État militaire de la Péninsule
88 pages
Français

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État militaire de la Péninsule , livre ebook

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Description

Un mot sur l’esprit général des modifications à introduire dans l’armée de la Péninsule. — L’Espagne n’est révolutionnaire ni par nécessité ni par tempérament. — La révolution telle qu’on l’entend communément, ne peut invoquer aucune raison d’être légitime, elle blesse toutes les traditions ; — elle va au rebours de tous les besoins, de tous les instincts, de tous les intérêts.Il était réservé à notre époque de nous montrer le double spectacle de la barbarie amenée par les idées et de la civilisation restaurée par les armes.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346117499
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Charles-Louis-Auguste Martin
État militaire de la Péninsule
ERRATA.
Page 92, ligne 9, au lieu de chapitre VIII, lisez : chapitre VII.
Page 96, ajoutez chapitre VIII, après la 2 e ligne.
ESSAI
 
SUR LES MODIFICATIONS A INTRODUIRE DANS LE SYSTÈME DE LA FORCE NATIONALE, EN VUE DU RÔLE QUE L’ARMÉE ESPAGNOLE A REMPLI DANS LE PASSÉ, ET DE LA MISSION QUI LUI EST DÉVOLUE DANS L’AVENIR.
CHAPITRE PREMIER

Un mot sur l’esprit général des modifications à introduire dans l’armée de la Péninsule. — L’Espagne n’est révolutionnaire ni par nécessité ni par tempérament. — La révolution telle qu’on l’entend communément, ne peut invoquer aucune raison d’être légitime, elle blesse toutes les traditions ; — elle va au rebours de tous les besoins, de tous les instincts, de tous les intérêts.

Il était réservé à notre époque de nous montrer le double spectacle de la barbarie amenée par les idées et de la civilisation restaurée par les armes.
DONOSO CORTÈS.                       
§ I
L’armée est la force matérielle organisée pour assurer :
A la nation, le droit de faire respecter son indépendance et ses intérêts extérieurs en harmonie avec la justice des traités ; à la société politique et civile, le droit de maintenir les individus dans l’observation de leurs devoirs, tant envers elle qu’envers leurs semblables.
Ainsi, depuis qu’il existe des armées permanentes, une double tâche leur a été départie : tantôt elles sont appelées à faire face au dehors, tantôt à contenir au dedans ceux qui n’acceptent d’autre règle d’action que l’indépendance de la raison individuelle. Mais quel que soit le devoir à remplir, la discipline reste la même, parce que la discipline est l’âme de l’organisme militaire.
Toute distinction dans les obligations qu’impose la discipline devrait sembler puérile, et le dogme de l’obéissance passive devrait paraître aussi nécessaire à l’existence des nations qu’à celle des gouvernements.
Si dans un cas, en effet, il est permis au soldat de faire appel à sa conscience et à son droit de citoyen pour juger son devoir militaire, au nom de quel principe lui sera-t-il interdit, sur le champ de bataille, de se souvenir qu’il est homme, et que la justice est une obligation sacrée pour les nations comme pour les individus ? Si les baïonnettes doivent avoir l’intelligence de la politique intérieure, pourquoi pas celle de la politique extérieure ? Le libre concours n’est-il pas la conséquence forcée dans les deux cas.
Malgré les périlleuses conséquences auxquelles conduit l’adoption de pareils principes, il est une armée qui, sans les adopter ouvertement, nous semble ne pas les avoir non plus repoussés avec toute l’énergie que commandaient les tristes épreuves par lesquelles elle a passé.
Nous voulons parler de l’armée espagnole, de l’armée d’une nation amie, alliée, à laquelle nous rattache la double communauté d’origine et d’intérêts, et dont le caractère chevaleresque aussi bien que les vicissitudes ne peuvent manquer de rencontrer toutes les sympathies de la France.
Quand on examine la situation de l’Europe en général, on reconnaît qu’à aucune époque peut-être les nations modernes n’ont eu plus grand besoin d’armées éprouvées, d’armées solidement organisées au point de vue moral comme au point de vue matériel, en raison de la mission complexe qui leur incombe. C’est en résumant l’histoire de la Péninsule depuis un quart de siècle, depuis l’établissement du régime constitutionnel surtout, que cette vérité prend bien tous les caractères de l’évidence.
La révolte est vieille dans le monde ; mais l’esprit de révolte est nouveau chez les nations chrétiennes. Les émeutes, les insurrections et la guerre civile avaient passé bien des fois comme un sinistre fléau sur la Péninsule sans que jusqu’à nos jours ce fléau fût considéré comme endémique. Il en est résulté que c’est en vue de la guerre étrangère seulement que les institutions militaires de l’Espagne ont été établies ; leurs progrès ont été dirigés contre les ennemis du dehors, et l’on ne s’est pas assez préoccupé de ceux, tout aussi dangereux, qui chaque jour, au dedans, remettent au hasard des révolutions les destinées de leur patrie.
Un jour devait venir où les deux termes de la mission de l’armée, tels que nous les avons posés et définis plus haut, allaient être intervertis ; où le principal et l’accessoire devaient changer de place ; où par conséquent il faudrait, sous peine de mort pour la monarchie espagnole, que les institutions militaires de la Péninsule devinssent de nature à n’être en rien contradictoires avec la mission intérieure de l’armée.
Sans doute la mobilité est un germe de ruine qu’il faut bien se garder d’introduire dans la constitution des armées, mais les modifications logiques qui peuvent les rendre plus aptes à l’accomplissement de leur rôle protecteur et conservateur ne sauraient encourir ce reproche. En ce qui regarde la Péninsule, il suffit, pour apprécier jusqu’à quel point l’on est bien réellement en mesure, dans le camp de la conservation, d’écouter ce qui se dit, d’examiner ce qui se passe, d’étudier enfin d’après quels plans ou suivant quelles habitudes l’attaque procède dans le camp des démolisseurs.
Au milieu des étonnements qu’inspire à l’Europe la situation exceptionnelle de l’Espagne, il en est un que beaucoup d’Espagnols doivent eux-mêmes partager. On se demande comment il se fait que, du sein de cet étrange tourbillon, où se débat l’une des nations du monde les mieux dotées par la Providence pour marcher au premier rang des peuples civilisés, il ne soit pas sorti un homme de génie, un homme capable de dominer et de conduire les autres, en créant enfin un pouvoir vigoureux et durable pour le bien de son pays et pour sa propre gloire.
Cet esprit supérieur, appelé à étayer le sol mouvant sur lequel, en dépit de son élévation et de sa patriotique loyauté, l’autorité souveraine demeure isolée et sans appui ; l’homme de tête et de cœur auquel incombait la mission de restaurer la discipline publique, dont le relâchement a toujours constitué la plus cruelle calamité pour l’Espagne ; l’homme d’État enfin, qui devait donner à la nation la stabilité, la fixité, sans lesquelles aucun système général de gouvernement ne peut prendre racine et n’a le temps de devenir fécond ; cet homme a-t-il bien réellement fait défaut à l’Espagne ?
En étudiant avec attention l’histoire de la Péninsule de 1843 à 1854, on est forcé de reconnaître que c’est bien moins le génie spécial réclamé par la situation qui a manqué à l’Espagne que la nation elle-même qui a fait défaut à son sauveur ; on en vient à s’étonner, non plus de ne pas l’avoir vu surgir, mais plutôt de l’indifférence ou de l’ingratitude dont il a été payé.
Dans la foule des hommes politiques qui se sont succédé à travers les agitations de la Péninsule, il est, en effet, un nom auquel l’opinion publique en Europe a pu associer, pendant dix ans, l’idée d’une situation affermie, l’espérance d’une stabilité jusqu’alors inconnue. Pendant dix ans, au pouvoir ou dans les hautes positions que lui assignait son expérience, cet homme a su garantir la paix publique qu’i

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