LES Princes andalous
317 pages
Français

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LES Princes andalous , livre ebook

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Description

Magdalena est d’une nature libre et passionnée... peut-être trop pour son propre bien en cette époque où les femmes de qualité doivent cacher leur sourire derrière un éventail, leur peau sous des amoncellements de dentelles et leurs opinions dans le secret de leur âme.
Un jour que le señor Landolsi, un peintre réputé, vient faire son portrait, elle découvre avec stupeur qu’il est en réalité un musulman converti au catholicisme. Magdalena refuse toutefois de céder aux préjugés, qui sont la norme au XVIe siècle, et entame une conversation avec lui ; de là s’établira entre eux une relation marquée de respect, qui se muera peu à peu en amitié. Or, le monde autour d’eux n’aura pas la même bienveillance...
Depuis Séville jusqu’à Grenade, le señor Landolsi fera découvrir à Magdalena la chaleur, le charme et le raffinement de la culture arabe. Mais les regrets et la souffrance dont est empreint son passé l’entraîneront malgré lui dans la révolte ultime des musulmans contre les répressions de l’Église et de la couronne d’Espagne. Réussira-t-il à la fois à défendre sa culture et à sauver les gens chers à son cœur ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 août 2015
Nombre de lectures 10
EAN13 9782764430279
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice
Conception graphique : Sara Tétreault
Mise en pages : Andréa Joseph [pagexpress@videotron.ca]
Révision linguistique : Isabelle Pauzé et Chantale Landry
En couverture : Réalisé à partir d’une oeuvre de Edwin Lord Weeks
(Américain, 1849-1903). Interior of La Torre des Infantas, illustrating the legend of the three Moorish princesses, in Washington Irving's “The Alhambra”. Huile sur toile. 25.4 x 30.5 cm. c. 1880. (Domaine public) et d’une photographie tirée de shutterstock © スタジオサラ
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Gauvreau, Élisabeth
Les princes andalous
(Tous continents)
ISBN 978-2-7644-3025-5 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3026-2 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3027-9 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Tous continents.
PS8613.A978P74 2015 C843’.6 C2015-941557-8
PS9613.A978P74 2015
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2015
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2015
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2015.
quebec-amerique.com



À Adel, mon amour, qui m’a accompagnée tout au long de cette aventure.
À Aziz, mon petit homme adoré.


SÉVILLE


I
LE JARDIN DE SÉVILLE
Andalousie, août 1568
 Pourriez-vous relever légèrement la tête, je vous prie ?
Magdalena tendit la nuque et s’appliqua à donner à son cou la courbure que le peintre désirait.
 Très bien, ne bougez plus.
Elle maintint la pose tant bien que mal, car le corps baleiné ainsi que le busc de son corset lui écrasaient la poitrine, ce qui n’aidait en rien à améliorer son confort, déjà considérablement compromis par la lourde robe de taffetas dans laquelle elle se mourait de chaleur. Quoique les feux de l’été andalou ne se fussent pas encore estompés, le peintre s’obstinait à travailler à l’extérieur, et ce caprice d’artiste les condamnait tous deux à supporter un poids caniculaire des heures durant.
Magdalena posa ses paumes sur la pierre du banc où elle se tenait assise et y chercha en vain quelque fraîcheur. Elle était facilement incommodée par les fortes chaleurs. Cette indisposition lui venait de lointains aïeuls dont les racines navarraises avaient légué pâleur et rousseur aux générations suivantes. Même dans l’ombre du dais suspendu au-dessus d’elle afin de préserver son teint, elle étouffait, coincée dans cet amas de dentelles et de rubans.
Et il était dix heures à peine.
De fines gouttelettes perlaient maintenant à la racine de ses cheveux remontés sur ses tempes grâce à des arcelets de métal, et elle commençait à montrer des signes d’agitation. La matinée avait été interminable et l’après-midi, elle le craignait, le serait tout autant. En plus de l’obliger à porter une tenue inutilement extravagante, ces longues séances de pose étaient à périr d’ennui, et elle aurait souhaité que le peintre se montrât plus loquace qu’il ne l’était de coutume.
Artiste de grand talent, homme de goût, le señor Landolsi était cependant désavantagé par une pudicité presque touchante, et ce trait de sa personnalité l’empêchait de nouer aisément une conversation. De nature réservée, il ne parlait jamais de sa famille ou de ses amitiés, et il ne prenait la parole que s’il y était invité ou s’il le jugeait utile.
Au cours de leurs brefs et rares entretiens, Magdalena avait remarqué qu’il était différent de la plupart des hommes de sa connaissance, lesquels s’intéressaient davantage aux choses du corps qu’à celles de l’esprit. Elle le devinait fort instruit parce que, justement, il ne faisait aucun étalage de son savoir, et elle soupçonnait chez lui une grande finesse de conversation. Elle avait même déjà entendu murmurer qu’un entretien privé avec lui pouvait se révéler une expérience troublante, presque mystique. Quelle fût avérée ou non, cette qualité lui valait d’être immensément populaire auprès des femmes de la petite noblesse et de la bourgeoisie sévillanes, qui formaient l’essentiel de sa clientèle.
C’était d’ailleurs grâce au mécénat de la señora Milán, la tante de Magdalena, qu’il avait ses entrées dans certaines des meilleures familles de la ville. Sans le concours de cette femme dont on disait qu’elle savait flairer le talent à vingt lieues, il lui aurait sans doute fallu une décennie entière pour que le sien fût reconnu dans toute la région comme c’était désormais le cas. Toutefois, il ne profitait qu’avec parcimonie des avantages que lui conférait sa nouvelle notoriété, car son caractère était de ceux qui préféraient l’ombre à la lumière. Aussi ne peignait-il que lorsqu’il en avait vraiment envie, bien qu’on le pressât de toutes parts afin de s’attacher ses services de portraitiste.
Par malheur pour Magdalena, le señor Landolsi, ce jour-là, était égal à lui-même, travaillant avec ardeur et évitant toute distraction susceptible de ralentir sa main. Il était de ces artistes qui se dédiaient à leur art avec passion, et il se vouait à son œuvre en cours de réalisation de la même manière que s’il se fût agi de la dernière.
Or, le soleil atteindrait bientôt son zénith et les chasserait à l’intérieur de la maison pour une retraite forcée jusqu’en fin d’après-midi. Aussi n’était-il pas étonnant qu’il n’eût pas le moindre désir de s’arrêter avant l’ almuerzo * et qu’il eût, de surcroît, oublié qu’une collation avait été prévue vers les neuf heures. Magdalena se demandait justement si elle oserait le lui rappeler. Elle était fatiguée et elle avait soif. Ses mains étaient enflées, ses doigts, étranglés par les bagues. Le rebato , le haut collet de dentelle déployé en éventail derrière sa tête, lui paraissait d’une lourdeur extrême. La céruse dont son visage était fardé pour unifier son teint roulait sur son front comme autant de petites perles de lait. Ses yeux piquaient, ne cessaient de larmoyer, et elle pensait avec effroi qu’elle devait être affreuse. Elle voulut éponger son visage avec un mouchoir qu’elle venait de tirer de sa manche et elle sursauta à l’instant où, sans même quitter la toile des yeux, le peintre lui lança :
 Señorita, vous bougez !
Le ton qu’il avait pris se voulait sans doute moqueur et léger, mais on y sentait poindre une certaine impatience. Magdalena courba la tête, consciente que cela faisait au moins quatre fois que le peintre se voyait obligé de la rappeler à l’ordre depuis le début de la séance.
 Désolée, señor Landolsi, murmura-t-elle.
La course du pinceau s’arrêta sur la toile. Peut-être parce qu’il était agacé par l’indiscipline de la jeune femme, peut-être parce qu’il regrettait son propre mouvement d’humeur, ce fut sans accorder un regard ni une parole à son modèle qu’il alla retendre le bas de sa robe qui avait encore une fois été dérangé par ses tortillements incessants. Il se débattit un moment avec le vertugadin tout en pestant intérieurement contre ce détestable objet de vanité. Le jupon garni d’arceaux de jonc souple conférait à la toilette une forme de cloche dont les lignes flasques blessaient son œil d’artiste.
Même après avoir replacé les jupes et les dentelles, il continuait à juger

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