L Ancien rétable d or de la cathédrale de Sens
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L'Ancien rétable d'or de la cathédrale de Sens , livre ebook

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Description

Le maître-autel de la cathédrale de Sens était encore, en 1759, orné d’un splendide rétable, précieux par sa matière et son travail et vénérable par son antiquité. Il était en or ciselé et orné d’émaux, de saphirs, d’améthystes, de cornalines taillées, etc., de nombreuses figures en relief, d’inscriptions et de filigranes. De son travail et de son antiquité nous dirons plus loin ce que nous avons pu apprendre. On donnait communément à ce riche ornement le nom de Table d’or, bien qu’il n’ait jamais été une table d’autel, mais parement, puis rétable.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Publié par
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EAN13 9782346096367
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Gustave Julliot
L'Ancien rétable d'or de la cathédrale de Sens
L’ANCIEN RÉTABLE D’OR DE LA CATHÉDRALE DE SENS
I
Le maître-autel de la cathédrale de Sens était encore, en 1759, orné d’un splendide rétable, précieux par sa matière et son travail et vénérable par son antiquité. Il était en or ciselé et orné d’émaux, de saphirs, d’améthystes, de cornalines taillées, etc., de nombreuses figures en relief, d’inscriptions et de filigranes. De son travail et de son antiquité nous dirons plus loin ce que nous avons pu apprendre. On donnait communément à ce riche ornement le nom de Table d’or, bien qu’il n’ait jamais été une table d’autel, mais parement, puis rétable 1 .
Sa longueur était de 9 pieds 3 pouces (3 m 004) et sa hauteur de 3 pieds 6 pouces (1 m 137). Il était fixé sur un parquet de 5 à 6 pouces d’épaisseur (0 m 135 à om 162). On ne le laissait voir que deux fois par an, aux fêtes de saint Etienne, patron de la cathédrale (2 septembre et 26 décembre).
Nous ne pouvons parler des sujets représentés sur ce rétable que d’après un article de M. Th. Tarbé, inséré dans son Almanach historique de Sens pour 1840, p. 184 à p. 189, et d’après un dessin exécuté par un peintre de Sens, nommé Lambinet, en janvier 1759, quelques jours avant que l’orfèvre sénonais Balduc ait réduit l’or en lingots.
Dans son ouvrage : les Arts au moyen âge, t. V, p. 246, M. du Sommerard a reproduit la notice de M. Tarbé et l’a accompagnée d’une chromolithographie du dessin de Lambinet, imprimée par J. Engelmann, et exécutée par un artiste qui a signé Betbéder.
A l’aide de ces deux documents, nous avons essayé de donner une idée aussi fidèle que possible des sujets figurés et des inscriptions 2  ; mais nous ne pouvons rien dire du style de ce travail tant vanté, que l’abbé le Beuf et, d’après lui, le cardinal de Luynes attribuaient au IX e siècle. Cette attribution ne peut être acceptée sans examen. En effet, si nous nous reportons aux deux endroits où l’abbé le Beuf s’occupe de ce rétable, nous voyons clairement comment son opinion, très vague d’abord, s’affirme insensiblement sans qu’il en fasse connaître les raisons. En 1727, il lit, à Saint-Benoît-sur-Loire, dans un manuscrit du X e siècle, ces quelques mots inscrits au 6 mai : Bernelinus et Bernuinus habuerunt nomen qui vultum Salvatoris, qui est in ecclesia S. Stephani Sennensis ecclesiæ fecerunt. « Cela, écrit-il à l’abbé Fenel, le 16 juillet 1733, peut s’entendre de votre table ou d’un crucifix à l’entrée du chœur. » Il hésite, il ne sait évidemment pas ce que l’auteur de la note a voulu désigner par vultus Salvatoris.
Dans son Recueil de divers écrits, t. II, p. publié cinq ans plus tard, il dit : « On vit au IX e siècle et depuis, des lapidaires qui gravaient et polissaient les pierres précieuses : des chanoines tels que Bernelin et Bernuin, de Sens, construire une table d’or ornée de pierreries et d’inscriptions.,. » Il affirme que le vultus Salvatoris est le rétable de l’autel, que ce rétable est l’œuvre des deux artistes Bernelin et Bernuin, et que ces deux artistes sont des chanoines de Sens, sans indiquer sur quoi s’appuient les changements de son appréciation. Nous aimerions mieux trouver, dans ce passage, le résumé de son étude des bas-reliefs et de leurs nombreux personnages. Son silence est regrettable.
Le dessin en couleur, de Lambinet, malgré tous ses détails, est peu capable de fournir une idée du style et de la date du rétable, et c’est la seule image dessinée d’après l’original. Estimons-nous très heureux que ce dessin ait été conservé jusqu’à nos jours, que M. du Sommerard l’ait vulgarisé, et que l’un de nos confrères, M. Buvignier, ait bien voulu nous en procurer une photographie, faite sur une gravure, appartenant à M. Félix Chandenier.
D’après ces reproductions et la notice de Th. Tarbé, nous avons tenté une nouvelle interprétation des sculptures et des inscriptions de ce précieux rétable.
Il était composé de trois tablettes d’or juxtaposées, repoussées, ciselées et émaillées : celle du milieu parfaitement carrée et les deux autres un peu plus larges que hautes. Ces trois tablettes, divisées par des cloisons qui semblent avoir été des lames d’argent chargées de pierreries présentaient chacune cinq tableaux de formes diverses.
La plaque carrée offrait, comme cadres de ses cinq tableaux : un quadrilobe central posé sur quatre petits médaillons placés dans les quatre angles. Les deux cadres latéraux étaient partagés en quatre par une croix dont le milieu était orné d’un médaillon circulaire 3 .
Avant de décrire chaque sujet, nous ajouterons quelques mots sur l’intention qui a présidé au groupement des tableaux.
Au centre, le Roi des rois ; près de lui, des anges, puis les quatre évangélistes. Dans les deux médaillons circulaires : saint Jean-Baptiste et la sainte Vierge Marie. Aux extrémités, deux scènes du martyre de saint Etienne, partagées chacune en deux parties placées l’une à l’extrémité gauche et l’autre à l’extrémité droite.
II. — LE ROI DES ROIS
La place d’honneur a été naturellement réservée à la Majesté divine, représentée sous la figure d’un vieillard dont la tête est ornée d’une longue chevelure et d’une longue barbe. Il était assis sur un trône placé de face, bénissant de la main droite et tenant de la gauche un livre fermé, appuyé sur son genou. Ses vêtements consistaient en une longue tunique et un ample manteau, ses pieds étaient nus et reposaient sur la boule du monde. A ses côtés, deux anges portés par des nuages lui présentaient chacun une couronne qu’ils soutenaient sans y toucher, leur main étant enveloppée dans un voile. La bénédiction qu’il répandait autour de lui était une triple bénédiction, car le pouce et le petit doigt sont rapprochés par leurs extrémités et les trois autres doigts sont levés. Au-dessus de sa tête, on lisait l’inscription REX REGVM, et au-dessus des épaules les lettres grecques A et Ω : la première est accompagnée, à gauche, du mot abrégé PPIVM, au-dessus du mot SINE, et, à droite, de cet autre abréviation PPIO 4 .

ANCIENNE TABLE D’OR DE LA CATHÉDRALE DE SENS (X E SIÈCLE) AVEC PARQUET D’ENCADREMENT ET COURONNEMENT DU XVII e SIÈCLE
Dans les quatre médaillons circulaires, qui accompagnaient celui du Roi des Rois, étaient encadrés quatre anges vêtus d’aubes et soutenus par des nuages. Les légendes, qu’on lisait autour de ces figures, formaient deux distiques latins :
1° En haut, à droite : QVEM NOTAT ESSE LOCO PICTVRA SVPERFICIALIS 5 . 2° En haut, à gauche : QVI LOCA CVNCTA REPLET NON EST TAMEN IPSE LOCALIS 6 . 3° En bas, à droite : TRINVS AB AETERNO DEVS VNVS CVNCTA GVBERNO 7 . 4° En bas, à gauche : SOLVS CVNCTA REGO TRINVS ET VNVS EGO 8 .
III. — SAINT JEAN-BAPTISTE ET LA SAINTE VIERGE MARIE
Le grand médaillon de gauche encadrait la représentation de saint Jean-Baptiste, assis sur Un banc à dossier et tourné de trois quarts à droite. Il y était revêtu d’une grande tunique ornée de perles et d’un manteau. Ses longs cheveux et sa longue barbe lui donnaient une ressemblance avec saint Joseph ; mais la légende, qui l’accompagnait, tranchait la question :

FORMAM BAPTISTAE DESIGNAT CIRCVLVS ISTE 9 .
Le grand médaillon de droite représentait la sainte Vierge Marie assise sur un trône. Elle était vêtue d’une robe garnie de perles, d’un manteau et d’un voile

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