Les Victimes de la République
46 pages
Français

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Les Victimes de la République , livre ebook

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Description

Les électeurs vont être appelés à juger la politique républicaine, et nous attendons avec confiance leur verdict. Mais puisque les coupables osent, devant le pays rayer encore, par d’indécentes apologies, la vérification d’une gestion criminelle, nous avons pensé qu’il était bon de rappeler en quelques pages rapides les lourdes responsabilités encourues par les députés d’hier qui, si la France ne laisse pas surprendre sa bonne foi, ne seront pas les députés de demain.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782346055548
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.

Louis d' Estampes, Amédée Courbet
Les Victimes de la République
I
Les électeurs vont être appelés à juger la politique républicaine, et nous attendons avec confiance leur verdict. Mais puisque les coupables osent, devant le pays rayer encore, par d’indécentes apologies, la vérification d’une gestion criminelle, nous avons pensé qu’il était bon de rappeler en quelques pages rapides les lourdes responsabilités encourues par les députés d’hier qui, si la France ne laisse pas surprendre sa bonne foi, ne seront pas les députés de demain.
Les attentats contre l’Église et contre la liberté, les persécutions tour à tour violentes ou perfides, les spoliations malhonnêtes, les gaspillages éhontés, la main mise effrontément sur la conscience des enfants et dans la poche des contribuables, notre industrie et notre agriculture livrées sans’ protection à la déloyale concurrence des produits étrangers, exempts d’impôts similaires à ceux que supportent les négociants et les cultivateurs français, nos ouvriers sans travail et sans secours, la charité chrétienne bannie de l’hôpital, l’enseignement religieux proscrit de l’école, le prêtre privé arbitrairement du traitement que la loi lui garantissait comme faible indemnité des biens confisqués, les fonctionnaires jouets des plus viles délations, le bugdet en déficit progressif, les impôts augmentant sans cesse alors que depuis longtemps ils devraient diminuer, la paix sociale troublée par les encouragements donnés aux scandales de l’impiété la plus abjecte, enfin la France devenue la proie de la révolution qui la détourne de Dieu pour mieux l’asservir — tel est le résultat de six ans de république avec les républicains. Et ce résultat, malgré les hypocrisies officielles et les mensonges officieux, chacun de nous, s’il observe, peut le constater. On a interdit la lecture du caté chisme, mais on recommande celle de la feuille des impositions, et tout le monde connaît la triste besogne des sectaires contre la foi de la patrie.
On comprend aisément qu’il ait été plus facile 4e dissimuler les fautes commises au dehors. A beau mentir qui vient de loin, dit le proverbe, modifié ainsi pour les besoins de la politique républicaine : A beau mentir qui envoie mourir au loin nos marins et nos soldats. Des dépêches falsifiées, — le fait a été avoué, — voilà de quoi la France a dû se contenter pendant ces années coûteuses en hommes et en argent.
Le gouvernement du pays par le pays consiste, paraît-il, en ce que le pays verse son sang et donne son or, sans avoir la possibilité de savoir où on le mène, et où s’arrêtera une guerre, entreprise à son insu, et au mépris de la constitution.
Aujourd’hui même, se parant de la gloire conquise par notre armée, rejetant sur de braves officiers le poids d’un revers causé par son inepte obstination, M. Ferry ne craint pas de se poser en triomphateur et se présente comme le pacificateur salutaire. A en croire ses journaux, cet homme funeste a été une « grande victime » et la France lui doit une réparation. C’est vraiment audacieux que de jeter à la face de la nation en deuil un pareil défi.
Ce défi, nous le relevons, parce qu’il faut que, jusque dans le hameau le plus reculé, on sache ce qu’a été, ce qu’est, ce que sera cette aventure du Tonkin : nous ne voulons pas que, dans les plis du drapeau dont les trois couleurs ont resplendi avec un nouvel éclat sur la terre et sur les mers. de l’Extrême-Orient, les ministres et les députés, auteurs responsables des calamités de la patrie, puissent s’abriter davantage. L’heure de la justice va sonner. Les grandes assises sont ouvertes. Devant Dieu qui nous entend, devant le suffrage universel prêt à se prononcer, nous demandons le châtiment des hommes qui ont, pour les besoins de leur politique républicaine, sacrifié les intérêts du pays, vidé nos caisses et nos arsenaux, fait décimer, par un climat meurtrier ou par le feu de l’ennemi, des troupes dont la vaillance était mise en échec, pour une action décisive, par leur petit nombre, calculé selon les marchés parlementaires et non pas selon les exigences militaires.
Les républicains avaient dit : la république c’est la paix, et nous allons montrer que la RÉPUBLIQUE, C’EST LA GUERRE, la GUERRE SANS PROFIT, la GUERRE PERMANENTE en dépit de la paix peu digne et peu sûre par laquelle, pour surprendre les bonnes grâces électorales, on a essayé de mettre provisoirement fin au conflit.
La vérité se fait sur les évènements douloureux qui ont coûté tant de larmes, sur les causes qui ont rendu stériles de brillantes victoires. Les députés de la droite avaient, du haut de la tribune, dénoncé les désastreuses conséquences de la politique des outranciers tonkinois. — Mais quand ils demandaient à M. Ferry : — « Que faites-vous de l’honneur et du sang de la France, de ses soldats et de ses millions ? » cet impudent adressait un signe de ralliement aux francs-maçons de sa majorité, qui votaient aussitôt des ordres du jour de confiance, payables en actions de candidature officielle. C’était là le « bon placement de père de famille ! »
Or, voilà que l’armistice signé, alors que tout paraissait pouvoir être liquidé sons l’œil bienveillant du syndicat intéressé à ne pas approfondir les causes du revers de Lang-Son, pendant que M. Grévy assistait à la course du Grand-prix, une funèbre nouvelle retentit :
« L’amiral Courbet est mort. »
Et tandis que les républicains marchandent les obsèques nationales à ce grand chrétien, à cet héroïque marin, les amis, saisis par l’irrésistible entraînement de l’indignation publique, se disent :
 — Eh bien, cela vaut mieux. La France n’a pas besoin de la République pour honorer ses grands hommes !
Et il se mettent à l’œuvre, et un comité se forme, et le monument Courbet se dressera bientôt sur une place publique.
Ce n’est pas tout. Si le vivant ne pouvait parler, retenu qu’il était par les inflexibles règles de la discipline, le mort, lui, échappe aux obligations, parfois très-dures, du silence officiel.
Les lettres adressées à des intimes, à de vieux et sûrs camarades, sont soustraites au séquestre ministériel. Elles ont été publiées, et nos lecteurs les trouveront encadrées dans le récit sommaire, mais exact et complet, qui va suivre.
Courbet n’écrivait pas ces lettres avec le souci de la postérité ; il épanchait dans le cœur de ses amis ses angoisses patriotiques, ses cruelles amertumes. On y trouve des jugements d’une admirable clairvoyance sur la situation diplomatique, des appréciations que l’expérience a vérifiées sur les opérations militaires, la condamnation formelle de la conduite du ministère et de la majorité républicaine.
Qui donc osera dire que Courbet s’est trompé ?
 — Les faits sont là pour prouver qu’il avait raison.
Qui donc osera prétendre que Courbet a menti ?
 — Personne : pas même les accusés Ferry et C ie n’ont eu cette témérité.
Dieu a permis que la France, qui pleure un de ses plus éminents serviteurs, trouvât jusque dans les papiers de l’illustre défunt une arme pour sa défense.
« N’allez pas le dire aux Chinois ! » s’écriait un jour M. Ferry, à bout d’arguments.
C’est aux Français que Courbet a appris la vérité.
II
Le commandant Rivière, abandonné durant de longs mois à Hanoï, venait de mourir, tout près de l’endroit où était tombé F. Garnier, son émule en courage et en gloire.
Le 19 mai 1883, la petite garnison de la capitale du Tonkin avait dû « se donner de l’air » ; la position n’était plus tenable ; Rivière avait demandé des renforts qui n’arrivaient pas et il reçut l’ordre, nié depuis, — mais la dépêche est sous nos yeux, — de prendre l’offensive ; de sentinelle av

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