Les Trois moutardiers du diable
355 pages
Français

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Les Trois moutardiers du diable , livre ebook

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Description

1770.


Jacques Quentin, médecin, chirurgien, apothicaire et savant genevois, bon vivant curieux de tout, est convié à être reçu comme correspondant étranger de la jeune mais déjà prometteuse Académie des Sciences, Arts et Belles-lettres de Dijon. La réception ayant lieu fin janvier, il est invité à assister aux festivités de la Saint-Vincent auxquelles, privilège exceptionnel cette année-là, assistera sa Majesté Louis le Quinzième.


Au cours du déjeuner inaugural, le confesseur du roi, gourmand invétéré, s’effondre, terrassé après avoir englouti une belle cuillérée de moutarde. Le sieur Athanase Pignolet, grand maître de la confrérie des moutardiers et vinaigriers, qui a confectionné la moutarde incriminée, est écroué et risque rien moins que la mort par écartèlement pour régicide. Estimant que le maître moutardier n’avait aucun motif pour attenter aux jours du souverain, le maire et les échevins de la cité demandent à Jacques Quentin de bien vouloir mettre ses savoirs et son talent d’expert judiciaire au service de la Justice.


Et si cette affaire en dissimulait une autre, plus ancienne et plus ténébreuse ?



Narrée des années plus tard par son fidèle assistant Aymon Seillant devenu un des plus grands médecins et apothicaires de Paris, Les Trois moutardiers du Diable entraîne le lecteur dans l’univers des moutardiers et vinaigriers, des cryptographes, des amateurs de bonne chère, de vins et de livres anciens.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782381241500
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières L’auteur au lecteur Premier cahier Chap. I Chap. II Chap. III Chap. IV Chap. V Chap. VI Chap. VII Chap. VIII Chap. IX Chap. X Chap. XI Chap. XII Deuxième cahier Chap. XIII Chap. XIV Chap. XV Chap. XVI. Chap. XVII Chap. XVIII Chap. XIX Chap. XX Chap. XXI Chap. XXII Troisième cahier Chap. XXIII Chap. XXIV Chap. XXV Chap. XXVI Chap. XXVII Chap. XXVIII Chap. XXIX Chap. XXX Chap. XXXI Chap. XXXII Chap. XXXIII Quatrième cahier Chap. XXXIV Chap. XXXV Chap. XXXVI Chap. XXXVII Chap. XXXVIII Chap. XXXIX Chap. XL Chap. XLI Chap. XLII Épilogue Orientations bibliographiques et iconographiques Iconographie Remerciements

Les Trois moutardiers du Diable
 
roman


 
Éditions Immodicus, 2022
www.editionsimmodicus.fr
ISBN : 978-2-38124-150-0


Immodicus

À François Moureau
 
Aux amateurs de bonne chère et de mots

“ Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi. » Le Seigneur répondit : « Si vous aviez la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce mûrier, déracine-toi et replante-toi dans la mer et il vous obéirait .”
Luc , XVII, 5-6
 
“ Pissant doncq plein urinal, se asseoyt à table, et par ce qu'il estoit naturellement phlegmaticque, commençoit son repas par quelques douzeines de jambons, de langues de beuf fumées, de boutar-gues, d'andouilles, et telz aultres avant coureurs de vin. Ce pendent quatre de ses gens luy gettoient en la bouche, l'un après l'aultre, continuement, moustarde à pleines palerées […].”
Rabelais , La Vie treshorrificque du grand Gargantua , 1542, XXI
 
“ Le parler que j'ayme, c'est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu'à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant délicat et peigné comme véhément et brusque .”
Montaigne , Essays , 1588, I, 26

L’auteur au lecteur

 
Les yeux fatigués, les mains osseuses, desséchées, parcheminées, le visage émacié, le fond des yeux noir, les joues creuses, le corps rongé par la goutte, ulcéré, variqueux, vermoulu, je m’apprête à quitter ce monde, à rejoindre la barque des morts et tenir compagnie à Charon pour descendre le Styx. Au seuil de ce rivage, déjà entouré d’ombres, c’est non sans être ému que je jette un regard sur les riches années qui se sont écoulées depuis le jour de ma naissance. J’ai eu une belle vie, mais sans mener grand train, tandis que rien ne m’y disposait.
Je vis le jour en 1750. Ainsi que cela advint à nombre d’enfants tard venus au sein de fratries, je fus abandonné sans ambages à la porte de l’hospice où je vécus de la charité des nobles familles de la République de Genève. Préférant à un respectable mais monotone emploi d’artisan une vie de paresse et d’aventures, j’exerçai durant un bref temps la profession de voleur, chapardant et détroussant, ici une bourse, là un collier ou une montre que je cédai contre quelques pièces, parfois mû davantage par le seul plaisir du larcin que par la nécessité. Un jour, je fis le mur pour voler des pommes qui n’étaient ni belles ni mûres dans le verger d’une demeure cossue. Le maître des lieux me surprit. Mais au lieu de me congédier, il dit seulement : « Pas celles-ci ! », avant de me convier à partager son dîner. Une omelette, quelques légumes, des tranches de jambon de pays… « Rien que de très ordinaire… », pour lui, et le plus agréable, mon hôte, s’adressant à moi comme si nous nous connussions depuis toujours, ou comme si je lui eusse été cher, m’apprit quantité de choses sur les légumes que j’avais engloutis : bettes, raves, panais… certains dont je ne connaissais pas l’existence, qui provenaient de contrées lointaines aux noms étranges. À l’issue du souper, je rêvai que ce moment ne connût pas de fin, je ne voulais plus partir.
Ayant besoin d’un apprenti, il m’offrit de rester. J’acceptai et ne le regrettai point. Il fit de moi bien plus que son apprenti. Sans lui, je fus demeuré un garçon simple, illettré, et sans doute serais-je devenu un coquin, un fripon, un bandit de grand chemin, toujours en quête de quelque mauvais coup et j’eus fini mes jours dans quelque geôle ou transpercé d’un coup d’épée. Au lieu de cela, grâce à ses soins et ses encouragements, j’appris le latin et le grec, j’acquis des principes, des commencements des sciences, je l’assistai, puis devins apothicaire et obtins mon doctorat en médecine.
Lorsque je me fus établi à Besançon, après qu’une épidémie eut réclamé ma présence, et tout le temps que je demeurai en cette affreuse bourgade, j’eus l’heur de me rendre plusieurs fois l’an à Genève pour visiter celui que j’appelai “maître” presque depuis le premier jour où je le connus et que je tiendrai toujours pour tel, afin de lui soumettre parfois le cas d’un égrotant sur qui mes préparations médicinales étaient demeurées sans effet, une infection, une réaction inopportune à un baume, et sur lesquels j’espérais qu’il me livrât son avis éclairé, mais le plus souvent pour le seul plaisir de son alerte et gaie compagnie, dans l’unique dessein de le voir et de l’entendre s’émerveiller de quelque découverte ; commenter en pestant la légèreté et les thèses infondées d’un article du Journal des Savants , disséquer, ses bésicles sur le nez, une pince entre le pouce et l’index, un automate viennois pour m’en faire admirer la complexe et subtile mécanique ainsi que la finesse de l’orfèvrerie, dentelle de métal, ou solliciter mon regard d’amateur sur les esquisses, croquis et plans de l’une de ses inventions, ou sur l’aquarelle d’un de ses innombrables spécimens d’orchidée ou d’insecte. Toutefois, lorsque je quittai Besançon pour Reims, où je n’exerçai que quelques mois, puis Reims pour Paris, nos charges respectives, ses innombrables activités, bien qu’il eût cessé de pratiquer la chirurgie, sa main n’étant plus sûre comme par le passé, augmentées par la distance, eurent, hélas, raison de ces moments privilégiés et nous éloignèrent. Notre amitié et notre estime firent que nos échanges se poursuivirent par la plume.
À son grand regret, il n’était plus à même d’embarquer pour des pays lointains, au climat bon pour les passions mais mauvais pour le cœur. Mon maître m’ayant toujours encouragé à voir du pays, j’embarquai. Je découvris, je visitai, je rapportai. Je revins les vêtements tout embaumés de parfums d’épices, de girofle et de muscade en particulier. En dépit de son âge avancé, la septantaine, il trouva encore les ressources pour effectuer quelques voyages qui portèrent ses pas dans l’ancienne Barbarie, à Malte, à la Sublime Porte et en Perse.
La mort m’arracha dans le même élan un mentor et un ami irremplaçable, tout en privant les sciences d’un de ses serviteurs parmi les plus curieux, les plus dévoués, les plus zélés et les plus singuliers. Je ne serai sans doute jamais revenu à Genève toutes affaires cessantes si une nouvelle dont l’annonce fut aussi brutale que douloureuse, ne m’avait contraint de délaisser mon cabinet de la rue de la Ferronnerie dans le Marais, afin d’accomplir le devoir d’un fils envers son père et de rendre un dernier hommage en même temps qu’un adieu, à celui qui, m’ayant recueilli, m’avait traité comme s’il eût été l’auteur de mes jours, et contribua à faire de moi le médecin et l’apothicaire renommé que je devins. Plus d’une fois j’ai songé et voulu lui rendre hommage mais de manière ineffable, le temps, des événements fortuits, des impératifs auxquels je ne pouvais me soustraire, m’en détournèrent.
Si j’ai voulu prendre la plume, alors que je sens mes membres s’engourdir, mes articulations craquer, et la mémoire me fuir, c’est pour lui rendre cet hommage tant de fois différé en narrant une des plus singulières aventures vécues en sa compagnie et sous ses auspices, tandis que je n’étais que son jeune apprenti. À la fin de l’année 1769, mon maître avait été convié par Claude Symonnot, un de ses anciens amis et le premier syndic de Dijon, qui avait insisté pour qu’il fût élu au nombre des correspondants étrangers de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de sa ville, laquelle avait distingué quelques années plus tôt un de nos éminents concitoyens. Sa réception suivant de près les festivités de la Saint Vincent, son ami l’avait prié avec insistance d’avancer de quelques jours sa venue, afin d’y assister, celles-ci promettant cette année-là d’être extraordinaires du fait de la venue de Sa Majesté Louis le Quinzième. Mon maître ne goûtant guère les honneurs, faisant fi des médailles et prix, il ne fut pas aisé de le décider à quitter Genève pour prendre le chemin de l’ancienne capitale des ducs de Bourgogne. Or il advint que l’entrée royale et les fêtes de la Saint Vincent furent cette année-là marquées par plusieurs incidents et une série d’événements qui devaient produire une des plus grandes affaires criminelles de la région de cette époque, sinon la plus grande, et que ce fut grâce aux savoirs, à la sagacité, à la méthode et au remarquable esprit de déduction de mon maître que cet imbroglio fut résolu, et qu’elle devait passer à la postérité en étant connue comme l’Affaire des Trois moutardiers du Diable.
J’espère que celui qui lira ces pages voudra bien excuser les failles de ma mémoire, ainsi que ma main faible et tremblante. Bientôt, “ par les ombres myrteux, je prendrai mon repos ”. Je pourrai alors clore mes paupières avec la satisfaction d’un devoir trop longtemps différé et enfin accompli.
Aymon Seillant
Paris, le 12 février 1820

Premier cahier

Chap. I
Dans lequel l’auteur revient sur la façon dont tout a commenc É et qui le voit avec son ma Î tre
se mettre en qu Ê te de force
raisons suffisantes
 
 
 
 
“ Quelle vanité que la peinture, qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire point les originaux. ”
Blaise Pascal , Pensées
__ At quanto meliora monet, pugnantiaque istis, Dives opis Natura suae, tu si modo recte Dispensare velis, ac no

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