L Étudiant de Salamanque
34 pages
Français

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L'Étudiant de Salamanque , livre ebook

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Description

Il était plus de minuit, d’anciennes histoires le content, alors que, la sombre terre étant enveloppée de sommeil et de silence, les vivants semblent des morts, les morts quittent la tombe. C’était l’heure où parfois résonnent des voix terribles, informes, où l’on entend des pas sourds et sonnant le creux, où des fantômes effrayants vaguent à travers les épaisses ténèbres, où les chiens hurlent épouvantés à leur vue : où souvent la cloche de quelque église ruinée lance des sons mystérieux de malédiction et d’anathème, convoquant, les jours de sabbat, les sorciéres à leur fête.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782346098569
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
José de Espronceda
L'Étudiant de Salamanque
PREMIÈRE PARTIE
Sus fueros sus brios. sus premáticas su voluntad.
DON QUICHOTTE. Première partie.
 
Il était plus de minuit, d’anciennes histoires le content, alors que, la sombre terre étant enveloppée de sommeil et de silence, les vivants semblent des morts, les morts quittent la tombe. C’était l’heure où parfois résonnent des voix terribles, informes, où l’on entend des pas sourds et sonnant le creux, où des fantômes effrayants vaguent à travers les épaisses ténèbres, où les chiens hurlent épouvantés à leur vue : où souvent la cloche de quelque église ruinée lance des sons mystérieux de malédiction et d’anathème, convoquant, les jours de sabbat, les sorciéres à leur fête. Le ciel était sombre, pas une étoile ne scintillait, le vent sifflait lugubrement et là-bas, dans l’air, comme de noirs fantômes, se dessinaient les tours des églises et les créneaux élevés du château gothique où la sentinelle apeurée chante ou peut-être prie. Tout enfin, à minuit, reposait, et c’était le tombeau de ses habitants endormis que l’antique cité qu’arrose le Tormes fécond, vanté par les poètes, la fameuse Salamanque, célèbre dans les armes et les lettres, patrie de héros, noble archive des sciences. Soudain un cliquetis d’épées et un cri, un cri de moribond, un cri qui pénètre le cœur, qui glace jusqu’à la moelle et fait trembler. Un cri de quelqu’un qui dit au monde un dernier adieu.

Le bruit cessa, un homme passa, enveloppé dans son manteau, et rabattit soigneusement son chapeau sur ses yeux. Il glisse et traverse la rue en face du mur d’une église, puis dans l’ombre se perdit.
 
C’est une rue étroite et haute que la rue du Cercueil, comme si une cape éternellement sombre de crêpe noir la revêtait ; elle est toujours obscure et, la nuit, sans autre lumière que la lampe qui éclaire une image de Jésus. L’homme au manteau la traverse, avant encore en main l’épée qui a lancé un vif reflet en passant devant la croix.
Comme la lune qui, d’ordinaire, derrière une nue opaque, la borde de franges d’argent, puis si le vent l’agite, la voit monter et se dissiper dans les airs en blanche vapeur,
ainsi, ombre vague de lumière et de brumes, la pâle vision mystique et éthérée brille ou est cachée par d’épaisses ténèbres, comme une douce espérance, comme une vaine illusion.
La rue sombre, la nuit déjà avancée, la lampe triste sur le point d’expirer, qui tantôt éclaire l’image sacrée, tantôt, faiblissant, accroit l’obscurité ;
le vague fantôme qui apparaît, puis se rapproche d’un pas rapide, puis disparait dans l’ombre comme l’âme en peine de l’homme qui n’est plus,
cela remplirait de crainte et de peur le cœur d’acier le plus téméraire ; l’épouvante amènerait la prière sur les lèvres blasphématrices du plus féroce bandit.
Mais la vision fantastique ne terrifia pas l’homme au manteau, dont l’épée ruisselle encore de sang ; et, la main crispée sur la poignée, il s’avança résolument à sa rencontre.

Nouveau don Juan Tenorio,
âme fière et insolente, plein d’irréligion et de vaillance, altier et querelleur ;
toujours l’insulte aux yeux,
l’ironie sur les lèvres, il ne craint rien et s’en remet pour toutes choses à son épée et à sa valeur.
 
Cœur corrompu, il se joue
de la femme qu’il courtise ; il méprise et délaisse aujourd’hui celle qui se donna hier à lui.
Jamais il ne craignit l’avenir ;
dans le passé il ne se souvient ni de la femme qu’il abandonna ni de l’argent qu’il perdit.
 
Il ne vit pas dans ses rêves le spectre
de celui qu’il tua en duel ; le pressentiment d’un malheur ne troubla jamais son audace.
Toujours dans ses aventures et dans ses amours.
toujours dans ses orgies bachiques, il mèle, en ses discours impies, un bon mot à un blasphème.
 
Fameux dans Salamanque
par sa vie et sa bonne humeur, on remarque entre mille le hardi étudiant ;
son audace lui donne des privilèges,
ce qui l’excuse c’est sa richesse, sa noblesse généreuse, sa mâle beauté.
 
Car personne ne peut égaler
son arrogance et ses vices, son maintien chevaleresque, son agilité et sa bravoure :
jusque dans ses crimes,
dans son impiété et son arrogance, don Félix de Montemar met un sceau de grandeur.

*
* *
Belle et plus pure que l’azur du ciel, avec des yeux langoureux et charmants où l’amour brilla sous le voile de la pudeur qui les recouvre discrètement ; timide étoile qui répand sur la terre des rayons de lumière brillants et incertains, ange pur d’amour qui inspire l’amour, telle fut l’innocente et malheureuse Elvire.
Elvire, jadis amour de l’étudiant, tendre et heureuse, et fière de son

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