Histoires et Anecdotes des temps présents
102 pages
Français

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Histoires et Anecdotes des temps présents , livre ebook

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Description

Les Petites Sœurs des pauvres qui se fourent partout et se multiplient à un degré qui ne laisserait pas de m’inquiéter si j’étais philanthrope et libre penseur, les Petites Sœurs, dis-je, viennent d’établir à P*** une maison de refuge pour les vieillards. Mais elle est encore à ses débuts, c’est dire qu’elle est bien modeste et bien pauvre. Il y a quelques jours, les besoins étaient même devenus si impérieux et si pressants, que le journal de la localité crut devoir réclamer en leur faveur les secours de la charité publique.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346126972
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Georges de Cadoudal
Histoires et Anecdotes des temps présents
I
CHARITÉ EN ACTION
LE GÉNÉRAL ET LES PETITES SOEURS
Les Petites Sœurs des pauvres qui se fourent partout et se multiplient à un degré qui ne laisserait pas de m’inquiéter si j’étais philanthrope et libre penseur, les Petites Sœurs, dis-je, viennent d’établir à P*** une maison de refuge pour les vieillards. Mais elle est encore à ses débuts, c’est dire qu’elle est bien modeste et bien pauvre. Il y a quelques jours, les besoins étaient même devenus si impérieux et si pressants, que le journal de la localité crut devoir réclamer en leur faveur les secours de la charité publique. On va voir qu’ils ne se firent pas attendre.
Dès le lendemain un brillant équipage s’arrête devant leur maison ; deux personnes en descendent, un homme d’une taille élevée, dont la tenue et la démarche indiquent l’habitude de l’uniforme et du commandement, puis une dame dont la physionomie respire la grâce et la bonté. Les visiteurs veulent juger par eux-mêmes de l’étendue des besoins. Voici le réfectoire ; il n’y a pas de luxe, la propreté en tient lieu. Chaque vieillard a cependant son couvert, son couteau, sa timbale, dont le métal brille comme l’argent ; c’est à l’ingénieuse charité d’une noble étrangère qu’ils doivent ce confortable. Plus loin se présente le dortoir, bien aéré, bien chaud, garni d’excellentes couchettes. Ici encore la propreté brille, mais on voit à quel prix. Des serviettes des chemises, des draps de lit, d’autant plus souvent lavés que la lingerie est plus pauvre, sèchent sur des perches dans le dortoir, car la pluie ne permet pas de les étendre au dehors.
Il vous manque un séchoir, ma bonne sœur, dit l’étranger.  — Sans doute, monsieur, cette humidité n’est pas très-saine pour nos pauvres ; mais nous avons un travail bien plus pressé à entreprendre.  — Lequel ?  — Une infirmerie pour les femmes !  — Et votre dortoir à vous, ma sœur, montrez-nous-le donc ?  — Le voici.  — Quoi ! cette espèce de soupente sous le toit, ouverte à la pluie et à tous les vents ! Si vous couchez tout l’hiver dans ce réduit glacial, vous tomberez malades, et alors qui soignera vos pauvres ? » Le visiteur s’afflige d’un pareil dénûment ; les Petites Sœurs ont beaucoup fait déjà ; mais il leur reste beaucoup à faire.
« Savez-vous qu’il vous faudra plusieurs milliers de francs pour tous ces travaux ? Sur quelles ressources comptez-vous donc, ma sœur ?  — Sur la Providence, qui jusqu’à ce jour ne nous a pas abandonnées.  — La Providence ! C’est bientôt dit ! »
Puis, après avoir échangé un regard avec sa compagne :
« Eh bien, soit ! c’est nous qui serons la Providence. »
Ces deux visiteurs étaient le général J. et sa femme. Dès le lendemain le général revenait accompagné d’un architecte pour faire un plan et dresser un devis.
Quand on veut toucher à un vieux bâtiment, une réparation en entraîne une autre. Ce n’est pas seulement le dortoir des sœurs qui est insuffisant, la cuisine délabrée est trop exiguë pour un nombreux personnel ; l’appentis de l’ânesse aux provisions tombe en ruines. L’entreprise sera bien plus coûteuse qu’elle ne paraissait l’être de prime abord. N’importe, le général s’est adjugé le mandat de la Providence ; il n’en aura pas le démenti. Dans peu de jours on mettra la main à l’œuvre, et pendant que les nobles bienfaiteurs ouvriront leurs salons aux notabilités de la ville de Pau, l’asile des vieillards indigents priera pour eux.

*
* *
HISTOIRE D’UN GROS SOU
Le petit Clément avait récité à son grand-père trois pages de son catéchisme sans faire une faute, et il avait écouté avec attention tout ce qu’on lui avait dit ce jour-là sur les précieux avantages de l’aumône. Il obtint donc la récompense qui lui avait été promise, UN GROS sou dont il pouvait disposer à sa volonté. Le sou qu’il reçut était ce que l’on appelle UN SOU DE CLOCHE. S’il avait l’avantage de représenter la face du bon roi Louis XVI, le métal en était altéré, crevassé, l’empreinte en était déjà fort usée, enfin c’était un très-vilain sou. Preuve entre mille, qu’il faut employer chaque chose à l’usage auquel elle est propre ; car de fort bonnes cloches fondues pour en faire de la monnaie ont donné les plus mauvais sous que l’on ait jamais vus. Mais enfin le gros sou de Clément avait bien cours pour dix centimes, et l’enfant pouvait librement disposer de ce capital. Dix centimes, c’est quelque chose pour un enfant de six ans, surtout quand ses parents ont pour principe de satisfaire tous ses désirs raisonnables, mais de ne pas lui donner d’argent avant qu’il soit parvenu à l’âge de raison, méthode fort sage, soit dit en passant ; car donner de l’argent à un enfant, c’est lui donner la liberté de faire momentanément toutes les sottises imaginables.
Clément, embarrassé de sa richesse, songeait à l’emploi qu’il en pourrait faire. D’abord il eut idée d’acheter un chausson de pâte. Il avait vingt fois demandé à sa mère de lui donner cette grossière pâtisserie ; elle s’y était toujours refusée et avait substitué au chausson des gâteaux beaucoup plus chers qu’elle prenait chez un pâtissier. Heureusement Clément n’avait pas alors grand appétit ; il songea que s’il achetait des billes ou des images, il pourrait s’en amuser longtemps, mais il réfléchit bientôt que jamais sa mère ne lui en avait refusé quand il en avait demandé. En ce moment vint à passer une marchande de noisettes, et comme c’était là une friandise ou un jouet qu’on ne lui avait, pas donné toutes les fois qui l’avait désiré, il se détermina à sa première sortie à faire l’acquisition d’un litron de noisettes.
Après Le dîner, la bonne de Clément le conduisit ainsi que sa sœur au Luxembourg pour y faire leur promenade accoutumée et y attendre leur mère qui devait les rejoindre un peu plus tard. En passant devant les marchandes qui se tiennent près de la grille du Luxembourg, le petit garçon lorgna les noisettes et tira à moitié son gros sou qu’il tenait à poing fermé au fond de sa poche, mais la bonne n’aurait pas permis que l’on achetât quelque chose en sortant de table, et Clément se promit bien de revenir un peu plus tard en jouant avec ses petits camarades.
Après avoir fait quelques tours dans le jardin, la bonne ayant conduit les enfants dans une partie très-peu fréquentée (du côté de la rue d’Enfer), Clément vit un petit garçon de dix ans à peu près, vêtu simplement, qui était assis sur un banc et pleurait à chaudes larmes. Auprès de lui étaient deux ou trois des petits camarades de Clément dont le plus grand lui adressait quelques mots de consolation. Clément quitta sa bonne, s’approcha du groupe et s’adressant à celui qui venait de parler au petit malheureux : « Qu’a-t-il donc, demanda-t-il, et pourquoi est-ce qu’il pleure si fort ? — Ce n’est pas sans raison, répondit celui-ci, il craint d’être bien battu ; il a un maître qui lui fait faire des commissions, et en revenant de lui acheter quelque chose il a perdu de l’argent. — Ah ! mon Dieu, dit Clément en approchant du petit garçon, craignez-vous vraiment d’être battu ? — Bien certainement, monsieur.  — Mais avez-vous perdu beaucoup d’argent ?&

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