L amour courtois de Marie de Champagne
105 pages
Français

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L'amour courtois de Marie de Champagne , livre ebook

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Français

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Description

Le nom de Marie de Champagne apparaît dans l'histoire à travers sa lignée : fille du roi capétien Louis VII et d'Aliénor, duchesse d'Aquitaine, et épouse d'Henri Ier de Champagne dit « Le Libéral ». Elle a cependant laissé une trace singulière en accordant sa protection aux poètes de langue romane et particulièrement au premier d'entre eux, Chrétien de Troyes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 101
EAN13 9782296470613
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’amour courtois
de Marie de Champagne
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55201-2
EAN : 9782296552012

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Colette Dumas


L’amour courtois
de Marie de Champagne


L’Harmattan
Remerciements,
Au Centre de documentation de la DRAC CHAMPAGNE – AKDENNE, et tout particulièrement à la documentaliste du Patrimoine Sophie Chossenot qui, avec compétence et amabilité, m’a permis, malgré la distance entre nous, de pouvoir consulter des documents précieux pour mon approche d’une biographie de « leur » Dame de Champagne.
Un grand merci à mon amie uzétienne Danielle Roucayrol qui a fait une relecture rigoureuse de mon texte avec talent et bonne humeur.
Ouvrages du même auteur
Aux Editions du Patrimoine, (Paris) :
L’imagier de Fréjns , en collaboration avec Georges Puchal, 2001.
Aux Editions Augustin, (Paris) :
L’œuvre peint de Yves Alix (1890-1969) , 2003.
Aux Editions de l’Harmattan, (Paris) :
Bilqîs, reine de Saba , 2006.
Les rois mages , 2006
Actes du colloque « Femmes d’Orient – Femmes d’Occident » , en collaboration avec Nathalie Bertrand, 2007.
Salomè , 2008.
Avant-propos
Le nom de Marie de Champagne apparaît dans l’histoire à travers sa lignée : fille du roi capétien Louis VII et d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine, épouse d’Henri I er de Champagne dit « Le Libéral » et mère de quatre enfants : Scholastique, Henri II comte de Champagne et roi de Jérusalem, Marie, Thibaut III comte de Champagne. Elle est la grand-mère de Thibaut IV, comte de Champagne, roi de Navarre et aussi…chansonnier. Elle a cependant laissé une trace singulière en accordant sa protection aux poètes de langue romane et particulièrement au premier d’entre eux, Chrétien de Troyes. Il la cite et vante ses mérites en prologue de son roman, Lancelot ou Le chevalier à la Charrette.
Aucun portrait peint (le genre n’était pas encore inventé) ne restitue les traits de son visage. J’avais espéré retrouver son aspect sur une figure féminine qui aurait pu orner une lettrine d’un des manuscrits enluminés de son poète. Même si il en existait une, rien ne promet que ce soit ressemblant : c’était en effet oublier que l’image d’un personnage au XII e siècle ne rend compte que d’un stéréotype codifié et sans rapport avec la réalité. Il en est de même de toute description littéraire. Cependant, un sceau {1} , dont on a retrouvé l’empreinte dans la cire, présente sa silhouette, mais il se peut que le graveur du cachet n’ait retenu que ce qui la symbolisait : une fleur de lys et un oiseau. En revanche, sachant que la coutume chez les imagiers voulait que l’on accordât à Salomon et à la reine de Saba les traits du couple donateur, c’est du côté de la sculpture qu’il me fallait chercher. Tout particulièrement sur une des têtes féminines des statues colonnes qui ornent encore le portail d’un édifice religieux {2} dont le comte de Champagne a été le commanditaire. La statue, fine et élégante, m’encourageait à le penser. Hélas, aucun document de l’époque ne l’atteste.
Quant à ses goûts, les lacunes de l’histoire ouvrent un grand champ à l’imagination. Tout en respectant la vérité historique, je me suis appuyée sur la tradition familiale d’Aquitaine et sur son vif intérêt pour la poésie lyrique. J’ai immergé cette fille d’Aliénor dans la mentalité de son siècle, celle de la chevalerie et de l’amour courtois. Sans prétendre en aucune façon écrire un essai sur l’art lyrique des troubadours et des trouvères, ce fut pour moi l’opportunité de faire resurgir quelques belles phrases de la pensée du XII e siècle pour illustrer mon récit.
Quant aux émotions et sentiments qu’elle ait pu ressentir, j’avoue avoir fait mienne la démarche de Marguerite Yourcenar {3} :
« C’est par les faits et les gestes les plus banals qu’il faut d’abord tenter de cerner un être, comme si on le crayonnait à grands traits. Mais il serait grossier de dénier à cette inconnue ces émotions plus subtiles, presque plus pures, qui semblent naître du raffinement de l’âme, au sens où l’on suppose qu’un alchimiste raffine l’or. Françoise [Marie] a pu aimer autant que moi la musique des ménétriers et des joueurs de vielle, airs populaires devenus aujourd’hui régal des délicats, trouver beau un coucher de soleil ronge sur la neige, ramasser tristement un oiselet tombé du nid en se disant que c’est grand-pitié. Ce qu’elle a pensé et senti à l’égard de ses contemporains et de ses peines, de ses maux physiques, de la vieillesse, de la mort qui vient, de ceux qu’elle a aimés et qui sont partis, importe ni plus ni moins que ce que j’ai pensé et senti moi-même. Sa vie a sans doute été plus dure que la mienne ; j’ai pourtant idée que c’est couci-couça. Elle est comme nous tous dans l’inextricable et l’inéluctable. »
PRÉLUDE
Automne 1178.
Charrettes et chariots traînés par les gros roncins, poussés et hissés par les hommes par-dessus les ornières, s’étaient embourbés tout au long de la journée. Le chemin, tranchant à travers l’épaisseur noire de la forêt, s’ouvrit enfin sur une clairière assez spacieuse pour accueillir l’ensemble du convoi. Une lumière glauque émanait d’un ciel bas accusant l’aspect squelettique des arbres en lisière. On débarqua le matériel de bivouac. Tentes, planches et tréteaux pour tables et lits furent rapidement dressés, les coffres vidés de leurs fourrures, coussins, nappes et vaisselle. De grands foyers furent allumés. Les hommes s’y pressèrent dans le vain espoir de sécher leurs vêtements imbibés de pluie. Une épaisse fumée âcre stagnait maintenant sur le village de toile. À la tombée de la nuit, quelques torches de résine flambèrent çà et là, puis le calme s’établit : tous étaient fourbus.
En soulevant sa portière, au petit matin le jeune écuyer fut surpris devant un tel luxe de blancheur. Le sinistre décor de la veille s’était maquillé en une splendeur cristalline semblant flotter sur un silence insolite. En tendant l’oreille, quelques petits bruits lui parvinrent cependant ; comme ouatés par l’épaisse couche de neige amassée pendant la nuit, le croassement des corbeaux en envol, le crissement de ses pas sur l’herbe gelée. Il gagna l’abri de fortune où les chevaux avaient été rassemblés pour la nuit. Son destrier l’accueillit avec un hennissement de joie car, lui aussi, raffolait des sorties matinales. Cela réveilla le valet qui s’était lové là, dans la chaleur de la paille. Son maître lui demanda son faucon encapuchonné. Puis, piquant des éperons le flanc de sa monture, le cavalier s’avança vers les trouées immaculées ouvertes dans la féerie blanche de la forêt.
Des oies cendrées évoluaient avec lenteur, éblouies par la clarté de la neige. Elles traçaient leur vol sur le ciel de plomb, en une formation rigoureusement ordonnée. L’une d’elles, imprudente, s’en écarta. Le jeune homme ôta le capuchon du faucon et balança son poing ganté pour en faire jaillir l’oiseau agrippé. Planant d’abord pour se repérer, le rapace fondit sur sa proie. Il la heurta si violemment qu’elle tomba sur le sol, mais dans un battement d’ailes désespéré pour ne pas y rester clouée, elle réussit à s’en arracher et parvint à rejoindre ses compagnes. Le chasseur rappela son faucon estimant qu’il serait cruel de s’acharner sur un si vaillant volatile.
La chute de l’oie sauvage sur l’herbe y avait légèrement tassé les cristaux de neige et imprégné le sol de trois gouttes de sang. Le jeune homme les contemplait, pensif, puis son regard s’illumina : un visage apparut, un visage au teint de lys avec des pommettes roses, encadré de cheveux moussants d’or fin. Ces yeux couleur d’aigue-marine, bien fendus et riants, étaient ceux, inoubliables, de la comtesse Marie. Devant cette merveille, une onde de douce chaleur parcourut le corps de l’homme ; il s’abandonna à l’allure de son cheval qui, complice de ce bonheur, le ramena en remontant sur la trace de ses pas, sans hâte pour ne pas troubler le rêveur éveillé tout impré

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