Étude sur la mortalité à Paris pendant le siège
58 pages
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Étude sur la mortalité à Paris pendant le siège , livre ebook

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Description

Avant d’étudier la mortalité à Paris pendant le siége, il faut savoir quel a été le total de la population, c’est la première question à résoudre et c’est aussi la plus compliquée. On se figure difficilement, en effet, les difficultés que l’on rencontre dans de pareilles recherches et les artifices de toute sorte qu’il faut inventer pour arriver au but en l’absence de documents officiels. Il n’y a aucune confiance à accorder au recensement qui a eu lieu le 7 janvier 1871, relativement aux cartes de boucherie : il a abouti au total de 2,019,877 habitants, exclusivement civils, ce qui, en tenant compte de l’armée et des décès jusqu’à cette date, nous mènerait à un total de 2,300,000 habitants pour le début du siége.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346077854
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Henri Sueur
Étude sur la mortalité à Paris pendant le siège
PRÉFACE
Ce travail est le résultat de recherches fort longues dont je ne prévoyais pas, en débutant, les difficultés. Malgré la peine que je me suis donnée pour arriver à un ensemble aussi complet que possible, je n’ai pas la prétention d’avoir épuisé un sujet aussi vaste : je crois cependant avoir élucidé quelques points intéressants et avoir rendu surtout mes résultats palpables en les traduisant par des courbes teintées.
 
Cette idée, comme celle de cette étude elle-même, m’a été suggérée par M. le D r Constantin Paul professeur agrégé à la Faculté de Paris ; je l’en remercie vivement, ainsi que de ses utiles conseils, et j’en fais autant pour M. le professeur Gubler, qui a bien voulu me communiquer, sur le typhus et le scorbut, des appréciations qu’on lira avec un vif intérêt.
 
Les difficultés auxquelles je me suis heurté ont été, d’ailleurs, singulièrement atténuées par l’obligeance extrême que j’ai rencontrée partout, à la Préfecture de la Seine notamment, où j’ai puisé la plupart de mes documents.
D r H. SUEUR.

Juin, 1872.
CHAPITRE PREMIER
CHANGEMENTS SURVENUS, AU DÉBUT DU SIÉGE, DANS LE NOMBRE ET LA COMPOSITION DES HABITANTS. — ÉMIGRATION. — IMMIGRATION
Avant d’étudier la mortalité à Paris pendant le siége, il faut savoir quel a été le total de la population, c’est la première question à résoudre et c’est aussi la plus compliquée. On se figure difficilement, en effet, les difficultés que l’on rencontre dans de pareilles recherches et les artifices de toute sorte qu’il faut inventer pour arriver au but en l’absence de documents officiels. Il n’y a aucune confiance à accorder au recensement qui a eu lieu le 7 janvier 1871, relativement aux cartes de boucherie : il a abouti au total de 2,019,877 habitants, exclusivement civils, ce qui, en tenant compte de l’armée et des décès jusqu’à cette date, nous mènerait à un total de 2,300,000 habitants pour le début du siége. Ce total fabuleux est bien simple à expliquer : chacun avait intérêt à frauder, l’opération s’est faite en outre sans la moindre rigueur, double raison donc pour avoir un résultat forcé. Aussi je n’y attache pas la moindre valeur, je le considère comme non avenu, et je pense que les hommes compétents jugent comme je le fais moi-même.
La marche que j’ai suivie pour connaître ce qui s’est fait, a été celle-ci : j’ai pris d’abord l’état de la population le 1 er juillet 1870, puis, partant delà, j’ai cherché tout ce qui était sorti et tout ce qui était entré depuis cette époque, je suis arrivé ainsi au total définitif.
Dans un article du Journal des Economistes, numéro de mars 1872, M. Legoyt, ancien chef de division de la statistique de France, donne comme population probable, en juillet 1869, le chiffre de 1,889,840, calculé d’après l’accroissement connu et basé sur le recensement de 1866. Ce chiffre, qu’il a pris dans les Bulletins hebdomadaires de la Préfecture, lui semblait alors exact ; mais depuis il a pu le contrôler avec des éléments qui lui manquaient auparavant et il a eu l’obligeance de me dire comment il lui paraît trop fort. En l’arrondissant et l’appliquant à 1870, je crois donc être près de la vérité ; je n’ai pas bien entendu, un chiffre rigoureusemet exact comme le serait celui d’un recensement scrupuleux, mais l’erreur qu’il comporte est insignifiante relativement au total. J’adopte donc, en toute sécurité, pour le 1 er juillet 1870 le nombre de 1,890,000 habitants.
Pour apprécier ce qui est entré et ce qui est parti, je me suis adressé aux compagnies de chemins de fer. Elles ont mis le plus grand empressement, ce dont je les remercie, à satisfaire à ma demande 1 et de leurs mouvements d’entrées et de sorties, il résulte que 300,000 Parisiens ont quitté définitivement la capitale avant l’investissement.
Cette population de 1,890,000 habitants, affaiblie ainsi de 300,000. s’est accrue d’abord de ce qu’il est entré de troupes.
L’armée régulière comptait, le 4 novembre, 236,941 hommes 2 . Il manque à ce chiffre la 1 re division du 13 e corps (8,000 h.) ; il faut lui ajouter encore les hommes morts jusqu’à cette date et nous arrivons ainsi à un total de 246,000 hommes pour le début du siége. Mais tous ne sont pas venus du dehors ; voici, en réalité ce qu’il est entré :
Marins 6.000 Gardes mobiles 100.000 13 e corps 26.000 14 e corps. 28.000 Génie 30.000 Artillerie Dépôts d’infanterie 190.000
56,000 hommes étaient donc déjà dans la place, ils se décomposent ainsi : 25,000 h de garnison figurant toujours, normalement, dans la population ; 18,000 gardes-mobiles de Paris ; 13,000 h. enfin représentant les gardiens de la paix, les volontaires engagés dans des régiments, etc. ; ces chiffres comme on le voit, concordent parfaitement.
Ce n’est pas tout encore, il faut ajouter de plus les réfugiés de la banlieue dont le nombre s’est élevé à 180,000 3 .
Ainsi donc il y avait, au 1 er juillet 1870, 1,890,000 habitants, il en est parti 300,000, puis il est entré 190,000 h. de troupes régulières et 180,000 réfugiés de la banlieue, ce qui, en définitive, nous conduit, au début du siége, à un total de 1,960,000 ou, en chiffres ronds, 2,000,000 d’assiégés ce qui ne fait qu’une différence de 110,000 habitants avec le total du 1 er juillet. Ce résultat n’est pas rigoureusement exact, il n’est qu’approximatif, mais l’erreur qu’il comporte, et j’insiste énergiquement sur ce point, ne peut être que très-légère relativement à l’ensemble.
Est-ce à dire maintenant que la population n’ait subi que ce changement ? évidemment non. Elle a été altérée dans sa composition, c’est-à-dire que les âges, que les sexes ne se sont plus trouvés dans les mêmes proportions qu’auparavant.
Le nombre des femmes, par exemple, qu’est-il devenu ? On ne peut guère se guider, pour résoudre cette question, que sur le chiffre des naissances. Du 1 er septembre 1868 au 1 er mars 1869, il y a eu 27,255 naissances ; pour la moitié de 1869 il y en a eu 27,460 ; du 1 er septembre 1870 au 1 er mars 1871, 28,484 ; l’excédant du siége sur l’année précédente est donc plus fort que l’excédant normal. Mais il faut tenir compte ici des transformations qui ont eu lieu ; les femmes qui sont parties étaient riches ou aisées, par conséquent faisaient peu d’enfants ; elles ont été remplacées par d’autres femmes, appartenant à une classe qui fournit beaucoup plus de naissances, aussi est-il probable que le total des femmes, s’il s’est accru, ne l’a fait que dans des proportions très-minimes.
Pour les hommes, il en est autrement. En se reportant, en effet, à la composition connue de la population parisienne, on voit que, dès le début de la guerre, en vertu des décrets de cette époque, il a du partir environ 75,000 hommes de 20 à 27 ans (Parisiens proprement dits et Provinciaux habitant Paris) appelés soit dans la garde-mobile, soit dans l’armée régulière, sans préjudice de ce qui a été appelé ensuite. Le chiffre de ceux qui les ont remplacés est beaucoup plus fort, mais les âges ne sont pas absolument les mêmes ; aussi pouvons-nous dire que c’est sur le total des hommes de 20 à 40 ans qu’a porté l’accroissement, mais ne pouvons-nous décider si c’est plutôt sur celui de 20 à 25 ou sur celui de 25 à 40 qu’il s’est manifesté. Nous reviendrons d’ailleurs plus tard sur ce point.
Quant aux différences qui se sont produites dans les proportions d’enfants et de vieillards, il est impossible de les apprécier. Je n’irai donc pas plus loin dans cette analyse et je m’arrête aux deux conclusions que j’ai déjà formulées et que je considère comme absolument certaines : la population de Paris, pendant le siège, n’a pas dépassé 2 millions d’habitants et l’excédant a porté sur les hommes de 2 0 à 40 ans.
1 Une seule compagnie, celle de l’Ouest, n’a pas pu me

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