Les feux de la muse
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Les feux de la muse , livre ebook

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Description

Jeanne la pucelle est morte sur le bûcher en place de Rouen. Les Anglais sont toujours à Paris et la capitale livrée aux hordes des « écorcheurs » est loin de se remettre de ses blessures.
Après ses propres combats, devenue membre de la Guilde des Lissiers du Nord, Clarisse quitte les Flandres et décide de revenir en Val de Loire. Elle traverse une France meurtrie et se retrouve aux côtés des Parisiens bien décidés à bouter hors de leur cité les derniers Anglais qui s’acharnent.
Enfin libérée, la capitale respire et la nouvelle royauté s’installe. Puis, les mœurs évoluent. Une femme les incarne dans toute sa splendeur, la belle Agnès Sorel dont le charme insolent éclipse la reine de France. Jamais encore une favorite royale n’avait vécu à la Cour qui se déplace de château en château dans tout le Val de Loire.
Et pendant qu’Agnès Sorel, sous les yeux d’un roi amoureux, occupe la scène royale, Clarisse s’installe à Saumur et ouvre avec sa mère un atelier de haute-lisse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 septembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374533568
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Jeanne la pucelle est morte sur le bûcher en place de Rouen. Les Anglais sont toujours à Paris et la capitale livrée aux hordes des « écorcheurs » est loin de se remettre de ses blessures.
Après ses propres combats, devenue membre de la Guilde des Lissiers du Nord, Clarisse quitte les Flandres et décide de revenir en Val de Loire. Elle traverse une France meurtrie et se retrouve aux côtés des Parisiens bien décidés à bouter hors de leur cité les derniers Anglais qui s’acharnent.
Enfin libérée, la capitale respire et la nouvelle royauté s’installe. Puis, les mœurs évoluent. Une femme les incarne dans toute sa splendeur, la belle Agnès Sorel dont le charme insolent éclipse la reine de France. Jamais encore une favorite royale n’avait vécu à la Cour qui se déplace de château en château dans tout le Val de Loire.
Et pendant qu’Agnès Sorel, sous les yeux d’un roi amoureux, occupe la scène royale, Clarisse s’installe à Saumur et ouvre avec sa mère un atelier de haute-lisse.





Née dans la Sarthe, Jocelyne Godard a longtemps vécu à Paris. Depuis quelques années, elle vit dans le Val de Loire. Les sagas et biographies romancées qu’elle a publiées au fil du temps ont toujours donné la priorité à l’Histoire et aux femmes célèbres des siècles passés. Ces femmes qui ont marqué leur temps, souvent oubliées ou méconnues, et qui, par leurs écrits, leurs œuvres, leurs engagements, leurs talents, leurs amours, ont signé l’Histoire de leur présence qu’elle n’a cessé de remettre en lumière. L’Égypte ancienne et le Japon médiéval l’ont fortement influencée. Puis elle s’est tournée vers l’époque carolingienne, le Moyen-Âge et la Renaissance. Et, plus récemment, elle a mis en scène, avec l’éclairage qui leur revient, une longue saga sur l’investissement des femmes durant la Grande Guerre.
Lorsque ses héroïnes sont fictives, elles ont toujours un lien étroit avec les femmes qui ont fait la Grande Histoire. Dans ses plus jeunes années, elle s’est laissé guider par la poésie et elle a publié quelques recueils. Puis elle s’est tournée vers le journalisme d’entreprise auquel elle a consacré sa carrière tout en écrivant ses romans.
Depuis son jeune âge, l’écriture a toujours tenu une grande place dans son quotidien. Un choix qui se poursuit.
Jocelyne Godard
Lys en Val de Loire
TOME 3
Les feux de la muse
LES ÉDITIONS DU 38
À Berthe, ma mère.

I
À vingt-six ans, Clarisse Cassex était sa propre patronne. L’atelier de tapisserie tournait avec Betty, sa mère, et Toussaint qui, d’apprenti, était passé maître ouvrier. Le métier n’avait plus de secret pour lui. Il savait organiser son travail, superviser, commander, réparer les lisses dès qu’elles présentaient un problème : navette cassée, peigne usé, cadre endommagé, levier désarticulé. Quant à Hans, le second ouvrier qui venait de Bruges, il maniait tout comme Betty et Clarisse les hautes et basses lisses permettant de tisser les grandes tapisseries historiées.
Petit local jouxtant le château de Saumur, l’atelier avait déjà vu quelques transformations depuis que Clarisse était revenue de Bruges où elle avait dû présenter, à la guilde des lissiers du Nord, l’œuvre qui lui permettait d’ouvrir son propre atelier sans que ce dernier soit dirigé par un maître lissier dont il fallait payer les services.
Et Colard Van der Hanck ! Clarisse ne pouvait nier le rôle important qu’il avait joué dans sa vie ! Comment aurait-elle pu ne pas s’en rappeler les moindres détails ? Le jour où âgée de dix-huit ans à peine, vêtue en garçon, elle s’était présentée à maître Van der Hanck pour lui demander du travail, alors que sur les routes du Nord, les Anglais s’acharnaient à dévaliser les caravanes et à violer les femmes.
Puis, deux années sous la bienveillance de maître Van der Hanck lui avaient permis de poursuivre son œuvre pour la guilde en échange de son travail. Enfin, deux autres années avaient suivi où Colard s’était montré non seulement un maître remarquable, l’un des plus réputés de Bruges, mais un amant tendre et attentionné.
Quand Clarisse dut repartir pour retrouver son Val de Loire, tenant en main l’accord des lissiers du Nord, Colard n’avait pu accepter une aussi prompte séparation et l’avait accompagnée jusqu’à Paris où la jeune fille s’était étrangement volatilisée.
Avant que Colard ne vienne à Saumur où Clarisse était installée et qu’il ne la retrouve en compagnie de Thomassaint, son fils, un messager était venu, un jour, lui apporter une lettre dont elle avait pris connaissance, les mains tremblantes et l’œil humide. Puis elle avait lu les mots à la fois sincères et passionnés :
« Ma colombe, ma douce, écrivait-il, quand tu liras cette lettre, tu sauras à quel point je tiens à toi, non pour m’ériger en maître ou en protecteur comme tu me l’as laissé entendre quand j’ai découvert notre fils en ta compagnie, mais en ami fidèle pour toi et en père aimant pour Thomassaint. Tu dis que ce n’est pas mon fils, mais je n’en crois rien. Ce jeune seigneur que tu as revu après deux ans d’absence, alors que tu étais avec moi, à Bruges, et qui est mort dans tes bras, tué par la flèche d’un Anglais, ne peut pas être le père de Thomassaint. L’enfant a mon regard, mon front, mes cheveux blonds et cet air qui ne trompe pas et qui, plus tard, fera un grand lissier de notre époque. Clarisse, si tu refuses mon amour pour le simple motif que je suis marié et lié à Griète, je te rappelle que celle-ci ne m’a pas donné d’enfant et que j’ai donc décidé que Thomassaint serait le mien. Tu n’y peux, hélas, rien. C’est ainsi, je veillerai, même de loin, sur lui, t’apportant mon soutien dès que tu en auras besoin. Plus tard, si tu ne l’as pas fait, je lui parlerai et, si le ciel veut que je sois encore sur terre après la mort de mon épouse, pouvant enfin décider du sort de son patrimoine, c’est Thomassaint qui héritera des ateliers de Bruges. Je ne veux plus, ma colombe, que tu me parles de ce Thomas de Beaupréhaut. Pour moi, il n’existe pas et n’existera jamais. »
Certes, il avait pourtant bien existé, ce Thomas, écuyer du capitaine des armées du dauphin de France, et auquel elle s’était donnée, essayant de lui faire oublier la souffrance d’une flèche anglaise transperçant son flanc. Il est vrai que, ayant partagé la veille la couche du lissier à l’auberge de Paris où ils étaient descendus, elle ne pouvait savoir qui était le père de son fils. Et, à présent, elle lui trouvait les yeux de Colard et le sourire de Thomas. Que dire si Van der Hanck revendiquait la paternité de Thomassaint ?
Puis Colard avait tenu parole avec une farouche obstination, se déplaçant presque chaque année à Saumur, pendant la belle saison, afin de se rendre compte de la bonne croissance de Thomassaint.
L’atelier de tapisserie tournait bien. Quand le travail manquait, Clarisse proposait ses services de château en château et il était rare qu’elle revienne sans commande que les seigneurs payaient bien.
Les prélats, et plus précisément les chanoines et les évêques, lui assuraient de bons revenus. Les commandes des églises allaient de la grande tenture en plusieurs tableaux jusqu’aux ouvrages plus modestes comme les tapis d’autel, tapis de prières, coussins et dossiers de sièges et de fauteuils.
Clarisse trouvait son inspiration dans la célèbre Apocalypse de saint Jean qui, en son temps, avait défié la mode de la tapisserie historiée. Des grandes œuvres aussi, comme La Baillée des roses 1 ou L l’Offrande du cœur 2 .
Quant à Colard, il lui apportait, lors de ses visites annuelles, quelques commandes pas urgentes qu’il remportait à son passage suivant. Ainsi le commerce de Clarisse prospérait.


Anastaise, l’amie de Clarisse partie avec elle huit ans plus tôt à Bruges, avait elle aussi vingt-six ans et sa fille Burgot, née de ses amours avec l’enlumineur Jean Lenoir qu’elle n’avait pas revu depuis l’agression des Anglais à Tournai, venait d’atteindre sa sixième année.
Burgot était une jolie fillette, vive et intelligente, à qui sa mère apprenait déjà le secret des couleurs. L’enfant s’extasiait sur les bleus d’outre-mer, bleus de Prusse et bleus lapis-lazuli, sur les pourpres, les jaunes de Naples, les verts de flambe et les roses de Paris qui donnaient aux robes des dames une si belle allure.
Anastaise, qui s’efforçait de rester sage et tranquille, ne vivait que pour son art et sa fille. Depuis que sa protectrice Christine de Pisan était morte, elle résidait non plus à Paris mais à Dijon, où elle avait trouvé un travail chez un maître enlumineur qui ne la payait guère, mais avec qui elle n’avait aucun problème. Il avait réclamé plusieurs fois la petite Burgot comme modèle, mais n’avait jamais proposé à Anastaise un tel service qui l’eût abaissée et qu’elle aurait, d’ailleurs, fort probablement refusé.
Anastaise s’était imposée à maître Guillebert comme une enlumineuse de talent, dont Christine de Pisan avait fait l’éloge. Cette recommandation émanant d’une si grande dame de la littérature moyenâgeuse décédée depuis peu avait fait son effet. Anastaise travaillait à son domicile, Clotilde, la nourrice, vaquant à ses occupations ménagères et la petite Burgot s’exerçant aux peintures, les doigts toujours tachés de couleurs.
Non loin du palais ducal, maître Guillebert travaillait en étroite collaboration avec quelques peintres recevant régulièrement des commandes de la maison de Bourgogne, aussi Anastaise avait-elle souvent des nouvelles du duc Philippe, qu’elle ne connaissait pas mais dont lui avait fréquemment parlé Christine de Pisan. En effet, la poétesse et femme de lettres avait longtemps travaillé pour son père, Jean sans Peur, et, bien que n’ayant été invitée à la cour de Bourgogne que par petits épisodes, elle en connaissait les mœurs comme si elle y avait vécu toute sa vie.
Christine de Pisan n’était pas la seule à lui avoir longuement parlé des ducs de Bourgogne, père et fils ; il y avait aussi le peintre enlumineur Jean Lenoir.
Jean Lenoir avec qui elle était partie pour Bruges dans le même convo

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