La Plume Rouge , livre ebook

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2018

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Le Conquet, 1755 - Olivier Féas, jeune mousse qui ne peut plus embarquer, entre en apprentissage chez un maître chirurgien du Conquet. Dans cette petite garnison du bout du monde se multiplient enlèvements et meurtres inexpliqués, au cours desquels le jeune Féas échappe à la mort. Pour sa sécurité il est envoyé à Brest où ses talents trouvent à s’employer auprès du Premier chirurgien du Roi. Dans le port enserré de remparts, en proie à une terrifiante épidémie, « le mal noir de Brest », Olivier Féas se trouve au contact d’une société où se côtoient, au milieu des armements d’escadres, espions, marins, indiens du Canada, aristocrates et femmes fatales. Notre jeune garçon chirurgien devra louvoyer pour survivre dans ce monde interlope dont la fréquentation le conduira aux portes de la trahison.
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Date de parution

10 décembre 2018

Nombre de lectures

0

EAN13

9782312063898

Langue

Français

La Plume Rouge
Olier Le Bris
La Plume Rouge
Olivier Féas dans le Secret du Roi
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
Aux éditions Ysec de Louviers
En collaboration avec J EAN - L UC Q U É NECH ’ DU , Les Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918 , en 5 volumes, 2008-2017.
Aux éditions Bernard Giovanangeli
Présentation , préface et annotations de l’édition de 1933, H ENRY DE G OLEN , Scandales Médicaux pendant la guerre , Val -de- Grâce , 1917-1918, 2017.
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-06389-8
Remerciements à Jean - François Larrieu
Avant -propos
Sur la Boudeuse ,
À San Miguel de Monterey , le 18 septembre 1786
Mon cher Charles,
« Cent fois j’ai pris la plume pour vous écrire et cent fois je l’ai reposée. Que répondre à votre courrier qui m’est parvenu peu de temps avant mon départ de Brest , remis par les soins de votre chargé d’affaires, le sieur Riou - Kerhallet ? Que répondre à vos interrogations qui transparaissent au fil de vos lignes ? Je vous sais gré de votre affection. Vous savez toute l’amitié qui me liait à votre père ; elle ne s’est jamais démentie et était, je le sais, partagée.
Il y a un an, préparant notre expédition, parcourant le port et les escaliers sans fin de la ville de Brest, tout me rappelait votre père, sa retenue, le charmant sourire de votre mère, nos jeunes années qui s’en sont allées. Je ne pouvais sans émotion faire un pas sans être accablé par ces souvenirs. J’ai revécu en pensées notre rencontre, retrouvé nos amis disparus puis subit notre séparation. Durant toutes ces longues années j’ai tant souhaité qu’il nous revienne. Encore aujourd’hui, je ne peux descendre dans l’entrepont, sans entendre nos matelots bretons fredonner la “ballade du Mal Noir de Brest ” , laquelle, à chaque refrain, me serre le cœur à l’évocation de votre cousin Cleirec et à celle de votre père…
Tout au long de ces longues années j’ai croisé lors de mes embarquements nombre de gens qui l’avaient côtoyé ou combattu. Sa réputation s’est construite pas à pas ; elle a enflé pour le dépasser et sa fréquentation n’a laissé aucun de ces témoins indifférents. Pour les uns il est ce camarade auquel on disputait la meilleure place à l’hôpital de la marine ; pour d’autres un mercenaire, traître à son pays et à son Roi . Pour moi il est resté l’ami fidèle des premiers instants ; le frère que je n’ai jamais eu. À l’occasion de longs tête-à-tête avec feue votre grand-mère Féas , aux confidences de vos cousins de Pontaniou et à nombre de témoignages moins recommandables, j’ai pu glaner de larges fragments de son épopée. Mais je reste persuadé, mon cher Charles , que vous en savez autant sur lui que vous en savez sur moi et sur ma mission dans le Pacifique . Votre père a toujours veillé à être bien informé… Ses réseaux familiaux valaient les meilleurs services du Roi . Il avait hérité en cela de vos cousins brestois. Je sais qu’en matière de renseignement vous entretenez en Amérique la flamme de cette ancienne tradition familiale et qu’encore aujourd’hui vous lui faites honneur.
Mais Dieu m’est témoin que je vais tenter de répondre à vos attentes et à votre questionnement, quoiqu’il m’en coûte. Je conserverai précieusement votre code de correspondance avec Boston. Le sieur Rollin, mon chirurgien major, dont le père a été le disciple du votre à l’école de chirurgie de la marine de Brest ne s’est pas fait prier pour tenir la plume et coucher sur le papier la moisson de mes souvenirs. Je vous livre l’Histoire de ces premières années que nous avons mise en ordre pour votre édification et celle de vos enfants. Rollin a arrangé cette histoire à sa façon. Elle me paraît par endroit trop romanesque. Sa plume s’est parfois emportée… Je vous en laisse juge.
Mon cher Charles, nous quitterons bientôt cette magnifique Californie et cinglerons vers la Chine, au plus direct. Je vous écrirai d’une prochaine escale encore bien incertaine. Nous y trouverons très certainement de vos associés du Massachusetts qui commercent dans les mers du Sud. Dans l’attente et par sécurité, je confie ce premier manuscrit au frère Juan de la Paz, de la mission des Natchez qui rejoint la Santa Fé. Il vous le fera parvenir par quelque missionnaire montant dans vos pays. Je prierai pour que le bon père et le manuscrit arrivent entiers. N’hésit… »
[ Le reste de la lettre est illisible.
« J’ai reçu ce manuscrit le 24 juillet 1788. Il m’a été remis par le sieur Laporte , dit Va -de- Bon - Cœur , traiteur de fourrures à Kaskaskia qui s’en venait de la Mobile . Il le tenait du père du Saint - Esprit , archidiacre de la Nouvelle - Orléans auquel il avait été porté par un indien biloxi, compagnon de route du frère de la Paz martyrisé par la bande de maraudeurs du comanche Ecueracapa » . Charles Sullivan - Fees esq., Fountain Belair , Saint - Louis du Missouri .]
Prologue
Printemps , Islet de Kermorvan ( Basse Bretagne )
« Davaï {1} ! Davaï ! ».
À peine audible, l’avertissement montait de la plage, mêlé au bruit du ressac et aux cris des mouettes planant au ras des tombants.
« Bistro … skopitché biesdelnikov… {2} ! »
Allongé au sommet de la falaise, sur un monticule libre de végétation, sortant d’une douce torpeur, une ombre ne perdait rien du spectacle qui s’offrait à ses yeux.
Descendant un raidillon abrupt, entrelacs de pierres moussues et de mottes rases, une troupe d’individus s’approchait de la grève.
« Davaï ! ».
L’homme qui scandait la marche, dans un langage inconnu sur ces rivages, conduisait rapidement son train, sautant de rochers en rochers, contraignant, tirant ses compères. Ceux-ci, se déplaçaient avec difficulté, tanguaient, viraient sur eux-mêmes, paraissaient totalement désarticulés. Leur lente progression se faisait en silence. De même, leurs trébuchements répétés ne laissaient échapper de leurs bouches aucun son, aucun murmure. Sévèrement houspillés ils avançaient courbés.
La main crochée à une pierre d’achoppement de palan de goémonier, couchée sur sa banquette de verdure, l’ombre, en dépit de l’obscurité qui tardait à s’imposer, scrutait la scène qui se découvrait à ses pieds. Toujours brinquebalé par son conducteur, le petit groupe après avoir fourni un exceptionnel effort atteignit la grève et se laissa choir sur un lit de galets blanchis d’écume.
L’ombre compta cinq individus en sus du meneur. Cinq individus de petite taille, dont le corps était recouvert d’une espèce de sac en toile d’où ne s’échappaient, à partir de mi-cuisse, que des jambes et des pieds nus. Aucun bras n’était visible. Les inconnus étaient attachés l’un à l’autre, au niveau de la taille, par une corde flottante qui oscillait à chaque mouvement.
L’ombre, totalement aux aguets, ne perdait pas une miette de la scène. Elle était intriguée par le silence qui succédait aux jurons ; par l’absence de réaction des marionnettes aux mouvements saccadés du conducteur qui s’employait à les relever à coups de bottes, à les conduire vers l’eau.
Arrivé au bord du rivage notre homme s’y campa, ignorant les vaguelettes qui léchaient ses bottes. Les mains sur la taille, face à la mer, paraissant gigantesque, il maintenait ferme son troupeau regroupé à dix pas. Après de longues minutes de veille, seulement rythmées par le ressac qui se fracassait sur l’estran, l’homme retira son immense chapeau et à bout de bras en fit de larges moulinets.
À main droite de la crique, dans la direction des retranchements de l’Islet , une longue chaloupe noire s’était découverte d’entre les roches. Conduite par six hommes, elle se déplaçait à force de rames vers le rivage qui n’était qu’à quelques encablures. Sur un signe, notre homme alla à leur rencontre, pénétrant dans l’eau jusqu’à mi-jambe ; sa longue capote habillait sa silhouette d’une espèce de corolle noire. Il jeta sa corde aussitôt saisie, puis, au prix d’un gros effort, il revînt sur ses pas porté par des vagues vrombissantes.
« Davaï ! Davaï ! Vpiriod cheïka sabatov ! Davaï {3} ! »
Il s’était saisi d’un fouet qui pendait à son ceinturon et ne ménageait pas ses coups

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