Les enfants des harkis
125 pages
Français

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Les enfants des harkis , livre ebook

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125 pages
Français

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Description

Cet ouvrage a la volonté de briser le silence imposé autour de l'Histoire coloniale liée à la guerre d'Algérie. L'auteur nous livre le récit de son enfance déchirée par le silence sur l'histoire de son père "Harki" et sa famille qui ont vécu les événements qui entourent l'indépendance de l'Algérie et un rapatriement tardif qui a coûté la vie à des milliers de Harkis. A travers ce récit sont abordées les conséquences psychosociales sur les familles issues de la colonisation notamment sur leurs enfants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 124
EAN13 9782336274584
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les enfants des harkis

Telali Saliha
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmatcan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296086777
EAN : 9782296086777
À mes enfants qui auront besoin de savoir, un jour, d’où ils viennent.

À la mémoire de mon père qui est resté dans le silence de son passé, de son pays natal. Je voudrais faire entendre sa voix à travers l’histoire qu’il n’a pu me donner.

À toutes les victimes du piège historique qu’a été la guerre d’Algérie. Le silence a recouvert cette tragédie par le voile du tabou et du mutisme.

À tous ces hommes qui sont devenus harkis par nécessité et ont porté ce lourd fardeau.
REMERCIEMENTS
Je remercie ceux qui m’ont soutenue dans cette démarche et qui m’ont accordé leurs attentions.

Mes sœurs : Dalila, Nia et Esika, mon mari Gérard.

Rachid, mon frère, mes amis : Fadéla, Danielle, Abdekadher, Christine, Blandine, Iba Renée et tout particulièrement à Saîd Bouamama et Gérard Caudron.
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace REMERCIEMENTS PRÉFACE INTRODUCTION CHAPITRE I - UNE GUERRE ET SES CONSÉQUENCES CHAPITRE II - UNE ENFANCE DÉCHIRÉE CHAPITRE III - « LE PLAFOND DE VERRE » CONCLUSION
PRÉFACE
L’auteur, à travers cet ouvrage, a la volonté de briser le silence imposé autour de son histoire et de l’Histoire coloniale liée à la guerre d’Algérie.
Par la simplicité de la narration de sa vie et de ses souvenirs, Saliha Telali décrit une enfance déchirée par le silence sur l’histoire de son père harki et sa famille qui ont vécu les événements qui entourent l’indépendance de l’Algérie et un rapatriement tardif qui a coûté la vie à des milliers de harkis hommes, femmes et enfants.
C’est aussi une illustration du coût des conséquences psychosociales sur les familles issues de la colonisation, notamment sur leurs enfants, des années durant. Aujourd’hui encore, cela peut expliquer, pour partie, « la révolte des banlieues ». Malgré le tabou et le besoin de mémoire inassouvi qui entourent la question de l’immigration, l’auteur souhaite transmettre son expérience afin de rompre cette indifférence imposée par notre société.
Au fur et à mesure du texte, Saliha Telali instaure un dialogue pudique avec l’Enfant qui n’est qu’elle-même pour restaurer sa propre histoire, la mémoire de son père et des soldats supplétifs.
Elle n’a pas vécu la guerre d’Algérie mais a connu la souffrance de ne pas savoir, d’avoir subi l’injonction implicite de ne pas avoir de racines, ni d’histoire reconnue, ce qui n’a pas manqué d’avoir des répercussions psychosociales sur sa vie.
Militante, l’auteur se bat aujourd’hui pour le droit à l’Égalité. En effet, au-delà de cette histoire, on peut se questionner sur le relatif échec de notre modèle « d’intégration ». Il est donc devenu nécessaire de prendre en compte les souffrances du racisme, du rejet, des discriminations et de rompre le silence.
Saïd Bouamama Sociologue
« Ô Douleur, la terre se déchire. Des soldats sans nation, abandonnés, Fuient les armes des représailles.
Ô Douleur, la famille se déchire. Des hommes, nommés traîtres par leurs frères, Souffrent sur le chemin d’un aller sans retour.
Ô Douleur, le cœur se déchire, Des femmes s’en vont vers un pays inconnu Que leurs maris ont défendu.
Ô Douleur, la conscience se déchire. La famille s’emprisonne dans le silence Et paye un lourd tribut
Ô Douleur, à quand la délivrance d’un passé sans nom » ?
Abandon Saliha Telali
INTRODUCTION
11 novembre 2004, la foule éparpillée se rassembla dans un silence religieux devant la plaque commémorative des combattants de la Première Guerre mondiale. J’y étais, présente entièrement, partageant l’idée que la mémoire du passé est indispensable aux questions et aux épreuves d’aujourd’hui. J’y étais pleinement, persuadée que sans mémoire collective, les guerres et leurs causes ne pouvaient que se reproduire.
Élue de ma ville, je participais à cette cérémonie le cœur serré en me remémorant le courage et les sacrifices de ces hommes-soldats que nous tentons désespérément de ne pas oublier malgré l’érosion de la mémoire.
J’avais l’impression d’apporter ma modeste contribution d’élue locale, non pas au « devoir de mémoire » comme on le dit trop souvent mais au « besoin de mémoire ». Ce besoin, je le connaissais et le ressentais depuis longtemps, moi, fille d’un homme que l’on appelait harki.
Dans une atmosphère silencieuse, les drapeaux déployés, la musique militaire en hommage aux morts se diffusaient en moi comme un appel au souvenir. Cette impression de communion avait cependant un arrière-goût. Une amertume m’envahissait, m’emportant vers un ailleurs bien lointain. Étrange impression que celle de se sentir présente et absente à la fois. Pourquoi une partie de moi-même se dérobait-elle en me laissant insatisfaite de ce moment de souvenir collectif ? Pourquoi ce sentiment de vide subsistait-il dans ces moments où, par la mémoire, les groupes humains tentaient de faire corps, unité ?
Curieusement, c’est vers mon père, qui n’avait pas connu la Première Guerre mondiale, que s’échappaient mes pensées. Cette escapade incontrôlée me faisait cheminer vers une prise de conscience du traitement différencié et inégal des mémoires par notre société. Je me sentais Française et pourtant la pensée de mon père harki, dont l’histoire s’est diluée dans le silence, les non-dits, le tabou, m’imprégnait, telle une supplique venue du passé pour réveiller mes origines.
Pendant que chacun avançait au sein du cortège, je me laissais emporter sur le chemin de mon histoire, accostant un quai inconnu : un instant pour me souvenir.
CHUT ! SILENCE !

Mon pas ralentissait en fonction de la cadence de mes souvenirs, réalisant ma solitude, un sentiment latent de ne pas faire partie intégrante d’une nation tant que l’Histoire n’est pas dite, et cette histoire ne l’est pas.
Toute ma trajectoire et celle de beaucoup d’autres en témoignent. Ma vie, de mes souvenirs enfantins à mes expériences d’adulte marquées par la désillusion, est imprégnée par cette chape de plomb du silence. Silence politique, silence médiatique, silence sociétal, silence familial, silence scolaire, etc.
En marchant ce jour-là, je prenais conscience du prix à payer de ce silence assourdissant produit socialement et politiquement. À ne pas vouloir regarder son histoire en face, la société française et son élite politique faisaient peser sur les frêles épaules de milliers d’enfants le prix de cette amnésie artificielle. À ne pas lire à haute voix les pages de son histoire, la société m’a empêchée de me sentir entièrement, pleinement, intégralement chez moi. Ce sentiment d’illégitimité chez soi m’étranglait, m’interdisant toute parole. À qui en vouloir ? À qui en parler ?
CHUT ! SILENCE !

Il faudra attendre des années pour que des confidences à moitié dites avec des amis ressentant les mêmes tortures me persuadent de sortir du centre de moi-même. Il faudra l’intimité d’autres enfants des dits harkis qui ont accepté de m’ouvrir les portes de leur subjectivité pour que je sois convaincue qu’il y avait quelque chose de social là-dedans.
Ce silence existait et j’avais conscience d’y avoir contribué pour me protéger. Car en définitive, il n’était pas si entier que cela. À demi-mot, mes parents m’avaient dit des choses que je ne pouvais entendre, mais que j’avais intégrées sans le savoir.
Ces demi-mots ne pouvaient qu’être effrayants pour moi dans la mesure où ils n’avaient aucun écho dans la société, dans les médias, à l’école. En défilant ce jour-là, mes origines et l’histoire de la guerre d’Algérie que j’avais refoulées refaisaient surface tel un corps inanimé.
L’origine de ce livre est dans cette commémoration et dans la densité émotive et contradictoire qu’elle a suscitée en moi. Il fallait que je sache, il fallait que je parle, il fallait que je contribue, selon mes modestes moyens, à rompre ce silence et cette amnésie injuste et destructrice.
Du fond de mon être, la voix d’un enfant émergea lentement. Cet enfant qui n’est autre que moi et a toujours fait partie de mon existence sans que je puisse soupçonner sa souffrance. Je taisais cette voix du passé. Aujourd’hui l’enfant veut libérer et transmettre sa parole par la simplicité de ses questions. Il me murmure d’un son vibrant d’émotion : raconte-mo

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