L Œuvre des missions protestantes à Madagascar
117 pages
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L'Œuvre des missions protestantes à Madagascar , livre ebook

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Description

Depuis quelques mois, dans la presse métropolitaine et surtout dans la presse de Tananarive et de Tamatave, une campagne violente s’est déchaînée contre les Missions religieuses de Madagascar. Dans cette campagne, les Missions protestantes sont visées très spécialement. Quelques-uns des coups dirigés contre elles ont eu un retentissement considérable.Telle, la Lettre de Tananarive, aux allures d’un communiqué officiel, parue dans le Lyon républicain du 18 juin 1907 et reproduite, à cette époque, dans un grand nombre de journaux de Paris ou de province.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346071708
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Jean Bianquis
L'Œuvre des missions protestantes à Madagascar
CHAPITRE PREMIER
Pourquoi cet écrit ?
1. La campagne contre les Missions
Depuis quelques mois, dans la presse métropolitaine et surtout dans la presse de Tananarive et de Tamatave, une campagne violente s’est déchaînée contre les Missions religieuses de Madagascar. Dans cette campagne, les Missions protestantes sont visées très spécialement. Quelques-uns des coups dirigés contre elles ont eu un retentissement considérable.
Telle, la Lettre de Tananarive, aux allures d’un communiqué officiel, parue dans le Lyon républicain du 18 juin 1907 et reproduite, à cette époque, dans un grand nombre de journaux de Paris ou de province.
Tel surtout l’article à grand orchestre publié en tête du Matin du 22 juillet, avec ce titre, en grosses majuscules, au-dessus d’une vue de Tananarive : LE PROTESTANTISME, VOILA LE DANGER ! Ainsi parle M. Augagneur 1 .
Tel encore un chapitre, paru le 1 er août, dans la Revue des Deux-Mondes, de l’étude d’ailleurs si vivante, si colorée, mais si partiale que consacrent à Madagascar les deux jeunes écrivains de talent qui signent Marius-Ary Leblond. Ce chapitre est intitulé : Le régime scolaire, les Missions et le péril protestant. En cinq pages, il accumule les racontars les plus étranges, les calomnies les plus perfides, accueillies sans contrôle 2
Telles enfin les paroles dûment calculées et qui ne seront pas démenties de M. Augagneur lui-même, dans un entretien avec l’un des rédacteurs du Temps, (numéro du 31 octobre 1907). Paroles infiniment modérées auprès des articles du Lyon Républicain ou surtout du Matin, mais où se retrouve la même suspicion à l’endroit de l’œuvre protestante à Madagascar et surtout des églises protestantes indigènes : « Oui, je crains, a dit le gouverneur général, que les églises protestantes indigènes ne se transforment en centres d’agitation politique. » Avec une telle crainte, un gouverneur de colonie, dont l’autorité est à peu près illimitée, peut tout entreprendre contre la liberté de conscience.
A ces articles de journaux, dont il serait facile d’allonger la liste, il faut joindre une brochure anonyme, signée de sept étoiles, qui, au moment de la rentrée du Parlement, a été adressée à tous les députés et sénateurs. Cette brochure est intitulée : Les Missions et la question religieuse à Madagascar 1907 3 . L’auteur, dans la préface, fait cette déclaration.
« Des documents d’une précision absolue, je pourrais dire officiels, m’ont permis d’étudier à fond les actes des Missions à Madagascar ; c’est le résultat de ces études que je veux exposer ici. »
L’effort de la brochure se porte tout entier sur deux points : 1°, empêcher à Madagascar l’application des lois métropolitaines qu’on juge devoir être trop favorables aux Missions protestantes ; 2°, prendre des mesures spécialement rigoureuses à l’égard des églises et des chrétiens protestants malgaches, qu’on dénonce comme pouvant constituer un danger politique.
Tels sont les faits qui nous ont mis la plume à la main. C’était pour nous un devoir de conscience de prendre la défense d’œuvres dans lesquelles notre responsabilité est engagée et que nous croyons injustement menacées.
2. Documents apocryphes
Nous avons le douloureux regret de constater que, dans cette campagne, qui a fondu sur nous comme une tempête, des armes déloyales, et singulièrement dangereuses, ont été parfois employées.
Citons seulement deux exemples. Ils sont éloquents.
Le journal Le Matin, (numéro du 1 er novembre 1907), sous ce titre alarmant : Agitation à Madagascar, publiait une prétendue dépêche particulière de Tananarive accusant les Missions de fomenter une grosse agitation, de terroriser les indigènes, de leur faire croire que les francs-maçons assassinent des enfants pour célébrer leurs fêtes rituelles, de répandre enfin les bruits d’une guerre avec l’Angleterre.
Le surlendemain, le Temps affirmait qu’au ministère des Colonies on démentait cette nouvelle « de la façon la plus catégorique. » Et il ajoutait :
« La population de Madagascar n’a jamais été aussi tranquille et l’information doit avoir été imaginée de toutes pièces 4 .  »
Le Matin cependant n’a jamais démenti son entrefilet qui, accru et commenté, a commencé dès lors à circuler à travers la presse antireligieuse.
Ce document apocryphe est à rapprocher d’une autre invention, non moins perfide, publiée, il y a trois mois, sous ce titre : Ce que font les protestants, par un journal subventionné de Tananarive, le Réveil de Madagascar.
En trois longs articles, parus en août et septembre, le Réveil a prétendu donner des renseignements détaillés sur une séance que le sous-comité directeur de l’ Isan-Enin-Bolana aurait tenue, le 10 juillet 1905, au collège de Faravohitra. Ce sous-comité, composé de missionnaires européens et de notables des églises malgaches, est comme la commission exécutive et permanente de la grande assemblée représentative de ces églises, laquelle se réunit à Tananarive deux fois par an. A en croire ce long récit, aux allures de procès-verbal, avec des noms propres, divers actes de l’autorité coloniale auraient été discutés et critiqués et des résolutions auraient été prises tendant à intéresser aux revendications des protestants malgaches certains journalistes en Europe.
Le 10 septembre, le Réveil de Madagascar dut insérer un démenti formel de M. Mondain, secrétaire du même sous-comité. En voici les termes :

MONSIEUR LE RÉDACTEUR,
Nous avons le devoir de vous informer que votre bonne foi a été entièrement surprise par le collaborateur occasionnel qui a cru pouvoir vous fournir des renseignements sur une réunion qui se serait tenue au collège de Faravohitra, le 10 juillet 1905. Titre, composition, but du Comité, date, ordres du jour, discussions, propositions, résolutions votées et par suite commentaires ajoutés, tout est du domaine de la pure fantaisie. Il n’y a eu aucune réunion le 10 juillet 1905 et, ni à ce moment ni à aucun autre, le Comité n’a jamais été amené à prendre une résolution quelconque concernant, de près ou de loin, les actes de l’administration. Il s’est toujours tenu de la façon la plus stricte dans les limites de ses attributions purement religieuses.
Le Secrétaire,
MONDAIN.
Comment ne pas nous rappeler, en présence de ces inventions, certains faits qui ont suivi la conquête, et qui, à l’époque, ont aussi alarmé l’opinion française ?
Le 16 avril 1896, le bruit se répandit dans Tananarive que, la veille, dans le temple de Faravohitra, un missionnaire anglais, M.R. Baron, avait prêché un sermon séditieux, excitant les Malgaches à la révolte. On s’en émut aussitôt à la Résidence générale. M. Gautier, directeur de l’Intérieur, fut chargé d’une enquête. Le résultat de cette enquête fut entièrement favorable au missionnaire.
Cela n’empêcha pas M. Émile Blavet, dans son livre Au pays Malgache 5 , de rééditer cette légende et même de la préciser, en donnant, en malgache, une dizaine de lignes du sermon antifrançais. Il en citait en même temps un autre d’un « pasteur anglican » qui aurait prêché, en mars 1896, dans le temple de Nosy-Zato.
Les deux documents sont des faux. Le « pasteur anglican » de Nosy-Zato est resté introuvable. Quant à M. Baron, le général Galliéni a manifesté plusieurs fois sa confiance absolue en la loyauté de ce missionnaire. Il le désigna comme vice-président de l’Acad

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