La Guerre en Picardie - 1914-1918
63 pages
Français

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La Guerre en Picardie - 1914-1918 , livre ebook

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Description

Après la bataille de Charleroi, les Allemands, franchissant la frontière, envahirent la France, puis, à marches forcées, se dirigèrent vers Paris où ils comptaient arriver rapidement.Ils furent souvent arrêtés par des combats opiniâtres au cours de leur ruée foudroyante. Les carnets de route trouvés sur des cadavres allemands, notamment après la bataille de la Marne, nous ont révélé les étapes de leur avance victorieuse. Ce fut dans la journée du 27 août que les hordes germaniques, quittant la Flandre, pénétrèrent en Picardie.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 2
EAN13 9782346116164
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Maurice Thiéry
La Guerre en Picardie
1914-1918
AVANT-PROPOS
La Picardie, par sa situation géographique et son territoire composé de plateaux peu élevés ou de vastes plaines, a toujours eu à souffrir, au cours des siècles passés, des invasions étrangères. Elle n’a pas été davantage épargnée durant la terrible guerre de 1914.
Placée à l’avant-garde des frontières françaises, cette province eut à subir de tout temps le choc des armées qui envahirent notre pays par le nord.
Au temps de la conquête de la Gaule par Jules César, les farouches Nerviens, comme les appelle Michelet, et les Veromanduens, ont défendu intrépidement leur sol comme l’ont encore fait, en août 1914, les territoriaux picards à la bataille de Bapaume et les mobilisés de la Sommé au combat de Guise.
Plus tard, au V e siècle, lorsque les invasions barbares déferlèrent dans le nord de la Gaule romaine, beaucoup de villes et de villages détruits alors ne furent point reconstruits. Le bourg de Vermand, entre Péronne et Saint-Quentin, fut complètement anéanti par les Huns, et il en fut de même du village de Lihons, que les Allemands, au début de la guerre, n’ont pas davantage respecté.
Les Normands, quelques siècles après,. renouvelèrent les ravages des précédentes incursions dévastatrices.
Avec la guerre de Cent ans, le Santerre connut toutes les horreurs, toutes les misères, toutes les atrocités qu’amène avec elle l’invasion.
La petite ville de Nesle a été saccagée par Charles le Téméraire, qui entra à cheval dans l’église où s’entassaient des monceaux de cadavres. En 1536, Péronne a brisé la ruée des armées de Charles-Quint vers Paris, et en 1871 elle supporta un nouveau siège et un furieux bombardement.
A Corbie, Louis XIII et Richelieu, après un terrible combat, culbutèrent les Impériaux. Dans une curieuse lettre du poète amiénois Voiture, on peut lire ces lignes qui s’appliquent admirablement aux Allemands d’aujourd’hui : « Ces gens si déterminés qui devaient percer la France jusqu’aux Pyrénées, qui menaçaient de brûler Paris nous laissent attaquer et prendre par force une place qui leur était importante ».
Pendant cette même guerre de Trente ans, le cruel Jean de Woerth se livra en Picardie aux pires barbaries, en pillant, détruisant, incendiant sur son passage, depuis Amiens jusqu’à Ham et. Saint-Quentin, villes et villages sur une largeur de dix-huit lieues.
Durant les guerres que soutint la Convention, nos campagnes picardes furent de nouveau parcourues par les armées étrangères et, après l’invasion de 1814, des routes prirent le nom de Chemin des Cosaques en souvenir de l’itinéraire suivi par les armées coalisées contre la France.
En 1870-71, les troupes françaises et allemandes se sont. battues sur la route d’Amiens à Roye, la cité martyre d’aujourd’hui ; elles se sont battues près de ces villages du Quesnel, de Parvillers, d’Andechy, où les nôtres ont encore été aux prises avec les soldats de Guillaume.
Enfin, Lihons, Erleville, Foucaucourt, aujourd’hui dévastés, ravagés, presque anéantis par les hordes teutonnes, ont déjà souffert d’elles pendant l’autre invasion ; comme aujourd’hui, elles y ont promené le carnage et l’incendie ; elles y ont comme aujourd’hui tué des vieillards et des femmes.
Ah ! oui, le Santerre est bien la terre de sang : jamais elle n’a mieux mérité ce nom qu’à présent, mais jamais elle n’en a bu autant, répandu sur elle par l’ennemi, par l’envahisseur, dont nos soldats dauphinois, savoyards, bretons et picards ont fait d’effroyables hécatombes.
Ce livre, s’il encourt le reproche d’être à l’heure actuelle incomplet, a du moins le mérite d’être sincère, car il a été écrit d’après des témoignages authentiques et les récits de personnes dignes de foi.
M.T.

Malakoff, le 20 novembre 1918.
I
ARRIVÉE DES ALLEMANDS EN PICARDIE
Après la bataille de Charleroi, les Allemands, franchissant la frontière, envahirent la France, puis, à marches forcées, se dirigèrent vers Paris où ils comptaient arriver rapidement.
Ils furent souvent arrêtés par des combats opiniâtres au cours de leur ruée foudroyante. Les carnets de route trouvés sur des cadavres allemands, notamment après la bataille de la Marne, nous ont révélé les étapes de leur avance victorieuse.
Ce fut dans la journée du 27 août que les hordes germaniques, quittant la Flandre, pénétrèrent en Picardie. A cette date, en effet, on signale leur arrivée au Câtelet, petit bourg placé aux confins des deux provinces, entre Cambrai et Saint-Quentin.
Lorsqu’une patrouille de cinq uhlans entra au Câtelet, une ambulance anglaise y était installée. Avec les blessés se trouvaient quelques soldats britanniques, fatigués et séparés de leurs régiments. L’un d’eux, pris de colère à la vue des uhlans, et désireux de venger ses camarades tombés la veille au Cateau-Cambrésis, saisit son fusil, abattit un cavalier allemand et son cheval, démonta un second uhlan, tandis que les trois autres, pensant être tombés dans un guet-apens, s’empressaient de tourner bride et de fuir au galop.
Mais comme toujours les Allemands ne tardèrent pas à revenir en forces considérables ; ils prétendirent que les coups de feu avaient été tirés par des habitants du Câtelet et le uhlan tué par un civil.
Ils se rendirent à la mairie. Le maire du Câtelet étant mobilisé, ils trouvèrent l’instituteur, M. Cabaret, lequel remplissait les fonctions de secrétaire de mairie. Ils le prirent pour le maire, le frappèrent à coups de lance et à coups de pied et lui annoncèrent qu’ils allaient le fusiller. En même temps, une autre troupe allait chercher M. l’abbé Ledieu, curé. En guise de salut, un uhlan lui asséna un coup de hampe de lance en plein visage ; l’abbé Ledieu, très myope, eut ses lunettes brisées et un œil tuméfié. On ne lui permit même pas de prendre d’autres lunettes. Les brutes l’entraînèrent dehors, en le menaçant, s’il résistait, de l’enterrer vivant dans son jardin. Les Allemands s’emparèrent à peu près de la même façon de M. Delabranche, pharmacien, et de quatre autres personnes.
Les six otages furent emmenés sans explication à Bellicourt, localité située à environ cinq kilomètres du Câtelet.
A peine sortis de la ville, les uhlans mirent leurs montures au trot et forcèrent leurs six victimes à les suivre au pas de. course. Le pharmacien, M. Delabranche, âgé et infirme des jambes, ne put suivre longtemps. Au bout de cent mètres, il roula sous les sabots des chevaux. Les Allemands le relevèrent en le frappant, mais reconnaissant qu’il ne pouvait marcher, ils l’attachèrent à un arbre.
Arrivés à Bellicourt, ils firent placer les cinq otages contre un mur, et les couchèrent en joue plusieurs fois, puis leur annoncèrent qu’ils allaient fouiller les environs afin de retrouver celui qui avait tiré sur les Uhlans à leur arrivée au Câtelet.
Des patrouilles parcoururent les villages de Bellicourt, Nauroy, Hargicourt et Villeret, mais leurs recherchés étant demeurées infructueuses, les Allemands décidèrent de ramener les otages au Câtelet.
Durant le trajet, ils croisèrent de longues colonnes d’infanterie allemande. qui arrivaient de Cambrai et du Cateau. À leur tour, les fantassins insultèrent, outragèrent et frappèrent les cinq Français. Le pauvre curé, M. Ledieu, en particulier, était couvert de crachats et, de plus, il avait reçu tant de coups de crosse et de hampe de lance sur la tête qu’il avait le crâne bossue et ne pouvait plus mettre son chapeau.
A sept heures, le cortège, parti depuis deux heures de l’après-midi, rentra au Câtelet, que de nouvelles troupes allemandes étaient venues occuper. Les rues étaient remplies de soudards qui voulurent égorger les prisonniers. Sans l’intervention de quelques officiers, c’eût été chose faite.
A neuf heures du soir, un conseil de guerre se r

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