Les Problèmes de la colonisation
97 pages
Français

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Les Problèmes de la colonisation , livre ebook

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Description

Le besoin, qui porte les individus et les nations à chercher hors de la Métropole l’emploi de leur activité, a acquis, depuis un demi-siècle environ, une intensité parfois maladive, accompagnée de violentes secousses dans les relations internationales. Dans ces vingt dernières années, à côté des peuples depuis longtemps déjà colonisateurs, d’autres se sont levés, qui ont voulu avoir leur part des territoires lointains, soit pour des nécessités économiques, soit pour des raisons d’influence dans le monde, soit tout simplement par amour-propre.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346101030
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Joseph Valmor
Les Problèmes de la colonisation
AVANT-PROPOS
Les difficultes et les graves mécomptes que nous avons de différents côtés, dans notre domaine colonial, sont faits pour attirer l’attention de nos gouvernants et les amener à se demander si notre façon d’administrer nos colonies n’est pas défectueuse, si, en cas de complication en Europe, nous ne serions pas exposés à voir se révolter contre nous les peuples que nous croyons avoir soumis.
Aux Antilles, ce sont les interminables luttes politiques qui sèment la division et la ruine, parce que nous avons donné le droit de vote à des gens indignes ; au Tonkin, en Annam, la situation est si compromise qu’on peut envisager la nécessité de tout refaire ; en Mauritanie, et même en Algérie, sur la frontière marocaine, c’est la guerre incessante ; l’âme arabe toute frémissante semble invinciblement rebelle à notre domination : les récents incidents de Rovigo et de Tiaret nous le prouvent clairement.
C’est que nous n’avons, en matière de colonisation, ni principes, ni méthode, ni esprit de suite, ni expérience, ni assez d’hommes compétents.
Puis, le grand mal est, qu’en France, l’on est trop sottement égalitaire, « assimilationniste », et porté à croire qu’on peut s’imposer aux primitifs par des institutions libérales, démocratiques ; on ne comprend pas que la seule façon de les tenir est de leur suggérer le sentiment de leur infériorité et la vive impression de notre force.
Nous avons la naïveté de nous figurer que nous pouvons « pénétrer » par la persuasion, « pacifiquement », l’âme des primitifs et l’amener à nous sans difficulté, rapidement !... Avons-nous pu, jusqu’ici, pénétrer l’âme arabe, l’âme annamite, l’âme nègre ?...
La pénétration, dont il est ici question, ne peut être que l’union plus ou moins intime des éléments mis en présence ; et cette union n’est possible qu’entre éléments de même nature. Or, l’âme primitive est par nature différente de l’âme civilisée ; et il ne peut pas y avoir entre elles d’union spontanée, consentie, aimée ; le seul lien qui puisse exister, ici, est le respect.
C’est dire qu’il faut avant tout imposer à l’âme primitive, par la force juste et humaine ; après, l’on peut travailler à la calmer, à la pacifier, à vaincre sans faiblesse ni abandon la résistance venant des particularités de race et de pays, de traditions et de mœurs, de religion.
On domine l’âme des primitifs, on l’attire, on peut la rapprocher lentement de celle des civilisés ; mais on ne la pénètre pas ; et, penser qu’on le peut, c’est tomber dans l’erreur de l’assimilation qui est en opposition avec l’expérience.
 
A ceux qui s’intéressent à l’avenir de notre colonisation, et, partant, au développement économique de la France ; à ceux qui ne voient pas seulement dans les indigènes des machines à production, et dans les colonies de simples centres d’importation et d’exportation ; à ceux qui veulent connaître nos territoires d’outre-mer autrement que par les statistiques et la géographie, j’apporte ce livre écrit avec bonne foi, désintéressement, en dehors de tout esprit de parti, et sous l’impression des choses vues, vécues.
J. VALMOR
LIVRE PREMIER
CHAPITRE PREMIER
Le Principe
Le besoin, qui porte les individus et les nations à chercher hors de la Métropole l’emploi de leur activité, a acquis, depuis un demi-siècle environ, une intensité parfois maladive, accompagnée de violentes secousses dans les relations internationales.
Dans ces vingt dernières années, à côté des peuples depuis longtemps déjà colonisateurs, d’autres se sont levés, qui ont voulu avoir leur part des territoires lointains, soit pour des nécessités économiques, soit pour des raisons d’influence dans le monde, soit tout simplement par amour-propre.
Les nations avides d’expansion se sont ruées sur tout ce qui pouvait être pris facilement ; et les compétitions de l’avenir n’en seront que plus rudes, plus dangereuses.
Les peuples de l’Europe, à l’étroit chez eux, se surveillant de près les uns les autres, et ne pouvant guère, pour le moment du moins, s’agrandir par l’annexion de territoires voisins, à cause de l’intérêt que chacun trouve dans le maintien de la situation présente, ont actuellement les yeux sur les pays lointains et se plaisent à y voir le prix de leurs luttes futures, ou de leur habileté à conquérir par les moyens pacifiques.
Ausi bien, c’est dans les colonies que la plupart des grands peuples modernes peuvent trouver : (A) des centres d’écoulement pour le trop-plein de leur population ; — (B) l’emploi des activités que l’inaction au sein de la Patrie rend inutiles, encombrantes et même dangereuses ; — (C) un remède contre la diminution des naissances qui se produit fatalement dans les pays où la population a atteint une certaine densité et où les individus ne veulent pas s’expatrier, ou bien se trouvent dans l’impossibilité de le faire par suite de la difficulté d’émigrer ; — (D) des débouchés pour le surplus de leur production ainsi que les moyens d’empêcher le malaise provoqué par la grande activité industrielle moderne et par la diminution progressive de l’emploi de la main-d’œuvre ; de sorte que les crises économiques deviendront moins intenses et la misère des prolétaires moins grande, dès que l’on saura tirer des colonies de plus grands avantages grâce à un mode d’administration plus méthodique, plus coordonné et plus scientifique ; — (E) les matières premières de certaines industries existantes, ou à créer, et qui feront vivre un plus grand nombre d’individus, accroîtront la richesse nationale ; — (F) des débouchés pour les capitaux sans emploi et les moyens de les accroître ; — (G) en résumé, la richesse, la puissance, les raisons de vivre et de se développer librement.
C’est donc dans les colonies que se trouve l’avenir pour les pays producteurs, riches, et, d’une façon générale, pour les nations vivaces. De nos jours, les peuples qui se renferment chez eux sont condamnés à la misère et aux luttes intestines, aux basses passions et à la décadence.
Certes, ce ne peut pas être le sort de tous les pays de vivre de leurs colonies, comme l’Angleterre ; cependant, tous peuvent trouver profit à avoir des centres de commerce et d’approvisionnements assurés, bien connus, sagement appropriés aux besoins de la Métropole.
 
Mais, avant de nous occuper des moyens généraux d’appropriation (ce qui fera l’objet du livre II), voyons ce qui légitime les conquêtes ; recherchons le principe au nom duquel les peuples, dits civilisés, peuvent ou doivent soumettre à leur autorité les peuples inférieurs, les pays barbares.
 
Est-ce au nom de la supériorité ?
C’est une idée bien vague, bien relative, considérée en elle-même. Ses éléments constitutifs ont une valeur qui ne se reconnaît pas a priori, et qui en outre subit l’influence des temps, des préjugés, de l’ignorance, de l’amour-propre. Voilà pourquoi les Hovas, par exemple, se regardaient comme supérieurs aux Français, avant qu’ils fussent réduits par la force des choses à admettre leur infériorité. Chez les peuples, ainsi que chez les individus, l’orgueil, comme un prisme, déforme les choses et dénature la vérité.
De fait, c’est a posteriori que se reconnaît la supériorité, à

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