La Population et les finances - Question égyptienne
71 pages
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La Population et les finances - Question égyptienne , livre ebook

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Description

La crise qui frappe l’Egypte en ce moment n’est pas exclusivement financière, mais bien plutôt l’expression la plus frappante sinon la plus déchirante d’un état de profonde souffrance sociale, dont la question des finances n’est qu’une des faces.M. Cave, au commencement de son rapport, paraît avoir admirablement compris la question dans sa nature la plus intime, et s’il n’a fait que l’effleurer dans son travail, c’est que sa mission était exclusivement financière.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346117147
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Élia Rossi
La Population et les finances
Question égyptienne
CHAPITRE I
La crise qui frappe l’Egypte en ce moment n’est pas exclusivement financière, mais bien plutôt l’expression la plus frappante sinon la plus déchirante d’un état de profonde souffrance sociale, dont la question des finances n’est qu’une des faces.
M. Cave, au commencement de son rapport, paraît avoir admirablement compris la question dans sa nature la plus intime, et s’il n’a fait que l’effleurer dans son travail, c’est que sa mission était exclusivement financière. Il attribue les souffrances de l’Egypte à l’état de transition dans lequel elle se trouve, entre un passé déplorable et un état nouveau qui se prépare, mais bien incertain encore dans ses aspirations.
C’est donc à nous, enfants d’une civilisation avancée, de venir en aide à cette grande égarée, et à lui montrer le chemin le plus sûr à suivre pour la réalisation de ses aspirations au progrès et au bien-être. La prospérité de l’Egypte est aussi la nôtre et celle de l’humanité qui souffre des souffrances des nations. C’est aussi notre devoir de payer une hospitalité généreuse par des conseils salutaires et désintéressés, c’est à chacun de nous de proposer, dans la sphère de ses propres moyens, les meilleures voies à suivre pour pouvoir arriver à donner le bien-être au pays qu’il habite, et l’aider à rentrer franchement et résolument dans la voie de la vraie régénération. De ce devoir d’éclairer qui nous est imposé, découle celui de ne rien cacher de la vérité et de ne point l’altérer en l’enveloppant du voile hideux de la flatterie et de la bassesse.
De tout temps on a pensé qu’à l’Egypte sont réservés un grand avenir et une grande mission. Par sa position géographique et son ethnologie, c’est elle en effet qui doit conquérir à la civilisation l’immense continent africain, et c’est bien le cas de dire que si l’Egypte n’existait pas il faudrait l’inventer. C’est à elle qu’il appartient de déchirer le voile qui cache cette mystérieuse Afrique, ce sphinx séculaire de l’humanité ; c’est à l’Egypte de propager notre civilisation dans ces immenses espaces inconnus, d’appeler ces hordes sauvages qui les peuplent, sans les vivifier, au grand banquet de l’humanité et de faire fleurir parmi elles une civilisation nouvelle de formes et de nature.
Chaque pas que l’Egypte pourra faire vers la civilisation sera un progrès réalisé pour la guérison de la maladie qui la ronge et l’épuise, et si chacun apporte religieusement sa pierre à la réédification de sa prospérité, nous aurons au moins la satisfaction d’avoir rempli un grand devoir.
Effrayé par la chute inopinée des finances égyptiennes, s’apercevant trop tard qu’on l’avait bercé de vaines illusions de manière à le conduire au bord de l’abîme, le Khédive crut, dans sa loyauté, pouvoir donner un témoignage de sa bonne volonté, et par cela même tranquiliser ses créanciers, en déclarant formellement vouloir tenir le mieux possible tous ses engagements. De là le décret du 6 avril 1876, qui produisit un résultat contraire au but qui l’avait inspiré, puisqu’il fut le signal d’un cri d’alarme qui se traduisit même par des démonstrations d’une convenance contestable.
Les premiers moments de découragement qui suivirent ces démonstrations hostiles une fois passés, le Khédive, voyant le peu de résultat utile apporté par le remède auquel il avait eu recours, s’aperçut à la fin qu’une administration illogique et immorale avait réduit l’Etat à une position aussi critique ; d’où l’idée d’avoir recours aux lumières d’illustrations européennes en fait de spécialités financières, afin d’arriver à organiser ce chaos sans nom que pour la forme on appelait Ministère des finances, et de réparer ainsi le mal qu’on avait fait en son nom.
Mais, si le Khédive avait pris en considération la première idée par laquelle M. Cave ouvre son rapport, il se serait aisément convaincu, que la question financière qui prédomine par le fait ne saurait être résolue par des mesures exclusivement financières. Les plus grandes illustrations financières du monde ne pourraient, en effet, faire que ce que fait un empirique traitant une maladie : ils s’appliqueraient à corriger les symptômes extérieurs de la maladie, à modérer la fièvre, à calmer la douleur, et, avec ces soulagements apparents du mal, ils laisseraient le progrès morbide intact et continuer son cours fatal.
Réduire les dépenses, augmenter les recettes, payer les dettes avec l’excédant, voilà la logique à la portée de la banque officielle.
Mais l’exécution d’un tel programme est-elle profitable ? Sera-t-elle réalisable ?
Mettez à la diète un débiteur pour diminuer ses dépenses ; privez-le du moyen de se pourvoir d’instruments de travail, pourra-t-il arriver à produire un travail efficace et apte à augmenter le produit de son industrie ?
Forcez un débiteur à payer plus que ses gains ne peuvent le lui permettre, — ou il sera forcé de se priver du nécessaire, et son travail s’en ressentira, ou, dans son découragement, il abandonnera son travail lui-même et ne produira plus rien.
Dans ce cercle vicieux, il n’y a plus d’excédant possible et les dettes ne pourront plus être payées.
Certes, l’épargne est la base de l’édifice, de la richesse, et l’Egypte en a bien besoin, mais l’économie qui empêcherait de faire des dépenses desquelles pourrait résulter un ensemble de mesures aptes à augmenter les recettes, et qui aboutirait à énerver les forces de celui qui doit travailler pour remplir ses engagements, serait une économie fatale et homicide.
De même, si les recettes sont basées sur un système d’un épuisement mortel, insister sur leur perception entraînerait une ruine absolument irréparable.
 
Il est évident que deux faits prédominent en ce moment en Egypte et qui décident de son existence. 1° L’engagement pris de fournir une recette annuelle de 300 millions. 2° L’impossibilité pour l’Egypte de pouvoir verser cette somme annuellement.
On s’est engagé pour l’avenir, en considération du passé. C’était bien, si l’on veut, de la loyauté, mais était-ce logique ?
Examinant ce concordat du côté le plus pratique, est-il possible, que tandis que d’après la moyenne de dix ans donnée parles statistiques mêmes du gouvernement, l’exportation n’est que de 300 millions, l’Egypte puisse payer une somme égale à 300 millions, si elle a besoin d’une importation que la même moyenne de dix ans donne de 133 millions ?
Une charge de cette importance sur une population déjà épuisée n’est plus tenable. L’Egypte, qui a versé dans ces derniers temps toutes les économies faites sous les régimes passés, ne pourrait supporter un semblable poids sans succomber.
L’Egypte est le pays le plus accablé d’impôts de tous les pays de la terre. En Suisse, chaque citoyen paie Fr. 11.10, — en Allemagne 13.15, — en Prusse 17.60, — en Bavière 25.15, — en Autriche 28.70, — en Danemark 36.79, — en Espagne 38.39, — en Italie 48.93, — dans le Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et Irlande, 58.46, — en France, 70.40 et en Egypte 75. Mais si l’Angleterre et la France sont lourdement imposées, c’est que pays agricoles en même temps qu’éminemment industriels, ils peuvent l’être impunément. Et encore ! Nous le verrons par la suite, depuis que des tris

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