Hermine - Ou l Enfant de Saint-Elvis
74 pages
Français

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Hermine - Ou l'Enfant de Saint-Elvis , livre ebook

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Français

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Description

Le port de Porthmynr est presque entièrement caché par de hautes murailles de rochers qui laissent avancer les vagues mugissantes jusqu’à ce que leur bruit se perde sur les sables. L’entrée de cet étroit passage est formée d’un côté par une falaise, de l’autre par une jetée datant des Romains, qui, par une courbe gracieuse, offre un sûr abri aux bateaux pécheurs. La baie ressemble à un petit lac tant elle est calme, et, encadrée par les collines et les prairies, elle offre un aspect paisible qui repose l’esprit et le cœur.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

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EAN13 9782346101573
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
LE PORTRAIT.
Ruth Lynn
Hermine
Ou l'Enfant de Saint-Elvis
CHAPITRE PREMIER
PAS DE BATEAU SAUVETEUR
Le port de Porthmynr est presque entièrement caché par de hautes murailles de rochers qui laissent avancer les vagues mugissantes jusqu’à ce que leur bruit se perde sur les sables. L’entrée de cet étroit passage est formée d’un côté par une falaise, de l’autre par une jetée datant des Romains, qui, par une courbe gracieuse, offre un sûr abri aux bateaux pécheurs. La baie ressemble à un petit lac tant elle est calme, et, encadrée par les collines et les prairies, elle offre un aspect paisible qui repose l’esprit et le cœur.
Pendant l’hiver, les grandes vagues se brisent avec fureur contre la jetée, sans parvenir à troubler la sécurité dont jouissent les marins lorsqu’ils sont à l’ancre dans ces parages. Un ruisseau descend de la montagne et vient tomber dans la mer ; à son embouchure quelques canards barbotent joyeusement et s’aventurent même parfois jusque sur les vagues écumeuses. Des chaumières sont parsemées sur les flancs des collines au milieu des pâturages et relient Porthmynr à Saint-Elvis ; ces deux villages forment une même paroisse.

POETHMYNR.
Une cabane d’assez pauvre apparence et dans une position isolée paraissait posée comme sentinelle à l’entrée de la vallée. Elle était bâtie sur un petit promontoire, couverte de chaume et soutenue par un mur de rochers auquel était rivé un gros anneau de fer pour assujétir les bateaux pendant les mauvais temps.
Il serait difficile de décrire cette demeure rus. tique, car on aurait dit, à la voir, qu’elle était construite de pièces et de morceaux ajoutés les uns aux autres sans art et pour répondre aux besoins du moment. Une portion du toit était recouverte d’ardoises, si usées, si mal jointes, que les herbes croissaient entre les fentes ; le reste était en chaume retenu par de grosses pierres chargées de le défendre contre les rafales. Des touffes de fleurs jaunes se mêlaient à la paille ; les oiseaux sautillaient en gazouillant autour de la cheminée, tandis qu’à quelques pas le ruisseau murmurait doucement son doux refrain.
C’était un soir d’octobre, les pluies d’automne avaient changé le petit cours d’eau en un torrent impétueux. Tout le jour la mer avait écumé et gémi, annonçant une tempête, qui augmentait d’intensité à mesure que la nuit approchait. Les oiseaux de mer se précipitaient en criant vers le rivage, comme s’ils avaient compris et partagé l’angoisse des marins, assemblés sur la jetée, qui constataient avec désespoir les signaux de détresse d’un navire approchant lentement mais sûrement vers les récifs qui bordaient la côte et contre lesquels il allait se briser dans quelques instants, sans qu’il fût humainement possible de lui porter secours.  — Il sera bientôt trop tard, père Roger, dit un jeune garçon dont l’impétuosité contrastait avec le calme des vieux loups de mer.  — Veux-tu te noyer avec eux ? répondit le vieillard impatienté pourquoi parler comme tu le fais ? Dieu lui vienne en aide, car pour nous c’est impossible. Quel est celui de nos bateaux qui résisterait à un temps pareil ?
Le brouillard s’épaississait de plus en plus en enveloppant la mer et la chaumière, tandis que le vent hurlait comme s’il allait tout enlever sur son passage. L’intérieur de cette demeure n’était éclairé que par le feu de la cheminée qui permettait de distinguer la batterie de cuisine, soigneusement rangée sur des étagères, deux grands lits aux deux extrémités de la chambre, un berceau vide suspendu au plafond, et près de l’âtre une femme agenouillée, Létitia Gwynne, qui priait Dieu pour son vieux père qu’elle savait exposé à l’ouragan. Trente-cinq années de travail et de soucis avaient laissé leur empreinte sur ce pâle et doux visage, et ce soir-là on lisait sur ses traits amaigris une anxiété croissante à mesure que l’orage augmentait. Ses yeux fixés sur le berceau étaient remplis de larmes : « Ma petite Ruth, mon doux petit ange, » disait-elle, « tu n’as plus besoin d’être bercée maintenant. Le bon Berger t’a recueillie dans ses bras, et ton lit est vert et paisible dans le cimetière. Quelle nuit ! » ajouta-t-elle ; « comme je voudrais savoir mon père rentré ; oh ! mon Dieu ! garde-le pendant cette horrible tempête ! »
Un jeune enfant dormait doucement dans un des grands lits ; c’était son fils unique, son David ; sa joue rose et hâlée reposait sur une de ses mains brunies, et, quoique son visage fût tourné du côté des flammes, ni la lumière, ni l’ouragan ne troublaient son sommeil. Pour la mère il n’y avait pas de repos ; elle allait sans cesse sur le seuil de la porte, espérant voir revenir quelqu’un des siens ; mais le même bruit lugubre des vagues répondait seul à son attente.  — Est-ce vous, Nancy Lewis ? dit-elle enfin en apercevant une forme qui se rapprochait de la chaumière. Entrez, je vous en prie.  — Merci, je suis presque noyée par cette pluie ; impossible de rester sur la jetée ; il y fait noir comme dans un four ; je suis venue pour vous raconter ce qui se passe là-bas. Un superbe navire a fait naufrage ; votre père, mon Jacques et quelques autres ont mis un bateau à la mer pour essayer de sauver quelques-unes de ces pauvres créatures ; mais ils seront noyés. Il n’y aurait qu’un bateau de sauvetage qui pourrait affronter une pareille tempête, et c’est une honte qu’il n’y en ait pas à Porthmynr. On dirait que le diable s’en mêle.
Létitia ne répondit pas ; ses joues et ses lèvres étaient sans couleur, car les paroles de Nancy lui avaient rappelé une scène du même genre, qui deux ans auparavant lui avait ravi son mari, Richard Gwynne, qu’on lui avait rapporté mort, victime de son dévouement. Dès lors, jamais Létitia n’avait pu se joindre aux autres femmes lorsqu’elles se réunissaient sur le rivage, et quand le vent soufflait, que la mer en courroux se déchaînait contre les rochers, elle se retirait dans sa chambre et priait pour ceux qui étaient ballottés sur les flots.  — Ai-je bien entendu ? avez-vous dit que mon père s’est embarqué ?  — Oui, il a été même le premier, répondit Nancy. Personne n’aurait eu ce courage, si lui, le plus âgé, ne se fût mis à la brèche ; et je suis sûre, continua-t-elle en sanglotant, que mon mari ne reviendra pas, et demain mes six pauvres petits seront orphelins. Vous n’en avez qu’un, ce sera moins dur pour vous.
Cette dernière phrase ne parvint pas à l’oreille de Létitia. Son cœur tout entier s’élevait à Dieu, et elle n’entendait plus le discours décousu de Nancy.  — J’attendais un malheur de jour en jour, et je savais que la mort nous visiterait bientôt ; j’avais vu des feux follets et un soir j’ai distingué une procession funèbre qui traversait le cimetière ; vois-tu ces fantômes, me dit Jones, c’est signe de malheur.  — Voyons, n’écoutez pas tous ces commérages, Nancy, dit enfin Létitia ; quand on connaît la vraie lumière, comment peut-on croire à des feux follets ? Si le Seigneur voulait nous dévoiler l’avenir, il s’y prendrait d’une manière moins mystérieuse.  — Bah ! bah ! répondit Nancy, tout cela est bon à dire, mais parions que vous ne voudriez pas de nuit traverser le cimetière.  — Et pourquoi pas ? Quel mal les morts pourraient-ils me faire ? Si en tentant l’expérience je pouvais être utile à quelqu’un, je n’hésiterais pas. Jésus ne nous a-t-il pas dit qu’il est le Dieu des vivants et des morts ? Je crois cela, Nancy, et je puis répéter du fond du coeur : Je ne craindrai aucun mal, car l’Eternel est avec moi.
Nancy secouait la tête avec incrédulité.  — Il y en a de plus savants et de plus sages quo moi qui ont vu des revenants et des feux follets ; tant mieux pour vous s’ils ne vous font pas peur, c’est tout ce que j’ai à vous dire, et maintenant, bonsoir. Je vais m’informer un

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