Histoire de l Empire
54 pages
Français

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Description

(8 et 9 Novembre 1799.)Quand l’Angleterre, qui nous précéda d’un siècle dans la carrière des révolutions, devint la proie de la guerre civile, l’Europe continentale la regarda tranquillement du rivage, avec un simple intérêt de curiosité : l’Europe d’alors eut raison.... Aucune puissance étrangère n’intervint dans la querelle ; aucun trône ne fut ébranlé au retentissement de la chute des Stuarts....Au contraire, lorsqu’il y a un demi-siècle, la révolution française éclata, lançant au monde les mots encore incompris de LIBERTÉ et D’ÉGALITÉ, l’Europe de la féodalité et du droit divin fut profondément émue : son effroi redoubla, le jour où l’Assemblée constituante eut proclamé les droits de l’homme ; elle crut que cette énonciation de principes, en brisant avec le passé, allait déchirer le voile d’absolutisme qui la dérobait aux regards des peuples ignorans, qu’une longue habitude avait façonnés au joug.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346127993
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
J.-J. Paupaille, E. Pascallet
Histoire de l'Empire
Le vieux monde fut submergé... Quand les flots de l’anarchie se retirèrent, Napoléon parut à l’entrée d’un nouvel univers, comme ces géants que l’histoire profane et sacrée nous peint au berceau de la société, et qui se montrèrent à la terre après le déluge.
CHATEAUBRIAND.
 
 
 
L’histoire des révolutions sociales est aussi celle de la marche de l’esprit humain ; celui-ci procède généralement avec lenteur, et quand il se manifeste spontanément par quelque grand changement dans les choses établies, on peut dire qu’il y a progrès : mais comme une situation faite offre plus de sécurité qu’une position, fût-elle meilleure, soumise aux chances incertaines de l’avenir, l’égoïsme humain tend à conserver le statu quo, jusqu’au moment où, par suite des perturbations inévitables que subissent les nations, un homme prédestiné s’empare des circonstances qui l’avaient précédé, et lance les peuples dans une voie de progrès à laquelle aucune puissance humaine ne saurait faire obstacle. Tel fut Napoléon, telle est l’époque actuelle qu’il a caractérisée en disant : « Le char des révolutions est lancé ; il ne s’arrêtera qu’après avoir fait le tour du monde. » Lui, mieux que personne, avait compris, en effet, qu’un peuple silencieusement préparé aux idées nouvelles par les écrits philosophiques de Voltaire et de Rousseau, qu’un peuple qui venait de secouer violemment ses chaînes au milieu des efforts convulsifs de la révolution, si éloquemment formulée par Mirabeau, ne s’arrêterait pas dans sa marche, et que les vieilles monarchies européennes, en acceptant le défi que leur portaient les quatorze armées de la république, étaient venues étourdiment se briser contre le colosse : l’effroi s’était emparé d’elles et l’instinct de conservation leur a manqué Dans ces circonstances, la haute intelligence de Napoléon ne pouvait lui faire défaut pour juger qu’une ère de régénération était venue et qu’il lui appartenait d’en être le missionnaire.
C’est de ce point de vue que nous présenterons le héros de la Révolution française et le fondateur de l’empire. Nous dirons les faits tels que l’histoire les donne de nos jours et les racontera à la postérité. Après avoir montré la France, l’aînée des nations par l’intelligence, la plus prompte de toutes à l’action, ébranlée par le noble élan de 89, souillée par le sang des échafauds, puis illustrée par sa gloire militaire, et par ses désastres qui sont aussi de la gloire, nous redirons les hauts faits de ces armées qui firent flotter notre drapeau dans toutes les parties du monde ; nous retracerons les portraits de cette foule de généraux demi-dieux, qui, face à face avec les rois, appelaient les peuples à l’affranchissement ; nous décrirons ces combats de géants auprès desquels ceux des temps passés ne sont que des jeux d’enfans ; Marengo, Austerlitz, la Moskowa, Montereau, Waterloo.... grandes et sublimes épopées que produisit un demi-quart de siècle de gloire, de succès inouis, de revers extraordinaires !.. Nous raconterons aussi cette longue et terrible lutte de tant d’empires ; ces fêtes de la victoire qui illuminent tant de cités ; ces fleuves de sang qui baignent tant de champs de bataille ; ces peuples que l’on divise, que l’on agglomère, auxquels on donne des maîtres comme à des troupeaux des bergers  ; puis ces codes de lois, âmes de la civilisation moderne, qui jadis étaient le travail des siècles, et qui sont devenus l’ouvrage de quelques années ; cette foule d’actions héroïques ; ces gigantesques projets exécutés aussitôt que conçus ; ces catastrophes si merveilleuses, si profondes, si éloquentes ; toute cette vie enfin, qui, dans la durée de quinze à vingt années, a vu des républiques, des royaumes, des empires, commencer et finir leurs destinées.....
Nous nous attacherons, surtout, à montrer l’ homme-peuple, tout à-la-fois conquérant, législateur et politique  ; conquérant d’abord, car il comprit que la conquête était le moyen de propagande le plus noble et le plus actif, en même temps que l’épée pouvait seule abattre les têtes de l’hydre révolutionnaire. Législateur et politique, tout ensemble, parce qu’après avoir apaisé l’orage par la puissance des armes, il fallait consolider l’œuvre de la victoire, à l’intérieur, en remplaçant une législation bâtarde et exceptionnelle par une législation impartiale, applicable à tous ; au dehors, par des traités sagement combinés, qui devaient assurer à la France de puissans auxiliaires, consacrant ainsi le principe d’unité si propice à la conservation des choses créées.
Napoléon a réussi à remplir seul l’histoire de son temps, et tous ceux qui l’entourent apparaissent, pour ainsi dire, comme des chiffres destinés à multiplier la valeur de l’unité qui était lui.... L’Europe fut une proie pour sa dévorante activité ; par lui, la France fut un instant maîtresse du continent ; son pied a foulé tous les rivages, il a inscrit son nom dans toutes les annales, il jeta des diadêmes à toute sa famille, et fut sur le point de réaliser le vieux rêve d’Alexandre... Frappé d’étonnement, l’univers s’inclina un moment devant une puissance si colossale !... Nous examinerons les causes de cette autorité magique de l’homme du siècle ; nous dirons pourquoi, durant sa carrière politique, aucun grand événement ne fut accompli qu’il n’ait été suscité par lui, ou à son occasion ; comment il en est le but, s’il n’en est le principe ; pourquoi l’on jouissait de ses combats, de ses victoires et de ses conquêtes ; pourquoi sa mémoire est restée l’objet d’un culte religieux ; pourquoi la statuaire, la peinture, la gravure, la plastique, reproduisent son effigie, partout, sur les places publiques, dans les palais, dans les chaumières ; pourquoi des couronnes populaires jonchent toujours les degrés de sa colonne ; pourquoi enfin, dans la mystérieuse algèbre de Dieu, comme dans la croyance des peuples, son nom s’associe à celui du Christ.... Tant il est vrai que la voix du peuple est la voix de Dieu !...
Ainsi donc, nous nous emparerons des points culminans qui dominent et caractérisent l’ère impériale, laissant de côté les détails qui ne pourraient qu’en affaiblir l’ensemble, et avec ces élémens simples, nous chercherons à construire le colosse de l’empire ; nous nous étudierons à identifier nos lecteurs aux pensées fortes et fécondes qui résument cette époque ; nous les prendrons à leur naissance, déjà élaborées dans le creuset de la révolution ; nous les montrerons dans leur virilité ; nous indiquerons les germes de destruction qu’elles recelaient ; nous les suivrons dans leurs dernières conséquences, pour expliquer la chute de l’empire ; nous mettrons en lumière les désastres de 1814 ; nous raconterons aussi le coup de foudre du 20 mars, Napoléon débarquant à Cannes avec quelques soldats, arrivant à Grenoble avec un régiment, entrant à Lyon avec la population, à Paris avec une armée ; nous scruterons Waterloo, ses causes, ses effets ; nous accompagnerons l’illustre captif sur le rocher solitaire de Sainte-Hélène ; nous redirons ses voeux stériles pour le bonheur de la France, ses douleurs muettes, son isolement, ses tortures morales ; nous le montrerons à son moment suprême, missionnaire inspiré du ciel, reportant au sein de Dieu son œuvre inachevée.... Puis enfin, arrachant à l’exil les cendres du grand homme, nous les présenterons triomphalement aux respects d’un peuple que vingt-cinq années d’un régime constitutionnel ont laissé enthousiaste de son génie et presque idolâtre de son règne.
..... Dei, renouant la chaîne des temps, il medita......
...... Ecrivez, voici mes plans, à moi......
PREMIÈRE JOURNÉE
18 ET 19 BRUMAIRE AN VIII.

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