L Empire du capital
100 pages
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L'Empire du capital , livre ebook

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Description

Il semble évident de nos jours que l’hégémonie américaine ne compte pas s’affirmer par la construction d’un empire colonial. Pourtant, la puissance militaire des États-Unis est la plus importante et la plus redoutable que le monde ait jamais connue. Comment expliquer ce paradoxe ?

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Informations

Publié par
Date de parution 21 août 2014
Nombre de lectures 4
EAN13 9782895966388
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La collection «Humanités», dirigée par Jean-François Filion, prolonge dans le domaine des sciences l’attachement de Lux à la pensée critique et à l’histoire sociale et politique. Cette collection poursuit un projet qui a donné les meilleurs fruits des sciences humaines, celui d’aborder la pensée là où elle est vivante, dans les œuvres de la liberté et de l’esprit que sont les cultures, les civilisations et les institutions.
Dans la même collection:
– Pierre Beaucage, Corps, cosmos et environnement chez les Nahuas de la Sierra Norte de Puebla
– Ellen Meiksins Wood, L’origine du capital. Une étude approfondie
– Jean-Marc Piotte, La pensée politique de Gramsci
– Raymond Williams, Culture et matérialisme
© Lux Éditeur, 2011, pour la présente édition www.luxediteur.com
© Ellen Meiksins Wood, 2003 (Verso) Titre original: Empire of Capital
Dépôt légal: 2 e  trimestre 2011 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN (epub) 978-2-89596-638-8 ISBN (pdf) 978-2-89596-838-2
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC . Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada ( FLC ) pour nos activités d’édition.
À George Comninel,
que je remercie pour tous les
échanges que nous avons eus
pendant toutes ces années.
Préface à l’édition française
L A PREMIÈRE ÉDITION de ce livre est parue avant que les États-Unis ne déclenchent leur attaque contre l’Irak. Leurs objectifs en cas de guerre étaient déjà clairs: une fois la victoire acquise, occuper militairement le pays. L’introduction de ce livre y fait allusion. Pourtant, il semble évident, aujourd’hui comme à l’époque, que les États-Unis n’occupent pas l’Irak pour construire un empire colonial, et le gâchis qu’ils ont fait de cette occupation le confirme déjà. L’impérialisme américain est d’un autre ordre, et c’est ce que ce livre tente d’expliquer.
Les critiques dirigées contre le gouvernement Bush soutiennent généralement qu’il a rompu radicalement avec les grandes orientations de la politique étrangère des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale. Comment pourrait-on nier que ce régime a fait preuve d’un extrémisme irresponsable, voire contre-productif? Mais il faut quand même se rappeler que, dès 1945, la politique étrangère américaine se fonde sur de grandes visées impériales. Le projet d’une hégémonie économique mondiale soutenue par une suprématie militaire écrasante commence alors à s’esquisser: sur le plan économique, on le décèle dans le système de Bretton Woods et, sur le plan militaire, dans les bombes atomiques larguées au-dessus d’Hiroshima et de Nagasaki. Certes, l’unilatéralisme dont a fait preuve le gouvernement Bush est beaucoup plus marqué que précédemment. Plus évidente aussi est son intention de maintenir une domination totale sur tous les fronts ( full spectrum dominance ), et pour cela de disposer d’une supériorité militaire telle que personne, ami ou ennemi, ne songerait à contester son pouvoir au plan régional ou mondial. Ce qui n’empêche pas que depuis un demi-siècle, les États-Unis visent bel et bien la suprématie mondiale.
Certains commentateurs soutiennent qu’avec l’occupation de l’Irak, le gouvernement Bush est revenu à une forme ancienne d’impérialisme colonial. Ce serait là en effet une rupture importante. Mais c’est mal comprendre la nature particulière de l’impérialisme américain passé et actuel, et, en fait, c’est mal comprendre la spécificité de l’empire capitaliste.
Les États-Unis forment le premier, et le seul, empire capitaliste. Ils ne sont certes pas la première puissance capitaliste à posséder un empire, mais ils dominent le monde en manipulant les mécanismes économiques du capitalisme. L’Empire britannique, qui espérait exploiter la richesse commerciale de l’Inde sans payer le prix de la domination coloniale, a fini par instaurer un despotisme militaire qui s’appuyait sur l’extraction du tribut et il était plus apparenté aux impérialismes traditionnels qu’à un nouveau mode d’hégémonie capitaliste. Globalement, quand ils le pouvaient, les États-Unis ont préféré éviter la domination coloniale directe et s’appuyer sur une hégémonie économique moins coûteuse, moins risquée et plus rentable.
On risque peu de se tromper en affirmant que les États-Unis cherchent toujours à préserver leur hégémonie économique sans s’embourber dans l’administration coloniale. L’occupation de l’Irak confirme elle-même cette hypothèse. Il est très évident désormais que les Américains se sont engagés dans cette intervention militaire avec le vain espoir de décapiter le régime et de s’allier un État irakien presque intact (malgré la sottise du programme de « dé -Baassification» de Paul Bremer) et dirigé par des politiciens accommodants. Les États-Unis, en tant que puissance impériale, espéraient sans doute encore pouvoir sortir d’Irak le plus tôt possible, non sans y avoir établi leur hégémonie économique, implanté solidement le capital américain, en particulier dans l’industrie pétrolière, et fait en sorte que l’Irak remplace l’Arabie saoudite comme base militaire. Tout cela, sans jamais afficher leur présence coloniale.
Une contradiction fondamentale subsiste pourtant, et c’est là le thème principal de ce livre: bien que l’objectif de l’impérialisme américain soit d’établir son hégémonie économique sans avoir recours au pouvoir colonial direct, le capital mondial a toujours besoin – en fait, il a besoin plus que jamais – de s’appuyer sur un ordre social, politique et juridique stable et strictement réglementé. On nous rappelle sans cesse – dans les théories classiques de la «mondialisation», comme dans certains ouvrages à la mode tel Empire d’Antonio Negri et Michael Hardt – que l’État-nation est sur le déclin [1] . Or, on sait que, pour s’exercer, l’hégémonie impériale a besoin d’un système bien ordonné de multiples États locaux, et que l’hégémonie économique mondiale, pour sa part, est étroitement liée au contrôle exercé sur les nombreux États dont dépend l’économie mondiale. Il n’existe bien sûr aucun État mondial qui puisse garantir un ordre comparable à celui que l’État-nation a procuré jadis au capital national. Et on a du mal à imaginer qu’un tel État puisse jamais exister. Par le biais des relations interétatiques, l’État territorial est peut-être devenu plus essentiel que jamais (et non pas moins) à l’organisation des circuits économiques.
L’impérialisme économique de type capitaliste est le premier impérialisme dans l’histoire qui ne dépende pas uniquement de la conquête d’un coin de territoire ou de la domination d’un peuple. Par contre, il lui faut surveiller l’ensemble des États du monde et s’assurer que le capital impérial puisse y évoluer en toute sécurité et de façon rentable. Il ne doit pas seulement faire face aux problèmes des «États voyous» et des États «en décomposition». Il doit aussi s’assurer que les États soumis restent exploitables. Et s’il veut véritablement être efficace, il lui faut établir très clairement la suprématie militaire et politique d’un État sur tous les autres. En effet, si le capital mondial a besoin d’un système multiétatique bien contrôlé, on voit mal comment il pourrait tolérer un système où le pouvoir militaire serait plus ou moins distribué également entre les différents États.
C’est pourquoi la première prémisse de la doctrine militaire américaine, qui remonte à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, établit que les États-Unis doivent mettre sur pied une puissance militaire si considérable qu’aucune autre puissance, amie ou ennemie, ne cherchera à la contester ou même à l’égaler dans sa domination régionale ou mondiale. Il ne s’agit pas simplement ici de prévenir les attaques, mais d’empêcher toute rivalité. Cet arrangement, les autres puissances capitalistes l’ont dans l’ensemble accepté. Il est vrai que certains alliés, en particulier depuis la disparition de l’Union soviétique, n’ont pas toujours complètement obtempéré. Mais, compte tenu des besoins du capital mondial, il n’est pas étonnant de voir que les principaux alliés des États-Unis – qui sont également ses principaux concurrents sur le plan économique – ont généralement approuvé la domination militaire américaine et fait ainsi acte de soumission.
Il reste toutefois quelques explications à fournir en ce qui concerne les États-Unis. On peut comprendre pourquoi le ca

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