Marie Iowa Dorion
18 pages
Français

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Marie Iowa Dorion , livre ebook

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Description

«Mère Courage, une parmi des centaines, des millions depuis que le monde est monde. Et pourtant, elle est unique, inoubliable, l’image de cette femme à cheval parmi une brigade d’hommes, une petite femme forte charriant ses enfants contre elle, deux sur la bête épuisée, un en bandoulière, et la route est longue, et l’hiver sévit, et bientôt il faudra manger le cheval. »

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Informations

Publié par
Date de parution 10 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782895966333
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0002€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La collection «Mémoire des Amériques» est dirigée par David Ledoyen
Ce texte est extrait de l'ouvrage de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, De remarquables oubliés , t. 1, Elles ont fait l'Amérique , Montréal, Lux Éditeur, 2011.
Illustration de couverture: Francis Back
© Lux Éditeur, 2011 www.luxediteur.com
Dépôt légal: 2 e trimestre 2014 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec ISBN(ePub) 978-2-89596-633-3
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC . Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada ( FLC ) pour nos activités d’édition.
Marie Iowa Dorion
M ère Courage
une parmi des centaines, des millions depuis que le monde est monde. Et pourtant, elle est unique, inoubliable, l’image de cette femme à cheval parmi une brigade d’hommes, une petite femme forte charriant ses enfants contre elle, deux sur la bête épuisée, un en bandoulière, et la route est longue, et l’hiver sévit, et bientôt il faudra manger le cheval.
L A PETITE VILLE DE S AINT- L OUIS grouille d’activité en ce printemps de l’année 1811. Coureurs de bois, trappeurs, chasseurs, voyageurs, hommes des montagnes, gens d’affaires, commerçants, anciens militaires; beaucoup de Métis, des Amérindiens de diverses nations, toute une faune hétérogène et multiculturelle fait de ce comptoir de traite un centre fébrile. La communauté se situe au confluent de deux grands fleuves, le Missouri et le Mississippi. Le poste de traite de Saint-Louis a été construit en 1764 par des entrepreneurs français de La Nouvelle-Orléans, Pierre Laclède et le jeune René-Auguste Chouteau. En près de cinquante ans, ce simple magasin a attiré tant d’affaires que quelques milliers de personnes vivent maintenant en permanence à Saint-Louis. Le français y est la langue d’usage et les Américains, qui ne peuvent communiquer aisément avec les habitants, s’en trouvent isolés.
Il faut dire que ce site, à l’origine «sauvage» pour les Blancs, mais capital pour les Amérindiens, était occupé depuis longtemps: c’était le cœur du pays de la nation des Illinois. Une autre petite ville de plusieurs milliers de personnes avait existé pendant des siècles à l’endroit même où Saint-Louis se développait maintenant. Il restait de cette ancienne ville illinoise de spectaculaires monticules funéraires, des traces nombreuses de la vie des premiers résidants, des vestiges de foyers et des pans de maisons, mais le peuple, victime des guerres et des maladies, n’était plus. Ce monde avait été remplacé par la société bigarrée liée au commerce des fourrures: Saint-Louis grandissait sur les ruines d’une ancienne ville algonquienne.
Entre 1780 et 1840, dans cette partie de l’Amérique, on vit l’euphorie des grandes explorations, des découvertes, des rencontres avec les nations amérindiennes. C’est de Saint-Louis qu’était partie l’expédition mythique de Lewis et Clark, en 1804. Tous ceux qui y avaient participé suscitaient, depuis leur retour du Pacifique, une grande admiration. Parmi eux, une présence inusitée: l’Amérindienne Sacagawea, qui avait réalisé l’exploit aux côtés de son mari, le fameux guide Toussaint Charbonneau, portant son bébé en bandoulière. Ce n’est pas son récit que nous faisons ici mais, disons-le, elle fut une véritable inspiratrice pour Marie Iowa Dorion. Sept ans plus tard, William Clark avait élu résidence à Saint-Louis, s’y installant comme commerçant de fourrures, fonctionnaire et politicien. Merywether Lewis, lui, s’était enlevé la vie en 1809. Toussaint continuait pour sa part ses courses dans l’arrière-pays, Sacagawea l’accompagnant parfois tandis que leur fils, le jeune Jean-Baptiste, était sous la protection de William Clark qui le faisait étudier chez les Jésuites – car il y avait bel et bien un collège francophone et catholique sur les lieux.
Des personnages comme Toussaint Charbonneau, on en rencontrait une multitude sur le territoire. Après la conquête britannique, de nombreux hommes de la Nouvelle-France avaient quitté la vallée du Saint-Laurent pour remonter dans les Pays-d’en-Haut, vers les Grands Lacs et bien au-delà. Des Canadiens se retrouvèrent un peu partout, au pays des Ojibways (les Augibois), mais aussi chez les Mandans, les Otos, les Missouris, les Iowas, les Omahas et les Osages. Ils se regroupaient dans des lieux de prédilection, notamment et surtout à Saint-Louis. Ils venaient de la région de Montréal, de Trois-Rivières ou de Québec et vivaient en nomades, indépendants et parfois solitaires, dans ces immensités non cartographiées qui allaient devenir le Montana, les Dakotas, le Nebraska et le Minnesota. Ils étaient partis sans retour, pour se refaire une vie dans le Grand Ouest, chacun courant à sa fortune ou à son malheur. Ils se marièrent généralement à des femmes amérindiennes de toutes nations et à la manière du pays, c’est-à-dire selon le droit coutumier des Indiens, prolongeant une tradition franco-canadienne qui durait depuis longtemps en Amérique. Il y avait donc un monde francophone et métis dans ces vastes régions de l’Ouest encore inconnues des autorités américaines et britanniques, mais fréquentées par les coureurs de grands espaces, les Irlandais, les Écossais et surtout les Canadiens français. Nombre de femmes amérindiennes appréciaient leur compagnie, attirées elles aussi par les voyages et fascinées par les allures de ces hommes libres.
Marie était de celle-là. Il faut la voir petite et belle, robuste et forte, les yeux noirs pleins d’une ferme résolution. Elle était née Siouse iowa, probablement dans le Minnesota actuel, autour de 1786. Les Iowas fréquentaient les Canadiens français depuis des lunes, c’est-à-dire depuis l’époque de Radisson et de Nicolas Perrot.

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