Essai historique sur l abbé Suger - Régent du royaume sous le règne de Louis-le-Jeune
52 pages
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Essai historique sur l'abbé Suger - Régent du royaume sous le règne de Louis-le-Jeune , livre ebook

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Description

DANS notre notice sur le chancelier de l’Hôpital, nous avons eu à retracer l’image d’un siècle où l’administration publique, sinon encore parfaite, portoit déjà sur des fondemens solides ; où les lettres renaissantes exerçant sur les esprits une salutaire influence, loin de les porter vers l’erreur, y faisaient germer les bons principes quelquefois oubliés, mais jamais combattus au milieu même des plus terribles orages politiques, et commençoient d’introduire dans les moeurs cette douceur et cette aménité qui font la parure comme le charme de la société.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346103614
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Joseph de Bernardi
Essai historique sur l'abbé Suger
Régent du royaume sous le règne de Louis-le-Jeune
D ANS notre notice sur le chancelier de l’Hôpital, nous avons eu à retracer l’image d’un siècle où l’administration publique, sinon encore parfaite, portoit déjà sur des fondemens solides ; où les lettres renaissantes exerçant sur les esprits une salutaire influence, loin de les porter vers l’erreur, y faisaient germer les bons principes quelquefois oubliés, mais jamais combattus au milieu même des plus terribles orages politiques, et commençoient d’introduire dans les moeurs cette douceur et cette aménité qui font la parure comme le charme de la société. Les extraits des ouvrages de l’Hôpital, dont nos articles étoient ornés, contribuoient encore à relever un tableau déjà si intéressant par lui-même.
Nous allons à présent nous transporter dans les champs ingrats et arides du douzième siècle. Nous y trouverons encore au berceau cette constitution, dont nous avons déjà vu les développemens. Tout y sera dans le désordre et la confusion. Un homme sorti d’un monastère entre-pendra le premier de débrouiller ce chaos et d’en régulariser les élémens. Cet homme est Suger ; il mérite, dit Gibbon, d’être regardé comme le fondateur de la monarchie française 1 . Ce témoignage non suspect n’est que l’écho de tous les siècles qui se sont écoulés, depuis celui où Suger a vécu.
L’éloge de Suger fut mis au concours, comme celui de l’Hôpital dans le siècle dernier par l’Académie française 2 .
Mais au mileu des concurrens qui se disputoient la palme, on vit s’élever des censeurs qui tournèrent en dérision le sujet du combat, et qui, en tronquant les monumens anciens, en mettant sans motifs à l’écart ceux qu’on ne pouvoit défigurer, tentèrent, à ce qu’ils disoient, d’arracher à un homme pervers et à un ministre inepte, le masque imposant sous lequel il avoit jusque-là fait illusion au public 3 .
Ces satires tardives après sept siècles ne restèrent pas sans réponse. Les auteurs de la collection des historiens de France reprirent la défense d’un homme qui avoit tout à la fois fait la gloire de la France et de l’ordre, dont ils étoient membres 4 .
Mais panégyristes ou censeurs divisés sur les qualités de Suger furent d’accord pour s’apitoyer sur son siècle. A les entendre, il n’y en eut jamais de plus malheureux. Tous les ressorts de la raison étoient brisés et l’esprit humain étoit affaissé sous le poids de la barbarie et de la superstition. Le flambeau des sciences et des arts ne répandoit plus aucune clarté ; les ténèbres les plus épaisses avoient tout enveloppé, et ce qui étoit pis encore, c’est qu’on n’entrevoyoit point de quel côté la lumière pourroit se montrer.
Ce tableau est bien chargé, et ceux qui l’ont tracé vouloient sans doute faire ressortir par ce contraste l’éclat des lumières, dont ils se croyoient environnés. En effet, le siècle qui vit naître Suger ne fut pas aussi déplorable qu’on a voulu nous le persuader. Il y manquoit à la vérité une autorité réprimante qui, s’étendant sur toutes les parties de l’Etat, contint chacun sous l’empire des lois.
Le souverain ne l’étoit presque que de nom ; des vassaux indociles violoient sans cesse la foi qu’ils lui avoient promise, et se servoient souvent contre lui-même de la force, dont ils n’auroient dû faire usage que sous sa direction. Des forteresses innombrables hérissoient le sol de la France ; et Paris, le séjour des rois, en etoit en quelque sorte assiégé. On ne voyoit que guerres et dévastations ; l’autorité des lois étoit méconnue, la force seule dominoit ; on n’obtenoit l’obéissance que les armes à la main.
Suger fut un des premiers à lutter avec avantage contre cette anarchie, et à faire en sorte que la force demeurât à la justice. A mesure que l’on a vu se propager l’impulsion qu’il avoit donnée, l’ordre et la paix se sont rétablis. Mais il a fallu une longue suite de siècles pour produire cet heureux résultat, tantôt accéléré par l’habileté des rois ou des ministres, tantôt retardé par leur foiblesse et leur incapacité, ou par des discordes intestines.
Ce n’est pas moins au siècle de Suger que remonte la source de ce grand bienfait. Il y avoit alors même au milieu de l’anarchie, et peut-être à cause d’elle, une vigueur et un ressort dans les âmes, sans lesquels elles sont incapables de produire de grandes actions. Un esprit vivifiant sembloit tout animer. La formation de la plupart des états de l’Europe date de cette époque.
Les Normands vont polir l’Angleterre en lui portant les mœurs et les usages des Français ; ils créent cette constitution si vantée, et dont on a si long-temps méconnu l’origine. Des aventuriers sortis du même pays, étonnent l’Italie par leur audace et leur bravoure, et y fondent les royaumes de Naples et de Sicile. En Espagne, les chrétiens réfugiés dans les Asturies commencent à braver leurs féroces vainqueurs et à reprendre sur eux un ascendant qu’ils ne perdirent plus. Un enthousiasme sacré agite l’Europe entière. On quitte tout pour s’y livrer ; les croisades établissent de nouvelles relations entre ses peuples, et en polissent les moeurs en les rapprochant. Quel contraste avec les temps où des principes de dissolution et de mort se manifesteroient dans tous les Etats, où l’on verroit crouler avec indifférence et peut - être avec joie, ses lois, ses institutions les plus précieuses, ces sauvegardes de la sûreté publique ; où des cœurs énervés et des âmes amolies ne sembleroient reprendre un peu de vie que quand il s’agiroit de détruire !
L’idée qu’on s’est faite de l’état des sciences et des lettres dans le douzième siècle, est loin encore d’être juste. Ceux dont le courage et la vertu ont jeté les premières bases d’une des plus heureuses constitutions, qui aient jamais été données aux hommes, en savoient sans doute plus en politique et en morale, que ceux qui l’ont renversée par leur étourderie et leur imprévoyance. La langue française, quoiqu’à peine formée, avoit déjà en Europe une considération presque égale à celle dont elle jouit aujourd’hui. On venoit l’étudier de partout. Les Normands la portèrent en Angleterre et dans les Deux-Siciles, et les Croisés dans tout l’Orient. Il n’y eut jamais tant de poëtes en France que dans le douzième siècle. C’est l’époque la plus brillante de ces Trouvères, dont les ouvrages sont remplis de tant de sel et de raison. Les chansons d’Abeilard et celles composées par Saint-Bernard dans sa jeunesse, coururent la France entière 5 . Quelques - uns ont attribué faussement le roman de la Rose à Abeilard, mais il y en eut d’autres de son temps, dont la réputation fut aussi grande. On y apperçoit une érudition qu’on est loin de rencontrer dans les romans modernes 6 . Les hautes sciences n’étoient pas non plus négligées.
Le reproche le mieux fondé qu’on puisse faire aux hommes de ce temps, c’est une excessive crédulité ; mais elle est peut-être plus apparente que réelle. On en peut juger par les plaisanteries que les auteurs des Fabliaux, presque tous clercs ou moines, se sont permises sur des objets qui sembloient devoir en être à couvert. « A côté de cette crédulité, dit l’auteur anglais de la meilleure histoire d’Abeilard et d’Héloïse que nous ayons, on s’apperçoit qu’ils ne sont pas dépourvus de sens et de perspicacité. C’est un problème qui ne paroît pas d’abord facile à résoudre. Il faudroit peut-être, pou

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