La Révolution de 1830 et Louis-Philippe Ier
65 pages
Français

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La Révolution de 1830 et Louis-Philippe Ier , livre ebook

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Description

DANS toute société, il y a rivalité d’intérêts et lutte incessante, quoique par fois sourde et cachée, entre eux.C’est là un fait qu’on peut nier, mais il y a derrière lui une nécessité qu’il faut accepter.Ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas forment deux classes ennemies. A l’une, l’inquiétude et les soins de la conservation ; à l’autre, les tourmens de l’envie : aux deux, une part à peu près égale de vices et de vertus lesquels ne sont l’apanage exclusif d’aucune.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346093342
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Laribiere
La Révolution de 1830 et Louis-Philippe Ier
LES RÉVOLUTIONS
DANS toute société, il y a rivalité d’intérêts et lutte incessante, quoique par fois sourde et cachée, entre eux.
C’est là un fait qu’on peut nier, mais il y a derrière lui une nécessité qu’il faut accepter.
Ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas forment deux classes ennemies. A l’une, l’inquiétude et les soins de la conservation ; à l’autre, les tourmens de l’envie : aux deux, une part à peu près égale de vices et de vertus lesquels ne sont l’apanage exclusif d’aucune.
Plus la première sera nombreuse, moins il y aura d’inégalités monstrueuses dans ses rangs, plus elle aura de forces, de moyens de résistance contre la seconde. L’intérêt d’avenir de ceux qui possèdent est donc d’être nombreux ; en même temps les chances, les facilités d’entrer dans leurs rangs, se multiplient pour ceux qui ne possèdent pas.
Dans toute civilisation, nous trouvons nécessairement des exploitans et des exploités. C’est une loi fatale du rapprochement des hommes que cette classification forcée en trompeurs et trompés.
C’est là un mal qu’il n’est pas donné à la sagesse humaine de faire disparaître entièrement. La recherche de cette pierre philosophale doit être laissée à la naïve candeur de ceux qui n’ont l’expérience des hommes ni des choses.
L’impossibilité du mouvement absolu et de la quadrature du cercle, n’empêche pas les arts de prospérer, les sciences mathématiques d’être utiles. Il est donné à l’homme d’approcher si près du but de ses recherches, sans cependant pouvoir jamais l’atteindre, que ce qu’il lui reste d’impuissance ne sert plus qu’à constater ce qu’il y a de terrestre en lui.
En politique, il faut chercher à arriver le plus près possible des lois éternelles du juste, avec la certitude de ne pouvoir y atteindre.
Tenons-nous en garde contre les prétendues découvertes qu’on nous annonce, suivons l’exemple des chimistes, des physiciens, des géomètres qui laissent sans examen, sans réponse, ce qui ne peut être résolu. Mais sachons bien aussi qu’il est dans la nature de l’homme de progresser, que c’est pour elle un besoin, une destinée à remplir. Vouloir rester immobiles quand tout marche autour de nous, c’est nous mettre dans la nécessité d’être entraînés ou laissés loin derrière.
Le déplacement du pouvoir, tels furent, tels seront le but et la cause de toutes les révolutions.
Le pouvoir ne se déplace pas instantanément, mais bien d’une manière lente et graduée : ceux qui l’occupaient croient encore le tenir pour long-temps, ceux qui vont l’avoir ne l’espèrent pas encore, quand éclatent brusquement les révolutions. C’est ce qui explique la facilité avec laquelle des hommes de talent se sont misa la tête des révolutions, dont ils ne furent que les moyens, les instrumens, mais non la cause même. Un homme, quel que soit son génie, ne peut faire une révolution ; il faut que le temps soit venu, que les circonstances, comme on dit, le servent, lui soient favorables ; alors à la tête du mouvement, il le résume, le personnifie, en profite, mais n’en est pas la cause.
C’est une grande erreur d’attribuer une révolution à un homme. Le résultat de causes, d’éléments si divers, si multipliés, si difficiles à bien apprécier, ne saurait être l’œuvre d’un seul.
Quand le moment est venu, il se trouve toujours un homme pour se mettre à la tête du mouvement. S’il succombe, un autre le remplace ; mais voyez quels sont les résultats des tentatives prématurées, intempestives !
Il est consolant que le pouvoir, la volonté d’un seul, ne puisse pas à son gré modifier profondément les masses, les révolutionner. Une sédition, une émeute, une conspiration peut être l’œuvre d’un tout petit nombre, d’un seul à la rigueur, encore lui faut-il certains, élémens qui ne se trouvent ni à toute heure, ni en tous lieux. Qu’il y a loin de ce trouble passager, de cette agitation, de ce sang versé qui remplace une tyrannie par une autre, à une révolution !
Les révolutions dans les mœurs précèdent toujours celles dans les gouvernements. Il ne peut y avoir autrement de déplacement de pouvoir, car alors les intérêts individuels disparaissent, ce sont les classes qui sont tout,
Les révolutions sont les cataclysmes de l’humanité, mais, comme dans ceux du monde physique, il y a en elles quelque chose de fatal que les lois de la sagesse humaine ne sauraient conjurer.
LA RÉVOLUTION DE JUILLET
La révolution de juillet a été la consécration de la suprématie de l’aristocratie bourgeoise.
Le triomphe a bien eu une forme toute populaire, mais le peuple n’a été qu’un instrument.
Un concours de circonstances a fait précipiter un mouvement, amené de longue main, que tous pouvaient prévoir, mais auquel peu étaient préparés, et dont plusieurs des plus influents ont été embarrassés.
La révolution de 1850 a été parfaitement légitime, (car les révolutions aussi ont leur légitimité) ; elle est fille de celle de 89. Le caractère sacramentel des révolutions, déplacement du pouvoir, dont le signe, l’expression passe d’une classe qui l’a perdu à celle qui le possède réellement, ne lui a pas manqué.
En France alors, encore aujourd’hui, c’est dans les mains de l’aristocratie bourgeoise qu’est le véritable pouvoir, c’est-à-dire l’argent et l’instruction répartis sur un grand nombre d’individus.
Si ces deux grands éléments l’avoir et le savoir , dans lesquels se résument toutes les forces d’une société, ne sont la propriété que d’un petit nombre de privilégiés, leur masse fût-elle considérable, l’envie et la jalousie qu’ils attirent sur leurs possesseurs sont une cause de ruine pour eux. Dans un temps plus ou moins éloigne, il y aura nécessairement un déplacement de pouvoir que toute leur habileté ne peut que retarder.
Toute révolution qui met le pouvoir dans les mains d’une minorité, non de nombre, mais d’argent et d’instruction, établit un ordre de choses qui ne peut avoir de durée. Le nombre en politique est loin d’être indifférent, mais ce sont les élémens de la conservation l’argent et les valeurs de toute sorte dont il n’est que le signe représentatif, et le savoir, dans lequel toutes les manifestations de l’intelligence se confondent, qui sont les forces actives, celles qui doivent avoir le pouvoir.
L’aristocratie bourgeoise a cela de bon, qu’en même temps qu’elle résume exactement en elle les élémens du pouvoir, elle est accessible à tous ; avantage immense dans un siècle comme le nôtre, pour lequel l’égalité devant la loi est un droit acquis, et qui est passionné pour les distinctions du talent et de la fortune.
L’avoir et le savoir étant accessibles à tous, pouvant être la propriété de tous, la révolution qui consacre leur influence par le pouvoir, est éminemment populaire.
La chambre, nommée pour voter l’impôt, n’avait pas reçu la mission de refaire la constitution du pays. La nécessité des circonstances lui fit une loi impérieuse de dépasser ses pouvoirs, de refaire un gouvernement à la place de celui que son opposition, expression de celle de la majorité des citoyens, avait renversé plus vite qu’elle n’avait cru. Elle se hâta de créer des impossibilités au retour du passé.
Le droit de la nation était de protester ; au lieu de cela, le nouvel ordre de choses fût accueilli avec une joie, un enthousiasme universels, avec résignation par ceux qui regrettaient lé passé, parce qu’ils voyaient fermer devant eux un précipice. Des milliers d’adresses, bills d’indemnité de ce qui avait été fait, vinrent de tous les points de la France porter l’association de leurs innombrables adhésions à l’œuvre des deux cent vingt et un, dont quelques-uns avaient joué leur tête.
La révolution de juillet a été remarquable par sa modération ; il faut s’en féliciter ; mais ne pas s’en étonner : elle était forte. L’intelligenc

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