La Deuxième Bataille de la Marne, 15-18 juillet 1918 - Les étapes d une victoire
39 pages
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Description

L’arrêt de l’offensive allemande du 15 juillet, suivi de la contre-offensive française du 18, s’offre à nous comme la manœuvre capitale de la guerre. Elle a amorcé la ruine des plans de conquête de nos ennemis, et notre victoire décisive. L’opinion publique, dès le début, l’a nommée : la deuxième victoire de la Marne. A l’origine de ce baptême populaire il y a plus qu’une analogie de lieu et de nom. L’angoisse qui s’était emparée de nous lorsque, au début de juin, le communiqué nous montrait sur la ligne de feu des villes et des villages que l’on avait cru désormais à l’abri des atteintes de l’ennemi, c’était l’angoisse de 1914.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346123773
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Jean de Pierrefeu
La Deuxième Bataille de la Marne, 15-18 juillet 1918
Les étapes d'une victoire
LES ÉTAPES D’UNE VICTOIRE
L’arrêt de l’offensive allemande du 15 juillet, suivi de la contre-offensive française du 18, s’offre à nous comme la manœuvre capitale de la guerre. Elle a amorcé la ruine des plans de conquête de nos ennemis, et notre victoire décisive. L’opinion publique, dès le début, l’a nommée : la deuxième victoire de la Marne.
A l’origine de ce baptême populaire il y a plus qu’une analogie de lieu et de nom. L’angoisse qui s’était emparée de nous lorsque, au début de juin, le communiqué nous montrait sur la ligne de feu des villes et des villages que l’on avait cru désormais à l’abri des atteintes de l’ennemi, c’était l’angoisse de 1914. Et voici qu’à quatre ans de distance nous avons subitement retrouvé la joie qui succède à l’attente anxieuse.
Elle est d’une beauté éternelle la victoire qui prend son vol sur les champs de bataille prédestinés, déjà arrosés de sang, consacrés par la douleur et l’espérance d’un peuple. Quiconque est victorieux sur la Marne n’est pas seulement un général heureux, c’est le sauveur de la France. Le sentiment populaire ne s’y est pas trompé, et l’histoire est là pour lui donner raison.
Cette troisième semaine de juillet marque la date la plus importante de la guerre. Il semble que l’on ait aperçu pour la première fois une issue à la lutte interminable.
D’ailleurs, jamais rencontre ne fut plus longuement préparée. En vue de ce choc, Ludendorff a, depuis 1917, ménagé, galvanisé toutes les énergies de l’Allemagne. Le commandement français, pendant un an, a plié sa politique militaire à la nécessité d’être prêt quand sonnerait l’heure du grand péril qu’il voyait poindre et savait inéluctable. Chacun des adversaires a mis en œuvre toutes ses ressources et utilisé tous les enseignements de trois années de combats.
En effet, les grandes batailles de 1914, la course à la mer, la mêlée des Flandres forment un drame à part, une sorte de brillant prologue sans lien avec la suite. Il semble qu’en 1915 une deuxième guerre ait commencé. Retranchés derrière leurs fronts respectifs, appuyés d’une part à la mer, de l’autre à la Suisse, les belligérants, au cours d’un long intermède sanglant et confus, s’ingénieront à retrouver la vraie bataille, la bataille de manœuvre qui a seule illustré les stratèges. C’est une guerre de soldats et d’ingénieurs. Le problème de la percée domine tous les autres. Cette période, si glorieuse soit-elle, n’est qu’un temps d’expériences qui n’aura dans l’histoire du conflit qu’une place restreinte. Les spécialistes militaires trouveront profit à l’étudier, — comme elle sera pour les annalistes de l’héroïsme français une matière inépuisable — , mais l’histoire générale, qui est faite de grandes lignes et d’événements décisifs, lui consacrera relativement peu de pages.
L’Artois et la Champagne, Verdun et la Somme, les offensives de 1917 sur le Chemin des Dames et dans les Flandres, qui en sont les principales étapes, annoncent la campagne de 1918. Celle-ci est le résultat de ces expériences et elle en est le couronnement. Il faut en tenir compte pour comprendre et juger la deuxième bataille de la Marne.
Le problème de la percée — Verdun
La première grande entreprise de percée, nous la trouvons à Verdun en 1916. Certes, les attaques d’Artois et de Champagne en 1915, qui ont précédé la tentative allemande, resteront parmi nos plus beaux efforts ; mais le problème à résoudre n’a pas été suffisamment formulé encore. Faute d’avoir estimé à sa valeur la puissance de l’outillage moderne, nous lui opposons avec trop de confiance la bravoure de nos troupes. L’Allemagne, elle, demande au matériel la force qui lui permettra de renverser la barrière, De plus, elle apporte une méthode. Amoureuse de canons colossaux, fervente de la métallurgie qu’elle a placée au rang des industries impériales, elle pense écraser nos retranchements sous un bombardement quatre fois plus dense que ceux dont elle a usé jusqu’à ce jour. Mais toujours prudente, elle dissimule son dessein de revenir à la guerre de mouvement, en visant un objectif précis. La quantité allemande comme la qualité française devaient rester également inefficaces. Après cinq mois de combats gigantesques, les Allemands avaient acquis 10 kilomètres de terrain en profondeur et perdu 500.000 hommes 1 . Verdun, objectif assez rapproché cependant, dont la possession ne pouvait offrir qu’un résultat moral, leur échappait totalement.
En réalité, le problème apparaissait moins simple qu’on ne l’avait cru. Malgré leur puissance, les canons ne pouvaient pulvériser qu’une zone de fortifications limitée par leur portée. Derrière la position anéantie, une autre position se dressait intacte. Et rien n’empêchait le défenseur d’ajouter au fur et à mesure de l’avance ennemie des barrières nouvelles pour remplacer celles qui venaient de tomber. L’assaillant, qui chaque fois se trouvait dans la nécessité de rapprocher son artillerie pour recommencer le travail de destruction, laissait ainsi à son adversaire le temps d’amener ses réserves et de pousser des travaux. C’était la bataille des Danaïdes. La méthode aboutissait seulement à creuser une poche plus ou moins profonde dans la ligne ennemie, au prix de quelle dépense de munitions, de quelle usure de matériel et de quels sacrifices ! Dans ces conditions, que pouvait-on espérer ? Tout au plus, approfondir suffisamment la poche pour que l’adversaire fût obligé de se replier sur toute la ligne dans la crainte d’être coupé. Il ne s’agissait plus, en effet, de tourner l’armée adverse par des feintes savantes, de la manœuvrer selon les lois de la stratégie et de la détruire en la prenant entre deux feux. Car devant ces fronts sans ailes, on n’avait que la ressource de l’attaque frontale, la plus meurtrière de toutes, la moins féconde en avantages. Enfoncer la ligne sur un point bien choisi et provoquer ainsi le recul général de toutes les positions ? Encore ce but était-il du domaine de l’abstraction. Où trouver sur un aussi vaste espace, à travers les sinuosités d’un front stabilisé en fin de combat, au petit bonheur, un point tellement sensible que sa perte pouvait compromettre la sécurité de l’ensemble ?
D’autant que les belligérants voyaient tomber peu à peu toutes leurs illusions. Le jeu guerrier n’avait plus de règles. Le combat durait tant qu’un des adversaires n’était pas exterminé. C’était une guérilla sans merci ; chaque colline, chaque ferme, chaque village résistait pour son compte et devait être pris morceau par morceau. Et la victoire la plus complète dans ce genre n’en laisserait pas moins subsister l’armée ennemie qui, sur des centaines de kilomètres, serait prête à offrir la même résistance. Il a fallu que la haine de l’envahisseur, la convoitise des conquérants, et par-dessus tout l’honneur militaire et le sentiment du devoir fussent bien forts pour que les combattants aient pu se disputer sans se lasser, pendant des mois, des bicoques comme la Maison du Passeur, des collines médiocres comme les Eparges.
Mais l’intelligence des grands desseins ne devait se faire jour que lentement. Et peut-être ces sacrifices sont-ils de ceux qui trempent les armées et les rendent capables d’entreprendre les luttes décisives.
1 Les succès des 4 premiers jours de l’offensive de Verdun ont été de beaucoup les plus importants, puisqu’ils donnèrent à nos ennemis l’espace compris

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