Le Premier Siège de Belfort et le commandant Legrand - Un défenseur alsacien en 1814
117 pages
Français

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Le Premier Siège de Belfort et le commandant Legrand - Un défenseur alsacien en 1814 , livre ebook

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Description

A la suite de la retraite de Moscou et pendant toute l’année 1813, l’Alsace avait été traversée sans arrêt par le reflux des évacuations dirigées de l’Allemagne et du Rhin vers l’intérieur du territoire et par le flux des apports nouveaux en hommes et en matériel qui, convergeant vers Mayence, allaient y déposer les éléments destinés à la jeune armée d’Allemagne. Malgré le désastre subi en Russie, les veines du corps français, déjà revivifiées par un nouveau sang, s’étaient remises à charrier, du centre du pays- jusqu’aux extrémités, une circulation vite redevenue régulière.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 3
EAN13 9782346129256
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Louis Blaison
Le Premier Siège de Belfort et le commandant Legrand
Un défenseur alsacien en 1814
AVANT-PROPOS
Pendant qu’à travers l’Europe les phases de l’épopée napoléonienne achevaient de se dérouler, les habitants de l’ancienne France, les yeux fixés au delà de leurs frontières ou attachés sur la personne impériale, avaient presque cessé de donner leur attention aux faits qui se passaient à côté d’eux. De tels événements, relégués à l’arrière-plan comme secondaires, dédaignés par les annalistes et les historiens du temps, ne nous sont connus aujourd’hui que par de trop rares documents, et l’aspect de la province française de cette époque est, sur bien des points encore, demeuré pour nous inconnu. C’était là pourtant, au sein même du vieux territoire national, que s’élaboraient ou se conservaient les forces obscures qui, sans répit, créaient l’histoire éclatante du dehors. Pendant ces vingt années de campagnes extérieures, on avait vu l’organisation et l’administration intérieures du pays s’adapter peu à peu, et comme d’elles-mêmes, aux besoins immenses, mais réguliers, de l’incessante guerre de conquêtes devenue à la fin l’état normal. Pourtant quand, les revers commencés, l’invasion à son tour eut paru imminente, il allait se produire, dans un organisme de nouveau désorienté par les nécessités non prévues d’une guerre défensive, une réaction de nature à en fausser ou même à en arrêter les rouages. Or, en 1813, les premiers contre-coups de ce retour d’équilibre devaient porter tout d’abord sur nos provinces frontières et, parmi celles-ci, sur la plus exposée, sur l’Alsace.
C’est pourquoi le récit des faits dont une petite place forte alsacienne, Belfort, fut le théâtre avant et après l’invasion de 1814, a paru propre à éclairer d’une lumière plus vive le cadre commun de tant de lointaines garnisons, si vite isolées d’ailleurs, autour desquelles allaient se précipiter les événements. Sans doute, une telle histoire prend-elle son intérêt d’une époque et d’un milieu qui, par leur couleur même, attirent aujourd’hui de nombreuses curiosités. Sans doute, le prend-elle aussi de l’étude d’une forteresse et d’une frontière où s’attachent plus que jamais nos souvenirs ou nos espoirs, et d’un siège qui, malgré son développement restreint, comporte de multiples et toujours actuels enseignements militaires. Pourtant, il est une chose qu’il en faut peut-être retenir avant tout. C’est qu’à cette époque ceux qui devaient à leurs modestes fonctions de représenter au loin le gouvernement le plus fortement centralisé qui fut jamais, subitement isolés, sans ressources et démunis de tout, nous ont montré comment on pouvait tirer de son propre fonds les moyens de s’élever à la hauteur des éventualités les plus inattendues et les plus graves, d’y faire face et de les dominer.
CHAPITRE PREMIER
Belfort en 1813
a) Un gîte principal d’étapes pendant la Campagne d’Allemagne
A la suite de la retraite de Moscou et pendant toute l’année 1813, l’Alsace avait été traversée sans arrêt par le reflux des évacuations dirigées de l’Allemagne et du Rhin vers l’intérieur du territoire et par le flux des apports nouveaux en hommes et en matériel qui, convergeant vers Mayence, allaient y déposer les éléments destinés à la jeune armée d’Allemagne. Malgré le désastre subi en Russie, les veines du corps français, déjà revivifiées par un nouveau sang, s’étaient remises à charrier, du centre du pays- jusqu’aux extrémités, une circulation vite redevenue régulière.
L’étude du fonctionnement d’un service de l’arrière tel que fut celui de 1813, avec tous les organes que le besoin même avait forcément créés, ne manquerait pas de susciter, avec le détail de nos prévisions actuelles, d’intéressantes comparaisons. Bornons-nous à indiquer le rôle que devait jouer la place de Belfort dans l’ensemble du dispositif au cours des quelques mois qui allaient précéder, pour l’Alsace l’invasion, pour Belfort l’investissement.
A Belfort, l’autorité militaire était représentée par un officier qui avait le titre de commandant d’armes et auquel ses fonctions conféraient, en paix comme en guerre, le commandement sur la placé, ses défenses, sa garnison et même, quel que fût leur grade, sur les chefs de cette dernière. Ainsi, l’organisation territoriale : la place à l’échelon inférieur ; le département, sous les ordres d’un général de brigade ; la division militaire (deux ou plusieurs départements), commandée par un général de division ( 1 ), embrassait tous les besoins des troupes en station, à une époque où celles-ci n’étaient, d’une façon permanente, ni embrigadées, ni endivisionnées ( 2 ),
Le commandant d’armes était en général un vieil officier, peu apte au service actif. Son personnel se composait d’un nombre variable d’adjudants de garnison (capitaines ou lieutenants) et de secrétaires civils. Les officiers du Service des places, constituaient d’ailleurs un corps fermé, dont la suppression ne fut prononcée qu’après 1870. A Belfort, le commandant d’armes était le chef de bataillon Legrand, depuis dix-huit ans déjà en fonctions dans la place ; les adjudants de garnison étaient les capitaines Ycard et Florance, le lieutenant Marion ; le secrétaire-archiviste, M. Ledain.
Nous avons vu qu’au commencement de 1813, des divers points du territoire national, tout affluait sur Mayence, vaste organe régulateur, d’où les corps d’armée nouvellement constitués étaient au fur et à mesure poussés vers l’avant, sur Würtzbourg d’abord, puis sur l’Elbe. En arrière de Mayence et de la ligne du Rhin la zone des divisions militaires de la rive gauche (aujourd’hui ce seraient des régions de corps d’armée) avait été mise sous les ordres du maréchal Kellermann, ainsi chargé, comme le serait un directeur de l’arrière actuel ( 3 ), de coordonner sous son autorité supérieure les divers services du territoire entre Wesel et Strasbourg. Relié à Paris par un multiple système de liaisons ( 4 ), dirigeant en même temps l’ensemble du service des transports, soit par eau (sur le Rhin), soit par les diverses routes d’étapes, le vieux maréchal, malgré ses soixante-dix-huit ans, sut montrer, dans ses lourdes fonctions, la plus efficace activité.
Belfort, qui faisait partie de la 5 e division militaire, celle de Strasbourg, constituait en fait ce qu’on appellerait aujourd’hui un gîte principal d’étapes. La place, en effet, à quinze jours de marche de Mayence, se trouvait sur la route directe qui reliait le midi de la France à la grande ville rhénane par Besançon et Neuf-Brisach, où elle aboutissait au fleuve. De ce point, les mouvements se continuaient sur Mayence, soit par voie de terre, soit (pour le matériel et, dans certains cas, pour le personnel) par voie d’eau.
A une époque où toute gloire s’acquérait hors des frontières, l’histoire d’une petite garnison de France semble devoir tenir en peu de lignes. Pourtant, que de préoccupations nous révèle, dès le début de 1813, la correspondance d’un commandant d’armes comme celui de Belfort, anneau ignoré, mais nécessaire, de la chaîne qui, seule, reliera à la patrie les lointains combattants de Lützen et de Dresde ! Assurer vers l’armée l’écoulement régulier du flot d’hommes, de chevaux, de matériel qui ruisselle incessamment par Belfort et que le moindre arrêt sur un point cristalliserait tout entier ; organiser, malgré l’insuffisance des moyens, le recueil de

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