Le voyage de Ziska
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Le voyage de Ziska , livre ebook

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Description



Ce roman s’inscrit dans la suite de La demoiselle de Rosling, où l’on voit une jeune fille du XVIIIe siècle, Luise von Wildbach, se désespérer à la perspective d’un mariage imposé. La force de ses sentiments et de sa volonté va déclencher un phénomène inouï : elle parviendra à fuir son siècle pour réapparaître à notre époque.



Le même phénomène va bouleverser la vie de Ziska, mais dans le sens inverse. Se retrouvant en plein cœur du XVIIIe siècle, elle va connaître des situations d’au-delà de la raison, que ses sentiments viendront encore compliquer. Car en dépit des plus improbables télescopages d’époques, une chose reste immuable : le cœur des hommes et les passions qui l’agitent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 novembre 2019
Nombre de lectures 19
EAN13 9782374537290
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Ce roman s’inscrit dans la suite de La demoiselle de Rosling , où l’on voit une jeune fille du XVIIIe siècle, Luise von Wildbach, se désespérer à la perspective d’un mariage imposé. La force de ses sentiments et de sa volonté va déclencher un phénomène inouï : elle parviendra à fuir son siècle pour réapparaître à notre époque.
Le même phénomène va bouleverser la vie de Ziska, mais dans le sens inverse. Se retrouvant en plein cœur du XVIIIe siècle, elle va connaître des situations d’au-delà de la raison, que ses sentiments viendront encore compliquer. Car en dépit des plus improbables télescopages d’époques, une chose reste immuable : le cœur des hommes et les passions qui l’agitent.

***

Bernard Grandjean est l’auteur d'une quinzaine de romans. La plupart de ses livres sont centrés sur l’Asie et l’Himalaya, tel Moi, Das, espion au Tibet , sorti en 2014 aux Editions Tensing.
Il publie aussi aux Éditions du 38 une série policière, Crimes en Himalaya , ainsi que Meurtre au moulin de la Zhern et Le testament de la comtesse des ténèbres .
INCURSIONS TEMPORELLES
2 - Le voyage de Ziska
Bernard Grandjean
CHAPITRE I
Munich, octobre 2015

Comme il n’était que quinze heures vingt, Ziska avait une bonne heure à tuer avant son rendez-vous. En conséquence, elle décida de s’accorder un peu de temps à son lieu de détente favori, un café au décor néoclassique situé à deux pas de l’ancien palais munichois des Princes électeurs de Bavière. L’endroit présentait aux yeux de la jeune fille l’avantage d’être le point de rencontre de ses deux fantasmes favoris : les charmes de la vie au XVIII e siècle et sa rencontre avec le grand amour.
La température était si douce en ce mois d’octobre qu’elle s’installa à la terrasse. Bien calée dans un fauteuil d’osier, elle fit tourner longuement la petite cuiller dans son café ; un geste inutile, puisqu’elle ne prenait pas de sucre, mais faisant partie du rituel. Le thème de sa rêverie du moment s’imposa de lui-même : l’apparition de l’homme de sa vie. Elle ferma à demi les yeux et le bouton on de son lecteur intérieur s’enclencha. Le film commença aussitôt à se dérouler.
Dès la première scène, l’extraordinaire jeune homme apparaissait. Un peu pâle, il s’avançait jusqu’à sa table et, d’une voix brisée par l’émotion, lui déclarait qu’il l’admirait depuis des semaines en secret, qu’il l’aimait à la folie et qu’elle seule pouvait faire son bonheur. Naturellement, il était très beau, très touchant, doté d’un physique qui n’était pas sans rappeler l’acteur Bradley Cooper. Dans un éblouissement, Ziska comprenait que l’homme dont elle rêvait se tenait là, debout devant elle. La vie lui souriait enfin.
Bien sûr, d’abord elle ne montrerait rien de ses sentiments, mais elle accepterait néanmoins de le revoir, alternant tendresse et réserve, le tout pimenté d’un brin de moquerie. Pour ne pas donner à ce beau garçon l’impression d’être une fille facile à séduire, elle s’efforcerait de contenir l’élan irrésistible qui la poussait vers lui.
À ce stade du film, Ziska posa sa petite cuiller et but une gorgée de café tiède. Puis, pour le plaisir, elle se rejoua la scène de l’apparition, en corrigeant quelques détails.
Après s’être passé le film trois fois, elle ouvrit grand les yeux et redescendit sur terre : aucun beau jeune homme ne se tenait debout devant sa table, les mains moites et la voix blanche. Le miracle ne semblait pas encore pour cette fois-ci. Pourtant, à vingt et un ans, elle estimait que le moment serait venu.
Elle laissa filer encore quelques minutes, histoire d’accorder au bel inconnu une dernière chance d’apparaître, puis elle avala le fond de sa tasse. Elle consulta sa montre et décida de partir. Elle était encore très en avance pour son rendez-vous, mais il ne fallait pas abuser de ces moments de rêveries : le fantasme risquait de s’user, jusqu’à devenir aussi insipide que le fond de sa tasse de café. Elle allait se lever de son siège quand soudain, elle eut un choc : en levant les yeux, elle découvrit un beau jeune homme debout devant elle.
— Salut ! Je peux m’asseoir ?
— Heu, oui… D’ailleurs, j’allais partir.
— Je ne veux pas vous chasser. Simplement, toutes les autres tables de la terrasse sont prises.
Un coup d’œil circulaire permit à Ziska de constater qu’il restait plusieurs tables libres. Ça n’était pas la première fois qu’on lui faisait le coup des tables soi-disant toutes occupées. Depuis l’âge de quatorze ans, Ziska savait que son mètre soixante-quinze ondulant et sa chevelure châtain clair attiraient les mâles comme la lampe attire les moustiques. Elle se disait souvent qu’elle devait être un peu trop blonde, et qu’elle ferait bien de se teindre en rousse pour calmer les montées de testostérone. Choisis plutôt un brun terne, lui avait conseillé Lena, sa colocataire et amie, vu que les rousses sont aussi des objets de fantasmes masculins !
Le jeune homme n’était pas mal de sa personne, même si aucun éblouissement ne s’était produit à son apparition. Le cœur de Ziska se mit à battre un tout petit peu plus vite. Sans attendre la réponse, il s’était laissé tomber dans le fauteuil d’osier en face d’elle :
— Merci, c’est sympa ! Je m’appelle Julian. Et toi ?
— Ziska.
— Étudiante, je parierais !
— Oui, en master d’Histoire de l’art. Spécialité : Art et société en Allemagne et en Europe au XVIII e siècle.
Il émit un petit sifflement admiratif :
— Waouh, quelle intello ! Moi, je bosse, depuis un an et demi. Je suis ingénieur infographiste au centre de recherche de BMW.
Il avait dit cela sur un ton faussement détaché, et Ziska comprit que d’ordinaire il comptait sur cette information pour en imposer à ses futures conquêtes.
— Ça ne m’impressionne pas, dit-elle. Je n’ai pas de voiture, ni même de permis de conduire.
— Le permis, ça n’a pas d’importance, bientôt les voitures se conduiront toutes seules. Mais quoi qu’on en dise la bagnole reste un formidable instrument de liberté. Tu devrais quand même t’y intéresser.
— Pour ça, j’attends qu’on en revienne à la traction hippomobile. Je veux un carrosse doré tiré par quatre chevaux blancs, avec le blason du prince mon époux sur les portières. Sinon, rien !
— Tu as déjà essayé avec une citrouille et une baguette magique ?
Ziska sourit. Son cliché sur la voiture formidable instrument de liberté était nul, mais elle devait admettre qu’il était beau gosse, devait confortablement gagner sa vie et semblait avoir un certain sens de l’humour. Mais comme elle était pétrie de contradictions, elle se sentit irritée par ce jeune homme un peu trop sûr de lui. Celui dont elle rêvait devait être à la fois fort et fragile ; cette contradiction ne la gênait pas du tout.
— Tu es de Munich ? reprit le jeune homme, qui semblait du genre insistant.
Ce Julian commençait à lui taper sur les nerfs avec ses questions passe-partout. Allait-elle avoir droit à tout le répertoire ? Elle se disait parfois qu’on devait trouver en libraire un guide du genre La drague pour les nuls , avec la liste de toutes les platitudes qu’on lui débitait régulièrement. Aussi décida-t-elle d’anticiper :
— Non, je ne suis pas de Munich, je ne passerai pas l’été à Munich, je ne veux pas un autre café, je n’ai pas envie d’aller à la piscine ni au cinéma, je ne fais pas de photos de mode, je n’ai pas de feuille ou d’araignée dans les cheveux, je ne viens pas ici tous les jours et je n’ai pas de petit copain. En plus, je suis vieux style, pas le genre de filles qu’on lève aux terrasses des cafés et qui couchent le premier soir…
— Tu pourrais ajouter que tu n’es pas non plus très sociable !
Elle haussa les épaules et espéra qu’il aille voir ailleurs. De toute façon, l’homme de sa vie, cet être exceptionnel, ne pouvait pas avoir les méthodes et le baratin d’un dragueur de discothèque.
Mais le beau Julian était accrocheur. Il tenta une ultime manœuvre :
— Je te dirai que les nanas qui couchent le premier soir, ça ne me branche pas non plus. Ce que je cherche, c’est rencontrer des filles sympas, juste pour l’amitié et plus si affinité. Mais l’amitié, ça me va aussi, et c’est pas si facile. Regarde-moi : objectivement, je n’ai pas un physique repoussant, je gagne pas mal de tunes et je ne suis pas complètement débile. Et bien tu ne peux pas savoir comme c’est difficile, pour un mec comme moi, d’avoir une relation sérieuse, même simplement amicale, avec une fille jolie et intelligente !
— Tu as essayé par Internet ?
— Heu… non.
— Alors commence par là, comme moi avec la baguette magique et la citrouille !
Elle prit son sac et se leva :
— Je te laisse la table. Peut-être qu’une jolie fille, gentille, intelligente et sociable, va venir s’asseoir ?
— Ce sera le cas si tu te rassieds !
— C’est bien essayé, mais là, j’ai plus le temps de continuer à jouer, j’ai un rendez-vous !
— À demain ? Au même endroit ? lança-t-il.
Elle répondit par un sourire énigmatique.

Ziska s’éloigna sans regrets. Fausse alerte, Julian n’était pas l’homme de ses rêves. Il était attirant, mais ça ne suffisait pas pour lui donner envie d’aller plus loin. Dans l’esprit de Ziska, aller plus loin signifiait juste se laisser embrasser ; quelques baisers, pas trop fiévreux, au milieu d’une conversation serrée destinée à achever de découvrir les qualités et les faiblesses de l’autre. Elle n’était finalement allée vraiment plus loin qu’un seul soir et avec un seul garçon, après quoi elle avait décidé de ne plus le revoir. Non seulement parce que l’expérience avait été physiquement décevante, mais surtout parce qu’elle l’avait senti incapable de se hisser à la hauteur de ses rêves.
Ziska était consciente de l’irréalisme de son attitude, mais elle n’avait aucune envie d’en changer. Sa résolution était inébranlable : le merveilleux ou rien ! Dès l’adolescence, elle s’était faite du merveilleux une idée très précise, qu’elle situait chronologiquement au XVIII e siècle ; un siècle fabuleux, estimait-elle, car alors on savait s’habiller, parler, écrire, construire, peindre,

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