Le Duc d Orléans - Essai historique
49 pages
Français

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Le Duc d'Orléans - Essai historique , livre ebook

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Description

LOUIS-PHILIPPE, successivement duc de Valois, de Chartres et d’Orléans, naquit à Paris, le 6 octobre 1773. A cinq ans, on lui donna pour précepteur le chevalier de Bonnard. Ce poëte ingénieux était le rival de Voltaire et de Gresset dans l’épître légère. C’était placer l’esprit et le goût près d’un berceau, suivant le précepte de Quintilien. C’est ainsi que ce prince apprit, presque en naissant, à parler la langue la plus polie et la plus aimable.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346095483
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Agricol-Hippolyte de Lapierre de Châteauneuf
Le Duc d'Orléans
Essai historique
AVANT-PROPOS
DEPUIS que tant de réputations nouvelles font presque oublier les anciennes, avant de s’évanouir à leur tour, il n’est plus d’homme célèbre dont la vie se borne à un volume, et si on le lisait ce volume, ce ne serait pas sans ennui. Le cardinal Maury, dans son discours de réception à l’Académie française, dit « qu’entre les livres qu’on devrait abréger, il faudrait commencer par l’histoire. » On peut excepter Napoléon, dont le règne embrasse l’Europe entière. Portez vos regards à des époques où de grands noms fatiguaient aussi la Renommée ; voyez Voltaire n’accorder qu’un volume à Pierre I er . ; quel législateur et quel monarque ! Qu’un volume à Charles XII ; quel héros ! Que deux volumes à Louis XIV ; quel règne ! l’un des plus brillans et des plus longs de la monarchie. Reboulet, opposé à Voltaire, il y a soixante ans, par l’envie, publia six in-quarto sur le règne de Louis XIV, et Desormeaux deux sur le grand Condé. Qui les lit aujourd’hui ? Nous sommes parvenus à un tel dégoût en fait d’histoire, qu’on peut dire qu’il n’y a plus que la précision qui sauve de l’oubli la gloire des héros, « Quand toute cette foule d’événemens et de détails se présente devant la postérité, dit Voltaire, ils sont presque tous anéantis les uns par les autres ; les seuls qui restent sont ceux qui ont produit de grandes révolutions, ou ceux qui, ayant été décrits par quelque écrivain excellent, se sauvent de la foule, comme des portraits d’hommes obscurs peints par de grands maîtres. »
« Les longs ouvrages me font peur, » a dit La Fontaine. Tous les gens de goût appliquent son vers à l’histoire. Voyez comme milord Chesterfield, Français par l’esprit, avec le caractère et la vanité d’un Anglais, loue les justes proportions dans lesquelles Voltaire savait enfermer les plus vastes sujets historiques. « Je viens de recevoir le Siècle de Louis XIV, écrivait-il à son fils, et je l’ai déjà lu deux fois. » L’in -filio ne fait pas plus le plaisir des lecteurs que la gloire d’un règne ; il semble voir un immense terrain qui renferme un cercueil. Combien n’a-t-on pas écrit sur Condé et Turenne ? comment la célébrité leur est-elle restée ? Par vingt pages de Bossuet et de Fléchier, et autant de Voltaire. Nous avons connu nos illustres généraux en chef, depuis Rochambeau et Dumouriez jusqu’à Moreau et Masséna ; tous prétendaient au volume, même à deux et à trois ; cela rappelle le vers de Gresset :

Ils ne nous feront pas grâce d’une laitue.
Le duc de Crillon, qui prit Mahon, s’était distingué à Fontenoy, à la tête du régiment dont il était colonel. Il était à Paris en 1792 ; il était déjà bien vieux. Causant avec moi du règne de Louis XV, il me dit : « J’avais envoyé cent pages à Voltaire sur la bataille de Fontenoy, le coquin ne m’a accordé que deux lignes. »
Ce n’est pas assez d’être César par le cœur, il faut l’être encore par l’esprit pour être lu. Quel historien moderne, s’il n’a pas la majesté de Vertot ou le charme de Voltaire, oserait donner cent pages, comme le premier, au siége de Rhodes, et trente, comme le second, à la bataille de Fontenoy ?
Nous croyons qu’il est utile de rappeler un précepte de Voltaire, dans un temps où l’on publie tant d’histoires nouvelles. « Les journaux, les mémoires, dit cet écrivain, ne sont pas plus une histoire, que des matériaux ne sont une maison. L’histoire ne consiste pas à détailler de petits faits, à produire des manifestes, des répliques, des dupliques. Ce n’est point ainsi que Quinte-Curce a composé l’histoire d’Alexandre ; ce n’est point ainsi que Tite-Live et Tacite ont écrit l’histoire romaine. Il y a mille compilateurs, à peine avons-nous deux ou trois historiens modernes. Nous souhaiterions que tous ceux qui broient les couleurs les donnassent à quelque peintre pour en faire un tableau. »
« Je ne crois pas, dit Salluste, qu’il y ait une tâche plus difficile que celle d’écrire l’histoire : « il faut que les grandes actions ne perdent rien par les mots. » Le premier charme pour les Grecs et les Latins, c’était le style. De nos jours, il y a une difficulté plus grande ; l’historien doit être philosophe, humain, ne se laisser jamais éblouir par les faits éclatans, ni dominer par les partis. L’histoire générale exige peut-être moins de vérité que la biographie. L’une est un tableau qui frappe par la grandeur ; dans l’autre, le mérite est dans la ressemblance des caractères.
Depuis François I er . jusqu’à Louis XIII, que trouve-t-on ? Des guerres de religion. Sous Louis XIV ? des entreprises injustes. Durant la république ? l’amour de la liberté ; et quand Bonaparte la détruisit ? l’ambition et la vanité. Mais que de grands capitaines et de braves ! Les uns fiers d’avoir défendu le territoire et l’indépendance de leur patrie, les autres ne connaissant que la gloire d’avoir épuisé leur sang pour un roi exilé du trône de ses aïeux. Que l’historien prononce de nos jours entre ces deux prétentions ; que de censeurs de son livre ! que d’implacables ennemis ! Peuples, grands, historiens, pour décider entre des devons si divers, attendez l’arrêt suprême de la postérité : alors la France et le inonde entier jugeront la révolution avec un noble égoïsme, par les biens et les maux qui en sont résultés pour le genre humain. Montesquieu a dit : « Dans les monarchies, on ne juge pas les actions des hommes comme bonnes, mais comme belles ; comme justes, mais comme grandes ; comme raisonnables, mais comme extraordinaires. » Au défaut du principe des anciennes républiques, la vertu, selon Montesquieu, appliquons son jugement sur les monarchies aux actions héroïques qui ont étonné le monde pendant vingt ans.
En lisant, dans des livres récemment publiés, les combats, les malheurs et les voyages du duc d’Orléans 1 , cette pensée ingénieuse de M. de Fontanes se présenta à mon esprit : « S’il tombait sous la main, a-t-il dit dans son éloge de Washington, une Vie de cet homme illustre, sans nom, sans que rien désignât le temps, les lieux où il vivait, on croirait avoir retrouvé une vie perdue de Plutarque. »
Washington fut plus grand comme citoyen et l’un des fondateurs de la liberté américaine, que par deux ou trois batailles qu’il gagna avec La Fayette, contre les oppresseurs de sa patrie. Ce fut assez pour le respect des siècles à venir. Mais il est un genre d’intérêt que ce grand homme n’obtiendra pas dans l’histoire ; c’est l’intérêt du malheur qui se mêle à la gloire des Thémistocle, des Épaminondas et des Aristide. Qui ne préfère Coriolan banni, assassiné, à Alexandre, généralissime des Grecs, mourant d’intempérance à la table d’un favori ? La grandeur seule est froide, les plus belles batailles ennuient ; il faut des calamités dans une histoire. Toutes les Vies de Plutarque sont de vraies tragédies, et Shakspeare n’eut qu’à diviser en cinq actes celles de Coriolan et de Jules-César. S’il ne fit que ces deux emprunts à l’historien grec, c’est que l’expérience lui apprit que, sur la scène anglaise, il n’y a que les sujets anglais qui réussissent.
Cherchons d’autres exemples chez nous. Condé rappela la victoire long-temps infidèle, Turenne la fixa, Villars sauva son pays ; mais le

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