Le Chercheur de trésors - Mémoires d un émigrant
187 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Le Chercheur de trésors - Mémoires d'un émigrant , livre ebook

187 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Je naquis en Irlande.Orphelin dès le berceau, je fus recueilli par la charité de mon oncle Cornélius Murphy qui prit soin de mon enfance avec une sollicitude toute paternelle.C’était un singulier homme que mon oncle Cornélius.Il habitait une petite maisonnette située sur la limite des comtés de Meath et de King, province de Leicester, dans laquelle je vis s’écouler insoucieusement les premières années de ma vie.Maintes fois les ingénieurs vinrent étudier le pays afin de tracer une ligne précise de démarcation entre les deux comtés ; malgré toutes leurs scientifiques recherches on ne put jamais savoir auquel des deux nous appartenions : circonstance qui, au dire de beaucoup, n’avait point échappé à l’œil clairvoyant et malicieux de mon oncle dans la bizarre élection de sa résidence.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782346083152
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Gustavo Strafforello
Le Chercheur de trésors
Mémoires d'un émigrant
CHAPITRE I er
Un testament posthume
Je naquis en Irlande.
Orphelin dès le berceau, je fus recueilli par la charité de mon oncle Cornélius Murphy qui prit soin de mon enfance avec une sollicitude toute paternelle.
C’était un singulier homme que mon oncle Cornélius.
Il habitait une petite maisonnette située sur la limite des comtés de Meath et de King, province de Leicester, dans laquelle je vis s’écouler insoucieusement les premières années de ma vie.
Maintes fois les ingénieurs vinrent étudier le pays afin de tracer une ligne précise de démarcation entre les deux comtés ; malgré toutes leurs scientifiques recherches on ne put jamais savoir auquel des deux nous appartenions : circonstance qui, au dire de beaucoup, n’avait point échappé à l’œil clairvoyant et malicieux de mon oncle dans la bizarre élection de sa résidence. En effet, grâce à cette position territoriale, non-seulement il s’exemptait de l’impôt foncier, mais il pouvait, à son choix, voter aux élections des deux comtés.
Par cela seul il vous est déjà facile de voir à quel point mon oncle était doué d’astuce et d’industrie ; mais vous en trouverez une preuve encore plus manifeste dans l’aventure suivante que j’éprouve un vif regret de ne pouvoir passer sous silence.
De tous les propriétaires et gentlemen de la paroisse, aucun ne pouvait marcher de pair, pour la richesse, avec un certain Thomas Doggins, à la fois propriétaire et cultivateur.
Doggins avait deux fils qui vivaient en perpétuelle discorde, et qui maintes fois réglaient à coups de poings la question de savoir lequel des deux dépenserait l’argent qu’ils volaient en commun dans la cachette de leur vieux père.
Pierce l’aîné n’épargnait point les taloches à Mathieu, et Mathieu les lui rendait avec usure.
Cependant Mathieu finit par se lasser d’une pareille existence ; trouvant que la place n’était plus tenable, un beau matin il prit congé de son père, et après avoir passé quelques semaines à Dublin, il s’embarqua sur un navire qui faisait voile pour les Indes.
Le vieux Doggins en tomba malade de chagrin, il se mit au lit pour n’en plus sortir. Mais il ne fut point emporté par une mort subite, car le pauvre homme languit alité pendant de longs mois.
Pierce ne quittait point son chevet ; il le tourmentait sans relâche pour lui faire écrire son testament et déshériter Mathieu le fils prodigue. Mais le vieux Tom demeurait inébranlable dans sa paternelle résolution, déclarant jusqu’à la fin que ses biens seraient également partagés entre ses deux fils.
Ces altercations n’étaient pas ignorées du voisinage. Chaque fois que l’on passait de nuit devant la maison de Tom, il était rare que l’on n’entendît pas la voix du vieillard, nasillarde et chevrotante, étouffée par la voix dure et impérieuse de Pierçe.
Enfin il advint qu’un dimanche soir le silence et la paix se firent tout-à-coup dans cette demeure : pas un mot, pas un soupir, on l’eût dite inhabitée. Les voisins se regardèrent, se parlèrent à demi-voix et conclurent que le vieillard était mort, ou qu’il approchait de sa fin.
Minuit venait de sonner lorsqu’on heurta doucement à la porte de notre maison. Comme je couchais dans une chambre près du poële, je fus éveillé le premier ; mais effrayé que j’étais, je n’osai pas ouvrir la bouche.
On frappa plus fort, et j’entendis qu’on appelait :  — Cornélius, Cornélius Murphy, c’est moi ; ouvrez vite ; j’ai besoin de vous parler.
Je reconnus la voix ; c’était Pierçe ; mais je feignis de dormir et me mis à ronfler bruyamment.
A la fin mon oncle se leva, poussa le verrou et je l’entendis s’écrier en ouvrant la porte :  — C’est vous, maître Pierçe, qu’est-il arrivé ? Est-ce que votre père va plus mal ?  — Il est mort.  —  Requiescat in pace, amen. Y a-t-il longtemps ?  — Depuis une heure. Il est mort comme un païen, sans vouloir faire de testament.  — Tant pis ! tant pis ! répondit mon oncle, qui s’appliquait toujours à répondre dans le sens de ses interlocuteurs.
C’est un malheur, pour sûr, répliqua Pierçe, mais ce serait encore plus triste si nous ne nous hâtions d’y porter remède. Vous comprenez, Cornélius, il faut que vous m’aidiez dans cette affaire-ci. Voilà cinq belles guinées d’or sonnantes que je vais vous compter, à la seule condition que vous ferez ce que je vous dirai. Vous savez que vous et mon père vous vous ressembliez comme deux gouttes d’eau, au point que plus d’une fois on vous a pris l’un pour l’autre.  — Ah ! diable ! s’écria mon oncle effrayé de ces paroles, sans bien savoir encore où Pierçe en voulait venir.  — Or donc, voici la chose : vous allez me suivre à la maison, et vous vous coucherez dans le lit.  — Pas avec le cadavre ?... reprit mon oncle tremblant.  — Non, parbleu ! le lit sera vide. Vous ferez semblant d’être mon père, et vous demanderez à faire votre testament avant de mourir. Alors je ferai venir les voisins avec Billy O’Dogherty le maître d’école, vous lui dicterez vos dernières volontés, c’est-à-dire que vous me léguerez la maison, les fermes et tous vos biens, comme à votre unique et légitime héritier ; — vous comprenez ? Et les voisins qui vous verront et qui entendront votre voix ne concevront même pas l’ombre d’un doute que le testateur ne soit mon père.  — En ce cas, fit observer mon oncle, il faudrait que la chambre fût assez obscure.  — Elle le sera, soyez tranquille ! D’ailleurs je ne laisserai personne approcher du lit ; il vous suffira d’apposer votre signature au bas de l’acte.  — Et monsieur le curé ? demanda mon oncle.  — Hier il est venu visiter le défunt, répliqua Pierçe, mais comme personnellement j’ai eu maille à partir avec don Patrice à propos de je ne sais plus quelles dîmes, cela nous chausse à merveille ; mon excuse est toute prête : j’aurai soin qu’on ne l’avertisse pas. Venez, dépêchons ; nous n’avons pas de temps à perdre, il faut que l’affaire soit faite avant le soleil levant.
Sans plus attendre, mon oncle acheva rapidement sa toilette et sortit à pas de loup, en tirant la porte derrière lui.
Resté seul je me mis sur mon séant et je prêtai l’oreille pendant quelque temps ; puis, m’habillant à mon tour, je les suivis de loin afin d’assister à la séance.
Désirant arriver avant eux, je pris par un chemin de traverse à moi connu ; mais par malheur je m’égarai dans les haies, grâce à l’obscurité de la nuit, de sorte que j’arrivai tout essoufflé derrière la maison de Pierçe lorsque la comédie était déjà commencée.
Il me semble avoir encore en ce moment sous les yeux cette scène étrange.
J’étais grimpé sur une fenêtre et j’avançais la tête à travers le châssis déchiré. Mes regards plongeaient dans une chambre spacieuse ; au fond on apercevait un lit accompagné de la table de nuit surchargée de fioles, de tasses d’amphores et d’autres ustensiles pharmaceutiques.
Un peu plus loin, était assis à une autre table Billy O’Dogherty, le maître d’école, avec les objets nécessaires pour écrire. Autour, dans un clair-obscur indistinct, apparaissaient trois ou quatre villageois silencieux et attentifs à l’acte solennel qui se préparait.
Pierçe lui-même semblait très-ému et ne pouvait tenir en place, il allait de l’un à l’autre s’efforçant de contenir sa douleur et versant force rasade aux assistants.
L’insigne fourberie, dont le secret était dévoilé pour moi, ne pouvait dépouiller cette scène d’une certaine solennité.
La profondeur indécise de l’appartement plongé dans la pénombre, les physionomies austères et pensives des villageois, leur respiration lente et entrecoupée çà et là par un soupir ou un sanglot, — tribut d’affectueuse douleur sur la perte d’un être ché

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents