Essai sur l histoire et sur l état actuel de l instruction publique en France
58 pages
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Essai sur l'histoire et sur l'état actuel de l'instruction publique en France , livre ebook

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Description

L’ÉTAT donne l’éducation et l’instruction ceux qui n’en recevraient point sans lui, et se charge de les procurer à ceux qui voudront les recevoir de lui. Tel est l’objet de tous les établissemens d’instruction publique.Il n’est aucune situation, aucune profession qui n’exigent certaines connaissances sans lesquelles l’homme ne saurait travailler avec fruit ni pour la société, ni pour lui-même.Il y a donc un certain genre d’éducation et un certain degré d’instruction dont tous les sujets de l’État ont besoin.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346125715
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
François Guizot
Essai sur l'histoire et sur l'état actuel de l'instruction publique en France
CHAPITRE PREMIER
De l’objet des Établissemens d’Éducation et d’Instruction publiques
L ’ÉTAT donne l’éducation et l’instruction ceux qui n’en recevraient point sans lui, et se charge de les procurer à ceux qui voudront les recevoir de lui. Tel est l’objet de tous les établissemens d’instruction publique.
Il n’est aucune situation, aucune profession qui n’exigent certaines connaissances sans lesquelles l’homme ne saurait travailler avec fruit ni pour la société, ni pour lui-même.
Il y a donc un certain genre d’éducation et un certain degré d’instruction dont tous les sujets de l’État ont besoin.
C’est ce qu’on appelle l’ instruction primaire. Elle doit comprendre les préceptes de la religion et de la morale, les devoirs généraux des hommes en société, et ces connaissances élémentaires qui sont devenues utiles et presque nécessaires dans toutes les conditions, autant pour l’intérêt de l’État que pour celui des individus.
Il est de même une certaine instruction dont ne sauraient se passer les hommes qui sont destinés à avoir du loisir et de l’aisance, ou qui embrassent des professions libres d’un ordre plus relevé, telles que le commerce, les lettres, etc. Depuis que les lumières se sont répandues, elles doivent nécessairement accompagner la supériorité du rang ou de la fortune. Sans elles, cette supériorité seroit méconnue, et n’obtiendrait aucun crédit. Puisque la science est devenue une véritable force, elle est indispensable à tous ceux que leur situation oblige ou appelle à exercer quelque influence sur les autres hommes, sous peine de tomber à un rang inférieur.
C’est là l’objet de l’ instruction secondaire. on étendue varie nécessairement selon les progrès de la richesse publique et de la civilisation ; elle comprend tout ce qu’on a besoin de savoir pour être ce qu’on appelle un homme bien élevé, c’est-à-dire, dans l’état actuel de la société et des lumières, les principes de la raison et du goût, la connaissance des langues savantes qui nous en ont conservé les vrais modèles, l’histoire, la littérature nationale, et les élémens des sciences exactes et naturelles.
Enfin, le troisième degré d’instruction est l’ instruction spéciale, qui se diversifie selon les différentes professions, et dont l’objet est de faire approfondir aux jeunes gens qui les embrassent, toutes les études qui s’y rapportent. Ainsi se forment des ministres de la religion capables de la propager et de la défendre ; des militaires en état d’appliquer, dans l’intérêt de la patrie, ces connaissances qu’exige aujourd’hui la guerre de terre et de mer ; des administrateurs instruits de tout ce qui fonde la prospérité intérieure et extérieure des peuples ; des magistrats versés dans la science comme dans les principes des lois, et propres à en diriger l’application ; des médecins habiles à employer au profit de la santé publique et du soulagement des infirmités humaines, toutes les ressources des sciences physiques. Ainsi se développent enfin ces génies supérieurs qui étendent le domaine de l’intelligence, dévoilent les secrets de la nature, retrouvent dans les monumens antiques les traces des événemens passés, fondent sur l’observation de l’homme l’art si difficile de le gouverner, et accroissent la gloire et la puissance de leur patrie en lui léguant leurs travaux et leur nom.
Il suffit de jeter un coup d’œil sur l’histoire des peuples pour se convaincre que ces trois degrés d’instruction sont indispensables, et que de leur bonté relative, de leur sage distribution, dépendent, jusqu’à un certain point, non-seulement le bien-être des sujets, l’éclat et la prospérité d’un empire, mais encore son repos intérieur et sa durée.
L’ instruction primaire procure aux classes inférieures de la société les moyens d’étendre leur industrie, d’améliorer leur sort et d’ouvrir ainsi, au profit de l’État, de nouvelles sources de richesse. Sa nécessité se fonde sur des considérations plus importantes encore. S’il était possible de condamner le peuple à une ignorance irrévocable, quelque injuste que fût une telle interdiction, on concevrait que les classes supérieures, dans l’espoir d’assurer leur empire, essayassent de la prononcer et de la maintenir. Mais la Providence n’a pas permis que cette injustice fût possible ; et elle y a attaché de tels dangers, que l’intérêt, d’accord avec le devoir, défend aux gouvernemens de la commettre. Les faits parlent ici un langage clair et impérieux ; l’ignorance rend le peuple turbulent et féroce ; elle en fait un instrument à la disposition des factieux, et partout se trouvent ou surviennent des factieux empressés à se servir de cet instrument terrible. Moins la multitude est éclairée, plus l’erreur et la séduction ont d’empire sur elle. Comme rien ne saurait éteindre en elle le besoin de savoir et l’espérance d’améliorer par-là sa situation, ce besoin contrarié et cette espérance déçue se changent en une inquiétude et en une irritation toujours croissantes. Si le cours des événemens ou les passions des hommes amènent quelque agitation dans la société, les idées fausses et les connaissances imparfaites que le peuple a acquises, en dépit de tous les obstacles, deviennent de nouvelles causes de désordre, et alimentent, propagent, rendent plus funeste la fermentation naissante. Alors se manifestent, dans les classes inférieures, ce dégoût de leur situation, cette soif de changement, cette avidité déréglée que rien ne peut plus ni contenir ni satisfaire. Si les gouvernemens reconnaissent leur erreur, il est trop tard pour la réparer ; s’ils y persistent, ils ne font qu’accroître l’étendue et redoubler l’intensité du mal qui en a déjà été la suite.
. Quand l’histoire toute entière ne serait pas là pour démontrer ce que nous venons d’établir notre déplorable révolution suffirait pour nous en convaincre.
L’ instruction secondaire n’est pas d’une moindre importance. Sa nécessité est reconnue, parce que les hommes qui pourraient en contester les avantages l’ont reçue et en recueillent les fruits ; mais sa mauvaise nature et son imprudente distribution peuvent avoir et ont eu en effet des conséquences funestes. Trop légère et trop peu appropriée à l’état de la nation ou aux besoins du temps, elle exalte l’imagination des jeunes gens, fait naître dans leur esprit une foule d’idées fausses, et les prépare mal au monde dans lequel ils doivent vivre, ou aux diverses carrières qu’ils peuvent embrasser. Elle éveille l’activité de leur intelligence sans la régler, et les livre ainsi, presque sans défense, aux sophismes de tout genre contre lesquels elle devrait les prémunir. Distribuée avec trop de profusion et trop peu de discernement, elle inspire aux jeunes gens des classes inférieures le mépris de leurs pareils et le dégoût de leur état, en leur procurant une sorte de supériorité trompeuse, qui ne leur permet plus de se contenter d’une existence laborieuse et obscure, et qui ne leur donne cependant pas cette supériorité réelle et forte que peu d’hommes ont reçue de la nature, et qu’aucune éducation ne saurait faire acquérir. Elle peuple ainsi la société d’une multitude de membres inutiles qui y portent l’esprit d’insubordination, le désir du changement, et une ambition inquiète et vague que ne peut satisfaire une situation toujours incertaine, et qui s’agite en tous sens pour acquérir, soit de l’aisance, soit de l’autorité.
L’ instruction spéciale e

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