Le Peuple anglais - Bouffi d orgueil, de bière et de thé, jugé au tribunal de la raison
54 pages
Français

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Description

LE Français, en général, est naturellement si bienveillant envers les étrangers, qu’il lui arrive souvent d’interprêter comme qualités les défauts des autres Nations. Il a vu des Anglais, mornes, réservés, taciturnes ; il a cru bonnement que c’était chez eux, dignité de caractère, gravité de mœurs. Des hommes instruits, des philosophes, des moralistes y ont été pris comme les autres. Peut-être s’ils avaient observé de plus près ce peuple qu’ils regardaient comme un peuple de penseurs, ils se seraient bientôt désabusés.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346114702
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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François-Dominique de Reynaud
Le Peuple anglais
Bouffi d'orgueil, de bière et de thé, jugé au tribunal de la raison
AVANT-PROPOS
L ’ADMIRATION vouée par quelques personnes aux mœurs, aux lois et à la constitution du peuple anglais, pourrait paraître sans conséquence, si elle ne donnait pas en même-tems de l’autorité aux écrivains de ce pays, de l’importance à leurs louanges et a leurs censures.
Quelle est donc cette nation qui prétend posséder exclusivement la sagesse, dont il faut avec respect examiner les institutions, suivre, comme un modèle, les erremens qu’elle s’est tracés, écouter, comme des oracles, les conseils qu’il lui plaît de dicter ? L’histoire nous. a transmis les détails de la vie civile et politique d’un peuple qui fut sublime dans ses conceptions, solemnel jusques dans ses jeux, magnifique jusques dans ses plaisirs. On devine, sans doute, que nous voulons parler ici des Grecs ; ce nom seul excite l’enthousiasme.
Qui voudra comparer les côtes d’Albion aux champs de Thessalie, et à la vallée de Tempé ; un climat triste et humide au plus beau ciel de la nature ; des hommes sombres et monotones, aux aimables habitans de l’Attique ? Ce serait composer, d’un côté, un magnifique tableau, de l’autre une burlesque caricature.
Ce qu’il y a de remarquable, c’est que ces Grecs si aimables, si savans, si ingénieux, étaient en même-tems réservés et modestes, Les sages de la Grèce allèrent souvent, comme les Anglais, chez les autres Nations : nous n’avons point entendu dire, que ce fût pour dénigrer les institutions des autres peuples, et vanter les leurs. Platon, voyageant en Egypte, recevait des leçons et n’en donnait pas. Pythagore, admis auprès des Brachmanes de Inde, les interrogeait en disciple, et non pas en maître. Mais les Anglais ! admirons cette multitude d’hommes hypocondres, qui tout bouffis d’orgueil, de bière et de thé, viennent nous apporter pour de la sagesse la tristesse qui les poursuit, critiquent tout ce qui n’est pas semblable à eux, et donnent, tourmentés du spleen qui les accable, des leçons de raison et de bonheur à des peuples rayonnans de santé et de gaîté.
Admirons ces écrivains qui, ne pouvant suivre leurs compatriotes, font du moins passer la mer à leurs vastes conceptions, s’érigent, du sein de leurs brouillards, en précepteurs des nations, reçoivent en secret des commissions d’injures pour les potentats de l’Europe, et proclament comme privilége ou comme liberté, une effronterie que leur souverain et ses ambassadeurs sont réduits à désavouer.
Puisque les Anglais daignent ainsi s’occuper des nations de l’Europe, et particulièrement de la Nation Française, ils ne trouveront pas mauvais qu on use envers eux de la liberté dont ils croient pouvoir user envers les autres. Peut-être aurons-nous, en esquissant le tableau que nous allons offrir au lecteur, l’occasion de rechercher si le peuple français est en effet, aussi léger, aussi fait pour la servitude, aussi indigne de l’honneur d’un bon Gouvernement, que les Anglais le supposent, et s’il mérite dc leur part, sur ce point, des injures ou de la pitié.
Notre objet, pour le moment, sera d’observer ces Anglais qui nous observent. Nous considérerons leur pays sous tous les rapports. On sait combien la constitution physique de l’homme dépend de celle de son climat. Nous considérerons l’Angleterre sous un point de vue qui a échappé à tous les observateurs ; nous voulons dire, la nature de son climat, et les effets moraux et politiques qui en découlent.
Un peuple est toujours, à quelques égards, le produit de sa constitution atmosphérique. Il est encore façonné par l’influence des événemens. Sa situation présente est le résultat d’une multitude de causes antécédéntes, qui, l’entraînant dans le torrent des siècles, lui ont fait prendre telle ou telle attitude, l’ont fixé dans telle ou telle place. Nous examinerons l’Angleterre dans les premiers tems de son histoire connue ; nous la suivrons dans sa marche à travers les âges ; nous la comparerons comme nation, aux nations contemporaines avec lesquelles elle a pu avoir des rapports.
Nous examinerons ensuite cette fameuse constitution dont on fait tant de bruit, ces fameuses lois civiles dont on dit tant de merveilles, ces mœurs domestiques dont on préconise la pureté. L’état des finances publiques qu’on nous donne comme un modèle d’ordre et de sagesse n’échappera point à notre examen. Nous remarquerons en même-tems, ce qu’il y a de réel dans les avantages de cette opulence individuelle qu’on étale par-tout comme une preuve de prospérité.
Nous pouvons mettre d’avance le lecteur dans la confidence du résultat de nos observations. Il trouvera, 1°. que par la nature et la constitution de son climat, le peuple Anglais, en général, est un peuple privé d’esprit. Nous expliquerons la cause des grandes et illustres exceptions qui se trouvent sur ce point.
Nous prouverons en second lieu par toute son histoire, que le peuple Anglais n’a jamais occupé, parmi les Nations, qu’un rang subalterne ou secondaire ; que la constitution et les lois dont l’Angleterre se targue comme d’une conception qui lui est propre ; ne lui appartiennent pas, et qu’elles lui sont venues de la France ; que cette constitution et ces lois, bonnes pour les tems barbares qui leur ont donné naissance, sont devenues, dans toute l’Europe incompatibles avec les progrès des lumières et de la civilisation ; que la liberté et l’équité, telles qu’on les conçoit aujourd’hui , ont besoin d’une autre organisation et d’une autre base. Enfin, nous prouverons que les finances de l’Angleterre sont aussi désordonnées que ses lois ; que la bouffissure des richesses particulières, est comme celle de la richesse publique, que dans l’une comme dans l’autre, il y a plus d’éclat extérieur que d’avantage réel.
En parcourant cette vaste carrière, notre intention, comme on peut croire, n’est pas de flatter l’Angleterre ; elle n’est pas non plus d’être injuste envers elle ; la justice est un droit qu’il faut conserver à ceux mêmes qui la méconnaissent. Il est vrai qu’il ne leur revient alors que la justice. Celui qui critique les autres, dit Montesquieu, mérite toujours l’équité, mais non pas l’indulgence.
CHAPITRE PREMIER
L E Français, en général, est naturellement si bienveillant envers les étrangers, qu’il lui arrive souvent d’interprêter comme qualités les défauts des autres Nations. Il a vu des Anglais, mornes, réservés, taciturnes ; il a cru bonnement que c’était chez eux, dignité de caractère, gravité de mœurs. Des hommes instruits, des philosophes, des moralistes y ont été pris comme les autres. Peut-être s’ils avaient observé de plus près ce peuple qu’ils regardaient comme un peuple de penseurs, ils se seraient bientôt désabusés. Ils auraient reconnu que si ces hommes ne disent rien, c’est qu’ils n’ont rien à dire, que leur esprit est généralement vide d’idées, comme leur ame d’impression ; que leur prétendue réserve est tout simplement de la sécheresse, leur prétendue dignité, de l’aversion pour les communications aimables qui font par-tout le charme de la vie. Pour rendre raison de ce phénomène, on interrogerait vainement leur constitution et leurs lois. Il faut mieux faire, il faut examiner leur constitution atmosphèrique. On va en Angleterre pour observer les lois, qu’on y aille étudier le climat, il est la cause de tout, la raison de tout.
 
Que l’Angleterre ait une constitution atmosphèrique particulière, c’est un fait que la plus simple observation peut développer. Comprise entre le 50 e . et le 56e. degré de latitude du nord, il est facile de remarquer qu’elle éprouve en hiver un froid qui souvent n’est guère plus vif que celui de nos provinces méridionales. Et qu’on ne croie pas que le froid augmente dans ce pays en avançant vers le nord ; la température d’Edimbourg, n’est pas plus rigoureuse que celle de Londres. Même dans les îles de Shetland, il n’y a que peu d’années qu’on a imaginé d’avoir des prairies, et d’engranger du foin pour l’hiver. Il est assez singulier qu’à une latitude approchant de celle da nord de la Russie, les animaux puissent ainsi se nourrir et errer pa

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