Vaillantes
220 pages
Français

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Description

Amboise, juin 1492
Alors que Françoise de Maignelais coule des jours paisibles avec Pierre dans leur châtellenie de Clair-Percé, des messagers viennent porter des nouvelles alarmantes. À peine installée à la cour de France, Anne, la nouvelle reine, n’a en vérité aucun pouvoir. Déjà, de nombreux ennemis la guettent. Obligée de partager son mari avec des prostituées, elle est de surcroît espionnée et harcelée par la terrible Anne de Beaujeu.
Toujours encline à deviner l’avenir grâce à son don de clairvoyance, Françoise pressent que de pénibles épreuves les attendent. Mais comment ne pas voler au secours de sa jeune soeur?
Revivez les débuts d’Anne de Bretagne en tant que reine de France ainsi que la première Campagne d’Italie. Voici le troisième tome de la grande fresque historique, romanesque et aventureuse de Françoise et de Pierre, et les destins tumultueux et tragiques d’Anne de Bretagne, de Charles VIII et du duc Louis d’Orléans.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 mai 2020
Nombre de lectures 28
EAN13 9782897659998
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Copyright © 2015 Fredrick d’Anterny
Copyright © 2015 Éditions ND
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Révision linguistique : Féminin pluriel
Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Katherine Lacombe
Conception de la couverture : Matthieu Fortin
Illustration de la couverture : © Getty images
Mise en pages : Sébastien Michaud
ISBN papier 978-2-89765-997-4
ISBN PDF numérique 978-2-89765-998-1
ISBN ePub 978-2-89765-999-8
Première impression : 2018
Dépôt légal : 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque Nationale du Canada
Éditions AdA Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet
Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7
Téléphone : 450-929-0296
Télécopieur : 450-929-0220
www.ada-inc.com
info@ada-inc.com
Diffusion Canada : Éditions AdA Inc. France : D.G. Diffusion Z.I. des Bogues 31750 Escalquens — France Téléphone : 05.61.00.09.99 Suisse : Transat — 23.42.77.40 Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

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Autour de moi, je ne sens que froideur et suspicion. La duchesse en sabots ! La fille en dedans des murs qu’il a fallu à ce pauvre Charles aller chercher à Rennes pour mettre fin à la guerre. Pour, également, sauver l’honneur de la France ! C’est moi.
Heureusement, mes chiens et ma cour m’accompagnent chez mon ennemi. Et la volonté, aussi, d’être à la hauteur de ma tâche et de celle de mon malheureux père. Ma Bretagne, ma terre, mon sang. Si pour la conserver un tant soit peu libre, j’ai dû me livrer pieds et poings liés à la France, je suis aussi sans relâche l’hermine blanche qui triomphera du serpent.
Ne jamais courber l’échine, conquérir ce royaume qui m’est à la fois offert et imposé. Et tout d’abord, vivre selon mon rang, me reposer un peu de toutes ces turpitudes. Si symbole je suis, j’ai également le droit d’être fille, femme, épouse et mère. Un être fait de chair, d’âme et de désirs ardents.
L’homme qu’il m’est donné d’aimer est une sorte d’argile que je peux façonner. Contre toutes les volontés opposées, les jalousies et les ombres qui remuent dans les ténèbres, je dois montrer que je reste la Bretagne. Même si, le temps de me reprendre, je dois en remettre les clés, même si, par les chaînes invisibles qui enserrent mes poignets, je suis loin de ses forêts, de ses cités, de ses gens et de ses côtes, je triompherai.
Il me faut un fils ou même plusieurs, une joyeuse marmaille, et le pays de mon père pourra redevenir celui qu’il a été et plus encore. Oui, un fils que j’aurai grand plaisir à concevoir avec mon époux, à la barbe des gens de sa famille, qui me guettent et me tendent déjà mille chausse-trappes empoisonnées…
Anne, duchesse et reine, par la grâce de Dieu
Chapitre 1
La châtelaine
Châtellenie de Clair-Percé, mai 1492
F rançoise n’aurait jamais imaginé qu’une fois mariée à l’homme qu’elle aimait vraiment, elle serait, jour après jour, attelée à une tâche qu’elle détestait.
— Aïe ! s’écria-t-elle en portant son pouce meurtri à ses lèvres.
Ses deux suivantes sourirent avec indulgence. Leur maîtresse était semblable à un jeune étalon : ardente, volontaire, impulsive. Bien qu’enceinte de près de cinq mois, elle n’était encline ni à la patience ni à la sagesse.
Encadré par de longues mèches blondes, le visage étroit de Françoise se rembrunit. Ses yeux bruns aux reflets émeraude étincelèrent autant de colère que d’inquiétude. Pour la troisième fois en dix minutes, elle tendit le cou vers la croisée. L’après-midi étincelait de soleil et de chaleur, et le soir était encore loin. Pourtant, le cœur battant, la jeune femme guettait le fracas d’un galop ainsi qu’une silhouette attendue et reconnaissable entre mille.
Prenant conscience du comique sinon de l’embarras de sa situation, la toute nouvelle dame de Clair-Percé haussa les épaules et lâcha un cinglant :
— Vraiment, mesdemoiselles, est-ce que j’ai une tête à me piquer les doigts avec ces satanés travaux d’aiguille !
Elle soutint à deux mains son ventre qui commençait à se tendre, puis se leva avec lenteur. Le médecin venu d’Amboise à son chevet l’avait prévenue.
— Prenez garde, madame ! Vos os sont fragiles et votre taille est menue.
Françoise avait toisé l’insolent personnage tandis qu’il ajoutait :
— Vous devez être extrêmement prudente dans vos déplacements. La vie est si précieuse !
La jeune femme avait balayé ces fadaises d’un geste agacé de la main. Menue ? Elle qui avait chevauché la campagne en pleine guerre revêtue d’une armure ! Sa santé était au contraire fort robuste, merci bien ! Par ailleurs, de son premier mariage avec le défunt baron Raoul d’Espinay-Laval, elle avait eu un fils tout aussi solide, qui s’ébattait en ce moment à la rivière avec les autres galopins de la châtellenie. De nouveau, comme le disait cet arrogant personnage, elle attendait la vie. Au grand jour, s’il vous plaît, et avec toute la fierté d’une noble dame et d’une maîtresse de maison !
« La naissance de… »
Sa pensée s’interrompit brusquement.
Comme toutes les jeunes mères chrétiennes qui devaient se tenir éloignées des devineresses et ignorer sagement le sexe de leur futur enfant, Françoise ne savait si elle aurait un deuxième fils ou bien une fille.
Ce qui, pour une personne douée du don ténébreux de prophétie, était bien fâcheux. Ne percevait-elle pas d’ordinaire des faits encore en gestation dans le sein même de Dieu ? Des événements futurs ignorés par le commun des mortels, par les prêtres, les puissants ecclésiastiques et même les rois !
Elle se cala devant la fenêtre à meneaux. La vitre était recouverte de poussière. Elle devait songer à donner un grand ménage dans l’antique demeure de Bertrand Chémery, l’ancien seigneur de Clair-Percé. Apparemment, ce dernier était mort tragiquement avec sa femme et leur jeune fils, et le duc d’Orléans avait choisi de récupérer le domaine plutôt que de le transmettre aux autres membres de la famille. Ou quelque chose comme ça. Françoise se prit la tête dans les mains. Les fenêtres, les planchers à laver, les murs de lambris à nettoyer ! Que de choses auxquelles elle devait songer alors qu’en cet instant, son cœur se serrait à l’idée des minutes qui passaient, inlassables, et qu’elle vivait si loin de Pierre !
— Madame ?
Aude, une timide blondinette de dix-sept ans qui venait du village breton du Palet entra, tout essoufflée. Elle répéta, un ton plus haut :
— Vite, madame, il se noie !
Le sang se retira aussitôt du visage de Françoise. Autour d’elle, ses compagnes de broderie se mordirent les lèvres.
— Allons ! ordonna la dame de Clair-Percé en se ruant aussitôt vers la porte.

Un étroit chemin de pierraille séparait ce que l’on appelait « le manoir » du bras d’eau dit du Moulin. Les femmes s’y engagèrent dans un grand désordre. Escortée par des bambins et quelques métayers, Françoise était soutenue par Aude, mais aussi par Floberte et Béatrix, ses compagnes venues elles aussi du Palet et affectées aux nombreux travaux de raccommodage.
Sur la berge, l’agitation était à son comble. Françoise était si épouvantée qu’elle reconnaissait à peine les visages. Trois hommes avaient déjà tenté de secourir la frêle silhouette qui luttait pour sa vie, entre deux eaux, dans l’écume blanche. Hélas, le courant était vif, et les paysans de Clair-Percé, plus à l’aise dans les champs avec les bêtes qu’à la pêche.
À cet endroit un peu traître, le cours d’eau faisait un coude entre les ajoncs, bordé par une frange de rochers aux arêtes aussi aiguisées que des lames de poignards. Le pauvre enfant appelait au secours et se noyait en même temps.
— Arnaud ! s’écria Françoise, toute blême, l’estomac noué.
Une petite main tira le bas de sa robe. Son regard tomba sur le garçonnet de quatre ans, et elle répéta :
— Arnaud.
Elle serra son enfant dans ses bras, mais reporta presque aussitôt les yeux sur le petit camarade de jeu de son fils qui disparaissait sous les flots. À côté, des femmes se signaient. Le garçon s’accrochait courageusement à un rocher.
Françoise reprit son souffle et lança :
— Personne ne se risque ? Diantre ! Mais où est donc sa mère ?
Les têtes piquèrent vers le sol, les yeux fixèrent les lourds sabots de bois. Le temps semblait s’être suspendu.
Pourtant, les cris du petit se faisaient plus désespérés. Les embruns montaient entre les branches des frênes et des saules. Arnaud poussa sa mère vers le bord. Sa bouche, rouge comme une cerise, tremblait. Aussi bleus et limpides que ceux de son père, ses yeux appelaient un miracle.
Alors que tous étaient véritablement statufiés, un miracle se produisit bel et bien. Jaillissant du bocage voisin, un cheval se cabra derrière l’attroupement de paysans. Un homme sauta à terre et se jeta à l’eau. Tous le virent progresser jusqu’au coude, étirer le bras et saisir l’enfant par une cheville.
Alors, le temps se remit à s’écouler normalement. Les voix recommencèrent à résonner dans l’air chaud. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, les habitants du domaine détournaient déjà la tête et retournaient à leurs tâches ordinaires. Les hommes allèrent décharger, réparer, couper ou inspecter ; les femmes se rendirent au bassin de pierre et reprirent leur ouvrage d’essorage, de lavage ou d’étendage.
— Pierre ! s’enhardit Françoise, éberluée.
Le nouveau seigneur de Clair-Percé déposa doucement l’enfant inanimé sur le sol.
— Il vit encore, rassura-t-il immédiatement Arnaud.
— C’est Colin… balbutia l’enfant.
Victime d’un étourdissement, Françoise tomba plus qu’elle ne s’assit dans l’herbe. Floberte était la plus âgée et expérimentée de ses suivantes. Elle réclama un drap pour le petit miracu

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