Mes Pontons, neuf années de captivité
187 pages
Français

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Mes Pontons, neuf années de captivité , livre ebook

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Description

Louis Garneray, connu au cours du XIXe siècle comme un des grands peintres maritimes de l’époque, commença sa carrière comme marin, sous le Ier Empire. En 1806, jeune officier sur le vaisseau La Belle Poule, il est, suite à un combat naval malheureux, transféré, avec son équipage, en Angleterre sur les fameux Pontons, navires réformés qui servent de prison de « concentration » pour les prisonniers de guerre français.


Durant neuf années, Louis Garneray va rester enfermé dans ces fameux pontons, en butte à la cruauté ou l’indifférence de ses geôliers, avec des épisodes d’évasion à répétition et d’un rocambolesque inégalé.


Ce livre de souvenirs est certainement l’un des témoignages les plus achevés sur cette sombre période. Et il se lit, ou plutôt se dévore, comme un incroyable roman d’aventure vécue du début du XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 22
EAN13 9782366346060
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

isbn

Tous droits de traduction de reproduction
et d ’ adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Éric Chaplain
Pour la présente édition : © PRNG EDITION S — 2006/2011/2016/2020
PRNG Editions (Librairie des Régionalismes) :
48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.36634.076.1 (papier)
ISBN 978.2.36634.606.0 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.




AUTEUR

Louis Garneray




TITRE

Mes Pontons neuf années de captivité






INTRODUCTION
L a division de l’amiral Linois, écrasée par les forces supérieures d’une flotte anglaise, et sans doute mal manœuvrée par un chef courageux mais incapable, dut mettre pavillon bas. La « Belle Poule » démâtée, flottante encore, fut prise, et, avec elle, tout son équipage, dont Louis Garneray.
Six semaines plus tard, les captifs furent dispersés sur les vieux bateaux nommés pontons, ancrés près de Portsmouth dans la baie de « Portchester ».
Portsmouth, emporium de guerre et de négoce, résulte de trois villes alignées. L’une c’est Gosport où le commerce tient le haut du pavé. Derrière ses forts, ses redoutes, ses habits rouges, Portsmouth, elle-même se gonfle d’orgueil militaire. Enfin s’étale le faubourg, où bourdonne un peuple d’artisans, occupés dans les chantiers où se construisent les vaisseaux de haut bord. Non loin, chaque année, à Spithead, l’Armada des Rois anglais, déploie son murmure de voiles et d’avirons dans la fumée des canonnades.
Les pontons étaient des navires déclassés. Leurs entreponts, leurs batteries privées de canons, avaient été aménagés de façon à recevoir un grand nombre de prisonniers.
Accroupis de distance en distance dans la baie, et à l’entrée du chenal qui gagnait la haute mer, noircis au goudron, sans mâts ni voiles, ils avaient l’aspect de catafalques, affirmant le deuil de ceux qu’on avait enfermés dans leurs flancs.
Ces prisons marines, inventées sans doute pour permettre de retenir les prisonniers, et de les faire vivre en commun à moins de frais, sont un des tristes souvenirs de l’histoire. Cependant, « Les pontons anglais », dont Louis Garneray nous donne la description, apparaissent comme des lieux de délices comparés aux pontons espagnols sur lesquels, après la capitulation de Baylen, l’armée du général Dupont alla s’entasser, au mépris des conventions lui promettant la liberté, avant que ses débris ne périssent, décimés par la faim et la fièvre sur l’îlot de Cabrera. Chez ces malheureux, l’espérance suprême était de se voir envoyer en Angleterre, où l’existence était moins rude, disait-on, et où il y avait au moins l’espoir d’être, un jour, échangé.
Dans toutes les guerres, il y eut ainsi des enceintes où l’ennemi entassait l’élite de ses captifs. Les pontons peuvent sans doute se comparer au Fort IX, vieil ouvrage d’Ingolstadt où, dès les premiers mois de 1916, on enfermait quelques centaines d’officiers alliés, choisis dans les divers camps d’Allemagne parmi ceux qui avaient été repris après évasion. De même au Scharnhorst.
Les misérables, pressés dans les vieux vaisseaux hors d’usage, avaient été les plus rudes adversaires du vainqueur. L’Anglais avait moins de haine contre le lignard, l’artilleur ou le hussard, que contre ces aventuriers de la mer, qu’ils portent ou non l’uniforme de la marine impériale, coupables, eux, de lui avoir si longtemps disputé l’hégémonie des océans. Ce n’est pas seulement les frégates portant les lys ou l’aigle qu’on rencontrait, depuis bientôt deux siècles, dans l’Inde sur la côte de Malabar, dans tous les coins où la puissance britannique essayait d’étendre ses domaines, c’était surtout les voisins de Bretagne, demi-corsaires, demi-soldats, qui, embossés dans leur crique, montés sur leurs navires légers, s’attaquant avec une audace ingénue aux lourds vaisseaux marchands éloignés des convois et de la protection des canons. Ces téméraires n’hésitaient pas, un contre quatre, à s’offrir la bataille au plus orgueilleux des vaisseaux de haut bord. Aussi les corsaires étaient-ils la bête noire des geôliers d’Albion.
Qu’était-ce qu’un corsaire à la fin du XVIII e siècle ? En droit maritime, c’est un marin auquel le roi ou la république ont accordé des lettres de marque. Sans lettres de marque, un corsaire n’est plus qu’un pirate arborant le pavillon noir à la tête de mort, et qu’on peut pendre, sans formalité, haut et court à la grand-vergue.
À en croire Garneray qui, s’il avait fait presque toute sa carrière dans la marine républicaine et impériale, se vantait surtout de ses combats aux côtés de Surcouf, de l’Hermite et de Dutertre, la crème des corsaires se recrutait parmi les « Frères la Côte ».
Frère la Côte est un surnom datant de l’époque où les flibustiers tenaient leurs assises dans l’île de la Tortue. Délaissant les Antilles et le voisinage dangereux de Saint-Domingue, les plus rusés émigrèrent vers la côte heureuse, marraine des Aventuriers. Elle s’étendait le long des rives de Coromandelo, en face l’île de Ceylan, entre l’embouchure du Caveri et le cap Comorin. Elle était riche de toutes les perles que les pêcheurs arrachaient à la mer féconde.
Les Hollandais, les Anglais, s’y étaient gavés. C’était la Côte dorée de la gloire, des plaisirs et de la mort. Qui, de ces gaillards, sans peur, et, parfois, sans scrupules, n’a rêvé des gemmes précieuses de Madura la Grande, ou des trésors cachés dans le Temple aux mille escaliers de Trichinopoli, ou de Tanjore la Sainte aux coupoles d’argent !..
Selon Garneray, le Frère la Côte est un matelot vagabond, nomade, cosmopolite, insatiable écumeur des mers, presque toujours français, quelquefois espagnol, souvent italien, opulent navigateur des Indes aux mers douces, aux vents alisés. L’allure dégagée, la démarche souple, il porte aussi bien que son armateur l’habit de drap, la badine à pomme d’or. Mais, sur un caboteur, il reprend résigné, en philosophe, le chapeau de paille et la vareuse de coton. Aucun travail ne le rebute. Le navire qu’il monte l’eût-il enrichi, le vagabond le quitte comme il l’a pris. « Ses plus tendres sentiments, ajoute Garneray, appareillent, stationnent et débarquent avec lui ».
Le nom, la vue d’un vaisseau de l’État donnent la nausée au Frère la Côte. S’il y prend, pour un temps, passage, c’est avec le dessein de « filer son câble », à la première occasion.
Pour être vrai Frère de la Côte, il faut avoir navigué trois ans de suite dans l’Inde ; ce doux novicial classe l’impétrant parmi les Roses-Croix du « matelotage transcendant ». La guerre universelle, le monde en rumeur d’un pôle à l’autre, voilà son vrai climat. Hardi dans les mauvais temps, intrépide au combat, leste, entreprenant, persévérant, familier avec les opérations les plus pénibles de son art, il exécute en jouant les choses les plus difficiles. Les capitaines de Corsaires les plus célèbres sont sortis des rangs des Frères la Côte.
Par contre, le Frère la Côte est vantard. Il n’en existe pas un seul qui n’ait eu le malheur de perdre sa fortune au port sans pouvoir en sauver la moindre parcelle. En revanche ils sont tous aux colonies des parents richissimes dont ils sont les seuls héritiers. Boxeur, danseur, tireur et batonniste, toutes les armes sont familières au Frère la Côte, depuis le couteau jusqu’au fléau. Il ne craint pas non plus d’exposer toute sa fortune sur les chances d’un seul coup de cartes.
Un sort contraire le jette-t-il sur un ponton anglais, il se trémousse, furette, s’insinue, entre en relations avec les geôliers. Interprète tour à tour des Français et des Anglais, il s’assied à toutes les tables, donne des poignées de main à tort et à travers comme

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