La Cina
293 pages
Français

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Description

Tipasa, fin des années 1890. Issu d'une famille de la grande bourgeoisie, Michel Botteri découvre avec enthousiasme la terre algérienne, cette terre où son père, prestigieux général, vécut de longues années, et qu'il aima tant qu'il mourut d'avoir dû la quitter, rongé par l'ennui et la nostalgie. Lorsque Michel prend possession de la villa de son père à Tipasa, il s'émerveille de la beauté du pays, et n'a plus qu'une aspiration : y couler des jours heureux, dans la contemplation de la mer, des montagnes et des ruines antiques qui entourent sa propriété. Un parfait écrin pour les charmes de Felicia, l'épouse de Michel, que tous appellent la Cina, et que le jeune homme aime passionnément. Mais la félicité n'est que de courte durée : pressé par son entourage, et notamment par sa mère, femme tyrannique et ambitieuse, voilà que Michel s'engage en politique, visant la députation d'Alger. Sur les conseils opportunistes de Claude, son meilleur ami, il se rapproche des antisémites, alors très puissants dans cette société algérienne troublée par les changements, et qui se cherche des boucs émissaires. Ce jeune homme tranquille, poussé malgré lui dans l'arène politique, jeté au c ur des émeutes antijuives, va alors découvrir avec dégoût et effroi la sauvagerie et la lâcheté du parti antisémite, ainsi que la bassesse des man uvres démagogiques, la soif de haine des foules et la cynique rouerie des puissants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mars 2015
Nombre de lectures 35
EAN13 9782365752657
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Louis Bertrand



La Cina


Un roman pied-noir






Ce livre est dédié à


Jose-Maria de Heredia,
le poète des conquérants de l’or,
et à Stéphane Gsell,
l’archéologue et l’historien de l’Afrique ancienne.


Avant-Propos
La Cina Violence coloniale prémonitoire…


En lisant, très attentivement, cet ouvrage de Louis Bertrand, écrit à la fin du XIX e siècle, trente ans après le décret de la loi Crémieux promulgué à Tours, le 24 octobre 1870, et attribuant la nationalité française à quelque 37.000 Juifs d’Algérie, j’ai découvert, avec passion, et un peu d’horreur, aussi, une partie de l’Histoire de mon Pays.
Né à Bône (ex-Hippone), en 1946, ballotté entre la guerre d’Algérie, l’exode, les difficultés de la réinsertion en France, où les pieds-noirs n’ont pas été, toujours, accueillis avec des colliers de fleurs et des friandises, la reconstruction des corps, des esprits et de la cellule familiale, j’en ignorais les bases mêmes. Car nos anciens, traumatisés par leur nouvelle histoire, en France, n’ont pas souvent parlé de l’ancienne, celle de leurs racines.
Ce livre de Louis Bertrand, s’il était édité, en première presse, aujourd’hui, ne passerait, sûrement, pas les barrages de la censure, tant il est violent dans sa réalité, son étude brutale de ces tranches de vie de l’époque, avec ses travers sournois et ses côtés positifs, tout comme dans son énoncé, qui ressemble, plus, à la narration précise d’une réalité quotidienne vécue, in situ, qu’à un roman.
Ce volet de la littérature algérianiste, qui a pour berceau, la charmante et séduisante ville romaine de Tipaza, et ses alentours, pourrait avoir été écrit en cette année 2015. Tant il était annonciateur, il y a plus de 115 ans, tout de même, des événements que nous continuons à vivre, actuellement, ici, en France, avec des mots et des expressions potentiellement passibles, aujourd’hui, de poursuites judiciaires pour discriminations et/ou incitations à la haine. Quelques exemples au fil des pages : un curé marié ; les races ; des bandits d’Espagne ; notre devoir à nous autres, Français, est de rester ici, pour élever, un peu, ce pauvre peuple, au moins pour employer tous ces bras qui ne cherchent qu’à travailler…
Parfois, on retrouve, même, un siècle d’avance, pour des réclames destinées à lancer le site religieux de Sainte-Salsa, via le tourisme, et une annonce de journaux en faillite, tout en soulignant un socialisme incompréhensible…
On y découvre, aussi, la haine de l’Anglo-Saxon et l’auteur dénonce le péril asiatique imminent, tout en pensant à des arabes assimilés, en rêvant d’Amérique. Le tout, bien avant 1900, en Algérie et pas en Europe !
Sous La Cina, couvait déjà, à échelle algérienne, La Callas, avec un Onassis local, bien moins fortuné, certes, mais tout aussi amoureux d’elle et de leur terre. Toutefois, la passion politique, humaine et charnelle, face à cet environnement aride et inhospitalier, est fortement dépassée par la toute puissance de l’Église locale, melting-pot de croyances, issues de toutes les rives de la Méditerranée, arrivées sur les rivages d’Algérie et de Tunisie. Que ce soit des pays de Malte, Italie, Espagne. Bien plus vigoureuses, en passions exaltées et en souffrances contenues, ces croyances fortes étaient extériorisées de manière plus clinquante, que le catholicisme et la chrétienté importés du pays-mère de France, avec l’arrivée des premiers colons, moins tape-à-l’œil, dans leurs dévotions que leurs coreligionnaires fraternels d’adoption.
De plus, il y a dans ce Louis Bertrand, pas pied-noir pour un sou, puisque né dans La Meuse, mais qui a séjourné, «là-bas», de l’autre côté de La Méditerranée, de 1891 à 1900, comme une annonce de l’arrivée d’Albert Camus, un autre algérianiste qui marquera et « nobelisera » son siècle. Si l’auteur local de « La Peste » et de « L’étranger », entre autres, est connu mondialement, Louis Bertrand est tombé dans un sombre abîme et un profond oubli plus que centenaire desquels les éditions Marivole vont le sortir, avec la réédition de ce roman. Entre les lignes, il annonçait, déjà, que la situation décrite, en ce début de XX e siècle, n’allait pas tenir, ni durer… un siècle.
Que les pieds-noirs et les Algériens, de tous âges et de toutes conditions, se réattribuent et se réapproprient «La Cina, roman pied-noir», car, rarement, une telle photographie précise n’aura eu autant de valeurs descriptives et/ou prémonitoires.
On se croirait là-bas, en ce pays, qui n’était pas le Far West, mais qui y ressemblait, étrangement, ne serait-ce qu’en feuilletant ces pages, véritable kaléidoscope d’une histoire à l’odeur marine de la Méditerranée, aussi salée que les larmes, qui ne manqueront pas de monter aux yeux, en mesurant les énormes erreurs et les grosses conneries que personne ne voudra, jamais, assumer, car c’était Mektoub. Même s’il n’est jamais trop tard pour le faire! Inch’Allah.

Richard ODE-ZERIZER


Préface

Quelques personnes, sans doute, croiront trouver dans ce livre des allusions à des événements tout contemporains. Je tiens à dire ici que je n’ai pas voulu faire autre chose qu’un roman. Les scènes que je décris sont imaginaires, comme tous mes personnages sans exception. Carmelo et Mgr Puig n’existent pas, pas plus que La Cina et Michel Botteri. D’ailleurs l’idée de ce roman a été conçue bien avant les récentes aventures qui ont troublé l’Algérie.

Dès le printemps de 1895, lors d’une première visite que je fis aux ruines de Tipasa, j’en arrêtai le plan dans ses grandes lignes. D’autres travaux m’ont empêché de l’exécuter immédiatement. Quand je commençai à écrire La Cina , j’étais attentif depuis longtemps au mouvement d’immigration qui, de plus en plus, porte les peuples méditerranéens vers l’Afrique du Nord.
Mon premier roman, Le Sang des races , en sera peut-être un suffisant témoignage. Et, d’autre part, ce que je savais de l’Algérie ancienne, de la conquête romaine et des querelles sanglantes qui divisèrent si longtemps l’Église africaine, tout cela m’avait aidé à comprendre le présent. Le spectacle des ruines de Tipasa que saccagèrent tour à tour les Donatistes et les Vandales, que se disputèrent les roitelets maures, les byzantins et les musulmans, le souvenir des luttes religieuses qui ne furent probablement que des luttes de races, voilà ce qui me conduisit à écrire ce livre. J’avais sous les yeux les mêmes passions qui, seize cents ans plus tôt, agitèrent tout le pays. J’imaginais alors ce qui devait être, tel milieu et tels hommes étant donnés. Si, plus tard, les événements se sont mis d’accord avec le plan que j’avais tracé, je ne puis que m’en réjouir, pour l’exactitude de mes calculs.
Comme nous vivons à une époque où l’abus du journalisme, les excès et les polémiques violentes de la presse quotidienne ont habitué peu à peu les esprits à voir dans tout livre un instrument de combat, je suis encore obligé d’ajouter que je ne revendique, comme mienne, aucune des opinions exprimées par mes personnages. Je m’en tiens à la méthode strictement impersonnelle qu’inaugurèrent les maîtres du roman vers la seconde moitié du XIX e siècle, et qui consiste uniquement à représenter. Je n’ai fait que répéter sous une forme littéraire ce que j’avais entendu autour de moi, ou conformer la pensée de mes héros à la logique de leurs caractères.

Avant tout, j’ai voulu faire une œuvre de beauté – non pas de cette beauté artificielle que l’esthétisme contemporain poursuivit à travers tous les raffinements et toutes les extravagances du sentiment individuel, ou qu’il incarna dans de froids symboles empruntés au passé -, mais de cette beauté vivante, qui n’est que l’expression harmonieuse des réalités. Le seul effort méritoire tenté par la jeunesse d’aujourd’hui, ç’a été de réconcilier l’art et la vie. Je me suis associé, dans la mesure de mes forces, à cette tentative.
La tâche d’ailleurs m’était facile avec un sujet comme le mien, à moi qui avais le bonheur de vivre dans un pays ou la lumière crée un perpétuel décor, où les races – les plus élégantes du monde – ont conservé le secret des nobles attitudes.
Le progrès des sciences biologiques amène de plus en plus l’artiste à confondre la beauté avec la vie, c’est-à-dire en somme avec l’action. Et d’autre part, l’importance que réclament aujourd’hui les questions sociales et écon

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