Marie-Josèphe-Angélique
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Marie-Josèphe-Angélique , livre ebook

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Description

«Ladite accusée a été déchaussée, mise sur le siège de la question par le tortionnaire et, après avoir été attachée à la manière habituelle avec les brodequins serrés, ladite accusée a dit qu’elle n’a point connaissance de personne et que ce n’est point elle. Après avoir été serrée par le coin, a dit: Je veux mourir. C’est moi et point d’autre personne.» Interrogatoire sous la torture, 21 juin 17

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Informations

Publié par
Date de parution 10 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782895966296
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0002€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La collection «Mémoire des Amériques» est dirigée par David Ledoyen
Ce texte est extrait de l'ouvrage de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, De remarquables oubliés , t. 1, Elles ont fait l'Amérique , Montréal, Lux Éditeur, 2011.
Illustration de couverture: Francis Back
© Lux Éditeur, 2011 www.luxediteur.com
Dépôt légal: 2 e trimestre 2014 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec ISBN(ePub) 978-2-89596-629-6
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC . Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada ( FLC ) pour nos activités d’édition.
Marie-Josèphe-Angélique
L adite accusée
a été déchaussée, mise sur le siège de la question par le tortionnaire et, après avoir été attachée à la manière habituelle avec les brodequins serrés, ladite accusée a dit qu’elle n’a point connaissance de personne et que ce n’est point elle. Après avoir été serrée par le coin, a dit: «Je veux mourir. C’est moi et point d’autre personne.»
Interrogatoire sous la torture, 21 juin 1734
« A U FEU ! A U FEU ! » N’est-ce pas la voix du soldat Latreille? «Au secours! Au feu!» Nous sommes le 10 avril 1734. La soirée est douce, le printemps fort précoce; après un hiver d’encabanement, il fait bon mettre le nez dehors, flâner, bavarder devant sa porte. Rue Saint-Paul, on déambule lentement, plusieurs reviennent de la prière. Deux fillettes s’amusent à sauter dans la boue. «Au feu!» La sentinelle en faction devant la porte de l’hôpital a aperçu des flammes sortant du toit de la maison de la veuve Francheville. Le voisin, un dénommé Volant Radisson, s’y précipite, tente de monter au grenier. Mais il ne trouve pas d’échelle, que peut-il faire? Les flammes ont aussi gagné sa demeure. Et puis tout va très vite: c’est la conflagration. Une quarantaine de maisons et de commerces prennent feu, ainsi que les bâtiments des religieuses hospitalières – le couvent, l’église, l’Hôtel-Dieu qui, dévasté il y a treize ans, vient à peine d’être reconstruit. En moins de trois heures, le feu anéantit une partie de la ville et jette des centaines de personnes à la rue.
Voilà une autre catastrophe pour Montréal. En effet, cet incendie rappelle celui de 1721 qui avait rasé plus de cent cinquante maisons, de même que l’hôpital. Et puis l’année dernière, en 1733, il y a eu un terrible tremblement de terre, sans compter l’épidémie de petite vérole qui a emporté tant de gens. L’époque est cruelle, et les voies de Dieu certainement impénétrables. Or, il faut bien le dire, le feu constitue l’ennemi juré des villes: poêles, foyers, bougies, torches, fanaux, tout ce qui réchauffe et éclaire menace jour et nuit la sécurité des habitants. En plus, il y a les gens mal intentionnés. Dès le lendemain de l’incendie, une rumeur circule. Ce serait une esclave, la Négresse de Mme de Francheville – la dénommée Marie-Josèphe, dite Angélique – qui aurait mis le feu.

Une esclave? Ici, en Nouvelle-France? Nous n’avons jamais rien entendu de tel! Et pourtant, la chose est admise: nombre de marchands, d’officiers, de gouverneurs, d’intendants, de hauts fonctionnaires et de gens d’Église possédaient les leurs, dans la plus grande légalité. On dit que Pierre Gaultier de La Vérendrye ramena plus d’esclaves amérindiens que de peaux de castors lors de ses explorations dans l’Ouest. La Vérendrye, grand trafiquant d’esclaves? Ce n’est pas le genre de héros que nous proposent nos manuels d’histoire! Or, en 1960, au moment même où le chanoine Lionel Groulx fit paraître son Histoire du Canada français depuis la découverte , dans la plus pure tradition chrétienne et patriotique, un historien, Marcel Trudel, publia un ouvrage terriblement iconoclaste pour l’époque, L’esclavage au Canada fra

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