La Lanterne magique - Revue prospective de 1874
73 pages
Français

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La Lanterne magique - Revue prospective de 1874 , livre ebook

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Description

« Mon pays » a pour frontière les deux pôles et pour méridien l’échelle du progrès humain. La Vestale au bonnet phrygien y entretient le feu sacré sur l’autel de la libre-pensée. Le soleil de liberté qui l’éclaire défie toutes les éclipses.Mon Éden n’est donc pas une expression géographique. Malheureusement pour les âmes éthérées, les créatures idéales qui viennent en foule y chercher un refuge contre toutes les déceptions, toutes les misères de la vie, misères dues bien moins à la destinée inéluctable de l’homme qu’à son babélisme social, à son intolérance inepte qui bâillonne celui qui a quelque chose à dire et met les menottes à ceux qui ont les mains pleines de vérités rénovatrices, plutôt que révolutionnaires.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346094868
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Septime
La Lanterne magique
Revue prospective de 1874
DÉDICACE
Au Dieu — encore inconnu — qui brisera — pour toujours — le bâillon sacrilége de toutes les censures... Deo... ignoto...
 
SEPTIME
PROLOGUE
En publiant ces lignes, l’auteur a eu pour objectif non-seulement une constitution radicale, seul moyen de régénération qui puisse obvier aux maux du présent et à ceux signalés par notre Lanterne magique, mais aussi la démonstation virtuelle de cette vérité, qui, pour le bonheur à venir des peuples, doit être solennellement proclamée : à savoir que la liberté absolue d’examen, de discussion et même de critique, est le Palladium des sociétés modernes.
Dans telle situation donnée que puisse se trouver une nation, si le mensonge peut la conduire à sa perte, comme on en a fait la terrible expérience, la effrité ne peut jamais lui nuire. Il se trouvera toujours une voix inspirée, prophétique souvent, pour crier : Casse-cou ! aux gouvernés comme aux gouvernants.
La liberté de penser et d’écrire, c’est le phare lumineux qui, éclairant les navigateurs sans boussole, les préserve des écueils !
En politique, surtout, la libre expansion des esprits est comme la respiration normale de l’opinion publique, ce jet vivifiant dont l’émission, répercutée d’écho en écho, effraye les seuls despotes.
Les penseurs, les écrivains sont les vigies dévouées du navire de l’Etat, dont le pilote, énervé par les dé-lices de la dunette de cour, ne prend le point que lorsqu’il a fait côte et que la tempête lui répond : Trop tard !
Une voix, entre mille, s’élève aujourd’hui pour constater ce fait, qui veut surtout être un enseignement.
Vaincu par les habiles et les traîtres ; car tout l’officialisme de ces vingt dernières années se compose de transfuges de tous les camps, nous dûmes subir les conséquences de notre... tempérament : les esclaves, eux, le sont aussi par nature, qu’on le croie bien et qu’on les prenne en pitié ; puisque Dieu a mis le remède à côté du mal, le philosophe à côté du cynique : l’un étant la raison d’être et le médecin de l’autre, jusqu’à la perfection relative de l’homme.
De retour d’un exil, volontaire en apparence, nous avions trouvé la France de 89 et de 48 enguirlandée de ses chaînes, qu’elle faisait semblant de bénir, comme si elle ne devait pas, un jour, expier sa complicité. Car la honte produit cet effet : qu’on semble glorifier le fétiche qui vous dégrade, jusqu’au jour où on le met sous les pieds ; on le fait grand pour paraître moins petit.
Grâce à Dieu, l’ignominie n’est pas héréditaire ! elle saute au moins une génération : celle qui a gémi de ses-auteurs. Après les dragonades de 1851, le chant du départ de 1871 ! Après les lâches bénédictions du père, les fières imprécations du fils !
Plongée dans une torpeur mortelle, la France terrifiée ne voulait pas être réveillée ; pour lui mettre le moxa sauveur, il fallait alors courir plus de risques qu’aujourd’hui pour tuer un ennemi envahisseur.
Nous dûmes donc, pour tenter de conjurer la gangrène totale de cette reine de la civilisation, revêtir la cuirasse de l’allusion, quand nous n’aurions voulu qu’une épée loyale, une arme toujours courtoise. Volontaire de la presse, il nous fallut ceindre notre plume du pseudonyme panaché pour faire pénétrer quelques rayons de lumière au milieu de la grande Babylone, de la Sybaris impériale, de la Capoue du proxénétisme, de la Gomorrhe bonapartiste enfin !
Mais la censure, aux mille formes, ne nous fut jamais légère ! Editeurs, imprimeurs, directeurs de théâtres et même de journaux furent toujours plus ou moins empêchés : ils étaient ce qu’on les faisait. Oui, nous le disons pour ceux qui nous suivront dans la carrière, le plus perfide comme le plus redoutable ostracisme dont puisse gémir un écrivain, c’est la surveillance de sa plume, mise, non à l’index : on craindrait l’opinion publique, mais en interdit par voie officieuse, ou mieux ténébreuse, comme les dix. Les persécutions occultes, procédant par insinuations perfides, sont les projectiles explosibles à l’usage des tyrans sans foi ni loi ! L’on ne traduit pas plus un écrivain devant ses pairs, c’est-à-dire devant l’opinion, que l’on fait un 2 décembre en plein jour ; tout au plus trouve-t-on un juge prévaricateur ou un écrivain vénal pour vous Vitu... pérer, après vous avoir déloyalement travesti. Juges de la manche et prétoriens sont les immeubles par destination de tout bandit couronné !
Le généra ! prétorien tire le glaive et signe les capitulations honteuses ; le juge de la manche, assis ou à asseoir dans le fauteuil le mieux fait pour le piquer... d’honneur, devient, par assimilation de robe, pourvoyeur de Pélagie et autres marguerites plus ou moins effeuillées par le maquillage — pour ne pas dire le maquignonnage !
Sur cette politique sans pudeur, sinon sans liste cynique, combien de choses à dire, que nous dirons plus tard avec détails circonstanciés ! L’historique des persécutions est le même, hélas ! pour tous les caractères indépendants ! Ici, c’est un journal suspendu ou supprimé, en réalité à cause de notre prose désagréable : en apparence pour un autre motif... Là c’est un leading article qui nous est rendu en épreuves, sur le veto du Monsieur en cravate blanche de la censure amiable et impé.... rieuse. C’est enfin un journal de sport qui, au 4e article, et par ordre bien certainement, nous ferme ses colonnes où nous cultivions, avec trop de succès, l’allusion politique  : les renards officiels s’étaient tous reconnus : shocking !
Un aventurier parvenu peut rendre son épée, vierge de tout exploit honorable ; un écrivain digne de ce nom ne rend pas sa plume : il la jette aux orties, quand il ne peut la lancer au visage — masqué — de l’exécuteur des basses-œuvres !....
C’est sous vos verroux, ô nocturnes meurtriers de la République, ô arcadiens de toutes les turpitudes, que nous avons découvert, et sans avoir pu crier notre eureka  ; le centre de gravité des sociétés modernes, leur constitution normale... C’est sous le coup des atteintes portées à notre foi et à notre dignité que nous avons, trouvé les clefs authentiques de la véritable église chrétienne, de la Jérusalem retrouvée : le Nazaréen tel qu’il était !
Notre « théâtre d’un censuré » où vous vous êtes trouvés laids jusqu’à l’interdiction personnelle, a été votre œuvre par antithèse ! Si nous avons eu le génie du bien, et cela nous fait tout pardonner, c’est sous les tortures infligées par les suppôts du mal à notre âme libre !
Saturé donc de dégoût des hommes, inconscients de leur complicité plus encore que blessé des traits du Parthe aux camélias, nous nous étions retiré sous la tente idéale du penseur, pour y édifier notre éden cosmopolite. L’idée a le monde pour patrie, en attendant qu’elle en fasse une oasis ! La liberté, c’est le paradis des âmes, d’où descendent les lois rédemptrices de l’humanité !
La civilisation tient l’univers sous ses lois, qui ne sont divines que parce qu’elles sont internationales ! Les rois sont ses grands vassaux, en attendant qu’un Richelieu de la démocratie, — et ce sera l’honneur de la France de le produire, — les courbe tous devant le roi du monde : l

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