Les Idées napoléoniennes en 1839 - Et la politique impériale en 1856
89 pages
Français

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Les Idées napoléoniennes en 1839 - Et la politique impériale en 1856 , livre ebook

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Description

Une révolution doit être la déduction logique d’un principe, au-dessus et en dehors de toutes les passions humaines ; mais, avant de prétendre triompher dans le monde des faits, ce principe doit triompher dans le monde des idées : c’est là la condition indispensable à l’existence et à la puissance d’expansion d’une révolution. Si le contraire a lieu, si le fait éclate, comme un coup de foudre dans un ciel serein, avant que l’idée ait fermenté à son aise, il n’y a plus qu’une violence faite à l’intelligence, il n’y a plus qu’un escamotage adroit, qu’une insurrection qui peut réussir pendant quelque temps et qui s’affaisse tout à coup au premier choc des passions contraires.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346117024
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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G. de Clamecy
Les Idées napoléoniennes en 1839
Et la politique impériale en 1856
A SA MAJESTÉ
 
 
L’EMPEREUR NAPOLÉON III.
 
 
 
SIRE,
 
 
 
Ceci est une étude sur les glorieuses institutions dont le gouvernement de Votre Majesté a doté la France. Je n’ai pas l’ambitieuse présomption que ce livre soit à la hauteur des inspirations qui ont présidé à votre œuvre, mais il est du moins l’expression du respect le plus profond et du dévouement le plus assuré. C’est à ce titre seul que j’ai l’honneur de le déposer aux pieds de Votre Majesté.
 
 
J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect,
 
 
SIRE,
 
 
De Votre Majesté,
 
 
Le très-humble et très-obéissant serviteur et très-fidèle sujet,
 
 
 
B on G. DE CLAMECY.
CHAPITRE PREMIER
LA FRANCE EN 1848
Une révolution doit être la déduction logique d’un principe, au-dessus et en dehors de toutes les passions humaines ; mais, avant de prétendre triompher dans le monde des faits, ce principe doit triompher dans le monde des idées : c’est là la condition indispensable à l’existence et à la puissance d’expansion d’une révolution. Si le contraire a lieu, si le fait éclate, comme un coup de foudre dans un ciel serein, avant que l’idée ait fermenté à son aise, il n’y a plus qu’une violence faite à l’intelligence, il n’y a plus qu’un escamotage adroit, qu’une insurrection qui peut réussir pendant quelque temps et qui s’affaisse tout à coup au premier choc des passions contraires.
La révolution de 1789 nous présente bien ce caractère essentiel à toute révolution, la germination de l’idée avant l’éclosion du fait. Les écrivains du dix-huitième siècle avaient jeté le principe de la liberté comme une semence dans les esprits ; cette semence avait germé dans tout ce que la nation avait d’intelligence et de force, dans le tiers état comme dans le clergé, dans le clergé comme dans la noblesse, et elle avait poussé si profondément ses racines dans les cœurs, qu’elle grandit et se développa malgré toutes les luttes intérieures et extérieures. La révolution française marcha ainsi grande et forte, tant qu’elle resta au-dessus et en dehors des passions humaines, mais le jour où elle parut céder au courant de ces passions, elle fut souillée de sang, et ses destinées changèrent. Seul, le principe de la liberté resta debout comme le frontispice d’un beau temple écroulé.
Le monde social et politique était rajeuni ; c’était à la génération nouvelle à travailler les matériaux que lui laissait sa devancière et à reconstruire l’édifice. Appuyé sur le principe que nous avons vu survivre, un homme entreprit cette tâche laborieuse et, pendant quinze années, son génie surhumain réédifia pièce à pièce tout un monde ; mais quand sa main puissante ne fut plus là pour faire respecter son œuvre, on se sentit petit devant tant de grandeur et, ne pouvant détruire l’oeuvre, on voulut rabaisser le principe de liberté sur lequel elle reposait. Cette tentative aboutit à ce qu’on a appelé la révolution de 1830.
Quelle a donc été la portée de cette révolution, et quelles pouvaient être ses chances de durée ? Elle n’a été rien autre chose qu’un changement de forme dans le gouvernement, la substitution d’une monarchie à une autre, sans bénéfice et sans progrès pour le principe qu’il s’agissait de défendre. Cette substitution n’apportait aucun principe nouveau ; elle était l’œuvre d’une minorité et elle devait tomber sous les coups d’une autre minorité, car il y manquait ce long enfantement des esprits sans lequel la force matérielle ne peut rien fonder de durable.
Qu’était-ce enfin que la révolution de 1848 ? Quelle a été sa portée, quelle a été son influence, quelles étaient ses conditions d’existence ? On peut la résumer avec ces trois mots donnés par son principal auteur, dans un procès célèbre, comme définition d’une révolution : un tour de main.
L’on avait, il est vrai, travaillé la nation, ou plutôt une partie de la nation, dans des banquets patriotiques ; l’on avait prêché là croisade contre les abus existants, mais nul ne s’attendait au résultat. Là où l’on n’avait semé qu’une simple réforme électorale, on récolta une réforme radicale ; ce qui ne devait amener qu’un changement de ministère produisit un changement de gouvernement et les plus surpris furent ceux-là même que le mouvement faisait monter au pouvoir. C’est ainsi que l’appréciait M. de Lamartine lui-même lorsqu’il disait à l’Assemblée nationale : « Le gouvernement provisoire est arrivé sans conspiration, inopinément ; il est arrivé malgré lui sur cette brèche, car c’était une brèche alors que le pouvoir. » Singuliers hommes politiques, en vérité, que ceux qui battent en brèche un gouvernement, qui ne savent pas prévoir le moment où la brèche sera faite, où l’assaut pourra être donné, et qui sont surpris par l’événement ! Véritables enfants terribles qui touchent inconsidérément aux rouages d’une machine et qui sont tout étonnés du bruit et du désordre que leur étourderie occasionne !
Les premières mesures prises par le gouvernement provisoire se ressentirent nécessairement de l’imprévu de la situation, et, en les examinant, on y trouve la précipitation d’hommes qui veulent donner une satisfaction immédiate à des principes vagues, à des théories nuageuses, sans utilité réelle.
Ainsi, les titres de noblesse sont abolis ; le serment des fonctionnaires est supprimé ; les esclaves des colonies sont émancipés ; les couleurs nationales sont modifiées ; les Tuileries doivent devenir les invalides du travail ; on promet la suppression des taxes sur le timbre, sur la presse, sur le sel, sur les octrois ; on annonce des modifications dans le système des contributions indirectes, et, en attendant la réalisation de ces promesses, on réduit d’une heure la journée de travail ; on garantit l’existence de l’ouvrier par le travail ; on garantit le travail lui-même ! Imprudence suprême qui contenait en germe toutes les difficultés de l’avenir ! La Convention avait décrété la victoire sur les ennemis extérieurs et la victoire avait répondu à cet appel ; le gouvernement provisoire, en décrétant la reprise des travaux, décrétait la confiance, cette victoire d’un gouvernement sur l’opinion publique : nous verrons si son appel fut entendu. A cette époque fut dit un mot qui avait le sens et la portée d’un programme : «  Tout pour le peuple et par le peuple.  » Il y avait là une idée tout à la fois politique et sociale ; il en pouvait sortir ou la gloire ou la honte d’un gouvernement. Tout pour le peuple, c’était bien ; tout par le peuple, c’était trop, car on n’avait pas un système tout prêt à faire fonctionner. Il fallait des essais et des tâtonnements, essais qui auraient dû être faits préalablement in animâ vili, au lieu d’être expérimentés sur un peuple entier qui n’avait ni le temps ni les moyens d’attendre ; les tentatives pouvaient ne pas être heureuses, c’était donc autant de déceptions et de souffrances pour le peuple abusé par un programme impossible. Voici ce que disait à ce sujet M. Goudchaux qui a été bien placé pour voir et juger : « La révolution de février est arrivée un peu trop tôt : les études sérieusement commencées avaient besoin encore d’un temps très-court pour être terminées et pour présenter une solution immédiate au jour de la révolution. Aux hommes qui se sont dévoués à cette œuvre il manquait une certaine petite connaissance de faits tout matériels qui nous met aujourd’hui dans une situ

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