L'Anse-à-Lajoie, tome 1

France Lorrain

Description

En 1934 à l’Anse-à-Lajoie, un village de pêcheurs situé à deux pas de Percé, la vie des jumelles Simone et Madeleine Gérard est ponctuée par les marées et la préparation des morues pêchées par leurs époux, Tom et Freddy. Quatre ans après la mort de leurs parents, elles mènent une existence tranquille, prévisible, entourée de leurs aïeuls, de leur frère Jacquelin, curé à Gaspé et de leur sœur cadette, Clémence, établie à Rimouski.
Puis, une tragédie innommable vient secouer les jours paisibles des deux sœurs, détruisant tout sur son passage avec la force d’un cataclysme, incluant le lien fusionnel qui les gardait soudées l’une à l’autre depuis la naissance.
Secouées par le drame, les deux jeunes femmes arriveront-elles à surmonter le destin et à retrouver ne serait-ce que des parcelles de la formidable chimie qui les unissait?
Une série bouleversante d’humanité, qu’on dévore en laissant les émotions nous submerger comme un raz-de-marée.

Sujets

• Historical
• Fiction

Informations

• Publié par: Guy Saint-Jean Editeur
• Date de parution: 17 février 2021
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782898270383
• Langue: Français

Extrait

Guy Saint-Jean Éditeur
4490, rue Garand
Laval (Québec) Canada H7L 5Z6
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© Guy Saint-Jean Éditeur inc., 2021
Révision : Isabelle Pauzé
Correction d’épreuves : Johanne Hamel
Illustration de la page couverture : Talisman Illustration design – Alain Fréchette
Mise en pages : Christiane Séguin
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2021
ISBN : 978-2-89827-037-6
ISBN EPUB : 978-2-89827-038-3
ISBN PDF : 978-2-89827-039-0
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Aux Gaspésiennes et Gaspésiens pour leur hospitalité à l’été 2020, après la première vague de la pandémie.
Les bateaux sont les yeux de la mer…
A LESSANDRO B ARICCO , 1998
Ne cherchez pas le village de l’Anse-à-Lajoie sur une carte de la Gaspésie, celui-ci n’existe pas ! D’ailleurs, toute ressemblance avec des personnages existants est fortuite.
Table des matières Couverture Copyright Page de titre Prologue Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Notes de l’auteure Liste des personnages Remerciements
L'Anse-à-Lajoie, tome 1 Cover 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 237 238 239 240 241 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 276 277 278 279 280 281 282 283 284 285 286 287 288 289 290 291 292 293 294 295 296 297 298 299 300 301 302 303 304 305 306 307 308 309 310 311 312 313 314 315 316 317 318 319 320 321 322 323 324 325 326 327 328 329 330 331 332 333 334 335 336 337 338 339 340 341 342 343 344 345 346 347 348 349 350 351 352 353 354 355 356 357 358 359 360 361 362 363 364 365 366 367 368 369 370 371 372 373 374 375 376 377 378 379 380 381 382 383 384 385 386 387 388 389 390 391 392 393 394 395 396 397 398 399 400 401 402 403 404 405 406 407 408 409 410 411 412 413 414 415 416 417 418 419 420 421 422 423 424 425 426 427 428 429 430 431 432 433 434 435 436 437 438 439 440 441 442 443 444 445 446 447 448 449 450 451 452 453 454 455 456 457
Prologue
D ans le village de l’Anse-à-Lajoie, près de Percé, la vie des habitants de l’endroit était guidée par la pêche : morue, saumon, éperlan, hareng…
Quand l’hiver cédait sa place au printemps, la plupart des villageois de tous les âges se déplaçaient sur la plage de galets pour s’éreinter côte à côte pendant de longues journées éreintantes. Si certains hommes travaillaient pour la compagnie Robin* 1 , d’autres, plus chanceux, étaient des pêcheurs indépendants.
— Je te dis que Marcelin a laissé un bel héritage à ses filles ! jalousaient certains.
Le père des jumelles Madeleine et Simone Gérard était décédé quatre ans plus tôt, quelques mois seulement avant son épouse Carmelle. Sa barge 2 , ses terres et sa maison avaient été léguées à ses deux filles aînées. Clémence, la cadette, avait pour sa part reçu un modeste héritage en argent. Elle était partie travailler à Rimouski, soulagée de s’éloigner du village qui l’avait vue grandir. La grande châtaine s’était toujours sentie isolée, malgré la présence de ses sœurs. À 20 ans, elle avait enfin pu voler de ses propres ailes sans subir les reproches de son père et de sa mère, qui l’espéraient plutôt en quête d’un mari. À ses sœurs qui critiquaient ce choix inusité pour une femme célibataire, Clémence avait répliqué sèchement :
— C’est pas comme si j’allais vous manquer ! Depuis toujours, vous avez besoin de personne d’autre que de vous deux.
Madeleine et Simone avaient au moins eu la décence de ne pas la contredire.
Comme Jacquelin, le seul garçon de la famille, était curé à Gaspé, la question ne s’était pas posée : Dieu prendrait soin de lui et de tous ses besoins ! Madeleine s’était donc installée avec son époux, Freddy Poirier, dans la grande maison familiale bleue au bout du rang Sauriol, alors que Simone et son mari, Tom Laviolette, demeuraient sur le 3 e Rang, près de l’église du village.
Les amitiés et les amours se faisaient et se défaisaient, comme partout ailleurs à l’Anse-à-Lajoie. Malgré l’ouvrage difficile que générait la saison de la pêche, les sœurs Gérard se plaisaient à passer tout leur temps ensemble. La communauté s’entendait pour dire, depuis que les jumelles étaient enfants :
— Ces deux-là ont jamais eu une seule chicane de leur vie !
— Madeleine et Simone ? Deux siamoises ! Rien pourra jamais les séparer.
Du moins, c’est ce que tous croyaient…

1 Tous les passages suivis d’un astérisque renvoient à une note de l’auteure à la fin du roman.
2 Bateau à fond plat et à voiles utilisé pour la pêche.
Chapitre 1
15 juillet 1934
E n arrivant devant le magasin général Taillefer, Madeleine se donna comme mission d’en être ressortie en 10 minutes. Malgré son inconfort, la femme savait qu’elle ne pouvait remettre plus longtemps cette visite. Il lui faudrait bien affronter la tempête un jour ou l’autre.
« Si je passe directement au comptoir des tissus, j’aurai pas besoin de parler avec Gaston ou les autres clients. Sa fille Rosalie a toujours été plus gentille, de toute manière », songea la jeune femme à la porte du commerce.
Depuis la tragédie survenue un mois plus tôt, Madeleine s’était presque isolée dans sa maison. Elle ne descendait à la grave 3 qu’au moment où les bateaux revenaient de la pêche. Tête baissée, elle lavait, vidait et coupait les morues aux côtés de son mari, sans dire un mot. Leur installation était dressée complètement à la gauche de la plage de galets, ce qui lui permettait d’éviter les discussions avec les autres villageois. Madeleine ne s’était toujours pas aventurée sur le chemin principal de l’Anse-à-Lajoie, encore moins dans le magasin, où les « jaseux » se plaisaient à épier les faits et gestes de tout un chacun. Tournant sur elle-même, la femme laissa son regard s’envoler vers le fleuve Saint-Laurent en contrebas, pour se donner de la force et du courage. Cette étendue d’eau à perte de vue l’apaisait généralement. Si elle restait trop longtemps loin de son fleuve, Madeleine avait l’impression de manquer d’air. Inspirant profondément, elle allongea son bras pour pousser la porte de bois.
— Allez, ma fille ! murmura la villageoise pour elle-même.
La tête basse, la femme de 26 ans pénétra dans le