La Guerre mondiale et la question turco-arménienne
108 pages
Français

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La Guerre mondiale et la question turco-arménienne , livre ebook

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Description

Quoique très embarrassée dans ses rapports avec ses sujets chrétiens dont la fidélité n’a jamais été au-dessus de tout soupçon, la Turquie s’est sincèrement employée, depuis à peu près un siècle, à assurer aux éléments non-musulmans sous sa domination des droits et un traitement égaux à ceux des musulmans. — Cette idée anime toute la législation élaborée dans l’Empire depuis le « Tanzimat » (ère de réformes inaugurée par la proclamation de la Charte de Gulhané en 1839) et se trouvait en grande partie réalisée, lorsque la Russie, elle-même plus que jamais attachée à un système de gouvernement où ses sujets non orthodoxes étaient condamnés à un état d’infériorité marqué vis-à-vis de leurs compatriotes appartenant à la religion d’Etat, osa lui déclarer la guerre en 1876, sous prétexte d’en obtenir l’application.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346110209
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Ahmed Rustem Bey
La Guerre mondiale et la question turco-arménienne
EXPLICATION PERSONNELLE DE L’AUTEUR
Fils d’un Polonais qui, ayant trouvé un asile en Turquie après la révolution avortée des Hongrois en 1848, entra à son service comme officier et fut l’objet des faveurs de son gouvernement jusqu’à sa mort, je me suis inféodé au peuple turc, autant par reconnaissance que par appréciation de ses très nombreuses et très sympathiques qualités.
En écrivant ce livre destiné à défendre la Turquie devant l’opinion publique occidentale dans la question turco-arménienne, je n’ai fait que continuer à donner cours à mes sentiments d’attachement pour le pays où je suis né et où, à mon tour, j’ai été l’objet de sa bienveillance. Ces sentiments se sont manifestés par des actes dont la sincérité ne peut être mise en doute ; ainsi je me suis battu deux fois en duel pour soutenir son honneur et j’ai pris part comme volontaire à la guerre turco-grecque.
C’est après carrière faite et assuré depuis longtemps des sentiments bienveillants du gouvernement ottoman et de mes compatriotes turcs, que je fais paraître cet ouvrage sous mon nom. Par là je veux dire que, ce faisant, je n’obéis qu’à mon amour pour le pays. Quant au degré de conviction avec lequel j’ai mis ma plume à son service dans ce débat, où il s’agit de prouver que la Turquie n’est pas la grande coupable qu’on prétend et où les passions se trouvent excitées au plus haut point, il se trouve suffisamment déterminé par l’apposition de ma signature au bas de ce plaidoyer, où je dis de cruelles vérités aux Comités arméniens et à l’Entente.
Les explications que je viens de donner étaient nécessaires, car en présence de la difficulté où je me flatte d’avoir mis la partie adverse de répondre à ma défense de la Turquie, elle cherchera à m’attaquer dans ma personne. Elle dira peut-être qu’un Ottoman d’origine polonaise qui prend fait et cause pour les Turcs contre les Arméniens ne peut être qu’un mercenaire. Elle dira aussi qu’étant devenu musulman, je ne suis qu’un renégat qu’on ne peut prendre au sérieux dans le rôle de défenseur des Musulmans contre lés Chrétiens.
Dans son embarras, que ne dira-t-elle pas encore d’aussi juste et d’aussi élégant ?
Mais il n’y aura là toujours que des arguments déplacés ! A supposer même que je sois le personnage indigne qu’elle cherchera sans doute à faire de moi, qu’est-ce que cela prouverait ? Deux et deux n’en font pas moins quatre, même si c’est un filou ou un assassin qui l’affirme. En effet, ce sont les arguments qui parlent. Ceux-ci admis comme valables eu eux-mêmes, la personnalité de celui qui les avance ne contribue ni à les infirmer, ni à les confirmer.
Deux mots encore. Je ne nourris contre les Arméniens aucun préjugé  —  tout au contraire, je les admire comme un peuple doué de nombreuses et solides qualités. Je compte parmi eux beaucoup de connaissances et quelques amis. Répétant ce que j’ai écrit dans la phrase qui clôt mon ouvrage, je dirai que comme Ottoman, je regrette très profondément la scission que l’intrigue a provoquée entre eux et les Turcs avec qui ils étaient destinés à vivre dans l’union. C’est pour ceux qui ont commis ce crime contre l’histoire, dont par là ils ont détourné le cours, que, revenus à eux-mêmes, les Arméniens devraient réserver leurs malédictions.
 
AHMED RUSTEM.
TRAITEMENT DES NON-MUSULMANS EN GÉNÉRAL DANS L’EMPIRE OTTOMAN
Quoique très embarrassée dans ses rapports avec ses sujets chrétiens dont la fidélité n’a jamais été au-dessus de tout soupçon, la Turquie s’est sincèrement employée, depuis à peu près un siècle, à assurer aux éléments non-musulmans sous sa domination des droits et un traitement égaux à ceux des musulmans. — Cette idée anime toute la législation élaborée dans l’Empire depuis le « Tanzimat » (ère de réformes inaugurée par la proclamation de la Charte de Gulhané en 1839) et se trouvait en grande partie réalisée, lorsque la Russie, elle-même plus que jamais attachée à un système de gouvernement où ses sujets non orthodoxes étaient condamnés à un état d’infériorité marqué vis-à-vis de leurs compatriotes appartenant à la religion d’Etat, osa lui déclarer la guerre en 1876, sous prétexte d’en obtenir l’application.
Si l’œuvre entreprise n’avait pas été entièrement accomplie jusqu’alors, la raison s’en trouve dans le fait que la disparition de la suprématie musulmane aurait donné lieu à des chocs perpétuels entre les différentes sectes de chrétiens dont la haine les unes pour les autres ne connaissait pas de bornes 1 ).
Voici comment s’exprime à ce sujet le diplomate français M. Engelhardt dans son livre La Turquie et le Tanzimat :... « Mais en préconisant les avantages d’un régime commun, le Divan se défendait d’une assimilation complète qui aurait compromis la suprématie musulmane, seule barrière d’après lui contre l’anarchie. Cette précaution avait sa raison d’être dans un fait indéniable à cette époque et qui pouvait passer pour un axiome :... le gouvernement musulman est celui qui divise le moins les rayas. »
Et qu’on n’oublie pas qu’une autre difficulté, et non des moindres rencontrées par la Sublime-Porte dans l’exécution de sa tâche, se trouvait dans l’attitude des chrétiens eux-mêmes qui réclamaient la suppression des inégalités dont ils souffraient dans, certains domaines, mais s’opposaient à l’annulation des privilèges dont ils jouissaient dans d’autres. — Cette vérité est également constatée par M. Engelhardt dans son livre sus-mentionné qui contient le passage suivant à ce sujet : « Cette expérience (l’assimilation des non-musulmans aux musulmans en ce qui concerne l’impôt du sang) portait en elle un enseignement inattendu : elle démontrait que la réforme, à mesure qu’elle passerait de la théorie dans le domaine des faits, serait combattue par ceux-là mêmes qui devaient en recueillir les premiers bénéfices, difficulté qui aggravait singulièrement le problème particulier dont la solution importait surtout aux Puissances. »
Toutefois, l’honorable auteur commet une grave erreur historique quand il parle de toutes les Puissances comme ayant à cœur l’apaisement ou la satisfaction des sujets chrétiens de la Sublime-Porte, par l’adoption de mesures destinées à les mettre sur un pied d’égalité avec ses sujets musulmans. — La Russie dont la politique à l’égard de la Turquie avait eu notoirement pour but depuis plusieurs siècles de préparer les voies à sa conquête de Constantinople, en entretenant chez ses voisins un état de faiblesse chronique la rendant incapable de lui opposer une résistance efficace — ce qui en fait lui avait permis de se rapprocher considérablement de l’objet de ses convoitises — posait bien en avocat zélé de la cause des orthodoxes ottomans, mais en réalité, elle eût été fort contrariée qu’ils fussent privés de leurs griefs contre la Sublime-Porte. Aussi, les encourageait-elle en sous main à afficher des prétentions qui devaient empêcher l’entente de se produire entre celle-ci et ceux-là. D’autre part, l’Angleterre et la France s’étaient employées à favoriser la consolidation intérieure et extérieure de l’Empire pendant l’époque comprise entre 1840 et 1878 ; par contre, à p

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