs de la démocratie et de la réaction, les miennes propres, hurlant en moi, me criaient : Et toi ? N’as-tu pas failli comme les autres ? N’as-tu pas naïvement cru, en 1849, avec M. de Genoude, que la liberté était possible avec le Droit National, c’est-à-dire avec le catholicisme ? N’as-tu pas, dans la Gazette de France, publié cent articles tendant à prouver la compatibilité des principes de 89 avec la légitimité des quelques dupes plébéiennes, reniées d’ailleurs par la grande majorité des légitimistes nobiliaires ? As-tu toujours, dans ta petite sphère, fait ton devoir, au risque de ta fortune et de ta vie ! La liberté n’est pas plus compatible avec le dogme de n’importe quelle religion surnaturelle qu’avec l’athéisme. L’un s’appelle forcément : Despotisme, l’autre inexorablement : Anarchie. Les principes de 89 sont absolus. Avant d’être une politique, ils sont une philosophie, une religion de raison et de logique.
Loin d’étouffer en moi ces cris peu flatteurs, je les ai encouragés, et, poussant du pied, avec autant de dédain que de chagrin, mon travail historique, je me suis mis à scruter ma conscience et mes œuvres. En très-peu de temps j’ai trouvé ces œuvres nerveusement stériles, dignes d’être jetées dans une hotte de chiffonnier. Mes plus beaux rêves d’ordre et de liberté gisaient à mes pieds, non-seulement dégonflés, mais en flaques fangeuses d’illiberté et de servitude.
Il m’a fallu des années pour trouver les causes spirituelles de ces erreurs, ainsi que la vérité manquée, et manquée parce que non cherchée. La vérité est de soi si lumineuse qu’elle éclate aux yeux de tout mortel, qui la cherche sincèrement sans parti pris, sans amour-propre et sans arrière-pensée d’ambition et d’intérêt.
Pendant six années, quittant l’arène militante de la presse, je refis mes études théologiques, politiques et sociales, depuis Moïse jusqu’à Voltaire, relisant les penseurs de génie de toutes les nations, de tous les siècles. Cette étude faite, il me fut facile, non-seulement de remonter à la source d’où ont jailli toutes les erreurs du XIX e siècle, y compris les miennes, mais encore de fixer, d’après les méditations de tous les grands hommes de l’antiquité et des temps modernes, les principes fondamentaux sur lesquels seuls reposent l’ordre, la liberté, la justice, la paix et la prospérité des nations.
Cela fait, j’écrivis ma Parole Nouvelle, fruit de ces recherches. Puis, essayant d’en appliquer les principes aux hommes politiques et littéraires du XIX e siècle, ce siècle si misérablement échoué à l’entrée du port, j’ai publié coup sur coup mon Syllabus, mes Contemporains, mes Conférences, mes Chassepots, mon A Nous Deux, tous de la même couvée.
Me voici revenu au récit des événements des Dix mois de révolution, événements fraîchement cueillis sur les lieux mêmes et auxquels j’espère avoir insufflé une âme qui, en liant les parties, remonte des effets matériels aux causes spirituelles ; ciment philosophique sans lequel, comme le dit Voltaire, rien ne dure.
La génération actuelle, la jeune démocratie méconnait ou ne connaît pas du tout l’enchaînement moral des faits de la révolution de février. A l’entendre, la démocratie de 1848 n’a péché que par excès de modération. Mon livre l’engagera à soumettre les faits à un examen plus sérieux. Il lui apprendra que la force matérielle d’un vainqueur ne se trouve jamais ailleurs que dans la faiblesse morale du vaincu. A ceux qui, présomptueux, croient n’avoir rien à apprendre, je dirai comme Caton : les vieux m’ont quelquefois écouté quand j’étais jeune. Maintenant que me voici vieux, les jeunes ne perdront rien à me prêter, ne fût-ce que pour un moment, une oreille attentive !
Je ne suis pourtant pas infaillible. Et c’est parce que les hommes que je suis forcé de juger, peuvent me prouver mes erreurs, que je publie ce récit de leur vivant.
Une dernière raison pour publier ces mémoires aujourd’hui.
Demain quand j’adresserai la parole aux vieux gonflés du pouvoir, qui ont le verbe si haut et si injurieux contre les folliculaires et les journalistes, je veux avoir le droit de leur dire :
Je vous ai vus ramper devant la démocratie victorieuse, pendant que moi, démocrate et journaliste, le premier, je lui ai dit de dures vérités, au risque de ma vie. Donc, taisez-vous, ou, vous arrachant le masque, je montrerai au peuple votre couarde effronterie, votre effrontée couardise !
 
 
ALEXANDRE WEILL.
PRÉCIS
En étudiant l’histoire des peuples, phénomène extraordinaire à l’apparence, mais logique et naturel en réalité, on voit que, de tout temps et dans tous les lieux, le progrès social ne s’est établi que là où les meilleurs, les aristocrates de la raison, s’approchant de la vérité divine, ont modelé la société humaine sur la justice idéale qu’ils ont atattribuée à Dieu. Cette vérité, servant partout d’origine, de modèle, de point d’appui et de repère, la voici en quelques lignes.
Il est une loi autocréatrice, immuable, que l’on appelle Dieu — peu d’ailleurs importe le nom, — qui fut, est et sera toujours la même.
Tout ce qui est, n’existe que par celte loi. Elle n’a pas changé ni ne changera jamais. Elle n’a jamais été ni violée ni suspendue. En vertu de cette loi fixe, toute cause produit et produira toujours son effet logique, sans merci ni miséricorde. Elle n’a jamais détaché un effet de sa cause, ni par le pardon, ni par un miracle. v
Grâce à l’immutabilité de cette loi créatrice, et précisément parce que toute cause produit mathématiquement son effet, l’homme est libre. Il peut par l’option entre une action et une autre, entre le bien et le mal, créer librement une cause qui produira, soit un bon, soit un mauvais effet.
Nulle puissance, ni divine ni humaine, ne saurait arrêter ni transformer un effet au jaillissement de sa cause.
Mais l’option faite, l’action commise, la liberté de l’homme perd son influence. L’effet dès lors devient fatal, non d’une fatalité arbitraire, mais logique, inévitable, au point qu’on peut le prédire et l’annoncer longtemps avant qu’il devienne fait accompli.
Il existe entre tous les êtres de la nature, hommes, bêtes, plantes et minéraux, tous créés parla même force, par la même loi, une solidarité étroite et indissoluble ! Cette solidarité, à la fois spirituelle et matérielle, agit et réagit continuellement d’un être sur l’autre. Tout bien produit quelque part un bonheur. Tout mal engendre un malheur.
Pour que tous les êtres fussent heureux, il faudrait que tous fussent justes. Cela ne suffirait pas ; car une seule injustice commise ou permise tomberait quelque part et enfanterait une douleur. Il faudrait donc que tous pussent se réunir pour empêcher qui que ce fût de commettre une injustice. C’est là, en effet, l’idéal et le but de la civilisation, qui a partout le même point de repère. Elle est là où le fort est empêché d’empiéter sur le droit du faible, où le riche respecte et fait fructifier le travail du pauvre, partout où la femme, l’enfance et la vieillesse sont protégées, en un mot, partout où le droit de l’un est garanti par le devoir accompli de l’autre. Cet idéal de justice n’a jamais été atteint. Mais, toutes et quantes fois que l’humanité y aspire, elle

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